Le Japon et la rechute de l’économie mondiale
Une Banque Centrale et des autorités monétaires doivent faire preuve de dons quasi surhumains au cas où l’économie de leur pays est confrontée à une combinaison infernale d’un tremblement de terre de très forte magnitude, d’un tsunami dévastateur et de dangers d’irradiations nucléaires. Cette pression est évidemment d’autant plus intense que les morts se comptent par centaines ou milliers dans un contexte d’une économie qui se classe seconde ou troisième au monde par sa taille…
Que faire dans de telles circonstances si ce n’est de réduire sur le champ les taux d’intérêts afin de renflouer consommateurs et entreprises afin de rétablir ainsi un peu la confiance en facilitant les dépenses imposées par l’urgence du moment. Réduction des taux qui feraient en outre – et en théorie – déprécier la devise nationale avec, à la clé, une amélioration de la compétitivité du secteur à l’exportation. Cette réaction ne fut-elle pas celle de la Réserve Fédérale américaine – avec un succès indiscutable – dans la foulée des attentats du 11 Septembre ?
Une question existentielle se pose néanmoins dans le contexte – actuel – où les taux sont déjà à zéro car cette situation pré existante ne laisse plus aucune marge de manœuvre à une Banque Centrale pour intervenir comme décrit ci-dessus avec une force de frappe salutaire pour son pays et pour le monde dès lors qu’il s’agit d’une économie majeure. S’il est en effet impossible de rendre négatifs des taux d’intérêts, il est toutefois envisageable d’injecter force liquidités dans les rouages de l’économie … si ce n’est que ces sommes devront être empruntées et probablement jamais remboursées du fait d’endettements (japonais) d’ores et déjà atteignant 200% du P.I.B. du pays ! Le Japon n’est du reste pas seul dans cette situation inextricable car, comme on le sait, notre période est burinée par des montagnes de déficits affectant indifféremment l’ensemble des nations développées aux économies dites « intégrées » mais en réalité en pleine désintégration…
Il est pourtant vrai que ce pays ne parvenait toujours pas – et ce avant ces catastrophes survenues ces récents jours – à se tirer d’un marasme qui durait depuis une vingtaine d’années composé d’une mixture alliant la très mauvaise gestion, la corruption et une terrible déflation. N’oublions pas que la notation japonaise venait d’être rabaissée par les principales agences qui citaient une « augmentation inexorable des dettes » ! Et comment ignorer ce rapport de la CIA qui classait les endettements nippons au second rang mondial, soit après … le Zimbabwe où ils se situent à 240% du P.I.B. ?!
C’est pourtant cette même voie que suivent aujourd’hui les Etats-Unis dont la politique monétaire est encore plus laxiste que celle du Japon. C’est ainsi que, non contents d’imiter en tous points ce contre exemple nippon, les USA tentent par tous les moyens d’enfler – via leur planche à billets – différentes bulles supposées soulager comme d’un coup de baguette magique leurs problèmes structurels. Et ne nous attardons pas à évoquer le cas européen qui n’a rien à envier aux Etats-Unis…
Quelques jours seulement avant ce cataclysme japonais, évoquant l’impact forcément néfaste sur les économies mondiales de l’envolée des prix pétroliers, « The Economist » titrait : » Juste alors que l’économie mondiale se rétablissait »… Ces mois de Février et de Mars 2011 constitueront probablement un tournant ou, plutôt, une rechute fatale dans une conjoncture en pleine rémission.
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