Nous nous appelons tous Madoff !
A bien des égards, Barack Obama est bien l’Homme de l’année quoique mon choix personnel pencherait plus pour Bernard Madoff...Du reste, nos autorités - en parfait accord avec nous-mêmes – ne gèrent-elles pas nos économies et depuis des décennies selon les mêmes principes comptables que Madoff ?
Cet homme, un des financiers les plus respectés de Wall Street pendant de longues années, aujourd’hui considéré comme le plus grand escroc de l’Histoire de la finance mondiale, n’a pu perpétrer ses méfaits qu’avec la complicité - ou l’aveuglement volontaire - de professionnels de la finance qui se bousculaient pour lui confier les deniers de leurs clients, lui qui contre vents et marées gagnait 1 à 2% par mois...Ces mêmes professionnels de la finance suggéraient à leurs clients de poursuivre leurs acquisitions de valeurs technologiques en début d’année 2000 et considéraient la titrisation des prêts subprimes comme une avancée financière géniale.
Madoff, Ponzi...la liste de ces gentlemen cambrioleurs prélevant sur les nouveaux placements afin de payer leurs profits aux anciens investisseurs sont-ils - au fond - très différents de nous ? Nous qui avons été anesthésiés des années durant par une hausse ininterrompue du marché immobilier, hausse qui dépassait dans certains pays ou régions 10% par an ! Nous qui avons spéculé, profité, entretenu cette bulle immobilière tout en ignorant un indicateur infaillible, à savoir que nos revenus, eux, restaient stagnants ?
La gigantesque escroquerie des subprimes ne reposait-elle pas intégralement sur le concept selon lequel le marché immobilier poursuivrait perpétuellement son ascension ? Dans ces conditions, quoi de plus naturel pour une famille de la classe moyenne de contracter un prêt à taux variable - qu’elle ne pourrait plus assumer même en cas de légère hausse des taux - sachant que son bien immobilier était voué à prendre de la valeur dès la signature de l’acte de vente ?
Nous avons toutes et tous été complices de cette farce car, plus le produit dérivé était complexe, plus le levier de la titrisation était élevé et plus nous applaudissions en nous émerveillant du génie de ces équations qui stimulaient marchés et profits...Pourquoi en effet se préoccuper de la ré évaluation des investissements sous jacents si le marché immobilier s’appréciait continuellement ? Ces instruments chimériques permettaient aux financiers du monde entier d’optimiser les résultats tout en majorant leurs honoraires.
En comparaison, la fraude de Madoff est sans détour, sans artifice, sans hypocrisie. Pourquoi se retrouve-t-il tout seul sur le banc des accusés ?
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