Japon : la réussite incomprise des Abenomics
Bien sûr, les politiques économiques de Tokyo sont à l’opposé des nôtres, mais le traitement des nouvelles venues du pays du soleil levant est proprement effarant de parti-pris négatif. Le moindre ralentissement de la croissance est dramatisé, sans prendre en compte la démographie du pays. Et aujourd’hui, Gabrielle Thin, de la Tribune, s’en prend à sa politique monétaire, sans grand recul.
Un vrai succès, maquillé en échec
« La Banque du Japon maintien ses taux à zéro, en attendant l’introuvable inflation » titre la Tribune, qui affirme que « l’inflation et la croissance peinent à décoller », soulignant que l’inflation n’atteint que 1,1%, sous l’objectif de 2%, et que « la hausse des salaires reste limitée ». Malgré la richesse de documentation de l’article, qu’il faut reconnaître, ces jugements restent à courte vue pour qui prend un peu de recul sur les résultats des 6 dernières années. Un papier de 2015 de The Economist montrait que le pays était resté en déflation jusqu’au début 2013, avec des prix en léger recul. Résultat, le PIB ne parvenait pas à progresser, ce qui pouvait être relativisé par la baisse de la population.
Dépasser, ne serait-ce que légèrement, 1% d’inflation est un bon résultat pour un pays qui a passé des années en déflation. Bien sûr, le cap formel des 2% n’est pas atteint, mais il a servi à mener des politiques qui ont permis au pays de sortir de la relative ornière dans laquelle il était. Je dis « relative » car des études avaient montré qu’en croissance par habitant, le Japon faisait mieux que l’Europe ou les Etats-Unis et que le chômage est resté bas. Les Abenomics ont permis de remettre un peu d’inflation et de croissance puisque le PIB nominal, stable autour de 475 milliers de milliards de yens, a progressé de 75 milliers de milliards de yens en seulement 6 ans, avec une population en légère baisse !
Le succès des Abenomics repose sur deux choix fondamentaux : plan de relance de 10 mille milliards de yen (2% du PIB) et monétisation de la dette publique par la banque centrale. Le premier choix peut paraître surprenant pour des européens alors même que le Japon cumulait de forts déficits (9% du PIB) et une dette abyssale de plus de 200% du PIB. Mais cela a permis de sortir de la déflation et a été rendu possible par la monétisation de 80 mille milliards de yen de dette publique par an, plus de 15% du PIB ! Ces achats massifs de la banque centrale libèrent le pays de la pression des marchés et ont permis de drastiquement réduire la dette nette du pays, dont 40% est détenue par la banque centrale.
Les six dernières années ont démontré le remarquable succès des Abenomics, qui ont sorti le pays de la déflation, relancé la croissance, et largement désendetté le pays. Dommage que tant de journalistes ne le reconnaissent pas. De manière intéressante, Shinzo Abe essaie également d’agir contre certains travers de la société nippone, comme le rapport un peu extrême au travail.
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