Les comparateurs de prix sont-ils fiables ?
Les outils de recherche sur Internet sont devenus si puissants qu’on pourrait envisager dès aujourd’hui que tous les prix de tous les produits proposés en France ou dans le monde puisse être comparés les uns aux autres. Vous allez me dire : « n’est-ce pas précisément ce que font les comparateurs de prix ? ».
Ces outils extraordinaires sont capables en effet de trouver en quelques secondes, pour un produit donné, les offres les moins chères parmi des centaines ou des milliers d’autres. Il suffit de taper sa désignation dans un moteur de recherche comme Google[1] pour tomber sur un ou plusieurs comparateurs qui afficheront, chacun, plusieurs commerçants proposant ce produit. Il ne restera qu'à choisir celui qui offre les meilleures prestations. Des études récentes prétendent que d'ores et déjà plus de la moitié des achats sur Internet seraient effectués par l'entremise d'un comparateur de prix.
Mais sont-ils réellement fiables ? Ne soyons pas naïfs : comme tous les outils aux mains des commerçants, les comparateurs peuvent être aussi bien utilisés pour déformer l'information que pour la clarifier. C'est pourquoi, pour mieux tirer parti des comparateurs, il faut comprendre comment ils fonctionnent et quelles sont leurs limitations.
Comment fonctionnent les comparateurs ?
Les comparateurs sont des moteurs de recherche spécialisés. Lorsque vous effectuez une requête, ils explorent les pages des sites marchands, extraient les informations que vous recherchez et les mettent en forme pour que vous puissiez les consulter facilement.
Si les comparateurs prenaient en compte l'ensemble des offres disponibles, l'information serait à la fois fiable et exhaustive. Dans les faits ça ne fonctionne pas comme ça, parce que les comparateurs sont des entreprises dont les propriétaires attendent, à bon droit, un revenu. Le modèle économique le plus courant consiste à prélever une somme prévue à l'avance (quelques centimes) chaque fois qu'un internaute arrive sur le site marchand par l'entremise du comparateur. C'est le modèle dit "CPC" pour "coût par clic". Dans le modèle dit "CPA", pour "coût par achat", le comparateur touche une commission si l'internaute a conclu la vente.
Dans tous les cas, vous ne verrez donc apparaître que les offres des commerçants qui ont accepté la relation commerciale avec le comparateur. C’est une première limitation, mais elle est de taille car elle entraîne presque mécaniquement toutes les autres.
Manque de fiabilité des comparateurs
Les premières années, les informations fournis par les comparateurs étaient plutôt fiables. Mais les choses se sont rapidement détériorées. Comme personne ne sait vraiment ce qui se passe derrière l'écran, il était tentant, pour les gestionnaires des sites, de tripatouiller les résultats des requêtes, pour, par exemple, favoriser de gros annonceurs. De nombreuses techniques permettent une distorsion de gravité variable de l'information. Une des plus simples consiste à afficher les résultats par « popularité ». Beaucoup de comparateurs le font. En réalité, les résultats les plus « populaires » ne reflètent bien souvent qu'une relation privilégiée avec un annonceur. Mais il y a d’autres possibilités de distorsions, qui furent abondamment utilisées à un moment donné : erreur dans la mise en ligne des prix de certains commerçants ou affichage de produits indisponibles, avis d’internautes complètement bidonnés, maintient dans les résultats d’annonceurs ayant sans cesse des litiges avec les internautes, comparaisons d’offres ayant des contenus différents, etc.
Une enquête de la DGCCRF sur la fiabilité des comparateurs de prix, publié en 2007, a démontré clairement que l'information était désormais corrompue. Sur 12 comparateurs testés parmi les plus importants, 11 se livraient à des abus. Cette étude a conduit à l'élaboration d'une charte de bonnes pratiques qui, dans un second temps, est devenu un label délivré par l'état. A l'heure actuelle, 10 comparateurs sont labellisés : EasyVoyage, VoyagerMoinsCher.com, Alibabuy, Anyresa, BilletMoinsCher et Sprice, six moteurs de shopping spécialisés dans les offres touristiques. Kelkoo, LeGuide.com, Shopping.com et Achetezfacile, quatre comparateurs généralistes.
Chaque année, un audit doit re-confirmer la labellisation. Toutes distorsion n’a peut-être pas disparu, mais il est quand même probable que les comparateurs labellisés sont plus fiables que les dizaines d'autres qui ne le sont pas.
Deux excellents comparateurs sont toutefois restés en dehors de ce processus : Twenga et Acheter-moins-cher.com.
Twenga est un cas vraiment à part puisque, contrairement aux autres, son moteur de recherche indexe toutes les pages des commerçants trouvés sur le web, indépendamment de toute entrée en relation commerciale. Twenga revendique ainsi plus de 280 000 e-commerçants, catalogués dans 15 pays et totalisant plus de 328 millions de produits. Soit bien davantage que tout autre comparateur. Le site vit de la mise en avant de quelques milliers de partenaires commerciaux - et ce d'une façon très distincte des résultats de la requête.
Acheter-moins-cher est l'un des plus anciens acteurs dans le domaine de la comparaison de prix et sa réputation est excellente. Il était d'ailleurs le seul site non épinglé par la DGCCRF lors de son enquête. Il finance au moyen d'une formule privilégiant le modèle CPA. En conséquence de quoi les pages du site sont sobres et claires, ne laissant en vue que ce dont l'internaute à besoin pour faire son choix.
Ces deux acteurs ne sont pas du tout convaincus par le label qui est taillé sur mesure pour le modèle économique au CPC et n'est pas applicable au leur. Twenga et Acheter-moins-cher ne sont donc pas labellisés. Cela qui ne dois surtout pas vous inciter à les négliger.
En conclusion, les comparateurs restent de bons outils dont il faut apprendre à contourner les limitations. Voici quelques conseils :
- Lors d’une recherche, utilisez plusieurs comparateurs ;
- Si les résultats sont classés par « popularité », cas fréquent, changer le classement pour le critère « prix » ;
- Sans renoncer aux autres comparateurs, privilégier Twenga et Acheter-moins-cher, les plus fiables actuellement.
- Ne restez pas braqué sur le prix. Pour quelques euros de plus, un commerçant ne vous offrirait-il pas de bien meilleures prestations ? Comme par exemple une garantie de 2 ans au lieu d’une, des accessoires supplémentaires, l’absence de frais de port, des délais de livraison raccourcis…
- Si le commerçant qui affiche la meilleure offre vous est inconnu, enquêtez un peu sur lui. Tapez « Litige nom du commerçant » dans un moteur de recherche, pour voir ce qu’il sort. Recherchez son site Internet, trouvez y ses coordonnées et son numéro de Siren et allez sur le site « société.com » pour en savoir un peu plus sur ses résultats financiers.
Si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à consulter les pages que j’ai consacrés aux comparateurs sur mon site « Comme Robinson dans la crise » :
- Sur les comparateurs de prix en genéral ;
- Sur les comparateurs de voyages ;
- Sur le comparateur de services « Je Change » ;
- Sur les comparateurs dans le secteur de l’énergie.
[1] Ceci serait moins vrai aujourd’hui, Google étant accusé de dégrader des résultats des comparateurs de prix dans leur ensemble, pour favoriser le succès de son propre comparateur, Google shopping.
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON