La lutte contre les maux économiques du monde
Le monde crève en ce moment de différents maux économiques liés à des comportements déviants des acteurs économiques. Je citerai les fameux "spéculateurs" dans les transactions pétrolières ou encore les comportements des grandes banques américaines pour à la fois engranger des bénéfices en prêtant à tout-va à des personnes qui n’en avaient pas les moyens et en refilant le mistigri de ces dettes à risques à l’ensemble de la communauté bancaire internationale.
La question qui se pose pour éviter que ne recommencent dans dix ans les mêmes errements réside dans les mesures à prendre par les pouvoirs publics internationaux pour mieux encadrer et mettre définitivement un terme à ces pratiques sans asphyxier néanmoins une activité, le financement, essentiels à la vie économique.
Dans le domaine des transactions pétrolières, c’est le Sénat américain qui s’y colle en travaillant sur des obligations nouvelles à imposer aux acteurs de ce marché via la Commodity Futures Trading Commission. La principale mesure consiste à obliger à se déclarer comme tel des acteurs du marché qui ne recherchent pas de livraison physique des produits pétroliers concernés. Réels spéculateurs, courtiers en contrats d’échanges et en fonds indiciels, fonds spécialisés en énergie et matières premières et même fonds de pension dont il est même envisagé de les exclure de ces marchés. Ensuite obliger ces intervenants à assurer la couverture de leurs positions jusqu’à l’échéance de ces contrats. Bref tout faire pour rendre plus coûteux et plus contrôlé l’accès à ces marchés. Seul problème, il faudrait que de telles mesures soient prises partout dans le monde et pas seulement sur le New York Mercantile Exchange si on ne veut pas que les mêmes intervenants déplacent simplement leurs activités des Etats-Unis vers l’Europe...
Dans le domaine de la titrisation qui est l’opération qui a consisté à racheter des crédits - plus ou moins bons - et à les transformer en produits de placement "de qualité" à l’intention des banques et organismes de placement du monde entier, c’est la Commission européenne qui souhaite intervenir. C’est par ce moyen en effet que les crédits de mauvaise qualité du "subprime" américain se sont retrouvés disséminés partout dans le monde en lui transmettant cette gangrène et sans que les acheteurs se rendent compte de la qualité douteuse de ces "paquets" de crédits.
L’idée est que qui que ce soit qui commercialise de tels fonds packagés conserve à sa charge une partie du risque. Une des raisons sous-jacentes pour lesquelles les banques et organismes financiers se sont lancés dans ce type d’opération (titrisation, syndication et dérivés de crédit) est que les nouvelles règles prudentielles (Bale 2) qui leurs sont désormais appliquées impliquaient de devoir augmenter largement son capital pour continuer à exercer le même volume d’activité que précédemment. Alors que les opérations de titrisation leur permettaient de rehausser la qualité de ces créances et diminuaient les besoins en capital de la banque qui sert de garantie à ses activités.
La proposition de la Commission aux professionnels est qu’ils conservent en direct sur leurs opérations de "revente de risque" 10 % du montant de créances à risques commercialisées. L’impact en serait pour la profession et le marché des financements une baisse des masses d’argent disponibles pour prêter aux investisseurs, une hausse des besoins en capital des banques et organismes financiers et le renchérissement du coût du crédit. Quand on voit la richesse mondiale qui a disparu en quelques mois du fait de ces pratiques ce n’est peut-être que moindre mal...
Il est évident qu’alors que les opérations de titrisation ou d’émission de titres adossés à des créances immobilières ou encore ceux adossés à des portefeuilles d’actions(les CDO) sont en baisse de 70 %, tout ceci va sérieusement gêner le refinancement des banques et rendre plus difficiles et plus coûteux tout type de crédit. Les LBO en particulier, reprises d’entreprise à fort effet de levier quasi exclusivement financés par l’emprunt, vont devenir très difficiles.
Que faire pour atténuer la morsure de la réglementation sur les activités financières. Minimiser le problème et le besoin d’intervention du régulateur comme le fait la Fédération bancaire européenne en affirmant que "c’est plus à l’industrie de faire le ménage qu’aux autorités" ! Ou encore sortir de leur chapeau... un Code de bonne conduite comme vient de le faire l’Institut de la finance internationale.
Ledit Code prévoit toute une série de mesures techniques du genre rôle accru du directeur du risque et recours direct devant le Conseil d’administration en cas de conflit avec le PDG, meilleur contrôle de la gestion des liquidités et de l’évolution des actifs, transparence, mais aussi des mesures ayant un impact sur la rémunération des dirigeants (diminution de la partie variable je suppose) qui ont sans nul doute eu un fort impact sur les risques pris. J’y ajouterai modestement, à l’autre bout de la chaîne, une diminution de la partie variable (primes d’objectifs) pour les commerciaux en placement ou en crédit et peut-être un encadrement plus strict des prêts à taux variables.
L’avenir dira jusqu’où banques, organismes de crédit et de placement, et régulateurs iront pour mieux contrôler ce marché sans l’asphyxier. L’alerte a été suffisamment chaude - et la sortie des cadavres des placards n’est pas encore terminée -, pour que l’on s’en préoccupe.
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