Le prix Nobel d’anti-économie est décerné à… François Hollande
Je propose d’instaurer un jury pour décerner le Nobel d’anti-économie qui sera au Nobel traditionnel ce que le ballon de plomb est au ballon d’or ou encore les Gérard seraient aux sept d’or. Au vu des dernières annonces présidentielles, François Hollande se présente comme un candidat sérieux pour recevoir le trophée. Et puis comme pour le Nobel, c’est une équipe qui est récompensée pour son travail et dans l’équipe gouvernementale, on trouve un précieux collaborateur, le ministre Montebourg, inspiré d’ailleurs par les expériences d’une consoeur menées en milieu régional, je veux parler de Ségolène Royal et ses financements perdus dans l’entreprise Heulliez.
L’une des règles de l’anti-économie, c’est de faire de l’antiprofit, à l’instar de l’antimatière qui annihile la matière. La métaphore est osée mais elle tient la route dans la mesure ou ce qui est annihilé, ce sont les fonds publics. On peut alors penser que l’anti-économie est réservée à la puissance publique car dans l’économie libérale, les entrepreneurs et les investisseurs ne sont pas fous, ils investissent pour faire du profit. On n’a jamais vu des actionnaires investir dans des entreprises qui font régulièrement des pertes. Sauf chez Madoff mais en ce cas, c’est la justice qui l’a perdu car c’était un escroc. Un actionnaire n’est pas fou, il ne veut pas risquer de perdre de l’argent. Par contre, quand on est membre d’un gouvernement, il ne faut pas avoir de complexe. Ce n’est pas son propre argent que l’on risque de perdre mais celui du contribuable. Voilà pourquoi le ministre Montebourg finance des entreprises qui risquent de couler à concurrence de millions d’euros, pour sauver par exemple un millier d’emploi sur les trois milles concernés. Dans ce genre d’opération, le plus souvent, l’entreprise poursuit ses activités, réalise quelques montages comptables, puis finit par déposer le bilan. Les créanciers en sont pour leur poche, y compris l’Etat qui a prêté l’argent public. D’autres se sont enrichis. On ne sait pas qui ils sont.
François Hollande semble fâché avec l’économie. Sa dernière annonce sur la suppression des cotisations familiales pour les entreprises prouve une certaine libéralité vis-à-vis des principes de l’économie. Le résultat ne sera pas d’inverser la courbe du chômage mais de redresser la courbe du profit et des marges pour la plupart des entreprises. Réfléchissons un peu à ce qui se dit. Beaucoup d’entreprises sont en sous capacité productive. Par anticipation, elles n’ont pas licencié le personnel, attendant une éventuelle reprise qui concrètement, se dessine sur les carnets de commande. Autrement dit, quand les gens sont disposés à consommer, à l’étranger ou en France. A noter que pour la plupart des TPE, c’est la consommation intérieure qui est déterminante. L’export étant réservé plutôt au PME de taille moyenne et aux grands groupes. Dans ce contexte, on ne peut pas dire dans l’absolu que la diminution des charges soit sans conséquences utiles pour les entreprises. Cela permettra à celles qui sont à la limite de flottaison de ne pas couler et pour les entreprises en bonne santé, cela ne changera pas grand-chose au niveau emploi, sauf pour les plus dynamiques qui pourraient être tentées par l’investissement.
10 millions d’euros de prêt pour sauver 1000 emplois, ça fait 10 000 euro par salarié sauvé. 30 milliards de réductions de charges, pour guère plus de 300 000 emplois créés, ça fait 100 000 euros par salarié. Admettons que le chiffre soit sous-évalué, allez, disons 600 000 créations. Le coût reste exorbitant, 50 000 euros. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque l’un des théorèmes fondamentaux de l’économie c’est qu’il est plus facile de détruire un emploi que d’en créer. Le corollaire de ce théorème étant qu’il est moins coûteux de sauver un emploi que d’en créer un. Au final, les mesures prises par Hollande ne vont pas inverser la courbe du chômage mais éviter qu’elle s’effondre. Autrement dit, Hollande nous présente une mesure pour créer de l’emploi alors qu’il s’agit de maintenir l’emploi. Ce qui mérite non pas un Nobel mais un Houdini d’or pour ce magnifique numéro d’illusionnisme. Il se murmure dans certains milieux que le producteur qui finance ce spectacle de magie serait une filiale du MEDEF.
(Pierre Desproges me susurre dans une oreille d’y aller franco. Pourquoi pas ironiser jusqu’au bout de la nuit mais sans Céline. On pourrait imaginer une loi réprimant les propos anti-économique. Auquel cas, si le président devait la respecter et expurger tous les passages d’anti-économie, il ne resterait plus grand-chose, contrairement au spectacle de Dieudonné qui conserve du contenu une fois les propos antisémites enlevés).
Fermons la parenthèse. Revenons à l’économie et ses principes intangibles. Réduire les charges sociales suppose qu’il y ait un transfert de recettes. Je laisse se prendre la tête le comptable de Bercy qui doit trouver les 30 milliards pour colmater les comptes publics, notamment la branche famille de la Sécu. Il y a deux solutions. Réduire les prestations ou augmenter les cotisations. Au final, ces deux solutions se réduisent à un effet, la baisse du pouvoir d’achat. Et donc des carnets de commandes car la consommation fléchit. Les baisses de charges sont annihilées par la réduction de la consommation. Le phénomène est partiellement atténué par quelques rares entreprises qui parviennent à user de ce levier pour augmenter les exportations mais c’est peanuts comme on dit en langage de bistrot. Au final, les mesures proposées par notre président favorisent la décroissance. Et ça vaut bien un Nobel d’anti-économie.
On ne verra donc nul social libéralisme ou euro libéralisme chez Hollande qui en fait a eu un précurseur en matière d’anti-économie, un certain Tonton. On se souvient qu’un célèbre neveu instaura un empire à la suite de Napoléon. Et ma foi, ce neveu de Tonton, il convient bien à l’empire de l’anti-économie. Dont l’une des conséquences est de gaspiller avec une diversité de mesures l’argent public, y compris dans les collectivités locales où quelques domaines publics sont gérés par deux fonctionnaires qui font le même travail. La gastronomie française faisant partie du patrimoine immatériel de l’Unesco, il est naturel que la cuisine politicienne nous serve comme spécialité le mille-feuilles administratif.
Alors, jeu d’éco ou jeux de cons que cette économie européenne ou Hollande assume l’héritage de Napoléon III face à une Allemagne dont le rôle de Bismarck fut interprété comme celui de James Bond par plusieurs acteurs, Gerhard Schröder puis Angela Merkel. Mais on se souvient toujours du premier interprète, Schröder en l’occurrence, qui a permis à l’Allemagne d’avoir des résultats tangibles selon les normes officielles d’appréciation. Les Allemands sont pragmatiques. Ils étaient protectionnistes sous Bismarck, ils sont très ouverts au marché mondial sous Merkel. Cela étant, vouloir comparer et imiter l’Allemagne est un non sens économique. Au lieu de plaquer des prothèses économiques germaniques pour soigner les maux consécutifs aux tares de la culture française, on ferait mieux de miser sur les points forts de l’excellence française. Et puis cette culture de la compétition économique et du bon élève n’est-elle pas désuète ? L’homme mérite mieux comme projet de civilisation.
Le monde matériel et économique reste darwinien mais la sélection n’est pas naturelle, elle est humaine et surtout politiquement décidée. Quelle est l’espèce que l’on veut rendre la plus adaptée et la plus prospère, l’entreprise ou bien l’humain ? Il semblerait que l’Allemagne ait opté pour l’entreprise. C’est sans doute dans ses gènes. La France devrait-elle suivre ? C’est la question fondamentale de l’Europe. Quelle voie choisir. Elle n’est pas débattue parce qu’en haut lieu, les dirigeants ont déjà choisi.
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