Lundi à quinze milliards, mardi dans le brouillard
10 milliards pour les banques, 5 milliards pour les collectivités locales, la démission en bloc de la direction de la Caisse d’épargne, un budget 2009 pipé et un 21 octobre à haut risque... Mais la planète économico-financière tourne toujours et on se laisse même aller à penser que tout va bien, du côté de certains hauts responsables financiers. Mais alors... pourquoi tout ce ramdam si tout va bien ?

5 milliards pour les collectivités locales
C’est Fillon qui s’est chargé d’annoncer la nouvelle. 5 milliards d’euros seront affectés au financement des collectivités locales. La moitié sera octroyée par des prêts de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), l’autre moitié par les banques. Les collectivités locales sont en très grande difficulté, à l’image de la Seine-Saint-Denis, dont le président PS du Conseil général, Claude Bartolone, vient d’annoncer que la dette de son département est constituée à 97 % d’emprunts qu’il estime "toxiques" ! Les collectivités sont un maillon essentiel de l’économie, puisqu’elles assurent 75 % de l’investissement public du pays. Si la machine tombe en panne, la France est potentiellement en banqueroute. Inutile de préciser que les spécialistes ne sont pas de cet avis...
10,5 milliards d’euros pour les banques
Piochés dans la cagnotte de "recapitalisation" de 40 milliards, l’Etat fait un premier geste. Christine Lagarde a en effet annoncé que 10,5 milliards d’euros seront affectés à très court terme à un prêt destiné à six banques : le Crédit agricole (3 milliards), BNP Paribas (2,55 milliards), la Société générale (1,7 milliard), le Crédit mutuel (1,2 milliard), les Caisses d’épargne (1,1 milliard) et les Banques populaires (950 millions d’euros). Concrètement, les banques vont émettre des titres que l’Etat s’engage à acheter, moyennant rétribution selon un taux d’intérêt négocié, ou à négocier. L’Etat ne deviendra donc pas actionnaire de ces banques.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a souligné que ces six banques n’avaient "absolument pas besoin de fonds propres" ni "d’être recapitalisées". Les "six principaux groupes bancaires concernés par cette injection de liquidités dans leur capital présentent actuellement un niveau de fonds propres tout à fait satisfaisant", a-t-il insisté lors de la conférence de presse. Il y a deux semaines, le boss du Crédit agricole déclarait que "le système financier français est un système financier stable, qui a une solvabilité très confortable". Ce qui soulève deux problèmes : le pactole de 40 milliards était destiné à la recapitalisation, il ne s’agit plus maintenant que de "fluidifier" les relations économiques, selon une expression désormais célèbre. D’autre part, comment expliquer que l’Etat prête à des banques qui n’en ont pas besoin ? "Ce n’est pas un cadeau", avait tenu a précisé Nicolas Sarkozy, reste donc à savoir ce que c’est !
Démissions artistiques à l’Ecureuil
En démissionnant de la présidence du directoire de la Caisse d’épargne, Charles Milhaud a fait dans l’émotion : il a annoncé qu’il renonçait à son indemnité de départ. "Je ne demande aucune indemnité", a-t-il déclaré. Et il ajoute : "Ceux qui me connaissent savent aussi que je ne suis pas un homme d’argent". Pour quelqu’un qui a vu son salaire multiplié par trois en cinq ans...
Un budget 2009 sous pression
Les socialistes s’en sont donné à cœur joie, à l’Assemblée, lors du débat sur le budget 2009 calculé sur une base de croissance très contestée d’1 %. Il faut dire que les choses sont loin d’être claires. Au moment où les députés se déchiraient sur ce "1 % gouvernemental", que l’opposition juge totalement irréaliste, Christine Lagarde annonçait qu’il est "très probable que la croissance en 2009 n’atteigne pas 1 %". Et son collègue Eric Woerth, ministre du Budget, estimait que "si nous révisons la croissance, le déficit sera plus élevé". Donc, le budget est irréaliste, mais on ne peut pas faire mieux, sinon, ça commencerait à se voir. En termes techniques, cela s’appelle un budget "insincère"... Et ce n’est guère rassurant pour la suite !
Notons, pour en finir avec ce lundi, l’analyse de Paul Jorion, qui nous annonce qu’aujourd’hui, 21 octobre, doit avoir lieu le règlement des sommes dues sur les contrats d’assurances (CDS) couvrant la perte de valeur des obligations émises par la défunte banque Lehman. Il va y avoir du sport !
Il y a des jours où il vaut mieux rester couché...
Les mots ont un sens... mais finalement on s’en fout ?
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON