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Accueil du site > Actualités > Economie > La banque ? Un service public… comme les autres

La banque ? Un service public… comme les autres

Face à la crise, et au besoin de "recapitaliser" les banques devenues "systémiques", on reparle régulièrement de nationaliser les banques.
Or l'Etat à régulièrement fait la démonstration de son incapacité à être un "bon" entrepreneur.
Par ailleurs nationaliser est une solution très coûteuse que l'Etat ne peut pas s'offrir.

Il faut donc trouver d'autres solutions.
Cet article en propose deux :
1) Séparer la banque de dépôt de la banque d'investissement ; solution mise en oeuvre après la grande crise de 1929, puis abrogée par la grande réforme (ultra) néo-libérale du couple Thatchgan (pour Thatcher-Reagan, dont l'avatar actuel s'appelle Merkozy).
2) Considérer la banque de détail comme un service public, distributeur d'"énergie financière", aussi vitale pour notre économie que les autres formes d''énergie. Et adopter vis à vis des distributeurs de cette énergie la logique de la Délégation de Service Public qui prévaut pour les autres formes d'énergie ou de services de base.

Ce sont les banquiers lombards qui, au XIIIème siècle, "inventent" le crédit, c'est à dire le prêt d'argent rémunéré par un intérêt. Jugée immorale, cette activité de prêteur est interdite par la papauté. Mais pas par le roi, qui, déjà à l'époque, n'hésite pas à faire appel aux services des banquiers lombards.
Philippe le Bel ne leur manifeste d'ailleurs aucune reconnaissance, qui les ponctionne à plusieurs reprises (on dirait aujourd'hui "prélève une taxe exceptionnelle sur leurs bénéfices"), voire confisque leurs biens (dirait-on aujourd'hui les "nationalise" ?) lorsque son endettement ou ses besoins de financement deviennent trop importants.
Heureuse période (pour les rois-emprunteurs) où la crise de la dette trouve des solutions ... simples.
Mais ces ... pratiques finissent par avoir raison des banquiers lombards.

Ce n'est que plus tard, au XVIIIème siècle, que John Law crée sa Banque générale, à la fois Banque Centrale et banque commerciale des temps modernes. Elle "invente" le billet de banque, plus commode pour le commerce que la monnaie métallique. Elle disparait lorsque, la crise venant, on découvre que ce "papier monnaie" n'a pas sa contrepartie en or (eh oui ! la banque de Law n'a pas de ratios prudentiels à respecter !).
Sale temps pour les banquiers : Law, ruiné, doit s'enfuir à Venise (que n'avait-il négocié avec Louis XV un parachute doré !).

XIXème et XXème siècles. L’activité bancaire est un levier clé de l'économie. Elle élargit son champ d'action, se diversifie (surtout après la 2ème guerre mondiale).
La banque de dépôt (commercial banking) collecte des fonds auprès de ses clients (épargnants) et distribue des prêts (entreprises, particuliers, professionnels). C’est elle qui tient votre compte et finance l’achat de votre appartement.
Elle est gérée en bon père de famille, est allergique au risque (les jeunes créateurs d’entreprise savent de quoi je parle !). Elle gagne honnêtement sa vie, sans plus.
La banque d’investissement (corporate and investment banking) travaille avec les grands investisseurs (grandes entreprises, institutionnels - comme les assurances -, grandes collectivités - comme des villes ou des États) sur des opérations dites de « haut de bilan » (fusion, acquisition, émission d’emprunts, etc.). Ces opérations, souvent complexes, engendrent, voire exigent une ingénierie financière très pointue (les français en sont des experts mondialement reconnus) et des produits très sophistiqués (dont personne ne maîtrise vraiment ni le fonctionnement ni les risques).
Cette activité est à la fois très lucrative et très risquée. Elle est même « shootée » aux risques (générateurs de généreux bonus).

C’est si vrai qu’à l'issue de la crise de 1929 une loi (le Glass-Steagall Act) interdit aux banques de dépôt d'avoir une activité de banque d'investissement et réciproquement. De façon à ne pas faire prendre de risques aux premières par les activités plus spéculatives des secondes. Mais voilà, c'est aux États-Unis et nulle part ailleurs (il n'y a pas de loi équivalente en Europe) et, dans le tsunami néo-libéral impulsé par le tandem infernal "Reagan-Thatcher" (dirait-on aujourd'hui Thatchgan comme on parle de Merkozy ?), elle est répudiée en 1999 (le Gramm-Leach-Bliley Act).

C'est ainsi que les banques achètent désormais à tour de bras des produits financiers divers et (a)variés. Elles le font parce que ces activités, très risquées, sont évidemment très profitables. Mais voilà, il arrive que le risque soit avéré (subprimes, dettes souveraines, etc.) et là ... exit les montagnes de profit, bienvenue aux abysses de pertes qu'il faut alors éponger, soit en faisant appel aux États pour les combler (selon la bonne pratique de "privatiser les profits et nationaliser les pertes") soit en limitant les crédits (puisqu'elles ne peuvent plus trouver les fonds), soit les deux à la fois, plongeant alors l'économie dans la crise.

Reviennent alors périodiquement les propositions de "nationaliser" les banques. Cette idée traduit une réalité incontournable : dans son rôle de distribution de crédit à l'activité économique, la banque est un service public. Au même titre que la distribution d'eau ou d'électricité.
Il s'agit ni plus ni moins qu'une autre forme d'énergie, l'énergie financière, sans laquelle notre économie ne peut pas survivre.

Faut-il pour autant nationaliser les banques ?
Comme nous ne sommes plus au "bon temps" de Philippe le Bel, c'est une solution coûteuse (plusieurs dizaines de milliards d'€, même pour une nationalisation partielle), car il faut dédommager leurs actuels propriétaires.
Quant à la capacité de l’État à être un "bon" entrepreneur, l'Histoire montre qu'elle est tout simplement nulle (cf. les nationalisations, calamiteuses, qui ont suivi la victoire de François Mitterrand en 1981, les délocalisations, ces dernières années, de Renault que l’État, propriétaire de 15% du capital et titulaire d'un siège au Conseil d’Administration, n'a pas su ou pu empêcher, etc.).

Il me semble qu'il existe d'autres solutions, plus simples, moins coûteuses.

Premièrement, légiférer pour séparer rigoureusement (comme ce fut fait après la crise de 1929 aux USA) les activités de banque de dépôt (le service public) et de banque d'investissement. Ainsi seuls les actionnaires de ces dernières assumeraient les risques. Et la menace du « too big to fail » et autres risques dits « systémiques » disparaîtront ipso facto.

Deuxièmement, accorder l'autorisation d'exercer le métier de banque de dépôt dans le cadre d'une Délégation de Service Public.
De quoi s'agit-il ? D'un contrat par lequel une personne morale de droit public (ici l’État) confie la gestion d’un service public (le financement des projets des particuliers et des entreprises) dont elle a la responsabilité (c'est la réelle nouveauté : admettre que l'« énergie financière » est un service public) à un délégataire dont la rémunération est liée au résultat d’exploitation du service. C'est ce qui est fait pour la distribution d'énergie, d'eau, le transport, le traitement des déchets, etc.
Le délégataire doit respecter un cahier des charges. Son contrat est limité dans le temps. Il est donc libre d’exercer son métier en bon professionnel qu’il se doit d’être, mais « tenu en laisse ».
On peut imaginer tous les avantages qu’un tel système donnerait à un État stratège.
Des banques qui financeraient davantage les PME (créatrices d’emploi, exportatrices et non « délocalisatrices », payant leurs impôts en France, etc.) que les grands groupes.
Des banques dont on pourrait orienter les financements vers des secteurs d’avenir (bio-technologies, énergies renouvelables, etc.) et des projets innovants, plutôt que de la défiscalisation.
Voire même (c’est audacieux, mais rêvons un peu), des banques qui financeraient les projets des pauvres alors qu’aujourd’hui elles préfèrent ceux des riches.

Certes, il faut revoir la règlementation, notamment européenne, voire même celle de l'OMC. Il faut donc avoir de l’audace. Et, c’est sans doute là le plus difficile, bousculer les lobbies et les « copains ».

Comme disait Danton : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ».


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27 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL1 30 novembre 2011 09:31

    Bonjour Bernard Bougel,

    votre réflexion est intéraessante, vous dites : « dans son rôle de distribution de crédit à l’activité économique, la banque est un service public. Au même titre que la distribution d’eau ou d’électricité. »

    Imaginons que l’on ait mélangé la vente de vins et spiritueux avec la distribution d’eau ! N’est-ce pas Sarkozy qui disait que l’amalgame est l’arme des fascistes ? Ce que les fascistes ont fait, la puissance publique peut le défaire : les banques de dépôt doivent être séparées des banques de profits. L’activité de dépots et crédits doit être nationalisée, et il est hors de propos d’évoquer le coût de rachat et les prétendues mauvaises qualités d’entrepreneur de l’Etat. Le faire c’est mélanger les genres : l’Etat n’est pas une entreprise.


    • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 10:38

      Se poser la question de la capacité de l’Etat à se comporter en « bon » entrepreneur ne me semble pas « hors de propos ».
      Les exemples fourmillent où l’Etat n’a pas tenu son rôle d’actionnaire ...
      Son rôle n’est-il pas davantage d’être Maître d’ouvrage que maître d’œuvre ? De définir ce qu’il faut faire et dans quelles conditions on doit le faire que de faire par lui-même ?
      Du moins pour les activités non-régaliennes (et nous sommes bien dans ce cas pour ce qui concerne l’« énergie financière ».


    • Francis, agnotologue JL1 30 novembre 2011 11:15

      Bernard Bougel,

       

      nous sommes bien d’accords, le rôle de l’Etat n’est pas d’être entrepreneur. La question est donc de savoir si l’activité concernée relève du secteur marchand ou non.

      Et je dis que, selon moi, cette activité de fournisseur d’énergie financière comme vous écrivez, relève du secteur non marchand pour une bonne raison : il faut que les taux de crédit consentis soient les mêmes pour tous, ce qui exclut la question du marché concurrentiel.


    • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 11:22

      Je ne partage pas votre point de vue. Selon moi cette activité n’a aucune raison de ne pas faire partie du marché concurrentiel.


      • il faut TOUTES LES NATIONALISER...

        ET BAISSER LES SALAIRES ET INDEMNITES DES PATRONS DE 75%

        A quoi set la BCE SI LE FMI EST AUX ORDRES DE LA FINANCE GENRE ROCKFELLER.
        PEUT ETRE QUE DSK LES AURAIT EMPECHE DE METTRE EN PLACE LE NOUVEL ORDRE MONDIAL...DU FRIC...OU ETAIT IL TROP POURRI................

        LAGARDE EST UN AGENT DOUBLE AUX ORDRES DE WALL STREET

        DEBOUT CITOYENS REJOIGNEZ LES INDIGNES....REVOLTEZ
        VOUS REOUVRON SUN CONSEIL NATIONAL DE LA RESITANCE

        CONTRE L’ AGCS ET L OMC. CONTRE ROCKFELLER AND CO ET LE FMI.


      • kev46 kev46 30 novembre 2011 13:58

        L’argent n’est pas une marchandise comme les autres.
        Elle n’a pas être une activité concurrentielle.

        L’argent ne doit pas servir à faire plus d’argent !!!!


      • Francis, agnotologue JL1 30 novembre 2011 11:48

        B Bougel,

         

        « cette activité n’a aucune raison de ne pas faire partie du marché concurrentiel. »

         

        Mais je vous ai donné une bonne raison. au lieu d’affirmer, discutez donc, svp, de cette raison, je me cite : les taux doivent être les mêmes pour tous.


        • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 18:00

          Pourquoi donc les taux devraient-ils être les mêmes pour tous ? A moins de vouloir complètement étatiser le secteur bancaire (et ce n’est pas mon propos, vous l’avez bien compris), il faut garder une forme de concurrence entre les opérateurs.
          Je vois bien que ce concept de « concurrence » ne vous plaît pas.
          Je respecte votre opinion, mais ne la partage pas du tout.
          La concurrence, correctement régulée, est une source d’innovation, de qualité de service et de prix compétitifs. Elle est donc (encore une fois correctement régulée et organisée) source de bénéfices pour nous tous.
          Par ailleurs, lorsqu’on distribue du crédit, on doit pouvoir apprécier le risque et cette appréciation conduit assez naturellement à des taux différenciés selon les emprunteurs.
          Ces arguments vous semblent-ils recevables ?


        • Francis, agnotologue JL1 30 novembre 2011 18:19

          Bernard Bougel,

          soit on fait marcher l’économie, soit on fait du profit. L’industrie financière est une industrie comme une autre, une machine à faire du profit.

          L’Etat n’a pas à faire du profit, ce n’est pas son rôle : le contraire c’est ce que réclament les libéraux ; Parce qu’ils ont des arrières pensées ! Ils appellent ça la gouvernance.

          Pourquoi les taux devraient-ils être les mêmes pour tous ? Soit on se place du point de vue d’opérateurs privés, et alors, oui, vous avez raison. Soit on considère que la machine à fournir le nerf de la guerre est un service public, et alors, il n’y a pas de raison de différencier les taux sinon à pénaliser les plus faibles : en effet, du point de vue des emprunteurs, on peut contester le fait que ce sont les plus aisés qui bénéficient des meilleurs taux, et les plus vulnérables qui se voient imposer des taux d’usure !

          Il n’y aurait à mon avis, aucune raison de séparer banques d’affaire et banques de dépôts si ce n’était pas pour étatiser les banques de dépôts. De la même façon que les banquiers ont amalgamé les deux pour rendre absurde la nationalisation des banques, de la même façon nous devons les séparer : ce n’est pas le rôle de l’État de faire des affaires financières, en effet ; à l’État les dépôt et les crédits ; au privé les affaires ; affaires, ou plutôt parasitisme, de mon point de vue parce que, faire des affaires avec de l’argent, c’est un truc de riche qui a trop d’argent. Placer son pognon dans une banques d’affaire, c’est comme partir en voyage avec un opérateur de tourisme, un marchant de voyages organisées ; un produit de consommation pour consommateurs trop aisés.

          Tous ces amalgames, tous ces mélanges de genre proviennent de ce que les hauts fonctionnaires comme les capitaines d’industries sont issus des mêmes écoles, sont parents et couchent ensemble ! Il faut mettre fin à ces pratiques incestueuses et retrouver de vraies valeurs. Ces valeurs se retrouvent dans les principes que j’ai énoncés.


        • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 18:58

          Je partage votre point de vue sur les méfaits des relations incestueuses entre le pouvoir politique et le pouvoir économico-financier.
          En revanche, davantage de nuances ne nuiraient pas à votre raisonnement.
          Ainsi, l’« usure » n’est pas le résultat inéluctable d’une saine concurrence sur les prêts bancaires. C’est même l’inverse qui se produit me semble-t-il.
          Ce qui me perturbe c’est que le modèle que vous proposez n’a jamais fonctionné. Je ne sache pas qu’un système bancaire totalement étatisé ait réussi où que ce soit. Il doit bien y avoir des raisons.
          On peut toujours rêver que ça puisse fonctionner un jour, mais le constat ne m’y incite pas.
          En revanche la DSP a déjà fait ses preuves dans les transports, la distribution d’eau, ...


        • kev46 kev46 30 novembre 2011 12:05

          Sache que le glass-steagall act n’est plus en oeuvre aux USA depuis la dérégulation financière de clinton en 1999. Mais je suis d’accord qu’il faudra l’imposer. Mais bon cela n’empechera pas les banques de dépôt de donner leur dépot aux banques d’investissement afin de le jouer en bourse.

          Après, pour les nationalisations, l’état est un mauvais patrons parce qu’il le veut. Son but étant de privatiser tous ce qui a été nationalisé avant (Objectif de l’UE et de l’OMC via l’AGCS). C’est plus facile en disant que l’état est incompétent. C’est marrant d’élire des gens pour gouverner un pays alors qu’il se sentent incapable de diriger une entreprise. Enfin bref. Il faut juste élire les bonnes personnes pour que ca marche. Et ce n’est certainement pas l’UMPS. En tout cas la banque postale fonctionne très bien, il ne faut pas dire des conneries.

          Sinon, une autre solution. La banque mutualiste. Le crédit mutuelle et le groupe BPCE sont moins touché par la crise car ils n’ont pas spéculer sur les dettes et les CDS ! Encore faudrait il que les gens sachent qu’ils peuvent élire les dirigeants (enfin les délégues) de ces banques et qu’ils le fassent en s’intéressant aux candidats.


          • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 18:07

            La banque mutualiste ? Pourquoi pas ? Ce n’est pas incompatible avec ma proposition d’encadrer ces opérations dans le cadre d’une DSP.


          • Robert GIL ROBERT GIL 30 novembre 2011 12:16

            qui cré de la richesse ? Ce sont les travailleurs et pas les banquiers ; Si vous voulez faire pousser du blé, vous pouvez couvrir votre champs de billet de 500 euros et revenir un mois aprés, il n’y aura rien, il faut labourer, semer, soigner, recolter...c’est cela la creation de richesse, et pas de faire travailler de l’argent !
            Alors non seulement il faut exproprier le secteur bancaire privé, mais il faut « socialiser » les banques : c’est a dire,par exemple diriger par un quart de parlementaire, un quart du personnel de cette banque , et l’ autre moitié par des citoyens.
            Nous en avons marre que ce soit la finance, c’est a dire ceux qui ne produisent rien et encaissent les bénéfices qui dictent leur lois :
            http://2ccr.unblog.fr/2011/11/20/la-finance-dicte-sa-loi/


            • titi titi 5 décembre 2011 00:23

              « c’est cela la creation de richesse, et pas de faire travailler de l’argent ! »

              Bah non.

              Un exemple d’une paire de chaussure fabriquée au Viet Nam.
              Arrivée en France elle vaut ce qu’elle a couté : 8 euros.

              Si on lui colle un logo « Athena Victorieuse » elle coute 50 euros.

              La valeur n’est donc pas dans le produit mais dans le marketing qui fait passer la valeur du produit de 8 à 50 euros.

              La « richesse » c’est l’immatériel. Le produit n’est qu’anecdotique.


            • ZEN ZEN 30 novembre 2011 12:33

              Je ne sais plus qui disait dés 2008, face à l’euphorie des marchés financiers : « Il faudrait que la banque redevienne ce qu’elle devrait être : ennuyeuse... »


              • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 18:04

                Je crois qu’il s’agit de Jacques Attali.


              • Spip Spip 30 novembre 2011 14:04

                « un contrat par lequel une personne morale de droit public (ici l’État) confie la gestion d’un service public (le financement des projets des particuliers et des entreprises) ». C’est bien là que le bât blesse !

                Quant on voit aujourd’hui que même des secteurs aussi essentiels que la santé ou l’éducation sont invités de force à entrer dans le secteur marchand, c’est qu’ il n’y a plus aucune limite en matière de marchandisation des besoins premiers. Alors, faire admettre à la Finance que le logement, l’énergie, etc., vaste programme...

                D’accord avec kev46 : les banques mutualistes, à condition de surveiller leurs pratiques au jour le jour. J’en connais une qui avait fourgué une Visa Internationale à une mémé de 92 ans qui ne sortait plus de chez elle... Il a fallu que son petit-fils fasse un scandale (efficace, il est délégué dans cette même banque) pour annuler cette pratique, digne des Grandes Soeurs.


                • Bernard Bougel Bernard Bougel 30 novembre 2011 18:11

                  En l’espèce, il ne s’agit pas de privatiser un secteur public en laissant ce dernier péricliter (ex. de la santé).
                  Il s’agit au contraire de reprendre la main sur un secteur privé, mais stratégique, à moindre coût, en alliant les avantages du professionnalisme des opérateurs actuels (l’État n’a aucune vocation à devenir banquier) et ceux d’un cahier des charges défini par la puissance publique.


                • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 30 novembre 2011 18:33


                  Une banque effondrée ne coûte rien. Juste l’euro symbolique.
                  Laissons les tomber comme les feuilles mortes et ramassons les à la pelle,
                  pour en finir.

                  La création monétaire 100% pour le peuple et 0% pour les banques, voilà la solution.

                  Donc oui à la nationalisation des banques.
                  De toute façon, une fois les banques privées privées (sic) du pouvoir de création monétaire, elles ne seront que des succursales de la Banque Centrale du Peuple au sens où elles prêteront de l’argent créé par la banque du peuple, à taux populaire.

                  Alors elles n’intéresseront guère les possédants car elles ne rapporteront guère.

                  Qui serait assez fou pour emprunter à taux usuraire quand la banque centrale du peuple prête à taux plancher ?

                  Quand tout sera nettoyé, les banques deviendront en effet ennuyeuses et ce sera tant mieux

                  Voilà ce que je crois


                  • jaja jaja 4 décembre 2011 08:23

                    « Comme nous ne sommes plus au »bon temps" de Philippe le Bel, c’est une solution coûteuse (plusieurs dizaines de milliards d’€, même pour une nationalisation partielle), car il faut dédommager leurs actuels propriétaires."

                    Ceux qui sont responsables de la dette doivent payer... La socialisation des banques (toutes !) doit se faire sans indemnité ni rachat aux gros actionnaires qui doivent être expropriés ! Ensuite doit être créé un service public bancaire ayant le monopole du crédit....

                    La gestion des banques doit être confiée aux salariés et placée sous le contrôle de la population. Ce qui n’a rien à voir avec une simple nationalisation où l’on confie la direction des banques nationalisées à des dirigeants sortis du sérail et au profit de l’économie capitaliste. Ce qui ne change pas fondamentalement la donne pour la population.

                    Liée au refus de payer la dette cette expropriation des capitalistes financiers est la solution dont doivent s’emparer les peuples !


                    • Bernard Bougel Bernard Bougel 4 décembre 2011 08:37

                      Vous avez une position idéologique. Elle est respectable, mais est-elle réaliste ?
                      Avons-nous jamais vu un tel système de « gestion des banques ... confiée aux salariés et placée sous le contrôle de la population » ?
                      Pour ma part, je n’en ai pas d’exemple. Mais peut-être en avez-vous ?


                    • jaja jaja 4 décembre 2011 08:46

                      Si l’on doit se plier éternellement à la dictature des capitalistes et ne pas faire en sorte que la population fasse irruption sur le devant de la scène alors dans cette période de crise du système tous et d’abord les plus pauvres vont salement morfler...

                      Il faut une nouvelle Révolution dont la devise doit être : partage du temps de travail et partage des richesses...


                    • titi titi 5 décembre 2011 00:31

                      « Ceux qui sont responsables de la dette doivent payer »

                      Je suis pas sûr que les ayants de droits de Mitterrand, de Beregovoy, des familles Chirac, Sarkozy, Jospin, Rocard, Fabius, De Villepin, Mauroy, Cresson, Balladur, Raffarin, Juppé, etc... disposent des 2000 milliard qui nous manquent.

                      Du coup restent ceux qui ont voté pour eux...


                    • sleeping-zombie 4 décembre 2011 16:00

                      Hello,

                      Y a plein de trucs qui m’échappent dans cet article. C’est grosso-modo une solution proposée, mais à quel problème ? « la crise » n’est pas un problème, c’est juste une expression.

                      Par exemple, tu dis dès l’intro que l’état n’est pas un bon entrepreneur. Admettons, mais suivant quels critères ? Juste après : « nationaliser serait très couteux ». Ah bon ? c’est pas juste signer 3-4 papelards qui redéfinissent les status et les missions de la boite ? ... Ok, c’est expliqué plus loin : « il faut dédommager les propriétaires ». Mais dédommager de quoi ? non, parce que si nationaliser est si urgent pour éviter la faillite (des banques) alors y a rien a dédommager...

                      Bref, ça vient peut-être du dimanche, mais j’ai rien compris. C’est peut-être une bonne solution que tu proposes là, mais à quel problème elle s’applique ? (le besoin « systémique » de « recapitaliser », désolé, ça me parle pas...)

                      ++


                      • Mor Aucon Mor Aucon 4 décembre 2011 21:11

                        Heureuse analogie, celle que fait l’auteur entre l’énergie et l’argent. Cette séparation des activités bancaires est vitale mais insuffisante si elle n’est pas accompagnée d’une régulation stricte des opérations financières qui diminuerait la complexité provoquée par la titrisation, les effets de distorsion de la spéculation sur les prix et toute la dynamique de bulle dans laquelle la finance emprisonne le capital disponible. Je suppose que l’auteur n’a pas développé ce point pour ne pas s’éloigner de son idée de statut de délégation de service public que l’on accorderait aux banques de dépôt, idée qui justifie à elle seule, l’article entier.


                        • Yves Vermont 1er janvier 2012 20:58

                          Bonjour, 


                          Voici un lien vers une video en streaming qui explique de façon très pédagogique l’un des rôles des banques. 

                          http://www.free-streaming.fr/documentaire/24-streaming-largent-dette

                          Je souhaite rebondir sur la deuxième proposition de Bernard Bougel : Considérer la banque de détail comme un service public

                          Voici la thèse que j’essaye de défendre dans cette réponse : la création de monnaie doit redevenir ou devenir un service public. Elle ne passe presque plus par l’émission de pièces ou de monnaie qui était autrefois le fait de l’état, mais par la création de crédit (chiffres disponibles à vérifier), cf video Argent dette qui échappe totalement à l’Etat (ce n’est pas sa fonction).


                           La distribution de crédit est un métier, un savoir faire. Je ne suis pas sur que les banques le fassent à la perfection (cf petites entreprises), mais elles le font. Afin de ne pas bousculer brutalement le système et de ne pas fragiliser de nombreux emplois bancaires, la délégation de ce service est une voie à investiguer. Cette délégation mérite une rémunération, au dossier par exemple ou un peu plus peut être. Par contre, l’argent crée n’appartenant pas aux Banques, il me parait logique que les interêts ne leur reviennent pas. 

                          Le prêt aux particuliers ne présentent pas de risques particuliers quand on analyse l’ensemble des papiers qu’une banque vous demande et qui me fait dire qu’elles ne prêtent qu’à des clients super-solvables. C’est la première délégation à mettre en place. On voit l’intérêt de cette concentration dans le cadre du crédit au logement, du sur endettement etc... La crise immobilière Espagnole, Irlandaise, Américaine aurait pu être évitée, je dirais même, assez simplement.

                          Le prêt aux Entreprise est plus complexe, l’évaluation des risques plus délicate. Les banques y arrivent, elles ont des méthodes... copier c’est l’assurance de ne pas faire pire : je me mets à nouveau à la place des PME. Je propose que l’état se positionne sur ce marché en concurrence avec les autres banques. Pour ne pas partir d’une feuille blanche, le reprise d’une bonne banque française devrait faire l’affaire avec comme projet d’assurer, pourquoi pas, 50% des prêts aux entreprises françaises (? : le droit le permet-il et est-ce réellement nécessaire ?), en dix ans. Le développement de cette banque étatique se faisant au détriment des autres banques, celle-ci accueillerait les employés des ex-banques ... etc...

                          Ces idées demandent à être développées, affinées...

                          80% au moins (?) des intérêts de ces prêts retomberait dans les caisses de l’Etat. Si on avait eu la volonté de le faire avant, l’Etat n’aurait pas à payer aujourd’hui 40 Md d’euros environ d’intérêt sur sa dette.

                          C’est tellement simple et évident, qu’il doit y avoir une grosse faille dans le raisonnement. Mais laquelle ? Je compte sur vous pour m’aider à la trouver. 

                          Merci.


                          Yves Vermont




                          • Bernard Bougel Bernard Bougel 1er janvier 2012 21:55

                            A mon humble avis il n’y a pas de faille dans votre raisonnement.
                            Ce qui bloque, je crois, c’est la pensée unique libérale qui prévaut depuis une trentaine d’années (les années Reagan-Thatcher). Cette « pensée » a renvoyé au marché beaucoup (de plus en plus) des prestations qui, précédemment, relevaient du domaine public (ex. la création de monnaie via le crédit). Les apparents succès de cette politique (avant 2008 en tout cas) ont progressivement conduit à inscrire ces principes dans les textes (règlementations internationales diverses) et à les considérer intangibles.
                            Prôner un retour au public n’est pas encore une proposition audible. Laissons-la mûrir ...

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