Nucléaire : EDF marche sur le brisées d’Areva
Areva est considéré comme notre meilleure chance pour vendre partout dans le monde la technologie française dans le domaine du nucléaire. Areva possède en effet la technologie et fabrique le coeur de la centrale nucléaire, le réacteur. Face à lui, se trouvent sur le marché mondial Westinghouse/Toshiba avec son AP 1000, Mitsubishi avec l’USAPWR et General Electric avec l’ESBWR. Au-delà du réacteur, on trouve les fournisseurs du turbo alternateur en ligne qui transforme l’énergie de la vapeur produite dans le réacteur en électricité dont le Français Alstom est une grand fournisseur.
Encore plus en aval, se trouve l’exploitant final de la centrale parmi lesquels EDF est de loin le plus expérimenté au monde du fait du parc nucléaire français et qui sera, avec son homologue finlandais, le premier exploitant au monde à posséder l’expérience de la conduite des centrales de dernière génération type EPR. Entre les deux, il y a la phase de construction et d’homologation de la centrale, pour laquelle on peut voir, avec la construction de l’EPR finlandais, qu’une expérience de constructeur est un plus incontestable. Pour l’autre EPR en construction dans le monde, Flamanville, cette construction est partagée entre Areva et EDF.
Areva a tendance à se considérer comme le légitime dépositaire du savoir nucléaire français et s’est présenté comme tel en Finlande, en Chine et aux Etats-Unis. A l’occasion de la construction de l’EPR finlandais, Areva a choisi l’option de prendre en charge la construction et d’étendre ainsi ses compétences avec des fortunes diverses. Par contre, dans ses négociations en Chine, Areva a eu la surprise de voir EDF pointer le bout de son nez pour "vendre" indépendamment son savoir-faire en construction et conduite de centrale auprès des mêmes interlocuteurs.
Aux Etats-Unis où, comme on voit ci-dessus, les projets de nouvelles centrales nucléaires sont légion avec pas moins d’une trentaine de projets menés par une vingtaine d’électriciens. Areva avait poussé ses pions en signant il y a deux ans un accord avec l’électricien américain Constellation Energy pour faire homologuer l’EPR par les autorités locales, une tâche longue et difficile, et faire la promotion du réacteur chez les autres électriciens américains. Avec un certain succès puisqu’à ce jour quatre autres électriciens américains auraient chosis l’EPR
Et puis voiçi qu’EDF arrive également avec des armes différentes puisque en plus de l’offre de son expérience dans la conduite de telles centrales, EDF propose de participer aux investissements de ces projets, ce qu’Areva n’a ni les moyens financiers ni le désir de faire. Et pour ce faire choisit de travailler en coopération avec... Constellation Energy, le partenaire d’Areva.
Dans la pratique, EDF et Constellation Energy vont batir une co-entreprise 50/50, UniStar Nuclear Energy, qui investira elle-même dans des projets de centrales nucléaires. Ils en prévoient ainsi quatre dont la première serait sur le site de Constellation Energy à Calvert Cliffs dans le Maryland. Par la suite, il est prévu qu’EDF prenne une participation de 9,9 % dans le capital de Constellation Energy.
Rien à dire sur le fond de l’affaire qui reflète les ambitions d’EDF, premier électricien mondial, de s’implanter sur le premier marché mondial de l’électricité et d’y valoriser son savoir-faire. Par contre, mettez-vous à la place d’Areva, fer de lance du nucléaire français dans le monde jusqu’à présent. Elle a quand même l’impression de s’être fait doubler dans la dernière ligne droite par EDF qui a sans doute profité des efforts faits pour faire connaître la filière française et probablement même, profité des contacts qu’elle avait initié deux ans plutôt. En clair, Areva, et sa patronne Anne Lauvergeon, se sent un peu cocu. Pour deux sociétés filiales de l’Etat, ce n’est pas le meilleur exemple de coopération que l’on pouvait espérer...
Elle aura peut-être néanmoins sa revanche à court terme car en principe le mandat de M. Gadonneix, PDG d’EDF arrive à terme très bientôt en même temps que son âge approche la limite d’âge statutaire. Elle est apparemment considérée dans les arcanes du pouvoir comme un successeur potentiel à Gadonneix, mais sait-on jamais, on pourrait aussi modifier les statuts pour permettre à Gadonneix, qui y effectue un parcours remarquable, de poursuivre encore quelques années à la tête d’EDF...
A suivre
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