Recréer une économie plus à l’écoute de la terre et de ses habitants : relocalisation, transition et créativité
Les limites de notre économie financiarisée, crise sociale, financière, écologique, économique montrent qu'une transition est indispensable. Comment faire cette transition ? Comment inclure l'existant dans cette transition qui implique de ne pas forcément faire table rase avec le passé ?
La crise actuelle est le facteur de 3 crises majeures, écologique, sociale et financière qui finissent par handicaper l'économie dans son ensemble.
La consommation excessive de ressources basées sur une exponentialité constante de la consommation n'est pas tenable à plus ou moins long terme. La terre est unique et les ressources sont en quantités limités.
Cet accroissement de prélèvements des ressources pose aussi de graves problèmes environnementaux qui se répercutent sur l'humanité. On a ainsi de moins en moins de terres agricoles alors que l'on doit nourrir une population toujours plus nombreuse.
L'objectif de produire toujours plus de marge surtout pour les grandes entreprises cotés en Bourse finit par réduire de façon alarmante la rentabilité des petites et moyennes entreprises qui elles,voient leurs marges de plus en plus réduites.
Cet objectif en vient à monopoliser des secteurs d'activités entiers et de réduire les TPE/PME a de simple sous traitants privés de toute marges de manœuvre. Celle-ci dépendent à la fois pour le financement, mais aussi pour le marché de ces grosses entreprises souvent multinationales.
Le territoires donc devient secondaire. Il n'est plus qu'un réservoir de main d'œuvre ou le coût de cette main d'œuvre devient alors la variable essentielle.
L'infrastructure donc arrive au premier plan. La distance avec le reste de la terre doit être gommée. L'entreprise se place donc dans un processus qui la dépasse. Elle gère seulement un bien qu'elle transforme ou un service précis.
L'effort de désenclavement commencé au 19e avec un maillage de routes mais surtout de voies ferrées, s'est poursuivit au 20e siècle. Cependant, à la fin de ce siècle, les investissements deviennent de plus en plus lourds. Un territoire pour être désenclavé se doit de posséder un aéroport, une LGV (ligne à grande vitesse) et une autoroute.
L'investissement est très cher et une grande partie des territoires sont délaissé au profit des grandes agglomérations qui disposent déjà d'une puissance économique forte. C'est le cas de ce qui va devenir les métropoles. Celles ci vont « vassaliser » les territoires aux alentours qui deviendront soit des zones économiques de second ordre, soit des cités dortoirs.
Le territoire de Belley par exemple, bien qu'ancien évêché et sous préfecture, ne fait pas parti des métropoles. Il n'y aura jamais d'autoroute à Belley comme il n'y aura jamais de LGV dans le territoire Belleysan.
On voit que l'intérêt d'un petit territoire (non pas par la taille mais par la puissance économique) n'est pas d'entrer en concurrence avec les métropoles économiques, ni d'entrer dans une vassalisation économique.
Pour revitaliser l'économie d'un petit territoire, il est nécessaire de retrouver une marge de manœuvre ou le territoire retrouve sa place dans l'économie. Une partie du processus économique doit être maîtrisé par la population. Il est nécessaire de relocaliser l'économie qui passe non seulement par un circuit court au niveau de la population mais passe aussi par la réappropriation du tissu économique dans le but de valoriser le territoire.
Cette réappropriation passe par une maîtrise du marché (on compte sur le marché local) mais aussi sur des financements locaux et contrôlés. De nouveau outils peuvent être mise en place pour augmenter les flux monétaires locaux mais aussi faciliter les investissements.
Créer une monnaie locale en complément de l'euro ou du franc est une bonne manière pour relocaliser une économie mais aussi pour favoriser une économie plus sociale et solidaire. (1)
L'économie sociale et solidaire est une forme importante de l'économie puisqu'elle représente 30% de notre économie actuelle. Sa force, c'est qu'elle n'est pas basée sur des capitaux, mais qu'elle se base sur des humains. Elle privilégie le savoir faire au capital.
Le revenu de base entre à la fois dans le processus d'économie social et solidaire mais aussi dans le cycle d'innovation et de créativité qui va permettre une économie de demain plus soucieuse de la terre et de ses habitants. (2)
C'est grâce à de l'innovation et de la créativité hors de la contrainte de la carotte et du bâton, que nous avons eu la permaculture, les énergies renouvelables ou wikipédia entre autres.
Par exemple, ceux qui ont développé une partie des énergies renouvelables l'on fait car ils étaient d'abord motivés pour montrer qu'il existait une alternative au nucléaire. L'économie traditionnelle n'a développé dans le secteur de l'énergie que des emplois dans le pétrole ou le nucléaire. Le pétrole et le nucléaire sont des processus où la spécificité du territoire n'intervient pas. Les énergies renouvelables utilisent par contre la force du territoire.
Le développement des énergies renouvelables dans toutes les économies montre la validité d'un tel choix, pas seulement dans la lutte que se livre pro-nucléaire d'avec anti-nucléaire mais plutôt au niveau de la rentabilité par rapport à l'investissement et à l'environnement mais aussi à un mieux vivre évident.
Une nouvelle façon d'envisager le travail est pertinente car atteindre le Graal du plein emploi avec l'économie actuelle est impossible. La hausse de la productivité créée du chômage donc des inégalité à la fois dans le revenu mais aussi dans la dignité. Il faut de moins en moins de personnes pour produire plus. Et cela se voit y compris dans les services. La croissance actuelle n'est plus assez forte pour recréer des emploi pour ceux qui sont victimes de la hausse de la productivité.(3)
D'autre part, on peut se poser la question des conséquences d'une croissance économique absolue sur l'environnement. En outre, séparer activité et revenu permet une économie qui rationalise et optimise les tâches sans pénaliser l'humain et le territoire.
L'avenir passe donc par surmonter la crise financière en ré-humanisant et reterritorialisant l'économie ; par surmonter la crises sociales, en assurant un revenu et une vie digne à tous le monde, et à surmonter la crise écologique pour anticiper la raréfaction des ressources.
La relocalisation de l'économie permettra d'économiser la construction de nouvelles infrastructures mais surtout d'économiser de l'énergie.
Donc l'avenir passe par l'économie de demain qui est de permettre l'innovation et la créativité en lien avec le territoire dans le respect de ses habitants et de l'environnement dans un objectif d'amélioration de la qualité de vie. Créer une économie sociale et solidaire, respectueuse de l'homme et de l'environnement suppose aussi une conditionnalité des aides publiques en faveur de ce changement.
(1) conférence de Frédéric Bosqué à Genève : http://www.youtube.com/watch?v=aMGFIdJG71Q
(2) revenu de base : http://revenudebase.info/
(3) La croissance, un totem remis à zéro : http://liberation.fr/economie/2013/08/12/la-croissance-un-totem-remis-a-zero_924484
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