Le libéralisme économique n’existe pas
Il existe beaucoup de critiques envers les plans d'assouplissements quantitatifs, qui, s'ils ont pu restaurer la stabilité du système financier, ont aussi, puisqu'ils sont emprunts de friedmanisme, aggravé les inégalités en donnant la part belle à l'enrichissement à ceux qui savent capter les symboles de la richesse, à savoir la monnaie fraichement créée.
Pour rappel, on pourra mettre à l'index les hedge-funds, les rachats d'actions par les multinationales, le capitalisme de connivence entre les banques et les milieux politiques.
La contrepartie à l'échange de biens et de services a donc été historiquement et principalement l'or, les métaux précieux, le pétrole (et le fameux pétro-dollar), et, désormais, la monnaie créée ex-nihilo par les banques centrales, puis par les banques secondaires.
Si Marx a dévoilé le secret du capitaliste, à savoir la plus-value créée par le capitaliste sur le dos du travailleur, il est évident que cela ne fait pas du capitaliste l'homme au revenu annuel le plus prépondérant. Il est distancié par celui qui s'informe et manipule l'acquisition des symboles monétaires.
Si effectivement Marx a porté à la connaissance de tous que la plus-value est la différence entre le fruit du labeur du salarié et du prix du marché, cela peut être justifié par le fait que l'entrepreneur s'expose à des fluctuations d'offre et de demande, alors que le salarié est abrité par un contrat de travail (avec salaire garanti, chargé de famille oblige).
Si la tendance actuelle est à fragiliser la protection qu'apporte le contrat de travail, il va de soi que la plus-value n'a dès lors plus lieu d'être.
Evidemment, dans l'optique de l'entrepreneur, il s'agit d'augmenter sa plus-value, du moins sur le terme financier de l'échange.
Cependant, concernant l'autre partie de l'échange, il finit par perdre en demande.
Il n'a donc pas intérêt, du moins si son objectif est de rester capitaliste au sens d'entrepreneur, à déséquilibrer de trop les flux qu'il a avec le salarié (on appellera cela le fordisme).
Evidemment, tel le sbire Gattaz, des lobbyistes viendront expliciter le contraire. Mais l'accumulation évidente de ces prétentions de domination et de prédation sont finalement particulièrement nocives pour les termes de l'échange.
Ce qui explique l'anomie de l'économie, la guerre des classes étant gagnée d'après Buffet.
Ils ont leurs contraintes concurentielles, mais elle provient de la mondialisation, et, de mémoire, cela n'est pas une lubie prolétaire à l'origine.
L'autre raison qui permet la hiérarchisation capitalistique, autre que la plus-value et bien plus que celle-çi, est bien évidemment le contrôle de la création monétaire.
Celle-çi, plus que la plus-value, est à l'origine des inégalités.
Il va de soi que les inégalités que celles-çi engendrent proviennent de la notion de l'abandon de la notion d'étalon, tel l'étalon-or.
Voici donc pourquoi l'auteur, dans un article précédent (http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/du-droit-de-monnaie-144178),
propose de revenir à un étalon, la valeur (travail échangé, et propriété principalement), afin de diluer la violence qu'ont pu engendrer les étalons or ou les pétro-dollars.
L'une des critiques que j'ai pu lire est que la nature a de la valeur. Je dirais qu'elle n'a de valeur que si on se l'approprie (revendication ou reconnaissance de droit de propriété par autrui, et acessoirement que l'on y voit une utilité.
La principale critique dont j'ai pu prendre connaissance est que cela coupe la chose publique de la politique économique.
Cela est évidemment faux, puisque la politique qui sied à la monnaie est la politique monétaire.
La politique économique est faite de lois, normes, volontés et décisions économiques publiques, redistribution, gestion des biens, produits et services publics.
La politique monétaire, quant à elle, se charge de la quantité de monnaie et de son prix (les intérêts).
S'il y a politique monétaire, c'est bien simple, il ne peut exister de libéralisme.
Car si les libéraux ont expliqué que l'offre et la demande de biens et de services ajustait la quantité et le prix mécaniquement,
Le fonctionnement d'un marché ne peut être efficient si l'offre et la demande de monnaie, le collatéral de l'échange,n'est pas ajustable (dans sa contrepartie, sa disponibilité, sa quantité et/ou son prix) par exactement nos deux agents, tributaires de l'émetteur monétaire, dépendant d'un système financier kafkaïen et corrompu, inefficace.
L'institut financier et la technologie concomittante (smartphones par exemple) ne peut qu'être comptable de la valeur possédée, créée, ou détruite, et donc permettre aux agents
d'échanger la chose contre monnaie, en étant garant de la réalité et de l'équilibre des valeurs échangées.
Pour information, l'efficience d'un marché a aussi d'autres prérogatives. Par exemple, l'atomicité des intervenants, que ce soit l'offre ou la demande, doit être sensiblement
équivalente.
Mais l'on pourra supposer qu'en réduisant l'atomicité des émetteurs de monnaie, l'économie bénéficiera de l'atomicité des acteurs.
Mervin King, dans un discours à New-York en octobre 2010, reconnait que « De toutes les manières d’organiser l’activité bancaire, la pire est celle que nous avons aujourd’hui »
Précédent président de la Banque d'Angleterre, il reconnaissait qu'avec la technologie d'aujourd'hui, une banque centrale ne servait potentiellement à rien. Du moins d'un point de vue technique.
D'un point de vue politique, c'est une autre affaire.
Car si l'offre ou la demande de biens ou de services est présente, dans la situation actuelle, la question de la disponibilité potentielle de monnaie est décidée ailleurs, loin des deux parties.
La transaction, qui dépend d'une circulation monétaire actuellement complexe pour ne pas dire chaotique, prédatrice et corrompue, limite de facto sa possibilité.
Seul le symbole commun détiendrait dès lors ce monopole.
Les libéraux, qui sont principalement dans les institutions financières, vous vendent donc un libéralisme dont ils se gardent forts bien. Appelons-le demi-libéralisme.
Les taux d'intérêts et la masse monétaire sont bel et bien fixés, par la banque centrale, puis par les banques commerciales (quand bien même celles-çi influent grandement sur la banque centrale).
Il va de soi que les banques centrales peuvent avoir d'autres préoccupations, dont désormais, certaines d'entre elles s'en gardent officiellement.
En essayant d'être exhaustif, on pourra citer l'emploi, l'inflation, le taux de change vis-à-vis des autres monnaies, et la maitrise des prix des matières premières et des salaires.
On pourra donc considérer qu'une politique monétaire vise in fine à privilégier ou préserver le revenu de certains intérêts communs au détriment d'autrui :
- revenus financiers au détriment des revenus salariaux et entrepreuneuriaux ;
- revenus industriels ou manufacturiers au détriment des revenus miniers, énergétiques, ou agricoles ;
- rente financière ou activité propre à la zone monétaire ;
Bref, accepter une politique monétaire, c'est valider de fait les inégalités, mais c'est également se protéger (en théorie) ou être victime, des prérogatives d'autres zones monnétaires ou d'autres groupes d'intérêts. On pourra cependant considérer qu'il s'agit d'arbitrage. L'esprit animé d'équité pourra se poser la question de savoir en quel nom.
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