Le risque est une opportunité
Cet article poursuit les intéressantes discussions que j’ai pu avoir avec M.Renève à propos de mon dernier article qui introduisait les produits dérivés.
Dans un premier temps, je fais un rappel sur les produits dérivés optionnels : Ces produits financiers vous permettent d’acheter ou de vendre des instruments financiers à l’avance, d’une semaine à 10 ans, et à un prix fixé initialement par les contreparties de la transaction.
Pour reprendre mon exemple de l’article précédent, vous pouvez acheter le droit, pour quelques dizaines de centimes d’euros, d’acheter (le nom courant de l’option est alors « call ») ou de vendre (respectivement « put ») une action telle celle de TOTAL SA (on appelle ça le sous jacent de l’option), dans 1 mois à 40 euros :
- Dans le cas d’une option d’achat, même si cette action vaut 60 euros dans un mois, vous la payerez 40 euros et donc vous gagnerez 20 euros en la revendant sur le marché immédiatement. Ce profit aura alors été effectué en investissant un faible montant, moins d’un euros à ma dernière cotation.
Comme on peut le sentir -scientifiquement parlant- et pour faire simple, le prix de ces produits dérivés optionnels est relié à l’incertitude des cours des marchés financiers à l’avenir.
Si on veut comparer à de l’assurance, ce n’en n’est pas, plus il y a de chances que votre maison brûle, plus vous payez la prime d’assurance chère – notamment si elle a déjà brûlée trois fois..
Pour les options c’est pareil, plus les cours des actifs financiers, appelés sous jacents, vont dans tous les sens, plus les options sont chères.
Pendant, la crise, les prix des options ont atteint des sommets jamais vus.
Là où le bât blesse à mon sens, c’est que les banques, où plutôt les opérateurs de marché (les traders de dérivés), qui achètent massivement ces produits dérivés font un bénéfice si l’incertitude sur les marchés, la volatilité des cours de bourse, augmente. En effet, ils achètent les options à bas coût quand l’incertitude est faible, et les revendent très chèrement quand l’incertitude est forte.
Heureusement pour nous, ils ne sont pas qu’acheteurs d’options mais souvent aussi vendeurs pour se couvrir contre les risques, et là c’est compliqué comme métier, et dégager encore plus de marge commerciale.
Or, on peut montrer, comme j’ai essayé de le faire précédemment mais je peux me tromper, que l’introduction des produits dérivés dans les marchés financiers rendent ces mêmes marchés financiers plus volatiles, plus incertains. Ainsi, plus les banques achèteront ces produits, plus elles seront bénéficiaires, plus les traders de produits dérivés auront des bonus mirifiques, et plus les marchés financiers seront instables.
Par marchés financiers, j’entends les marchés actions, d’obligations d’états, de crédit (pour information, les Credit Default Swap (CDS) et les tranches de Collaterized Debt Obligations (CDO) sont des dérivés..) mais aussi le prix du riz – le pire à mon sens, du pétrole, du cacao, du jus d’orange (« Un fauteuil pour deux », un des meilleurs films d’Eddy Murphy, est instructif sur ce thème) et j’en passe.
Mon message est simple : à faire joujou avec notre nourriture et les matières premières, les banques déstabilisent l’économie réelle et appauvrissent les sociétés, qui ont besoin de stabilité dans les paramètres de coût pour monter leurs projets, et la société dans son ensemble.
Par ailleurs, et en guise de conclusion, ceux qui ont les ressources financières pour survivre à ces chocs, c’est-à-dire une infime minorité de la population dont les banquiers, peuvent y voir de belles opportunités. Pour le reste …
Le risque est une opportunité, ça dépend pour qui !
(*) Actuaire
Les actuaires sont des professionnels qui analysent l’impact financier du risque, en estimant les flux (Le mot flux (du latin fluxus, écoulement) désigne en général un ensemble d’éléments (informations / données, énergie,...) futurs associés. Les actuaires utilisent des techniques en mathématiques (Les mathématiques désignent la science du vrai et du faux en général. C’est-à-dire qu’elle ne s’attache pas à dire ce...), en économie et en statistiques (La statistique (par opposition à une statistique) est l’ensemble des instruments et de recherches mathématiques...) pour modéliser certains évènements futurs, telle que la durée de la vie humaine ou les pertes pécuniaires associées aux accidents.
Habituellement le travail d’un actuaire (Les actuaires sont des professionnels qui analysent l’impact financier du risque, en estimant les flux futurs associés....) (actuariat) implique la quantification du montant qu’une somme d’argent ou une responsabilité financière future. Des modèles stochastiques peuvent être utilisés pour déterminer une distribution et les paramètres de la distribution telle que la valeur moyenne (Il y a plusieurs façon de calculer une moyenne d’un ensemble de nombres. Celle qu’il convient de retenir dépend de la...) probable.
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