Grande timidité européenne sur les OGM
Que ce soit en France, dans le cadre du Grenelle de l’environnement ou au niveau européen lors de la dernière réunion des ministres de l’Environnement des 27, c’est une grande timidité qui prévaut sur le sujet des OGM.
En France, donc, on attend une nième commission scientifique pour finir par passer à la loi pour convertir en droit français la directive européenne qui autorise les cultures d’OGM depuis des années. Pur pretexte, d’ailleurs, car j’ai cru comprendre qu’en droit français, il suffisait d’un décret pour le faire et que ce décret a bien été pris. L’argument des "faucheurs volontaires" suivant lequel ces cultures seraient illégales serait donc fallacieux.
Sur le plan européen, c’est l’Autriche qui crée la pagaille en appliquant depuis deux ans un moratoire sur deux OGM de maïs, le Monsanto 810 et le Bayer T25. La réunion des ministres de l’Environnement n’a pas réussi à les mettre d’accord sur une recommandation ferme sur le sujet, ce qui d’après les règles de l’Europe, donne à la Commission européenne la responsabilité de trancher le sujet. Responsabilité qu’elle a déjà prise à plusieurs reprises en faveur de la culture de ces OGM.
Or sur le plan scientifique, ces messieurs ne sont pas aidés. Depuis des années, les organismes scientifiques officiels n’ont pas arrêté d’affirmer qu’ils n’avaient pas réussi à identifier des risques à cultiver les OGM. Aucune aide à attendre de leur part donc pour permettre à nos politiques qui fonctionnent, eux, à l’opinion publique, de trouver un pretexte pour les interdire. Autre obstacle majeur, l’OMC, Organisation mondiale du commerce, qui fonctionne elle sur la base des éléments scientifiques (et des intérêts commerciaux néanmoins), juge que les clauses de sauvegarde sont illégales et est prête à nous attaquer pour faire respecter ce droit sous peine de forte amendes. Comment d’ailleurs leur prouver que les OGM sont dangereux alors qu’ils sont cultivés dans le monde depuis des années sur des centaines de millions d’hectares sans que des problèmes critiques aient pu être identifiés ?
On risque d’en arriver à une décision ubuesque. La Commission européenne exigerait de l’Autriche la levée de son moratoire sur la commercialisation des OGM mais ne dirait rien sur le maintien de ce moratoire sur la culture des OGM ! Les réglements européens permettent en effet à un pays de le faire pour une période temporaire et en démontrant que ladite culture attente à l’environnement ou à la santé publique. L’Autriche doit d’ailleurs apporter, en principe, ces éléments en décembre.
La suite de ce dossier est très importante pour la France qui, si elle veut finalement interdire les cultures OGM, devrait en passer par le même processus de démonstration de la nocivité de ces cultures.
Le passage de la patate chaude sur ce sujet embarrassant pour les politiques se poursuit donc. Ah ! si les scientifiques pouvaient nous trouver une bonne raison, solide, de les interdire...
A suivre
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