La monnaie citoyenne
Les accusations récurrentes contre le monde de la finance, ses désordres systémiques, sa propension à précipiter restructurations, délocalisations, expulsions de propriétés privées, et le fait qu’il accroisse dangeureusement les différences sociales, et sans aucun doute accuser le soldat alors que c’est le général qu’il faudrait mettre au pied du mur, à savoir les faux-monnayeurs que sont les banques. Après une synthèse des aberrations de nos systèmes monétaires, l’auteur propose une alternative intègre et originale afin de rendre sa noblesse à la notion d’égalité de droit.

Critique du milieu bancaire
Imaginez une économie où deux sphères se cotoient, une sphère monétaire et une sphère productive.
Où la sphère monétaire produit la monnaie et la sphère productive les produits.
Où, pour avoir des billets en poche, il va falloir s’endetter.
Où, pour conserver cette même valeur de monnaie en poche d’années en années, il va falloir vous endetter de plus de plus, vous, ou vos partenaires économiques.
Où, si la sphère productive décide de se désendetter complètement, il ne lui restera plus qu’à céder à la sphère monétaire, les clés de ses entreprises, ses biens publics et privées.
Un vrai cauchemar, n’est-ce pas ? Vous y êtes... vous vivez dans ce cauchemar.
Reprenons.
La zone euro a décidé de léguer via le traité de Maastricht, article 104, l’ensemble de la création monétaire aux banques, puisque Etats et BCE
(la BCE est un cas à part, puisque vous n’aurez jamais entre vos mains l’argent qu’elle met sur le marché strictement interbancaire, soit l’agrégat monétaire M0) sont exclus de ce process.
La seule voie par laquelle une banque vous crédite un compte, c’est par le crédit. Eh oui, les crédits font les dépôts, et non l’inverse.
Lorsqu’une banque crédite votre compte par jeu d’écriture (création monétaire ex-nihilo, dans le respect du ratio Cooke et désormais ration Mac Donough), de toute évidence, elle vous réclamera également un intérêt (source Money as Debt).
Comme elle n’aura pas mise en circulation la monnaie correspondant à ces intérêts, vous aurez beau augmenter vos prix, réemprunter, vous êtes acculés globalement à l’insolvabilité. La seule grâce que l’on vous autorise, c’est d’endetter vos partenaires économiques.
Donc, pour que le système tienne, il faut toujours plus de partenaires économiques : c’est le vecteur essentiel de la mondialisation, création monétaire tel qu’on la connaît et globalisation étant des impérialismes.
Mais comment justifier le fait que la souveraineté, ici monétaire, soit dans des mains privées ?
Tout de suite, on nous arrête, un Etat abuse de la planche à billets, synonyme d’inflation. Soit, après tout, cette critique a été souvent vérifiée, mais pas toujours.
Apparemment, la BCE n’a pas trouvé mieux.
Où les banques privées se rémunèrent à plus de 5 % en moyenne sur un montant d’emprunts de 9 782,4 milliards d’euros au 31 juillet 2007, soit une estimation de 489,12 milliards d’euros de revenus bruts annuels, alors que les Européens ont moins d’argent en poche (et en dépôt) que ce qu’on leur a prêté, soit M3=8274,0 milliards d’euros.
source : https://stats.ecb.europa.eu/stats/download/bsi_tab02_03/bsi_tab02_03/bsi_tab02_03.pdf
Bref, puisqu’elles ont la souveraineté monétaire, voilà l’impôt privé le plus scandaleux, où la position dominante des opérateurs de téléphonie mobile, de services des eaux, etc., est risible, excusez-moi du peu.
Bref, si tout les détenteurs d’euros décidaient d’en finir avec l’euro en remboursant toutes leurs dettes avec ce qu’ils ont par voie de conséquence en dépôts, ils seraient toujours endettés de 1 508,4 milliards d’euros.
Bref, aucun discours sur la dette, publique par exemple, ne tient.
Alors, si la souveraineté est ainsi dévoyée (et ce depuis si longtemps, en France depuis l’invention de la Banque de France, organisme privée sous Napoléon), en tant qu’individu et citoyen, comment accepter une telle fraude ? Laquelle ?
Celle-ci :
Les banques prêtent jusqu’à 12 fois plus que ce qu’elles possèdent en fonds propres (en vertu des ratios cités plus haut).
Bref, elles s’enrichissent 12 fois plus vite que ne vous le permet un plan d’épargne, la bourse (6 % en moyenne), l’immobilier, etc.
Leurs pouvoirs de créer de la monnaie ex-nihilo et de la prêter ira financer les fonds d’investissements, tels les LBO, qui vont restructurer, "down-sizer" ou délocaliser l’entreprise dans laquelle vous ou vos proches exercent leurs métiers.
La proposition monétaire
Devant un tel scandale, quelle proposition apporter ?
Après mûre réflexion, la seule monnaie qui est de la Valeur, est celle-ci, l’étalon-propriété à réserve intégrale.
Kezako ?
Imaginons une monnaie nommée le $chmurtz, où
1 $chmurtz = 1 €uro
Vous possédez un bien pérenne, tel une maison, une entreprise, un terrain, etc.
Sa valeur est estimée à 10 000 €uros, soit 10 000 $chmurtz
Dès lors, si vous avez l’acte (notarié par exemple), ou, se basant sur le marché, qui stipule que votre bien vaut une telle somme, le compte afférant est crédité d’autant, cette somme matérialisant (ou plus exactement monétisant) votre bien.
C’est un peu comme si tout un chacun pouvait détenir des actions sur ce qu’il possède comme biens durables, mais contrairement aux actions, la valeur de
chaque $chmurtz est constante, c’est le nombre qui change en fonction du marché. Et ce titre de propriété est utilisable comme une monnaie.
Par contre, contrairement à une banque qui monétise jusqu’à 12 fois ses fonds propres, soit un cas typique de réserve divisionnaire qui constitue une fraude,
ce système doit strictement respecter le principe légitime qu’est la réserve intégrale : un bien pérenne, autant de valeur en compte.
Dès lors, si plusieurs individus opèrent de la sorte en monnaie fongible (chacun émet sa monnaie, mais le symbole monétaire reste le même), tout un chacun peut prêter de la valeur (avec intérêts perçus s’il le désire), afin de permettre à autrui d’investir d’autant, et de créer de la valeur, ce qui lui permettra à son tour d’être un créancier.
Bref, au lieu de tirer toutes les ficelles dans une mégalopole financière, qui concentre les richesses en endettant toujours plus le bout et le milieu de la chaîne alimentaire (puisqu’aujourd’hui faire crédit est inexorablement synonyme de faire main basse sur les biens de l’endetté, au mieux sur ses partenaires économiques) cela permet de rendre à l’individu créateur de richesses le fruit de son travail, et non plus de s’enrichir sur son dos comme c’est le cas actuellement.
Conséquences
Bref, par rapport à tous les systèmes d’émission monétaire connus, l’émission monétaire n’est plus centralisée, mais individuée (tel un réseau peer to peer, même si créditer un compte doit passer par un organisme certifié, afin d’éviter les fraudes, toujours les fraudes, encore les fraudes).
Un tel système monétaire ne s’occuperait plus d’inflation ni de masse monétaire :
- Plus de masse monétaire parce que celle-ci varierait en fonction de la création de valeur de par le travail (et le taux de monétisation des actifs par les individus), donc une société peut être croissante, décroissante ou stagnante, cela n’est plus un facteur de crise, comme se serait le cas actuellement.
- Ni d’inflation car l’inflation est la réponse de la sphère productive au coût de l’argent (les intérêts). Sachez que l’intérêt (essentiellement bancaire) pèse 40 % d’un produit hors-taxe (source Margritt Kennedy, étude corroborée par Ralf Becker p. 59 les 10 plus gros mensonges sur l’économie, http://www.10mensonges.org/). Plus d’horreur tel l’indice NAIRU.
Bref, si une banque se rémunère au prétexte de prendres des risques, il est évident qu’elle entretient savamment ce risque à son profit.
Un tel système sécuriserait les entrepreneurs, puisqu’ils trouveraient dans leur propre entreprise les fonds pour investir, les rendraient au moins pour un ratio de 1:1 (capital physique : capital monétaire) indépendant des financiers aux dents longues, menés à la baguette en seconde ligne par les banques.
Prenons un exemple :
Des parents possèdent une maison d’habitation. Ils souhaitent faire construire une maison de même valeur à leur enfant.
Tout l’argent de l’habitation parentale peut être mobilisé pour financer la construction de l’habitation de l’enfant.
Au final, nous avons la première maison qui ne vaut rien car toute la valeur est partie pour les travaux, la seconde maison qui vaut toute sa valeur car l’enfant est passé par un notaire (et un banquier converti) afin de créditer son compte.
Les parents désirent récupérer le crédit à taux zéro qu’ils avaient effectué, il y a donc dans la famille deux maisons qui n’en valent qu’une (celle des parents), mais nous avons bien l’usage de deux maisons, plus la création monétaire de la valeur d’une.
Il en irait de même s’ils l’acquièrent auprès d’un promoteur immobilier. Ou lors de la cession d’une entreprise, d’un terrain, bref, d’une propriété privée (ou publique).
Conclusion
Appliquez ce concept à un Etat ou à un pays pauvre, et vous comprendrez que ce système est la panacée, autrement plus que le micro-crédit (qui enrichit essentiellement ses promoteurs), afin de rétablir l’égalité d’accès à la richesse entre les individus, d’abolir la fraude qu’est la réserve fractionnaire, et sous ce vernis, de rétablir l’égalité de droit possible à l’heure d’internet.
Référence sur la création monétaire :
http://www.chomage-et-monnaie.org/
Video en anglais sur notre monnaie-crédit :
http://video.google.fr/videoplay?docid=-9050474362583451279
Site de critique du système bancaire par des alter-mondialistes :
http://www.fauxmonnayeurs.org/
Discussion avec des libéraux ayant amené l’auteur à cette réflexion :
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