Immobilier : la FNAIM en pleine tourmente
Décriés pour leurs pratiques douteuses et leurs commissions exorbitantes, les agents immobiliers font aujourd’hui partie des professionnels les plus mal aimés par les Français.
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Confrontés à la grogne des consommateurs, les pouvoirs publics avaient fini par se saisir du problème à l’automne dernier. Une enquête diligentée par la DGCCRF avait permis de dresser un incroyable état des lieux : 77 % des agences immobilières prendraient des libertés avec les lois.
Prise entre l’enclume (les consommateurs) et le marteau (les pouvoirs publics) la puissante fédération de l’immobilier (FNAIM) avait alors décidé de la jouer profil bas en ne contestant pas la réalité des chiffres publiés. Mais ce demi-aveu n’a pas dû être du goût de ses adhérents comme en atteste la coûteuse campagne de publicité que la FNAIM vient de s’offrir (plus de 5 mois après l’enquête) pour crier la colère de ses « 100 000 professionnels ». La colère fait donc parti de ces plats qui se mangent froid...
Dans ce publi-rédactionnel le ton a fortement changé. Sous la plume de son président (M. René Pallincourt), les associations de consommateurs sont accusées, ni plus ni moins, de jeter l’opprobre sur la profession avec la complicité des médias. On croit rêver tant la démarche est grossière et maladroite.
Détestée au dehors pour ses maladresses et son manque de transparence, la FNAIM doit à présent faire face à des oppositions en son sein. L’attaque la plus remarquée vient de M. Buzy-Cazaux, vice-président d’un des plus gros promoteurs immobiliers français. Selon lui « la profession est incapable de faire le ménage et de se réguler [et] il faut créer un ordre professionnel qui puisse imposer des règles strictes aux professionnels et les faire appliquer ». Même s’il y met les formes et prend le soin de ne pas montrer du doigt les responsabilités des uns et des autres, en tant qu’ancien délégué national de la FNAIM, on imagine sans effort qui il prend pour cible.
Mais la palme revient à un adhérent de la FNAIM qui dénonce, dans son blog, ce qu’il appelle la « bancarisation de l’immobilier ». Ce blog, au doux nom de la tête dans le cube (en référence au logo de la FNAIM qui représente un cube jaune), commente toutes les actualités de la profession et notamment de sa fédération. Selon son auteur, les banques françaises, et notamment la Banque Populaire qui a fait l’acquisition du réseau d’agence Foncia, tenteraient de prendre le contrôle du marché, avec la complicité de certains dirigeants de la FNAIM. Pour appuyer sa thèse, le blogueur vient de révéler que le président de la FNAIM, qui a vendu son affaire à Foncia, aurait récemment fait modifier les statuts de la fédération en faveur de ce réseau...
Qu’elle soit vraie ou fausse cette théorie « du complot » a néanmoins le mérite de mettre l’accent sur un phénomène bien réel. Les banques ont investi massivement ces dernières années dans le rachat d’agences et de réseaux immobiliers. A terme, si le marché se concentre entre les mains de quelques banques, on peu se prendre à rêver qu’en raison de la concurrence qu’elles se livreront le montant des commissions de transaction baissera enfin de façon sensible. Mais les banques ne sont pas des philanthropes et leur objectif est simple : capter le client le plus en amont possible et lui « offrir » tous les produits financiers et d’assurance liés à son investissement. Pire, il est à craindre, dans cette perspective, que les banques refusent de réaliser une transaction pour un bien qu’elle détient en exclusivité sans placer le financement qui va avec. Une solution beaucoup moins favorable pour les consommateurs dont le coût d’acquisition global sera à n’en pas douter beaucoup plus lourd.
Mais, comme toujours, il s’agit d’un match qui se joue sans le consommateur et dont le vainqueur sera celui qui saura le mieux tirer son épingle du jeu... En attendant la vie continue et le Télégramme révélait en début de semaine que la DGCCRF venait de condamner une agence immobilière pour publicité mensongère.
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