L’Euro est-il bien nécessaire ?
L’Euro est-il encore vraiment utile à l’Europe et au reste du monde ?
La fin de l'Euro est-elle imminente ?
Nous ne sommes plus dans le domaine de la finance fiction.
L’Euro peut-être dissout. Il n’existe en effet aucun obstacle juridique dans le Traité de Lisbonne (qui ne concerne pas l’Euro mais l’Europe), ni aucun autre obstacle juridique.
L’Euro n’est pas un agrégat de monnaie. C’est une monnaie commune qui a été érigée en monnaie unique par 16 membres de l’Union Européenne avec des parités fixe et la disparition des monnaies d’origine (Franc Français, Mark, Franc Belge, la Lire, etc.).
Une monnaie est la simple réflexion de la richesse d’un pays. C’est le miroir des biens durables et consommables.
Des tensions nombreuses étaient apparues en Italie au XXème siècle entre le Nord riche de l’Italie et le Sud pauvre. Ces tensions s’étaient notamment matérialisées par de vives discussions sur l’existence d’une monnaie commune.
Pour l’Europe des 16 et l’Euro, c’est la même chose. L’Allemagne est un pays très riche qui domine l’Europe et l’Euro. Trois pays ont été intégrés à l’Europe et à l’Euro pour des raisons de stabilité politique : la Grèce (pour éviter le retour du régime des Colonels), le Portugal (pour éviter le retour d’un dictateur comme Salazar) et l’Espagne (pour éviter le retour d’un dictateur comme Franco). Mais sur le plan financier ces pays sont à l’opposé de l’Allemagne.
Cela signifie que le miroir reflète la même richesse pour 4, ou 16, pays dont les richesses et les économies sont totalement dissemblables. C’est un peu comme si l’on fixait arbitrairement la même valeur pour l’Or et pour l’Argent. Ce montage pourrait tenir un certain temps, mais la valeur de marché et la valeur d'usage de ces deux métaux précieux briserait très vite ce montage et ne permettrait pas de maintenir un prix égal et unique.
L’Euro est dans cette phase. Après la crise des subprime, la chute de Lehman Brothers et le choc financier international qui s’en est suivi, en valeur relative l’Allemagne s’est enrichie par rapport aux autres pays et les pays les plus pauvres se sont appauvris.
On ne se trouve plus dans la situation d’essayer de tenir ensemble l’Or et l’Argent, mais le l’Or et le Zinc ou le Fer. Dans cette configuration, il est bien évident qu’il est impossible de garder un prix unique.
Pendant des décennies, l’Europe avait adopté des systèmes de fluctuations contrôlés des monnaies comme le Système Monétaire Européen, ou (sic) le Serpent Monétaire Européen. On fixait une parité arbitraire entre les devises à un instant « T » et on laissait flotter les monnaies à l’intérieur de ce serpent. Par exemple, chaque devise pouvait varier de + ou – 2,5% autour de sa valeur déterminée par rapport au panier de toute les autres monnaies. Cela paraissait difficile à gérer mais finalement la souplesse du dispositif permettait d’éviter les éclatements. De la même manière que les immeubles et les ponts ménagent des espaces de dilatation lors de variations de température, les serpents ou systèmes monétaires européens permettaient au système financier européen de respirer sans exploser
L’Euro a créé le tout ou rien. Ou bien on maintient l’Euro coûte que coûte ou il explose.
On pourrait certes envisager de revenir aux monnaies nationales tout en gardant l’Euro. Ce serait l’Euro monnaie commune mais pas monnaie unique ; et on pourrait avoir ainsi deux monnaies dans chaque pays. Mais ce qui se pratiquait au Moyen-âge avec l’Ecu n’est plus réellement faisable aujourd’hui car d’autres devises comme le Dollar, le Yen, le Yuan, la Livre, etc. coexistent avec l’Euro. Il faudrait donc avoir un marché avec des devises uniques d’un côté (le Dollar, le Yen, le Yuan, la Livre) et des devises doubles de l’autre côté (le Franc Français couplé a l’Euro).
Un tel système accentuerait encore la volatilité des marchés et les risques de crash monétaire international.
C’est pourquoi la fin de l'Euro n’est pas forcement la crise majeure que l’on croit mais peut-être le prix à payer pour que survive le système monétaire et financier international
Après des mois des spéculations, analyses, articles, posts sur blogs et surtout catastrophiques mouvements des banques centrales, ce sont maintenant les économies qui s’effondrent et les manifestants qui descendent massivement dans les rues : Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, France, Royaume Uni, Irlande, et même Allemagne.
Retraites, déficits publics abyssaux, systèmes de santé à l’agonie, armées protestataires, polices mécontentes, fonctionnaires aux traitements bloqués sine die, enseignants au bord de la crise de nerf, banlieues par-dessus bord de l’explosion, la liste est longue et s’allonge vite.
Bien entendu, le reste du monde ne va pas mieux. Mais ce n’est pas suffisant pour se consoler.
Dans ce cas-là, que fait-on ? On fait comme à la télévision : on tape sur le maillon faible !
Et le maillon faible c’est aujourd’hui l’Euro.
Pourquoi : par ce qu’une monnaie commune et rigide ne peut pas être le véhicule financier unique de 16 économies qui n’ont plus rien à voir les unes avec les autres surtout dans la crise financière sans précédent qui a dépassé depuis longtemps l’ampleur de la crise de 1929 aux Etats-Unis et 1932-1935 en Europe, suivies par le reste du monde.
Oui, l’Euro peut éclater dans les semaines ou les mois qui viennent
Est-ce une mauvaise chose ?
Comme le disent les philosophes paisiblement : on s’habitue à tout.
Et en plus, cela ne serait pas forcement une mauvaise chose
Olivier Chazoule
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