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Accueil du site > Actualités > Economie > Les incohérences du développement chinois

Les incohérences du développement chinois

L’écart entre ce que la Chine exporte et ce qu’elle importe dépasse mille milliards de dollars. La cause ? La difficulté des Chinois à penser un modèle de développement qui permette d’orienter les ouvriers vers la réponse aux besoins, nombreux de ce pays en matière de services publics ou de santé.

Comme le rapporte The Economist, la Chine a dépassé le seuil de mille milliards de dollars de réserves de change. Ce qui signifie que la Chine possède cette somme en monnaie (dollars, essentiellement, plus sous la forme de titres de dette que de liasses de billets). Et cette cagnotte grossit chaque mois de 16 milliards de dollars.
Pour présenter les choses d’une façon simple, prenons un modèle simple dans lequel le reste du monde se réduit à la France (qui exporte des Airbus) et échange avec la Chine (qui produit des tee-shirts). La situation actuelle signifie qu’à chaque fois que la Chine achète un Airbus à 200 millions de dollars, elle nous donne en contrepartie 50 millions de tee-shirts à six dollars, en nous proposant de nous payer la différence sous forme de monnaie (soit 100 millions ici).
Normalement, ces écarts se règlent par un ajustement du taux de change : selon les estimations du ministère des Finances, il faudrait augmenter le yuan d’un tiers pour atteindre un taux d’équilibre, ce qui signifie dans l’exemple ci-dessus de faire passer le tee-shirt de six à huit euros. A ce prix, les Chinois demanderaient moins d’Airbus et les Européens moins de tee-shirts chinois. Si l’on intègre l’ensemble des produits échangés par la Chine, l’accumulation de réserves de change serait alors stoppée. Au fur et à mesure du développement de la productivité chinoise, le yuan devrait d’ailleurs poursuivre sa hausse jusqu’au jour où un tee-shirt chinois vaudrait en France à peu près ce qu’il coûterait à faire chez nous.
Résumons la situation :

- pour des raisons qui lui sont propres (nous y reviendrons), la Chine accepte d’être payée en partie en monnaie, ce qui permet de maintenir des prix inférieurs d’environ un tiers à ce qu’ils devraient être

- cette situation induit un double choc dans les secteurs concurrencés par les exports chinois : non seulement la Chine possède une main-d’oeuvre rurale qui coûte peu en raison du salaire moyen chinois, mais en plus elle nous la "vend" avec 30 % de réduction
- autrement dit, pour deux ouvriers chinois dans le textile qui "travaillent pour nous", un troisième le fait gratuitement (c’est-à-dire en contrepartie d’une monnaie, qui vaudra moins le jour où les Chinois en "voudront pour leur argent" et souhaiteront rétablir l’équilibre commercial).

Nous sommes évidemment en présence d’une "bulle" : un prix (celui des produits chinois) est grossièrement distordu, ce qui fait la fortune de certains - ceux qui peuvent faire produire en Chine et vendre en Europe - et la ruine de ceux qui sont dans la situation opposée. Comme dans toute bulle, il est possible de la présumer, plus difficile d’en estimer l’ampleur exacte, et encore plus difficile d’en estimer la date et les conditions de fin. Nous en sommes à la fois les bénéficiaires du point de vue commercial (plus de tee-shirts que ce à quoi nos airbus nous donneraient droit), et les victimes pour ceux qui se trouvent confrontés au "double choc" des exportations chinoises.

Quelques mots sur les raisons politiques de cette accumulation de réserves de change. Selon les informations que m’indiquait un spécialiste de ces questions, la raison tiendrait à la volonté de responsables politiques de maintenir des débouchés suffisants pour éviter une crise induite par l’exode rural chinois : autrement dit, il faut du travail aux ouvriers chinois, quitte à ce qu’un sur trois travaille « pour rien  ». En effet, la situation actuelle présente pour la Chine l’avantage de la simplicité (il suffit d’accepter toute la monnaie qui afflue en contrepartie de l’écoulement de la production chinoise).

Pour mettre davantage en évidence l’absurdité de la situation actuelle, notons que la Chine aurait pu retenir une option "keynésienne", plus visible, mais à peu près équivalente : remonter de 30% le prix du yuan, et demander à un tiers des ouvriers de creuser des trous le matin, et de les reboucher le soir. Cette situation semble absurde, mais la première l’est tout autant (avec une absurdité cachée derrière la complexité des mécanismes de change). Une option alternative aurait consisté pour la Chine à adopter une stratégie de demande intérieure : remonter le taux de change, et trouver des missions utiles (santé, environnement, enfance, loisirs, qualité de vie...) auxquelles affecter les "troisièmes ouvriers" plutôt que de les voir travailler pour d’autres pays pour rien.
Autrement dit, derrière l’incohérence du taux de change se trouve une incohérence en termes de développement (trop de candidats au travail ouvrier, une structure d’emplois trop orientée vers les besoins occidentaux mais pas assez vers les besoins des Chinois, une insuffisance des services publics de la santé et du secteur social, et une plus grande facilité à cacher ce problème par l’exportation qu’à l’affronter et à le résoudre pour des moyens internes).
Quoi qu’il en soit, la situation actuelle d’accumulation des réserves de change n’est pas tenable à très long terme, même s’il existe des réservoirs de paysans chinois mal payés suffisamment larges, et même si le système politique chinois est suffisamment centralisé pour supporter longtemps une telle aberration. Notons cependant que nous serions de mauvaise foi de reprocher aux Chinois d’avoir des politiques de subventions opaques et aberrantes pour garantir la paix intérieure : le problème de la Chine est moins d’avoir ses incohérences (avant de blâmer la Chine, pensons à ce que nos politiques agricoles ou industrielles ont pu infliger au tiers monde), que d’avoir une taille telle que leurs efforts pour réduire leurs incohérences en interne créent des aubaines et des drames chez nous.


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43 réactions à cet article    


  • idoine (---.---.69.145) 7 novembre 2006 10:36

    Il me semble que l’on assiste à un accroissement sans précédent de de la masse de monétaire (notamment en dollars) D’où :
    - quels sont les outils d’observation de ladite masse ?
    - quelles seraient les conséquences à terme d’un accroissement « trop » important ?

    Merci


    • andoni (---.---.33.228) 7 novembre 2006 10:55

      Je ne suis pas complètement cette analyse. Il manque une jambe à la réflexion. D’après moi, le mécanisme chinois de création de réserves financières est le suivant : je vends 100 de Tee-shirts, j’encaisse effectivement 100, mais je les prête aussitôt à l’étranger (au états-uniens, en particulier) de mabière à ce qu’ils continuent à m’acheter des Tee-shirts... cela n’augmente en rien le pouvoir d’achat local... et les Chinois continuent à être sous la limite du seuil de pauvreté, malgré la créance qu’ils ont sur l’occident.. On simplifie, of course


      • Ariel Sharone (---.---.129.229) 8 novembre 2006 23:01

        Vi mais un pret est un papier de creance. Or ce papier est equivalent en quelque sort a la monnaie dollar. Autrement dit le jour que ces prets devront etre convertis il le seront en dollars...

        Bien a vous


      • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 13:24

        Alternatives Economiques avait fait un article sur « pourquoi les chinois hésitent à remonter le yuan » dans le numéro 237 de juin 2005 : il est accessible en ligne ( http://www.alternatives-economiques.fr/ ) en payant. Le dernier numéro revient aussi sur « l’insoutenable excédent chinois ».

        Apparemment, ces trois derniers mois, le rythme de hausse (régulière mais lente) du yuan par rapport au dollar semble s’être accéléré : quelque chose comme 2% en 3 mois.


        • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 13:26

          C’est vrai qu’en phase de décollage économique, on s’attendrait plutôt à ce que l’économie chinoise emprunte plutôt qu’elle prête de l’argent au reste du monde et surtout aux USA.


        • gem (---.---.117.250) 7 novembre 2006 15:16

          @duong

          Pourquoi, on s’attendrait à ce que la Chine emprunte ? pour faire comme l’Afrique : importer tous les outils de production, de la machine jusqu’à l’ingénieur pour la faire tourner, et prier pour pour que ça marche dans le contexte local, en générant au passage assez d’exportations pour rembourser ? Avec les résultats que l’on sait...

          Non. Pour décoler, il faut bosser un max, donc faire le maximum chez soi, exporter le plus possible, et importer le strict minimum (quelque licences, quelques machines vraiment impossible copier ... le temps d’apprendre). Très rapidement, les exportations doivent largement dépasser les importations, et là le piège c’est d’acheter les biens de consommations à l’étranger : non, il faut continuer à bosser, monter les usines pour produire ces biens de consommation, pour l’étranger d’abord, et pour soi ensuite. En restant toujours excédentaire. On s’arrete seulement quand il n’y a plus rien à pomper à l’extérieur. Mais là on est un vieux pays qui ne prduit plus grand’chose sur le plan matériel, et le magot sert à acheter les biens dans des pays qui ont, eux aussi, besoin de décoler. Ou de « raccrocher les wagons » après s’être laisser vivre à l’aise comme l’Argentine et peut-être la France...


        • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 16:44

          Tout simplement parce que quand on s’attend à gagner plus à l’avenir (ce qui est le cas d’un pays en transition donc anticipant une forte croissance), on emprunte. Vous n’êtes pas obligés d’emprunter pour acheter les machines et biens d’investissement à l’étranger : vous pouvez simplement les produire vous-mêmes.


        • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 16:47

          Je parlais d’emprunt, pour faire référence au message d’Andoni, et pas de déficit commercial.


        • Johan Johan 7 novembre 2006 17:41

          A Gem,

          Commentaires très intéressants.

          Cependant je ne crois pas que le modèle chinois soit copiable, pour la bonne raison qu’on est en démocratie, et qu’on a pas la possibilité de valoriser une main d’oeuvre kleenex inépuisable, ce que fait la Chine.


        • gem (---.---.117.250) 7 novembre 2006 18:32

          @duong

          si vous achetez seulement des biens locaux, l’argent étranger (et donc un emprunt à l’étranger) ne sert rigoureusement à rien. Vous pouvez tout aussi bien battre monnaie vous-même, ça aura exactement le même effet, sans les inconvénients internationaux !


        • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 18:59

          Disons que l’argent étranger en question pourrait servir à investir à l’étranger par exemple, et pas dans une monnaie de singe (le dollar), mais bien dans des investissements productifs possédés par des Chinois. En tout cas, « investir dans le dollar » n’a aucun sens.


        • Ariel Sharone (---.---.129.229) 8 novembre 2006 23:04

          Pourtant c’est ce que font les chinoix leurs excedent est investi en dollars...


        • Ouebman (---.---.154.129) 7 novembre 2006 14:23

          @ idoine

          L’indicateur M3 de la zone Dollars (je ne suis pas sur que le terme « zone » soit approprié) a été SUPPRIME par la Fed depuis déjà quelque temps. En d’autre terme, il est impossible de connaitre aujourd’hui le volume de Dollars en circulation dans le monde.....et donc.....sa valeur.

          Vendez vos Dollars.

          O


          • gem (---.---.117.250) 7 novembre 2006 14:46

            Bon, je veux bien croire que vous êtes économiste, mais alors avec un article pareil votre corporation ne vas pas remonter dans mon estime.

            En clair, la Chine bosse en faisant crédit à ses clients, au lieu de leur présenter tout de suite la facture. Presenter ça comme une option « à peu près équivalente » à creuser/boucher des trous débile c’est completement cinglé. On vous apprend ça à l’école et vous l’avez cru, ou bien vous savez que c’est faux mais vous nous prenez pour des débiles à qui il faut parler simpliste pour qu’ils comprennent ?

            Noter qu’aucun pays ne s’amuse à faire creuser/reboucher des trous. Pour user une main d’oeuvre inutile qu’il ne veut pas laisser oisive, un état se militarise, au moins ça peut toujours servir à intimider et racketter les voisins, tout en « maintenant l’ordre »... C’est ça, la vraie alternative, celle qu’on observe dans la vraie vie, celle qui a été mise en oeuvre dans les années trente avec le « succès » que l’on sait.

            alors que fait la Chine ? Et bien d’abord elle a choisit d’enrôler son peuple dans l’industrie plutôt que dans l’armée. Et c’est déjà une grande joie : car la Chine aurait pu tout aussi bien prendre le chemin suivi par la Corée du nord, et là je ne vous dis pas le malaise...

            La Chine fait des réserves parce qu’elle y voit plus d’avantage que dans l’achat de biens de consommation étrangers. Vous êtes économiste et vous n’avez pas compris pourquoi ? Il faut vraiment qu’on vous explique que la Chine pense (avec de bonnes raisons) que la seule baguette magique qui transformera ses innombrabres paysans en autant de professionnels très bien éduqués produisant les biens sociaux auquel vous faies allusion, c’est le TRAVAIL, pas la CONSOMMATION ? C’est un proverbe chinois qui dit qu’il faut préférer un filet de pèche à un panier de poisson, ne l’oubliez pas. La Chine n’achete pas d’Airbus sans la chaine de montage qui va avec... alors que nous avons fermé nos usines de T-shirt.

            Un jour la chine présentera la facture ? Peut-être. Peut-être pas. La situation actuelle lui permet aussi d’encaisser (car les fameux titres, ils rapportent) et c’est un investissement plus à sa portée que le rachat d’entreprises étrangères. Et le jour prochain où les chinois seront vieux, il faudra bien utiliser le magot.


            • VV 7 novembre 2006 15:11

              Vous concluez vite au fait que le point de vue présenté, comme il ne coincide pas au votre, est forcément imbécile.

              Celà peut paraitre paradoxal, mais c’est pourtant ce qui est en train de se passer. Le fait que cette incohérence soit cachée derrière des mécanismes complexes ne change rien à l’affaire...

              Vous avez raison de signaler qu’il y aurait eu des solutions encore pire (enroler tt le monde dans l’armée), et que ce qui se réalise actuellement peut etre une étape vers autre chose. Le sens de mon propos est simplement de souligner : 1 - que ce n’est pas durable (vous en convenez également je crois) 2 - qu’il faut plutot orienter ce travail vers des choses utile à la chine (ce dont vous convenez aussi)

              Cordialement,


            • VV 7 novembre 2006 15:13

              Celà peut paraitre paradoxal, mais pourtant ce qui est en train de se passer en Chine n’est pas tres éloigné de l’histoire des trous à reboucher. Le fait que cette incohérence soit cachée derrière des mécanismes complexes ne change rien à l’affaire...

              Vous avez raison de signaler qu’il y aurait eu des solutions encore pire (enroler tt le monde dans l’armée), et que ce qui se réalise actuellement peut etre une étape vers autre chose. Le sens de mon propos est simplement de souligner : 1 - que ce n’est pas durable (vous en convenez également je crois) 2 - qu’il faut plutot orienter ce travail vers des choses utile à la chine (ce dont vous convenez aussi)

              Cordialement,


            • gem (---.---.117.250) 7 novembre 2006 16:06

              aucune complexité au monde ne peut présenter comme à peu près équivalent

              1) produire un T-shirt, et le donner son voisin en échange d’un bout de papier de valeur douteuse (et fixée par le voisin, en plus !) qu’on garde dans sa bourse au lieu de l’échanger immédiatement contre n’importe quoi

              2) produire un T-shirt et le brûler (solution dite « Sapeur Keynes-member » avé l’acsent)

              Il y a une différence qui est très exactement : 1 T-shirt

              Même si bien sur il y a d’autres options

              0) ne pas produire de T-shirt (différence avec l’option 2 : il manque le savoir-faire d’un T-shirt, ce qui pour un chinois vaut plus qu’un T-shirt)

              3) produire un T-shirt et le donner gratis à son voisin, (par pure bonté ... ou dans la machiavélique intention de le dissuader d’apprendre à faire des T-shirt ; l’esprit est différent mais le résultat souvent identique)

              4) produire un T-shirt pour soi sans se préoccuper du voisin (différence avec l’option 1 : on n’a plus de motivation forte pour produire un autre T-shirt, pour le voisin cette fois)

              5) compter sur le voisin pour fournir le T-shirt (en le mendiant ou en l’extorquant)

              6) se plaindre de ce monde mal fait, dans lequel on n’a pas d’arbre à T-shirt alors qu’apparemment le voisin en a un dans son jardin

              etc.

              (PS : bel effort de self-control, dommage que le premier message soit passé quand même smiley


            • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 17:06

              Il me semble que la différence pour celui qui produit (la Chine, qui nous intéresse ici) est plutôt le papier de valeur douteuse : je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que vous lui donnez quand même une valeur alors que VV ne lui en donne pas.


            • gem (---.---.117.250) 7 novembre 2006 18:25

              c’est vrai que j’oubliais le bout de papier. La différence correcte entre mon 1) et mon 2) est donc non pas seulement 1 T-shirt mais : 1 T-shirt + 1 bout de papier. De toute façon l’important pour moi c’était de dire que les deux situations n’étaient pas équivalentes.

              Le bout de papier a la valeur que lui accordera celui qui voudra bien le prendre en échange d’un « vrai » bien. C’est son affaire, pas la mienne, mais je constate que le gouvernement US accorde une valeur non nulle aux bouts de papiers verts dont il est question... et c’est son intérêt puisque c’est lui qui les produit, ces bouts de papier !


            • VV 7 novembre 2006 18:40

              En fait, pour les chinois, le fait que l’occident dispose d’un T-Shirt ne leur apporte pas beaucoup plus que s’ils avaient creusé puis rempli des trous...


            • duong (---.---.123.107) 7 novembre 2006 18:46

              Le gouvernement US, disons plutôt la Federal Reserve, accorde une valeur non nulle aux bouts de papier verts en question, certes, mais si la valeur de ces papiers s’écroule, ça ne sera pas par la volonté des autorités américaines, mais bien par celle du marché financier international.

              Et c’est quelque chose qui pourrait bien arriver dans les années qui viennent...

              Sinon, comme a dit VV, la seule différence entre le 1 et 2 pour les Chinois, c’est le bout de papier, puisque dans le cas 2, le tee-shirt est aux USA !


            • Ariel Sharone (---.---.129.229) 8 novembre 2006 23:11

              Si l’idee venait aux chinoix de commencer a acheter massivement avec leurs bout de papiers, autrement dit de les convertir en bien utile pour la Chine. Le cours du bout de papier s’ecroulerait, puisque la Chine rejetterait sur le marche des sommes astronomiques !!!

              Un certain nombre de chinoix travaille, donc, effectivement gratuitement avec tous les inconvenients et avantages pour ses partenaires.


            • Johan Johan 7 novembre 2006 16:02

              A l’auteur,

              Pourquoi le Yuan est il si faible à mon avis ?

              Déjà, les 100 millions de votre premier exemple, ils ne sont pas forcément compensés par une politique monétaire. On peut aussi utiliser son excédent commercial pour accumuler des devises (sous forme de titres de dettes ou de monnaie, ou d’emprunts). C’est très malin : ils se font payer avec une monnaie forte tout en ayant une politique monétaire qui leur permet d’exporter sans concurrence, et d’attirer des investissements.

              En principe une monnaie faible dissuade les investissements, mais puisque c’est une production d’exportation et que la Chine importe bien moins qu’elle n’exporte, que les paiements sont en $ ou en €, ça n’a que peu d’effet : dans l’ensemble l’investisseur à encore intérêt à mettre ses billes en Chine.

              Le stratégie des chinois est une stratégie de croissance : ils ont une main d’oeuvre actuellement inépuisable (ou qui peut être assimilée comme telle) : ils veulent du savoir faire et des investissements. C’est ainsi qu’ils le trouvent : les $ ou les € payent les entrepreneurs, les porfesseurs, les chercheurs, les IDE payent les usines. La Chine à besoin de toujours plus d’IDE, mais a de moins en moins besoin de matière grise, quelle commence à former avec une grande quantité et une grande qualité.

              Il n’y a aucune incohérence à se préoccuper des besoins des occidentaux plutôt que de celui des chinois.

              1 Ca permet de maintenir une armée de prolétaires pauvres, qui travaillent pour n’importe quel prix, dans n’importe condition et qui sont jetables à la première grossesse ou à la première blessure.

              2 Il s’agit d’un dumping à l’exportation (et pas d’une « bulle ») : on fait payer plus cher les nationaux que les étrangers. Classique. Ca appauvrit la population à court terme, mais ça permet d’évincer les concurrents jusqu’au jour où on est seul sur le marché (en l’occurence le secondaire devrait aller à la Chine et une bonne partie du tertiaire à l’Inde).

              3 Nos économies vont s’effondrer rapidement, à ce rythme. Donc il est inopportun de considérer l’option « très long terme » (même si pour le reste vous avez raison : l’argent de la balance commerciale est fait pour être dépensé. N’oubliez cependant pas qu’il ne dort pas et est producteur d’intérêts : le « troisième ouvier » ne travaille pas pour rien).

              4 Enfin, Gem a raison de souligner que même s’il n’est pas utilisé dès à présent, cet exédent commercial accumulé pourra servir à payer des retraites, un système de santé...

              Le jour où la Chine voudra se libéraliser, elle aura tout pour elle : tout l’appareil productif, des devises à foison, une éducation forte, une grande cohésion sociale... Bref, ce sera la seule superpuissance.

              Je vois ce retournement pour 2025 2035 : après le pic démographique chinois et pour couper l’herbe sous le pied de la démocratie indienne (qui a son pic environ 25 ans plus tard).

              Pourquoi on laisse ça faire ?

              1 Parce que les seuls qui peuvent se gaver dans l’import export, et qui margent fortement au passage, sont des lobbyistes hors pair (Wall Mart, Carrefour...). Bien sûr, le consommateur n’en bénéficie pas : les prix des biens manufacturés d’importation sont stables depuis des années. Donc le pouvoir politique est complice.

              2 Parce qu’il est difficile de réagir : la Chine a un Yuan faible, certes, mais on ne peut pas se permettre d’affaiblir notre propre monnaie juste pour elle, car notre commerce se fait essentiellement au sein de la Triade (USA, Europe, Japon).

              C’est pour cela que les USA supplient la Chine de remonter sa monnaie : ils ne peuvent pas réagir d’eux même.

              Le Yuan tire le $ vers le bas, ce qui fragilise les exportations de l’Europe (et la France perd ainsi son excédent commercial dont nous nous gargarisions).

              A mon avis il n’y a aucune incohérence dans le modèle chinois. Ils misent tout sur l’exportation, c’est tout. Et ils vont réussir, parti comme c’est !


              • Ariel Sharone (---.---.129.229) 8 novembre 2006 23:15

                Les prix des biens manufactures sont stables :

                A bon ? Pourtant le textile et les biens de base n’ont jamais ete aussi peu cheres !!!


              • Forest Ent Forest Ent 7 novembre 2006 20:00

                Bon article. Il y a plusieurs limites à la bulle décrite :

                - le fait que les pays occidentaux laissent plonger leur emploi industriel et leur balance commerciale,

                - le déficit budgétaire US,

                - la capacité du système politique chinois à maintenir par la seule terreur de tels déséquilibres internes,

                Je pense que la bulle éclatera au prochain changement de politique US, en 2008/2009.


                • ZEN zen 7 novembre 2006 20:21

                  Sur les rapports complexes entre la Chine et les USA, l’imbrication de leurs économies, je vous renvoie à un précédent article de Agoravox :

                  http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=12980


                  • toto (---.---.56.59) 7 novembre 2006 21:20

                    Il ne s’agit pas de l’incohérence du développement chinois, mais bien de l’incohérence du développement mondial...


                    • Quentin (---.---.72.178) 8 novembre 2006 08:33

                      Je ne suis pas entièrement d’accord avec l’analyse de l’auteur. Effectivement le yuan est sous évalué, amis c’est une volonté politique pour garder le dynamisme de la politique et vue de l’enrichissement de la population (Théorique). Étant allé 7 fois en Chine depuis 1995, et vivant actuellement depuis 8 mois en Chine, j’ai pu voir des changements dans cette démocratie dirigée. Il est d’ailleurs prévu une couverture sociale a l’horizon 2030 dans ce pays. Je sais vous allez que cela est curieux pour une république populaire.

                      Pour conclure, le développement chinois est très pensé et si nous petit français nous ne réagissent pas et bien tant pis pour nous. (Politique Chinoise en Afrique)

                      Cordialement,

                      Quentin.


                      • Observateur_alien (---.---.104.124) 8 novembre 2006 08:56

                        Vachement complique tout cela !!! Il y a un point qui me titille et sur lequel je souhaiterais vos avis de spécialistes : en disposant d’autant de liquidités en Dollars US, la Chine n’a-t-elle pas en main l’arme fatale qui pourrait transformer du jour au lendemain les USA en pays du Tiers-Monde ? Ne suffirait-il pour cela que la Chine vende sur les marchés financiers tout ce magot en dollars, provoquant une suroffre et donc, normalement une dégringolade de la monnaie Américaine ? Evidemment il y a peu de risque que cela se produise, en tout cas dans un horizon-temps visible, car la Chine elle-même aurait grandement à perdre d’une perte de valeur du Dollar, mais tout de même, c’est une idée qui fait frissonner.


                        • VV 8 novembre 2006 09:50

                          Si la Chine vend ses dollars (et surtout, si elle arrette de les accumuller), le dollar baisse.

                          L’effet sur les USA : moins riche (ils achetent les biens exterieurs plus chers) mais plus competitifs (ils vendent plus facilement). C’est exactement le contraire pour la Chine : ils peuvent avoir plus d’Airbus, mais exportent moins de t-shirts.

                          Mais l’effet sur les USA reste modeste sachant que la part des échanges exterieurs dans le PIB USA est faible. L’impact serait équivalent à une hausse de TVA de deux ou trois points.


                        • duong (---.---.123.107) 8 novembre 2006 11:47

                          Les Chinois n’ont pas intérêt à favoriser eux-mêmes un écroulement brutal du dollar, car ça provoquerait une crise internationale majeure qui nuirait d’abord à leur économie tellement tournée vers l’extérieur. C’est pourquoi ils privilégient une correction très progressive.

                          Mais cet écroulement du dollar pourrait provenir plus probablement d’autres raisons, notamment d’une crise pétrolière voire d’une crise économique et d’un krach immobilier.


                        • Sigefroid (---.---.205.3) 8 novembre 2006 13:58

                          Petite question ... qui , sans aucune retenue, a tout fait pour que la Chine puisse sans problème pénétrer sans retenue et à n’importe quel prix tous les marchés ? Qui y gagne aussi ?? Autant les T-shirt à 4 sous (pour les petits mais nombreux consommateurs occidentaux) que les sacs Longchamps (à plus haut prix de vente mais opour mins de consommateurs, mais moindre prix de production)sont produits en Chine, au coût chinois mais au prix européen ! Qui bénéficient du système ? Qui a tou intérêt à ce qu’il perdure le plus de temps possible ? Qui fait pression sur les Elites bruxelloises pour qu’on ouvrent toutes les portes au commerce mondial ? La réponse à ces questions explique probablement tout le système ... Et la Chine commence sérieusement à s’intéresser à ss-traiter les Africains qui seront moins chers que les Chinois ... et n’auront plus de raison - puisqu’aillant plein de petits boulots sur place - à migrer vers nos côtes ! Europe - Chine, même combat dans le moyen terme ??


                          • duong (---.---.123.107) 8 novembre 2006 14:29

                            Qui ? En 1 : les dirigeants chinois, ils ne sont pas à la botte des multinationales, eux, croyez-moi, c’est plutôt les multinationales qui viennent leur lécher les bottes. Hé oui il va falloir compter avec les Chinois... et arrêter d’avoir une vision purement occidentale du monde.


                          • Sigefroid (---.---.205.3) 8 novembre 2006 14:31

                            Petite question avec moins de fôôtes ... qui , sans aucune retenue, a tout fait pour que la Chine puisse sans problème pénétrer à n’importe quel prix tous nos marchés ? Qui y gagne aussi ? ? Autant les T-shirt à 4 sous (pour les petits mais nombreux consommateurs occidentaux) que les sacs Longchamps (à plus haut prix de vente mais, pour moins de consommateurs mais toujours un moindre prix de production)sont produits en Chine, au coût chinois et vendu aux prix européens ! Qui bénéficient du système ? Qui a tout intérêt à ce qu’il perdure le plus de temps possible ? Qui fait pression sur les Elites bruxelloises pour qu’on ouvre toutes les portes au commerce mondial ? La réponse à ces questions explique probablement tout le système ... Et la Chine commence sérieusement à s’intéresser à ss-traiter les Africains qui seront moins chers sans doute que les os Chinois (mais risquent d’ê plus contestaires) ... et n’auront plus de raison - puisqu’ayant pleine d’unités de production à faire tourner chez eux - à migrer vers nos côtes ! Europe - Chine, même combat dans le moyen terme ? ? Et en plus, cerise sur le gâteau, les pseudo intellectuels occidents (Type BHL)pourront accuser les Chinois de colonialisme !! Enfin auront-ils trouver d’autres coupables à accuser que eux mêmes !


                          • Ariel Sharone (---.---.129.229) 8 novembre 2006 23:18

                            En meme temps c’est bien nous le consommateur qui plebiscitons ces produits avec nos pieds !!!


                          • Sigefroid (---.---.205.3) 8 novembre 2006 14:41

                            Il est en fait grand temps de retourner aux vues de Fernand Braudel bien trop occulté à mon sens mais très visionnaire sur l’économie-monde !!Mais bon, à ne vouloir plus qu’évoquer jour et nuit la shoa, on en oublie tout le reste !!!


                            • Sigefroid (---.---.205.3) 8 novembre 2006 14:43

                              Il est en fait grand temps de retourner aux vue de Fernand Braudel bien trop occulter mais très visionnaire sur l’économie-monde !!Mais bon, à vouloir évoquer jour et nuit la shoa, on en oublie tout le reste !!!


                              • cumulus (---.---.46.24) 9 novembre 2006 15:35

                                Ce sujet est très intéressant mais je ne vois rien d’incompréhensible, peut être pour la bonne raison que je ne suis pas économiste. Voilà pour moi la stratégie suivié par la chine pour devenir maitre du monde.

                                La chine prête de l’argent. D’abord, je ne sais pas si cela lui rapporte ou si cela lui coûte mais ce qui l’intéresse, c’est la situation de dépendance que cela crée.

                                Comment l’occident devient dépendant ? d’abord les usines et les bureaux d’étude (informatique, etc) sont en chine qui peut fixer les taxes et des règles.

                                Surtout, c’est l’occident qui doit de l’argent et à cause des déficits paie des intérêts. Ceux-ci sont actuellement presque indolores mais cela ne va pas durer. Actuellement, la cagnotte chinoise ne represente que quelques pourcents de l’endettement occidental. Mais a partir d’un certains niveau, si la chine ne veut plus prêter, nos états seront obligés de brader les bijous de famille pour rembourser ou d’augmenter les taxes. Gloablement, on s’apauvrira et les chinois pourront augmenter leur niveau de vie.

                                Soit l’état occidentat endetté obéira et on lui pretera, soit les Chinois ramasseront la mise.

                                C’est mieux que gagner une guerre et sauf retournement de situation (démocratisation ?), la chine sera gagnante.


                                • cdg (---.---.220.124) 11 novembre 2006 23:32

                                  Je reviens de chine. Il faut quand meme voir que cette politique a permis (a nos depends certes) aux chinois d augmenter leur niveau de vie (pas tous certes, mais la progression est spectaculaire)

                                  Pour les raisons de la sous evaluation de yuan, je crois qu elle n est pas economique (c est en effet un non sens car les chinois recoivent un papier qu ils ne pourront jamais utiliser sous peine de provoquer un effondrement du $ et donc de perdre toute la mise). Le regime chinois souhaite rester au pouvoir (PCC ou UMP meme combat de ce point de vue). Pour cela il faut fournir aux chinois des campagnes ou des societes d etat en faillite virtuelle des emplois Comment ? en devenant l usine du monde ... C est plus simple que de developper une demande interne et en plus c est les firmes occidentales qui font tout le travail


                                  • filou51 21 novembre 2006 15:13

                                    Quelque questions et remarques suites à cet article.

                                    Premièrement, il me semble que l’on ne peut simplifier les échanges entre la Chine et l’Europe dans votre exemple, à des échanges bilatéraux, vu qu’ils s’inscrivent dans un jeu d’échanges à échelle mondiale. Dans ce cas, je ne vois pas en quoi la somme de ces échanges devraient être nulle.

                                    De plus, il me parait sage qu’un pays se dote de réserve monétaire forte qui lui permettra dans le futur d’acheter des matières premières dont elle aura a manquer dans les années futures (Pétrole, Acier etc). A ce propos et à titre d’exemple, les chinois ont fait exploser les cours de l’acier pourtant stables depuis des années ce qui contribue grandement à accélérer la désindustrialisation de la France et de l’Europe car les sous-traitants ne sont pas en mesure de concilier les exigences tarifaires des grands donneurs d’ordre et la hausse des matières premières. Au final, dans cet exemple, cet excédent de liquidité permet à la Chine d’acheter des matières premières finalement 30% moins cher que tout le monde suivant votre raisonnement, de gagner des parts de marché et de toujours augmenter la technicité des produits qu’elle propose. Je ne vois donc ici aucune absurdité.

                                    Plutot une certaine lucidité des dirigeants chinois qui planifiant l’essor industriel dans une ampleur inédite de leur pays préfèrent faire des réserves pour pouvoir acheter dans le futur les Matières Premières (dont bien sur le Pétrole) dont ils auront besoin.

                                    Pour moi, les dindons de la farce sont les Occidentaux qui détruisent les emplois dans leurs pays engendrant des coûts sociaux considérables et une diminution de la cohésion nationale, transfèrent leurs technologies qu’ils ont mis des décennies à mettre au point pour des bouchées de pain, forment les chinois dans leurs universités et en chine pour le seul bénéfice de quelques multinationales. A mon sens, les Chinois ont parfaitement calculés que la concurrence des multinationales occidentales entre elles pour la domination mondiale primerait sur les intérêts des Etats, comme par le passé la concurrence entre France Angleterre et Allemagne pour les colonies dont la Chine fut un des enjeux majeurs, que les intérêts à long terme seraient sous-évalués.

                                    Je travaillais dans l’industrie automobile alors que l’ensemble des productions de fonderie et de forge commençaient à être délocalisés, je me suis alors livré cette réflexion, que se passerait-il si dans vingt ans, plus aucune entreprise européenne conservait ce savoir-faire et si à cette date, la Chine décidait de choisir une politique commerciale inverse et faisait payer très cher à l’extérieur pour favoriser la demande intérieure ? A mon sens, nous n’aurions aucun moyen de réagir, et petit à petit les Chinois prendraient possession de l’ensemble de la chaîne industrielle.

                                    Pensez-vous que la politique que vous décrivez puisse avoir ce genre de finalité ? En ce sens, vous parait-elle absurde ?

                                    Pour ma part, je pense que les disciples de Mao ont plus que quiconque lu et analysé Adam Smith en y incorporant les concepts de Sun tzu : « Qui additionne de nombreux atouts sera victorieux, qui en a peu sera vaincu, que dire de ceux qui n’en ont aucun. » Ou l’on comprend que les offensives diplomatiques chinoises commencent par l’Afrique... « Qui connait l’autre et se connait, en cent combats ne sera point défait, qui ne connait l’autre mais se connait, sera vainqueur une fois sur deux, qui ne connait l’autre ni ne se connait sera toujours défait. » Il me semble que les chinois apprennent aujourd’hui à nous connaître chez nous, dans nos universités, et chez eux par le biais des entrepreneurs étrangers. Il ne me semble pas que nous apprenions à les connaître, un simple test de maîtrise du mandarin chez les expatriés de plus d’un an en Chine le révélerait.

                                    Sur ce, il nous reste à inventer le monde de demain, nous disposons toujours de plusieurs longueurs d’avance et nous pouvons changer les règles du jeu en abandonnant la guerre économique comme modèle de société.


                                    • (---.---.38.189) 7 janvier 2007 11:50

                                      A Filou51,

                                      Excellent commentaire émanant d’un connaisseur du sujet.

                                      La rareté des réactions aux articles traitant de la Chine démontre, s’il en était besoin que les Français connaissent mal un sujet qui pourtant va devenir particulièrement aigü dans un proche avenir.

                                      Nous sommes plutôt interessés par nos problèmes internes, et tourné (logiquement) vers nos anciennes colonies du continent Africain dont les relations passionnelles que nous entretenons avec elles nous captivent, et les mouvements migratoires de leur provenance nous agitent.

                                      Les Chinois d’ailleurs s’interessent aussi beaucoup au continent Africain, mais pas pour les mêmes raisons, ni pour les mêmes objectifs.

                                      Ce continent est vu par la Chine, semble t il, comme un axe privilègié de développement économique où il est vital de s’implanter :

                                      Réservoir des ressources naturelles insuffisantes dans leur propre sous sol ;

                                      Réservoir inépuisable de marchés de grands travaux publics ;

                                      Réservoir d’accumulation des produits financiers liés aux emprunts ;

                                      Réservoir d’exportation massive des produits nationaux à faible valeur dans un premier temps, et à forte valeur ensuite, au gré des transferts technologiques que nous pays développés, offrons progressivement à la Chine ; produits distribués par la diaspora qui progressivement s’installe et se fond habilement dans la population ; Migration certes, mais à sens unique.

                                      Chacun y trouve son compte. Les Etats Africains y trouvent pour leur part, une alternative à l’emprise des ex colonisateurs, pourvoyeuse au demeurant d’une main d’oeuvre diablement plus efficace à bien meilleur prix.

                                      Je ne parviens pas à comprendre où ni comment l’auteur de l’article a pu concevoir qu’il y avait incohérence de la part de la RPC.

                                      Renversant....et très préoccupant que si peu aient encore perçu ce qui est devenu si flagrant et si inquiétant pour nous à moyen terme.


                                    • (---.---.38.189) 6 janvier 2007 22:33

                                      La stratégie de la République Populaire de Chine devrait être rapprochée des préceptes de son Maître de Guerre et Maître à penser, Sun Tzu. Les fondamentaux des préceptes du Maître, sont posés comme postulats dans les deux tous premiers chapitres de « l’art de la guerre ».

                                      L’introduction traite des responsabilités respectives des leaders et des « troupes » en matière de motivation, d’ordre et de discipline, par la métaphore de l’exercice de mise au pas des 180 concubines du roi Ho Lu, et le second chapitre, la planification, traite des valeurs indispensables à la réussite qui doivent nécessairement être mobilisées avant même de songer à toute autre action ou tout autre projet.

                                      L’introspection doit nécessairement précéder la prospective car elle la détermine.

                                      Les valeurs et l’organisation qui globalement caractérisent le peuple Chinois d’aujourd’hui et constituent véritablement le moteur de la formidable montée en puissance de leur pays, sont :

                                      1/ Un leadership déterminé, clairvoyant, craint et respecté qui établit des plans audacieux mais réalisables de réformes et les met en oeuvre sans tolérer d’obstacle ni de retard dans leur exécution

                                      2/ Une discipline nationale non transgressible qui combine harmonieusement « autoritarisme » au plan politique et social et « libéralisme sous contrôle » au plan économique

                                      3/ Au niveau du peuple, une formidable ambition servie par une immense motivation.

                                      Motivation à la réussite sociale par le travail.

                                      Un acharnement au travail et à la performance oserais je dire.

                                      La fierté de s’enrichir ; le « culte du Dieu argent » et de la réussite sociale dont on est fier d’exhiber les signes extérieurs.

                                      Le sens de la famille élargie dont la protection est un devoir sacré.

                                      L’indéfectible respect des coutumes et traditions (que la révolution culturelle n’a pas réussi à éradiquer )

                                      4/ la stricte application du principe de préférence nationale renforcé par l’absolue interdiction d’une quelconque immigration de peuplement ou même de travail.

                                      A part les touristes, les seuls visiteurs ou résidents temporairement admis étant ceux qui peuvent pourvoir aux transferts technologiques et/ou de savoir faire dont l’Etat a besoin, ainsi qu’à l’implantation de capital (usines, manufactures, Bureaux de liaisons... etc)

                                      5/ L’ouverture aux importations de produits et capitaux, mais à la double condition que celles-ci soient utiles voire nécessaires à l’économie et/ou à la stratégie d’échange et d’implantation, et que la balance globale demeure positive en faveur des exportations.

                                      6/ L’encouragement, mais sélectif et tactiquement régulé, de l’Etat à l’expatriation et l’implantation Chinoise extérieure, en direction des pays stratégiquement dignes d’intérêt économiquement (pétrole, gisements de minerais, technologie, savoir faire...etc ), ou militairement.

                                      Ces implantations se font généralement de concert avec la mise en œuvre par des entreprises de RPC de grands travaux publics exécutés de manière magistrale et dans des délais record et la ratification de programmes alléchants de coopération bilatérale.

                                      Les implantations d’émigrants Chinois sont généralement tout à fait réussies du fait de la grande adaptabilité et de la flexibilité qui les caractérisent et dont les talents en matière de négoce, l’implication au travail, la courtoisie, la discrétion sont partout salués.

                                      Méthode efficace, s’il en est. La réunion de tout un peuple autour d’une idéologie commune, alliée à l’ambition et à la motivation globales, sont de puissants ciments de la cohésion encore renforcée, consolidée par la fierté de la réussite collective et l’accession progressive au bien vivre.

                                      Cet objectif de réussite collective visant à positionner la RPC au rang de leader mondial est un objectif de survie nationale.

                                      La RPC affronte à l’intérieur, la pression d’une population, gigantesque en nombre d’habitants dont la majeure partie lutte encore pour sa subsistance, agitée par des tentatives de mouvements migratoires de la pauvreté des campagnes vers les villes, où une telle installation créerait des foyers incontrolables de révolte sociale.

                                      Dès lors, une seule alternative, la victoire économique ou l’implosion sociale meurtrière. La victoire semble être au bout de la stratégie et des choix planifiés.

                                      Il fallait juste que la RPC se donne un peu de temps, le temps de réussir. Elle l’a fait en contenant la progression de la natalité et le barrage aux flux migratoires intérieurs.

                                      Tirons en les leçons....dans un futur proche.


                                      • (---.---.38.189) 7 janvier 2007 12:08

                                        A Filou51, Excellent commentaire émanant d’un connaisseur du sujet.

                                        La rareté des réactions aux articles traitant de la Chine démontre, s’il en était besoin que les Français connaissent mal un sujet qui pourtant va devenir particulièrement aigü dans un proche avenir.

                                        Nous sommes plutôt interessés par nos problèmes internes, et tourné (logiquement) vers nos anciennes colonies du continent Africain dont les relations passionnelles que nous entretenons avec elles nous captivent, et les mouvements migratoires de leur provenance nous agitent.

                                        Les Chinois d’ailleurs s’interessent aussi beaucoup au continent Africain, mais pas pour les mêmes raisons, ni pour les mêmes objectifs.

                                        Ce continent est vu par la Chine, semble t il, comme un axe privilègié de développement économique où il est vital de s’implanter :

                                        Réservoir des ressources naturelles insuffisantes dans leur propre sous sol ;

                                        Réservoir inépuisable de marchés de grands travaux publics ;

                                        Réservoir d’accumulation des produits financiers liés aux emprunts ;

                                        Réservoir d’exportation massive des produits nationaux à faible valeur dans un premier temps, et à forte valeur ensuite, au gré des transferts technologiques que nous pays développés, offrons progressivement à la Chine ; produits distribués par la diaspora qui progressivement s’installe et se fond habilement dans la population ; Migration certes, mais à sens unique.

                                        Chacun y trouve son compte. Les Etats Africains y trouvent pour leur part, une alternative à l’emprise des ex colonisateurs, pourvoyeuse au demeurant d’une main d’oeuvre diablement plus efficace à bien meilleur prix.

                                        Je ne parviens pas à comprendre où ni comment l’auteur de l’article a pu concevoir qu’il y avait incohérence de la part de la RPC.

                                        Renversant....et très préoccupant que si peu aient encore perçu ce qui est devenu si flagrant et si inquiétant pour nous à moyen terme.

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Auteur de l'article

VV

Economiste.


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