PSA, Renault, GoodYear, fin de l’automobile française ? Le 06/02/2013
Les plans de licenciement se succèdent dans l’automobile : PSA a annoncé la suppression de 8000 emplois en France, Renault (qui a pourtant déjà largement délocalisé) a annoncé à son tour la suppression de 7500 postes de travail. GoodYear, le fabricant de pneus, souhaite fermer son usine d’Amiens-Nord, entrainant la mise au chômage de 1200 salariés.
Il s’agit donc d’une hécatombe, comment en est-on arrivé là ?
La crise est en partie la cause de ce déclin de l’automobile en France, les ventes de voitures ont chuté de 14 % en 2012, tombant sous les 1,9 Millions de véhicules. Mais nos constructeurs font encore moins bien, PSA accuse une chute de -17,5 % et Renault de -22 %. Les deux constructeurs réunis ont vendus 1 000 000 de véhicules, soit 52,6 % du marché, alors que pendant longtemps, ils assuraient 60 % des ventes dans l’hexagone.
La crise n’est donc pas la seule explication. Les deux constructeurs ont un déficit d’image, et contrairement aux allemands (Mercedes a vu ses ventes augmenter de 5,3 %), ils n’ont pas réussi à se positionner sur le haut de gamme (qui est moins concurrentiel et aurait permis de continuer à vendre et à produire en France).
Mais ce n’est pas la seule raison du déclin, il est clair que le libéralisme échevelé auquel on assiste depuis de trop nombreuses années est lui aussi, une explication majeure de cet effondrement.
Le marché français voit l’arrivée sur le segment des petites voitures et du moyen de gamme de concurrents asiatiques (Toyota progresse de 0,6 % et Hyundaï de 28 %) ou de production en provenance de pays de l’Est, qui dans les deux cas profitent des bas coûts de production et des monnaies sous-évaluées de ces deux zones.
L’Euro fort et les salaires faibles de ces pays font peser sur l’une de nos dernières industries la même menace que celle qui a fait disparaître le textile ou l’informatique. La désindustrialisation de la France va encore s’accentuer alors que l’automobile restait l’un de ces domaines où nous étions encore exportateur net, il y a de cela quelques années.
Alors, peut-on encore sauver l’automobile française, ses capacités de production, ses emplois, ses capacités d’innovation ?
La solution des constructeurs a été simple : délocaliser, d’abord la production des pièces, puis l’assemblage et dernièrement les laboratoires de recherche. Pour faire face à des concurrents à bas prix l’on utilise les mêmes armes. L’on s’installe là où les salaires et la monnaie sont moins chers.
Cette solution ne peut en être une pour notre pays. Cette stratégie signifie accentuer notre déclin même si cela sauve les constructeurs. Renault sous l’impulsion de Carlos Ghosn, a été pionnier en la matière et il est désormais suivi de PSA, de Michelin ou de l’équipementier Valeo.
Pour réellement sauver nos emplois et l’avenir de cette filière, il faut avant tout avoir une vraie politique et une vraie stratégie industrielle. La solution de long terme : une monnaie moins forte (mais nos hommes politiques ne veulent pas d’une sortie de l’Euro) et des mesures protectionnistes ( mais là-encore pas question de contrarier le libre-échange de l’OMC).
Et c’est là que le bât blesse : nos hommes politiques du PS et de l’UMP sont bien « coincés », leurs marges de manœuvres sont très faibles.
Un bon geste tout de même dans leur direction, il existe quelques échappatoires qui pourraient donner un coup de pouce bienvenu à nos constructeurs.
L’on peut envisager dans un premier temps que la nouvelle banque d’investissement de l’Etat, leur fasse crédit à 0% pour le financement de leurs usines installées sur le territoire français. L’on peut aussi envisager une banque de réescompte faisant crédit à 0 % aux organismes de crédit automobile appartenant aux constructeurs pour les achats de véhicules fabriqués en France.
Pour ce qui est de faire face à la concurrence étrangère, il est possible de diminuer la contrainte extérieure. Par exemple, pour la fabrication de la 208 de Peugeot, il existe deux usines, l’une à Poissy en France (prix d’achat minimum 9500 €) et une autre à Trnava en Slovaquie où le véhicule coute 700 € de moins à fabriquer.
Il faut donc rendre le site français attractif, par le biais d’une taxe « écologique » sur la distance parcourue (2 centime d’euro par Kg pour 100 Km, cela représente déjà pour cette voiture de 1000 Kg : 300 € pour environ 1500 Km).
Mais, cela peut aussi se faire par le biais d’une TVA sociale spécifique aux activités productives : celle-ci permettrait de diminuer les charges payées sur les salaires (et donc le coût de production) et inversement d’augmenter le prix des produits importés.
Donc, au moins à court terme, nos hommes politiques du PS et de l’UMP, en faisant preuve d’un peu d’imagination pourraient au moins redonner un second souffle à notre industrie automobile. Mais en ont-ils encore la volonté ? La question peut se poser car les réponses qui se profilent sont avant tout un accompagnement social des salariés dont on va supprimer les emplois. Notre ministre de l’économie productive semble bien démuni.
Et pourtant, si nous n’y prenons pas garde, c’est l’ensemble de la filière automobile qui disparaîtra comme autrefois le textile ou la construction informatique. Alors, il est impératif que nos dirigeants aient un dernier sursaut avant qu’il ne soit trop tard !
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