La garantie des dépôts bancaires est-elle une illusion ?
L’Europe touchée par la crise financière, les déclarations fortes de nos gouvernants visant à redonner confiance aux épargnants se sont multipliées. La presse, les journaux télévisés ou radiodiffusés, reprenant la communication gouvernementale nous assurent que l’Etat nous garantit les dépôts effectués dans les banques. Ce propos n’est-il pas, en fait, totalement illusoire ?

Les placements financiers des ménages français sont proches, en structure, de la répartition moyenne observée pour les ménages de la zone euro, avec un partage entre dépôts, placements en assurance-vie et fonds de pension au sens large (1). Globalement, les investissements en actions des ménages français restent faibles par rapport à ceux de leurs voisins européens. Dans le contexte de crise actuelle et de chute des bourses mondiales, nos concitoyens ont donc eu le « nez creux » en matière d’épargne.
Favorisant l’assurance-vie et les placements de père de famille (placements sociétaires, livrets divers), les actifs financiers des Français se montaient en 2006 à 3 440 milliards d’euros. La décomposition révèle que sur ces 3 400 milliards, 1 000 milliards correspondent à des dépôts, 1 250 milliards à des provisions d’assurance et 1 000 milliards à des actions et obligations (2).
Un calcul rapide montre que les 3 440 milliards évoqués plus haut équivalent à deux fois environ le produit intérieur brut de la maison France. Rappelons aussi pour mémoire que le rapport annuel de l’impôt sur le revenu est de l’ordre de 55/60 milliards d’euros, celui de la TVA, d’un peu plus de 200 milliards.
Pour garantir les seuls dépôts et provisions d’assurance des ménages français (2 250 milliards d’euros), il faut donc que l’Etat s’engage à verser en cas de krach généralisé dix ans de collecte de TVA, ou quarante ans d’impôt sur le revenu. Bien sûr, l’Etat pourrait emprunter en émettant des obligations, mais pour un montant qui correspond à 1 an et demi de PIB. De plus, 2 250 milliards représentent un peu moins du double de la dette actuelle de la France. Autant dire que l’Etat ne peut en aucun cas se permettre une telle dépense ou un tel emprunt...
Les déclarations de matamore de nos politiques ne reposent donc pas sur des réalités économiques. Elles constituent très probablement des tentatives, non pas de redonner confiance, mais d’éviter un mouvement de retrait généralisé des placements de la part des Français qui entraînerait des pertes de liquidités dans les banques, et le probable effondrement de tout le système financier national avec des répercussions européennes plus que probables.
Références :
1. Denis Marionnet - Placements financiers des ménages français : comparaisons européennes (1995-2004) - Bulletin de la Banque de France • n° 143 • Novembre 2005
2. Source Insee : les actifs financiers des ménages dans l’Union européenne
32 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON