Quand on a Cantona
Sur le seul site AgoraVox, le best of du week-end dernier ne proposait pas moins de 8 articles sur le sujet.
De quoi faire mentir ceux qui évoquent encore un coup d’épée dans l’eau.
Même si les différents articles ne faisaient que proposer leur propre analyse, ou répéter ce que l’on pouvait lire dans les médias traditionnels, allant du doute sur l’efficacité de l’action proposée par l’ex-footballeur, à la certitude du contraire, en passant par la gentille moquerie dénigrant le « révolutionnaire bancaire », on n’apprenait pas grand-chose de nouveau.
Certains ont évoqué l’irresponsabilité de Cantona à lancer pareille action, preuve s’il en fallait une, que le risque d’une crise était bel et bien réel. lien
D’autres, plus pragmatiques croient dur comme du fer que l’action devrait se continuer pendant plusieurs mois, et qu’en laissant de moins en moins d’argent sur les comptes, on affaiblit le système dans la durée. lien
Ils en veulent pour preuve que la crise irlandaise serait due en partie à une baisse des dépôts sur 3 petits mois.
Ceci entraînant une situation de fragilité, puisque le constat a été fait que le ratio crédit sur dépôt s’élève en Irlande à 275% alors qu’il n’est « que » de 180% en moyenne dans la zone euro.
Comme il est dit dans cet article, « les banques irlandaises sont sensibles au risque de liquidité » que nous pourrions traduire en langage plus direct : si des retraits importants étaient effectués, il n’y aurait peut-être pas assez d’argent dans les caisses pour honorer la demande des clients.
En tout cas, l’action lancée a largement fait tache d’huile, puisqu’en Belgique, Géraldine Feuillien, une réalisatrice, à repris l’idée à son compte, traduisant l’appel en anglais, et italien, provoquant des forums passionnants. lien
Les banques sont très discrètes sur le sujet, s’organisent en secret (lien) et quelques nouvelles commencent à filtrer :
S'il faut en croire la banque postale, 700 000 retraités des régions Paca, Languedoc Roussillon, Bourgogne, et Nord Est, ont reçu leurs pensions avec retard, mais est-ce une conséquence de l’action du 7 décembre ?
En tout cas l’information a été donnée à l’AFP par l’agent comptable de la Cnav, Pascale Robakowski. lien
En Belgique, Michel Vermaerke, administrateur de la Febelfin (fédération belge du secteur financier) a déclaré :
« Cette action peut déstabiliser notre fragile système financier ! Certaines institutions bancaires ont du être sauvées par le gouvernement en raison des conséquences de la crise du crédit. Un tel sauvetage ne doit pas être réitéré car il est très couteux ». lien
Or, si les citoyens excédés des largesses faites aux banques, et de la misère dans laquelle les peuples sont plongés, continuent de retirer leur argent des banques, cela pourrait bientôt poser de réels problèmes.
Il faut quand même rappeler que si la situation est grave aujourd’hui, c’est parce que les banques ont joué, (et perdu) avec la cagnotte commune. (779 milliards d’euros). lien
Beaucoup de « bankrunners » ont décidé de confier leur argent à des organismes fiables, plus portés par le souci d’aider des gens, œuvrant pour le développement des projets d’économie sociale et solidaire, que par spéculer.
Crédit Coopératif, la Nef, la Foncière Terre de liens…et d’autres, le choix ne manque pas.
Il est probable que Cantona ne s’attendait pas, en donnant le 8 octobre 2010 une interview proposant cette révolution en douceur, qu’elle aurait été écoutée, entendue et suivie.
Face aux « banksters », il a opposé les « bankrunners »
Pour sortir de la crise, l’effort est demandé surtout au citoyen, et on n’observe pas ici ou la, une pression accrue sur les plus nantis du pays.
Liliane Bettencourt, même si elle s’est retirée sur la pointe des pieds de l’affaire qui la concerne, en laissant maintenant l’UMP, Sarkozy et Woerth s’expliquer sur le financement de la campagne présidentielle de 2007, n’en a pas moins profité d’avantages financiers considérables, et il reste toujours des millions d’euros planqués bien au chaud dans les paradis fiscaux.
Elle n’est hélas pas un cas isolé.
Mais regardons de plus près ce que l’Etat fait de son coté pour mettre un terme au gaspillage.
Pour l’instant, on n’en voit pas vraiment de signes tangibles.
L’élu présidentiel, pour faire comme Bush, s’est payé un Airbus, avec forces raffinements d’équipements, et la facture est lourde : 60 millions d’euros pour l’achat, 91,5 millions pour l’aménagement, 20,5 millions pour la sécurisation des communications et les systèmes d’écoute, et 4 millions pour la qualification de l’appareil, soit un total de 176 millions d’euros, auxquels il faut rajouter le prix de l’heure de vol : 20 000 euros, et les dérapages financiers prévisibles. lien
On connait les déboires de notre VRP présidentiels qui accumule les contrats non signés, ce qui provoque l’achat par l’état du « célèbre » Rafale. lien
En effet, à ce jour, pas un seul de ces avions n’a été vendu, et nous sommes donc obligé d’en acheter à Mr Dassault, l’avionneur UMP bien connu. lien
80 millions d’euros, c’est le prix proposé à la vente, et même si l’état profite d’un « tarif préférentiel »,
A la fin de cette année nous aurons acheté 93 rafales, pour un total de 5 milliards d’euros, et lorsque la commande totale aura été livrée (286 Rafales) ce seront près de 16 milliards qui s’envoleront. lien
Après les avions, passons aux sous-marins nucléaires.
Depuis 1997, 4 sous marins nucléaires ont été lancés, dont le dernier en date « le terrible » mis en service actif en septembre 2010. Au total, la note est salée : 24 milliards d’euros.
Officiellement, le prix d’un sous marin nucléaire est de 2,5 milliards, mais c’est sans compter sur les missiles : développement et mise en œuvre pour un minimum de 8,5 milliards d’euros.
Sommes-nous donc en guerre pour justifier pareilles dépenses ?
N’y a-t-il pas d’autres urgences dans notre pays ou 800 000 personnes sont sans abris depuis la promesse présidentielle affirmant « je veux, si je suis élu président de la république que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir »
C’était en 2007…3 ans après on voit le peu de chemin parcouru.
800 000 sans abris, c’est 200 000 logements.
Or construire 200 000 logements sociaux, c’est engager un peu plus de 50 milliards d’euros, soit le prix des sous-marins nucléaires, des rafales, et de quelques autres gaspillages. lien
Sans compter que cet investissement relancerait la construction, et serait remboursé rapidement par les bénéficiaires.
On n’a pas oublié le célèbre grand emprunt de 35 milliards d’euros de décembre 2009 qui devait relancer la dynamique économique du pays.
8 milliards de cet emprunt ont été alloués à la recherche pharmaceutique, domaine de compétence de François, frère du président. lien
Pour rester dans le même domaine, on se souvient des 2 milliards partis en fumée pour des vaccins inutiles suite à l’incompétence de Roselyne Bachelot, toujours en poste. lien
Une partie de cette manne devait aussi permettre d’avoir les meilleures universités du monde.
Il faut croire que l’argent n’est pas arrivé à destination, puisque la France vient de voir sa cote universitaire s’effondrer.
Nous étions placés en 2007 à la 42ème place mondiale,
Le dernier classement (septembre 2010) place la première université française à la 140ème place (Université Pierre et Marie Curie), si on écarte les grandes écoles, qui ne sont pas à proprement parler des universités.
Le classement total est à découvrir sur ce lien.
Il faut savoir qu’aux Etats Unis les dépenses totales pour l’enseignement supérieur représentent 3,3% du produit intérieur brut, alors que les 25 pays européens en sont à 1,3%. lien
Pour terminer sur le chapitre (incomplet) des gaspillages et des solutions, pourquoi le gouvernement ne donne-t-il pas l’exemple ?
Car plutôt que de doubler son salaire, notre « conducator » aurait pu faire le contraire : baisser le salaire de son premier ministre, et en profiter pour baisser celui de tous ses ministres, des députés, des sénateurs à l’instar de ce qu’a fait en Cote d’Ivoire, Alassane Ouattara lorsque Houphouët-Boigny l’avait appelé au chevet du pays ruiné. lien
Ce même « conducator » pourrait aussi éviter de mobiliser 1500 gendarmes pour la plupart de ses déplacements, éviter d’utiliser un AirBus pour se rendre de Paris à Valence, ( lien) éviter d’offrir des réceptions fastueuses, comme le sommet de la Méditerranée pour lequel plus de 5000 euros par personne ont été gaspillés. lien
Pas surprenant des lors qu’il y a peu, les « très satisfaits » de Sarközi n’étaient que 3%. lien
Le budget de l’état 2011 prévoit un déficit de 92 milliards d’euros. lien
Il est peut-être temps d’arrêter les dégâts, et la solution proposée par Cantona, se justifie chaque jour un peu plus.
Car comme disait mon vieil ami africain :
« Aucun arbre n’a donné des fruits sans avoir eu d’abord des fleurs ».
L’image illustrant l’article provient de « blogfoot.dna.fr »
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