Après Xavier Darcos qui faisait mine, dans une école, d’être brouillé avec la règle de trois, voici Christine Lagarde en difficulté sur une division par deux. Est-ce bien sérieux, même si cela fait partie d’une communication très étudiée qui, depuis dix-huit mois, veut faire croire aux Français que leurs ministres sont faillibles, comme eux ? Quand est-ce que l’Etat mettra de côté ses enfantillages autant débiles que démagogiques ? Il y a un temps pour tout. Celui du retour au sérieux doit passer avant, car nous sommes incontestablement dans une crise profonde et durable ! Mais, les faits étant là ! L’Etat a-t-il vraiment les collaborateurs qu’il mérite ?
Ainsi, selon la ministre Lagarde, les 26 milliards, en deux ans, que son plan de relance va injecter dans l’économie française, représentent bien 1,3 % du PIB. C’est faux, totalement faux ! C’est pourtant ce qu’elle ne cesse ne nous rappeler sur tous les médias, depuis quelques jours.
Quand on parle d’une période de deux ans pour les 26 milliards, il faut diviser par deux pour avoir le nombre de milliards sur un an. Donc, 26 milliards / 2 = 13 milliards, pour chacune des deux années. Comme notre PIB annuel est d’environ 2 000 milliards, on a donc : 13 milliards qui, rapportés au PIB de 2 000 milliards, font exactement 0,65 % et non pas 1,3 %. Elémentaire, c’est du niveau de CE2 ! Mais, pour la communication de l’Etat, incarnée en l’espèce par C. Lagarde, il vaut mieux dire 1,3 %, que seulement 0,65 %. Cela fait mieux, même si c’est une bêtise ! Surtout que sur le fond, son plan de relance est bien insuffisant et
totalement inadapté aux enjeux du problème à régler.
Alors, nous pourrions nous offenser que l’Etat nous prenne sans cesse pour des demeurés, mais le cas de la ministre est vraiment un cas d’école. Et même d’espèce, dirait un avocat sorti de la même école qu’elle !
Après ses nombreuses erreurs depuis le mois d’août où elle annonçait que notre pays se portait bien, que la croissance française était bonne et qu’elle se situerait, pour 2008, autour de 1,5 à 1,8 % … puis que, pour lutter contre la
hausse du pétrole les Françaises et les Français n’avaient qu’à rouler à vélo … nous pouvons émettre des doutes légitimes quant à sa capacité à gouverner l’économie de notre pays. Surtout dans la période actuelle où il faut des professionnels de l’art économique. Christine Lagarde est-elle une professionnelle crédible à ce poste, même affublée d’un plan de communication renforcé ?
Chacun sait que Christine Lagarde, juriste de formation, était avant d’être ministre, la brillante patronne d’un non moins brillant cabinet d’avocats américain. L’un des tous premiers au monde. Le célèbre cabinet
Baker & McKenzie.
A ce stade, les Françaises et les Français peuvent légitiment se poser deux questions :
1°- Quelle crédibilité a une juriste, présidente d’un cabinet d’avocats, à être le capitaine d’un navire, à la manœuvre dans une énorme tempête, avec à son bord le sort de 64 millions de passagers ayant tous payé leur billet via … l’impôt direct et indirect ?
2°- Quelle serait la crédibilité et la légitimité d’un brillant marin, devenu tout normalement capitaine de navire, à être subitement le président de l’un des plus importants grands cabinets d’avocats de la planète ?
Même s’ils sont tous les deux brillants de naissance – ce qui reste naturellement à vérifier, car le don de brillance semble être inné – ils n’ont aucun des fondamentaux instinctifs d’un métier qu’ils ne connaissent pas vraiment. D’où les erreurs, que l’un et l’autre, diffuseraient aux médias s’ils étaient interrogés sur un business qui n’est pas intrinsèquement le leur depuis longtemps.
Alors, d’aucuns pourront, naïvement nous dire, que pour manager une équipe, une entreprise, un navire ou même le ministère de l’économie de l’Etat français, point n’est vraiment besoin de s’y connaître. Et, qu’il suffit d’être politique ou mieux encore, d’être un bon communicant devant les caméras !
Pour certaines entités cela est vrai. Surtout si ce sont celles qui, comme l’on dit, ne "mangent pas de pain" – on ne citera pas ici de nom, afin de ne pas offenser certains ministères ou secrétariats d’Etat qui s’y croient vraiment ! Mais, pour la plupart des autres entités, comme le ministère de l’économie par exemple … connaître le cœur du métier, paraît être un prérequis de base minimum, indispensable, voire vital.
En effet, qui monterait à bord d’un Airbus dont le commandant était il y a quelques mois le brillant président d’un grand et renommé cabinet d’avocats ou le capitaine d’un célèbre transatlantique ? Sûrement pas nous ! Même par beau temps assuré tout le long du vol.
Alors, pour répondre à la question du début de notre propos, à savoir si l’Etat avait en cette période de crise les collaborateurs qu’il mérite, nous dirons que malheureusement … oui ! Pourquoi oui ?
Tout manager, vraiment praticien de la chose, sait qu’un collaborateur peut être nommé par erreur – les fautes de casting arrivent effectivement à tout le monde – mais, il sait aussi qu’un recrutement inadéquat ne peut pas être conservé par oubli ou bien par peur de décider de son licenciement. Si, malgré tout, le collaborateur est conservé c’est, au-delà de la faute professionnelle avérée, que cela est voulu par le boss, par l’Etat en l’espèce. Cela ressort aussi de ce que l’on peut appeler, le fait du prince. Mais, encore faut-il que l’Etat soit en capacité d’apprécier si l’un de ses collaborateurs est bien à sa place. Là est toute la question ? Et, cela semble être le problème auquel notre Etat est aujourd’hui confronté. Donc, nous pouvons en conclure que l’Etat, persistant dans ses choix, a bien les collaborateurs qu’il mérite !
D’ailleurs, pour confirmer notre propos, personne n’a jamais attendu l’Etat dire un jour, ou simplement une fois : "Oui, je me suis trompé. J’ai donc décidé de me séparer d’une personne que j’aimais bien et que j’avais recrutée. Dans l’intérêt du pays, il fallait le faire". Une telle décision est toujours humainement difficile. Ceux qui l’ont pratiquée le savent. Mais un vrai boss est aussi payé pour cela. Pas uniquement pour parader, faire le beau ou voyager de partout. Dans son salaire, il y a une part qui est prévu pour des tâches ingrates, que personne n’aime. C’est cela aussi le métier de boss ! Alors, chaque jour qui passe, sans décision de notre Etat sur le sujet, est un jour de trop pour notre pays qui va continuer à s’enfoncer dans la crise.
En fait, l’Etat est-il en mesure de reconnaître ses erreurs ? L’histoire montre qu’il ne les a, sauf à de rares exceptions, jamais reconnues. Et, quand il l’a fait, c’était pour des sujets tirés du passé. Jamais sur des sujets contemporains, liés à l’actualité. C’est pourtant sur de tels sujets qu’on attendrait qu’il rectifie le tir avant de se planter !
Malheureusement, comme nous l’écrivions récemment, la crise actuelle c’est aussi une
crise de confiance et de crédibilité du politique. Sans les avoir recouvrées – confiance et crédibilité –notre sortie de crise sera lente, très lente par rapport aux autres pays. Et, malheureusement, nous n’en verrons les effets négatifs que dans dix ou vingt ans ! Mais, à cette époque, les non-décideurs d’aujourd’hui couleront alors une confortable retraite.
Aussi, nous pensons qu’un Etat qui n’est plus à même de savoir qui est fait pour un poste ministériel et qui ne l’est pas, n’est pas un Etat susceptible de faire face à une crise majeure ! Ne sachant pas décider … il n’est plus à même de prévoir à quel niveau structurel doit s’inscrire notre économie afin d’être compétitive demain, dans un monde de plus en plus averti et concurrentiel. A fortiori, cet Etat ne peut rien anticiper. Dramatique, c’est pour cela qu’aujourd’hui il se contente de suivre le Royaume-Uni ou les Etats-Unis d’Amérique mais, grâce un plan médias extraordinaire, il laisse supposer qu’il est à la base de tout.
Bien sûr, nous aimerions nous tromper et affirmer que 26 milliards / 2 font effectivement 26 milliards. Mais, c’est l’avenir de notre pays, pour les dix ou vingt prochaines années, qui se joue en ce moment. Un tel amateurisme est donc intolérable !
Ah ! Que n’a-t-elle été, notre ministre de l’économie, mousse ou matelot de métier dans un passé récent !