Pour bien mesurer cette information, il faut savoir plusieurs choses :
- Les salarié-e-s à temps complet payés au SMIC gagnent autour de 1.100 euros nets (9,43 euros bruts de l'heure).
- Ils sont près de 2,6 millions, y compris celles et ceux qui subissent un travail à temps partiel.
- Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est revalorisé le 1er janvier de chaque année en tenant compte de l'évolution de l'inflation.
- Le SMIC peut être revalorisé une seconde fois si l'inflation dépasse 2 %.
Le calcul de l'inflation est sujet à caution. Officiellement, l'inflation n'ayant augmenté que de 1,1 % en 2013, les « Experts » recommandent que l'augmentation du SMIC ne dépassent pas 1,1 %, et surtout, pas plus : les Experts veillent à ce que les smicards conservent leur niveau de survie... Faudrait pas qu'ils s'embourgeoisent ! Ils pourraient prendre de mauvaises habitudes...
Ainsi, le gouvernement pourra prétexter les conseils avisés des « Experts » pour ne pas augmenter le SMIC plus que l'inflation officielle : c'est ça le courage politique ! C'est d'ailleurs l'unique fonction des « Experts » qui ignorent la réalité de la vie des smicard-e-s, autrement dit, toutes les nouvelles taxes, les impôts sur le revenu qui augmentent, les augmentations diverses d'électricité, de carburant, de gaz, des transports en commun et des biens de première nécessité et des frais de santé qui impactent directement le niveau de vie des classes populaires.
Les recommandations du groupe des « Experts du Smic » ne sont pas surprenantes vu sa composition :
- Eve CAROLI, professeure à l'université Paris Dauphine, chercheuse au Cepremap et à l'Ecole d'économie de Paris ;
- François Bourguignon, professeur à l'École Polytechnique, membre du CAE, et chercheur au Centre de recherche de l'INSEE (CREST) ;
- Pierre Cahuc, professeur à l'École Polytechnique, membre du CAE, et chercheur au Centre de recherche de l'INSEE (CREST), il est aussi membre du Cercle des économistes, un think tank néolibéral financé par des entreprises du CAC40.
- Mme Dominique Goux, chercheuse au laboratoire de sociologie quantitative du CREST ;
- M. Stefano Scarpetta, directeur adjoint de la Direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE.
En l'espèce, le gouvernement n'a nommé parmi ces « Experts » ni ouvrier, ni employé, ni chômeur, ni syndicaliste ouvrier, ce qui en dit long sur sa représentation de la société. On rétorquera que les « Experts » ont été sélectionnés pour leurs compétences. Il est vrai qu'ils sont archi-diplômés, mais surtout ce groupe est très homogène socialement [1] et idéologiquement [2].
Une fois connus ces détails, je me dis que la dénomination elle-même de ce groupe, les « Experts » du Smic, a été imaginée pour impressionner, et surtout pour donner aux recommandations de ces « Experts » une forte caution scientifique qui décourage toute contestation.
Imaginez que ces « Experts » se soient fait appeler les Salopards du SMIC, les Enfoirés (déjà pris sur le marché), les Affameurs du SMIC, les Barbares du SMIC, les Exploiteurs du SMIC, ça donnerait une toute autre valeur et un impact bien moindre à leurs recommandations : :
« Le groupe des Salopards, Affameurs, Barbares, Exploiteurs (choisissez le terme qui convient) du SMIC estime que le SMIC très nettement au-dessus des niveaux constatés dans les autres pays de l'OCDE. »
Immédiatement, la nature de leurs recommandations apparaîtrait pour ce qu'elle est : de vulgaires conclusions néo-libérales. Et leurs auteurs apparaîtraient pour ce qu'ils sont : des serviteurs de l'oligarchie et des idéologues intégristes qui considèrent que les smicards handicapent la compétitivité des entreprises...
Notes
[1] A louche, ils palpent au moins entre 5000 et 10.000 euros nets par mois, avec une mention particulière pour le représentant de l'institut néo-libéral international qui en sa qualité de fonctionnaire de l'OCDE a le privilège de ne pas payer l'impôt sur le revenu. De plus, je ne sais s'ils sont rémunérés pour remplir leurs missions d'Experts du SMIC...
[2] aucun économiste hétérodoxe du groupe des économistes attérés ou un économiste marxiste.