L’euro face aux fous furieux et à la farce pas tranquille des gouvernants
Marine le Pen et quelques économistes recommandent de sortir de l’euro comme solution permettant d’en finir avec la crise des dettes. Un jour, j’ai entendu un observateur évoquer ces fous furieux qui veulent sortir de l’euro. J’adhère à ce jugement et donc affirme que ceux qui pensent à une sortie salutaire de l’euro sont des fous furieux, des Néron européens et des gens indignes de l’héritage européen des lumières, des fossoyeurs de la raison, des escrocs populistes, des ignorants de l’économie. Ce propos paraîtra sévère mais il est à la hauteur des enjeux contemporains et je rappellerai aux intéressés cette vieille formule d’un autre âge qui a encore tout son sens. Extrait de la déclaration de 1789 : L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements.
Nous vivons une crise de l’ignorance qui produit une ignorance de la crise
Ceux qui pensent que la crise actuelle en Europe est causée par l’euro ne sont pas sérieux. Soit ils délirent gentiment, soit ils arnaquent un peu méchamment les citoyens en servant un discours en forme de soupe intellectuelle populaire. C’est de circonstance me direz vous, la soupe populaire pour nourrir les SDF et la soupe intellectuelle pour le bon peuple qui se plaint de la baisse du pouvoir d’achat et à qui on livre un bouc émissaire, l’euro, ou parfois, la Grèce. L’euro n’y est pour rien dans cette crise. Ce n’est juste qu’une monnaie, un fluide qui circule. Un touriste qui perd son souffle lorsqu’il marche en altitude ne va quand même pas se plaindre de l’oxygène. L’euro a même servi à protéger les pays de la zone euro d’une crise bien plus grave. Qu’on se souvienne de la crise asiatique de 1997, causée entre autres par la bulle financière en Thaïlande. Les bulles et les dettes sont des deux facteurs de crise. Le bath thaïlandais, alors adossé au dollar, commença à chuter. Les autorités on alors dépensé leurs dollars pour racheter du bath mais rien n’y fit et cette monnaie fut dévaluée. Et comme les monnaies sont flottantes, la chute du bath entraîna celle d’autres monnaies asiatiques, aux Philippines, en Indonésie, en Malaisie. Verdict final, les capitaux ont fui les pays asiatiques et les économies des tigres et dragons se sont rétractées, la Corée, Taïwan, Singapour et même Hong Kong ayant été touchés. Il suffit d’imaginer une configuration similaire en Europe, le drachme étant le premier sur la liste, puis l’escudo, la peseta, la lire et pour finir le franc. Dans une telle hypothèse, on peut penser à un renchérissement du mark. Mais globalement, on aurait assisté à une fuite des capitaux plaçant les pays du sud européen dans une sacrée mouise. Ceux qui accusent l’euro de tous les maux sont des ignorants.
Autre mensonge à combattre, cette farce intellectuelle des dirigeants qui se rejettent la responsabilité. Les Etats accusent les banques de légèreté spéculative, alors que ces mêmes banques accusent les Etats d’indélicatesse avec les finances publiques. En vérité, les deux sont complices comme des larrons en foire, pour preuve les subprimes qui furent encouragées par GW Bush et que Sarkozy voulait introduire avant la crise de 2008. Ou alors la banque Dexia, modèle édifiant de la responsabilité commune des gouvernants et des financiers. On assiste hélas à une manipulation sémantique grotesque. D’aucuns évoquent les banques comme les victimes de la crise. D’autres comme Sarkozy parlent de la France comme une victime potentielle de la crise. C’est un peu osé car ni les Etats ni les banques ne sont les victimes de la crise car ce sont les responsables de la crise. Et l’euro n’y est pour rien.
Parlons vrai, les victimes de la crise, ce sont des gens, les travailleurs de chez Conti, les sous-traitants de l’automobile, les licenciés économiques en masse mais diffus, dans les milliers de PME et TPE qui déposent le bilan, les jeunes, diplômé ou non, qui n’entrent pas dans un parcours professionnels, les suicidés pour raison économiques, les sdf, les précaires. Et les causes de la crise, ce sont les disparités de revenus. Ce n’est pas la crise qui cause la précarité, c’est l’inverse, c’est l’assèchement des bas revenus qui engendre la crise. Si les Etats sont endettés, c’est parce qu’ils n’ont pas entré assez de recette. Si la France perd son triple A, c’est à cause notamment de toutes ces niches fiscales. La vérité, c’est que le monde est corrompu et vénal, que les riches pratiquent un hold up légal, trichent avec les règles d’équité, avec les valeurs, déteignant sur des classes moyennes prises en tenaille entre les penchants du vice et la docte acceptation du système. Mais les vrais responsables de ce merdier, ce sont en dernier ressort les gouvernants, et les citoyens qui les ont élus. Et s’il faut recapitaliser, eh bien recapitalisons les pauvres avec la monnaie éthique et le RCC monéthique.
Le sommet européen de ce mercredi ne sera qu’une scène de plus de cette pièce de théâtre politique qu’est la farce pas tranquille de l’Europe, avec les moquerie de Sarko et Merkel, et Berlu qui boude non sans quelques raisons et cette piètre comédie d’un président français qui cherche à dorer son image, car son ego narcissique ne supporterait pas de se voir dans un miroir tel un caniche. On voit tous ces dignitaires de l’Europe défiler, adoptant la posture du capitaine barrant le navire continental de la zone euro. Ils viennent se donner en représentation et ce cirque médiatique a tout d’une farce pas très tranquille. Le monde entier serait suspendu au sommet européen. En fait, le monde est parsemé de nihilistes, de crétins, d’apprentis sorciers, de peuples crétinisés par le système médiatique, de profiteurs, de corrompus. Quand l’homme décidera d’être intelligent et vertueux, le monde changera.
50 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON