La révolution fiscale de Thomas Piketty

Thomas Piketty a droit en ce moment à une large audience. Je viens de lire dans alternatives à peu près le même article que j’ai lu dans l’Obs. Même couverture radiophonique sur France inter, même arguments, curieusement à chaque fois acceptés, ni critiqués. Rien de novateur dans l’intention. Il semble bien que son travail s’inscrive dans l’esprit du temps. L’article d’Henri Sterdyniak, du 28 Mai 2010 et que l’on peut trouver sur internet : « Faut-il mettre en cause la politique familiale française » fait le tour de la question. Actuellement, le système reconnaît la solidarité au sein des couples. Il traite équitablement les couples où l’un des conjoints travaille et l’autre ne travaille pas, en considérant qu’ils partagent le revenu du conjoint actif ( quotient conjugual), en offrant au conjoint une assurance maladie et une pension de réversion.
« Ce système d'un autre âge, nous dit monsieur Piketty, aboutit de facto à traiter les femmes comme un revenu d'appoint et à subventionner les couples inégaux . Nous proposons donc de passer à un impôt strictement individuel, comme l'ont déjà fait les pays d'Europe du Sud et les pays nordiques ».
Curieux mode de pensée. C’est donner à la feuille d’imposition un mode de pensée qu’elle ne peut avoir. Remplie au nom du couple, elle ne mentionne pas que l’un des membres du couple est une prévalence et une autorité sur l’autre. Que des femmes gagnent plus ou moins que leur mari ne change rien quand on montant de la déclaration, qui additionnent les deux revenus par simple opération comptable.
En tout cas c’est ce quotient conjugal, qui selon l’auteur, gagnerait à disparaître, sous prétexte de simplification et d’injustice. On voit là une terminologie moderne, dénonçant une système soi-disant archaïque, qui ne serait plus en phase avec la société.
« En réalité, nous dit l’auteur, jusqu’à 6000 euros de salaire mensuel brut par personne, tout le monde y gagnerait un peu de pouvoir d’achat. »
C’est aller un peu vite. Actuellement il y a 2,6 millions de couples mono-actifs sans enfants. Je ne sais si c’est la femme ou l’homme qui ne travaille pas à l’intérieur de ces couples, ce n’est pas mon problème, mais je pense pas qu’il, ou elle, soit fâché d’avoir droit à une part sur le revenu d’imposition. (Inutile d'agiter le drapeau de l'émancipation féminine pour faire entrer plus de sous dans les caisses de l'état !) Que ce soit un choix de vie, ou un fait de société lié à la disparition de l'emploi salarié dans notre pays, le quotient conjugal rentre dans une dynamique de solidarité et tout simplement de logique comptable, puisque l'un des membres du couple permet à l'autre de vivre. Ou alors, si l'état tenait à une déclaration individualisé, il faudrait qu'il propose logiquement un revenu anexe à l'autre membre du couple, genre RSA.
Si le quotient conjugal venait à disparaître, un couple n’ayant que le smic d’un des deux membres pour vivre, l’autre n’ayant pas d’activité, se verrait demander de payer 617 euros par an, alors qu’avec le système actuel, elle est exemptée.
Ce n’est qu’un exemple, loin d’être marginal dans notre société où l’inactivité est loin de correspondre à un choix ou à une contrainte que l’on imposerait aux femmes.
Il existe actuellement donc 2,6 millions de couples mono-actifs sans enfant. 1,1 avec un enfant. 2,1 avec un enfant. 2,5 avec 2 enfants et plus. Tous verraient donc disparaître une part entière pour le calcul de leur imposition. Excusez du peu, mais c’est un peu fort de café, et est digne d’alimenter au moins une polémique, qui pour le moment est tout à fait inexistante, tout le monde semblant atone devant les propos péremptoires de son auteur, qui nous assome sur les soi-disant mérites de sa révolution fiscale.
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