Hausse des prix alimentaires et énergétiques : quel impact pour le budget des familles européennes ?
L’inflation a atteint un plafond qui nous replonge quinze-vingt ans en arrière. La Banque centrale européenne est dépassée et les travailleurs, soucieux de préserver leur pouvoir d’achat et mécontents de constater que les grands patrons s’augmentent généreusement, réclament des augmentations salariales. Le problème est d’amplitude européenne ainsi qu’en a témoigné l’euromanifestation du 5 avril organisée à Ljubljana (Slovénie) par la Confédération européenne des syndicats et qui a rassemblé 30 000 personnes. L’interpellation des ministres de l’Economie et des Finances est pourtant loin d’avoir été fructueuse.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH183/surcout_et_euro-63e3a.jpg)
Les faucons de l’orthodoxie économique vont même jusqu’à nier la réalité de la pression exercée par la flambée des prix sur le budget des ménages. Pourtant, un examen attentif des chiffres d’Eurostat donne une étendue de l’ampleur du problème. En particulier, il est possible d’évaluer l’impact pour un isolé ou pour une famille avec deux enfants et de comparer la situation avec celle vécue dans d’autres Etats membres de l’UE.
Pour une personne seule
En France, le surcoût pour un isolé s’élève à 283 € pour l’année (= ±24 €/mois), soit 1,7 % du revenu médian de 2007 (contre 1,5 % dans la zone euro). Rappelons que le revenu englobe non seulement les salaires, mais aussi les allocations sociales, les revenus tirés de la mise en location d’une maison/appartement, les bénéfices retirés d’investissements boursiers, etc. Au total, ces deux postes que sont l’alimentation et l’énergie représentaient 19,1 % du revenu en 2007, mais, suite aux augmentations de prix, 20,3 % en 2008.
Pour une famille avec deux enfants à charge
Le surcoût est de 578 €, soit quelque 48 € par mois. Ce montant correspond à 1,8 % des revenus des parents (1,6 % pour la zone euro). L’alimentation et énergie absorbaient 18,1 % des revenus en 2007, mais 19,4 % en 2008.
Dans les autres Etats membres
On constate tout d’abord que les augmentations de prix n’ont pas été les mêmes selon les pays. La question du pouvoir d’achat se pose de manière plus alarmante dans les nouveaux Etats membres (surtout les Pays baltes) car la part consacrée à ces dépenses est non seulement plus élevée (20,5 % du revenu en 2007 et 22,9 % en 2008), mais, en plus, le surcoût représente 3,7 % du revenu médian, soit plus du double de celui supporté par un Français. La situation est particulièrement insoutenable dans les trois Pays baltes où le surcoût dépasse les 6 % du revenu médian !!! Plusieurs facteurs peuvent jouer ici : le climat, le mode de production de l’énergie (influence du nucléaire), l’indépendance énergétique (dans le cas des Baltes, le contentieux avec la Russie pourrait être un élément explicatif) et évidemment le niveau absolu des revenus (car l’alimentation et l’énergie impliquent un volume de dépenses incompréhensibles qui pèsent relativement plus pour les plus pauvres). Le graphique suivant illustre qu’entre les Etats membres de l’UE deux facteurs expliquent les impacts différents des augmentations de prix : l’adoption ou non de l’euro et le niveau du revenu médian.
Les boules représentent les sept nouveaux Etats membres qui n’ont pas la monnaie unique ; les carrés marqués d’une croix, ceux qui ont adopté l’euro (Slovénie, puis Malte et Chypre) ; les triangles englobent les membres de la première zone euro et les trois autres pays qui partagent un même niveau de richesse. Pour voir s’il y a un effet « euro », on normalise les niveaux de revenus à 100 qui correspondra pour un groupe à la moyenne des revenus des pays qui n’ont pas l’euro et pour l’autre groupe à la moyenne des autres pays. Les pays du premier groupe se situent au-dessus des autres, ce qui reflète que le surcoût induit par la flambée des prix correspond à un pourcentage plus élevé de leur revenu. D’où, nonobstant des répercussions plus graves de la crise des subprimes sur ces économies, ils risquent en plus de subir un reflux de leur demande intérieure (baisse de la consommation, de l’investissement/épargne) pour faire face à la hausse des prix. (Remarque : le graphique reflète la situation d’un isolé, mais l’image globale ne change pas si l’on prend le ménage avec deux enfants comme unité d’analyse.)
Documents joints à cet article
![Hausse des prix alimentaires et énergétiques : quel impact pour le budget des familles européennes ?](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L620xH434/inflation_-_famille-d6a1e.jpg)
![Hausse des prix alimentaires et énergétiques : quel impact pour le budget des familles européennes ?](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L620xH421/inflation_-_personne_seule-f2f08.jpg)
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