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Commentaire de Pascal L

sur Le libéralisme économique n'existe pas


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Pascal L 4 juin 2015 10:57

C’est amusant : vous partez des théories marxistes pour finalement développer des théories que nos économistes néoclassiques ne renieraient pas. Le constat que vous faites est juste, en particulier sur le rôle de la monnaie dans la crise mais l’analyse que vous en faites ne tient absolument pas compte de la réalité. 


« Si effectivement Marx a porté à la connaissance de tous que la plus-value est la différence entre le fruit du labeur du salarié et du prix du marché »
Même pour Marx, c’est un peu plus compliqué que cela. Les marxistes ont placé toute source de valeur dans le travail, ce que Marx démentait. Il existe bien d’autres sources de valeur. Marx ne se reconnaissait pas comme marxiste, aussi il ne faut pas partir des théories marxistes pour arriver à Marx.

« les inégalités que celles-ci engendrent proviennent de la notion de l’abandon de la notion d’étalon, tel l’étalon-or »
Vous avez une vision passéiste de la monnaie. Le problème ne vient pas de l’abandon de l’étalon-or qui de toute façon n’était plus tenable, mais par le choix de la dette comme contre-partie universelle de la création de monnaie. La monnaie aujourd’hui n’est pas basée sur du vent, mais sur la certitude que la quasi totalité des emprunteurs vont rembourser leur dette.
De toutes façons, l’or n’était plus utilisé que partiellement comme contrepartie de la monnaie basée sur l’or. Il est bien évident qu’il aurait été impossible de rembourser tout le monde avec les stocks d’or existants. L’étalon-or est le dernier vestige d’une monnaie basée sur le troc (vous pouviez allez chercher de l’or vous-même et le revendre à la banque centrale).
Le problème avec une monnaie basée sur la dette est que ce système étouffe l’économie par les deux bouts. La majorité de la circulation monétaire n’est possible que si la monnaie est empruntée aux banques commerciales. D’un côté le remboursement des dettes diminue la monnaie en circulation, d’autre part, le paiement des intérêts diminue également la monnaie en circulation. Le chômage de masse est la seule conséquence possible. Il s’agit, et là vous l’avez bien compris, d’un mécanisme de prédation très abouti qui remplace d’une certaine manière la colonisation et l’esclavage.

Là où vous rejoignez les économistes néoclassiques, c’est sur l’idée que l’économie est un équilibre qui n’évolue pas et vous pensez l’avenir uniquement par extrapolation du passé et du présent. En fait, nous sommes en perpétuel déséquilibre et les innovations en cours d’élaboration auront des conséquences qui nous échappent complètement. Aussi, nous devons réfléchir à la manière d’intégrer au moins les innovations connues dans notre vision. L’innovation est sans doute ce qui a permis d’invalider le dogme marxiste sur la fin du capitalisme. Pour la monnaie, le développement massif des moyens de paiement électroniques a complètement dématérialisé son fonctionnement. Cela à permis le développement considérable des banques dans les précédentes décennies. Elles sont parties sur des voies qui ne permettent plus le développement de la société. Nous devons utiliser les mêmes moyens mais penser l’économie au service des populations. 

Contrairement à ce que vous pensez, la monnaie est utile parce qu’elle permet de créer aujourd’hui ce qui aura de la valeur demain. Donc au lieu de prévoir des remboursements à court terme, gardons la monnaie en circulation tant que que cette richesse n’est pas créé et ne rapporte pas. Il faut supprimer toute forme d’intérêt lorsqu’il s’agit de construire de la richesse et ne prévoyons de destruction de la monnaie seulement lorsque les investissements s’usent ou deviennent obsolètes.


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