Sans transition, la chute !
Ségolène Royal vient de proposer son « fameux » plan de transition énergétique, et pour avoir beaucoup attendu pendant plus de deux ans, nous n’avons pas perdu grand-chose.
Ce plan largement insuffisant manque singulièrement d’ambition et de pertinence.
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La transition veut que l’on passe d’un stade à un autre…ce qui implique de passer des énergies sales et dangereuses aux énergies propres et sans peu de risques.
Or, la France est, on le sait, largement soumise au lobby nucléaire, d’autant que la part du nucléaire dans notre potentiel énergétique est prédominante.
Il fallait donc d’entrée signifier la décision de remplacer progressivement cette énergie mortifère par les énergies non fossiles au fur et à mesure de la mise en place de celles-ci, mais le plan de la ministre est très silencieux sur ce point.
La promesse de campagne de son ex de fermer Fessenheim dès son élection, repoussée à 2017, n’est même plus évoquée…et de toute façon, comme les procédures administratives de fermeture demandent au moins un délai de 3 ans, cette fermeture pour 2017 est aujourd’hui techniquement impossible.
Un plan cohérent de transition énergétique devrait donc choisir la situation inverse de ce qui est envisagé, car c’est d’abord sur l’arrêt du gaspillage énergétique qu’il devrait porter.
On sait que le gigantisme des installations énergétiques sont un facteur important de gaspillage, puisque cette énergie ne pouvant être consommée à proximité, il faut donc la transporter, la perte énergétique étant proportionnelle à la distance parcourue.
Exit donc les immenses champs d’éoliennes, les centrales photovoltaïques géantes, et bien sûr les grosses centrales thermiques, au profit d’installations plus modestes permettant prioritairement la consommation de l’énergie sur place.
A titre d’exemple, en 2012, pour 541 388 millions de kilowatts-heure produits, seulement 455 200 ont été consommés. lien
Ajoutons pour la bonne bouche que la chaleur produite par les centrales thermiques au dessous d’une certaine température, qu’elles tournent au pétrole, au charbon, ou au nucléaire, est perdue, entrainant ainsi un gaspillage énergétique important. lien
Cette production d’énergie décentralisée aurait un autre avantage, celui de réduire drastiquement le nombre des pylônes THT (très haute tension) : il y en a tout de même 200 000 dans notre pays, ce qui serait une bonne nouvelle pour notre santé, ces lignes étant suspectées d’être vectrices de cancer, (lien) et pour les oiseaux dont on sait que 1370 trouvent la mort chaque année à cause de ces lignes THT. lien
Ce serait aussi une bonne nouvelle pour nos paysages, largement handicapés par les 100 000 kilomètres de lignes, d’autant qu’elles pourraient être enterrées. lien
Ce choix de décentraliser l’énergie réduirait le gaspillage et permettrait de fermer 12 réacteurs nucléaires.
Parallèlement à cette option, une meilleure isolation des appartements, et des entreprises, permettrait de diminuer par 2 notre consommation d’énergie.
Une fois ce chantier ambitieux réalisé, outre le fait qu’il sera créateur de centaines de milliers d’emplois, il permettrait d’économiser 19 MTep (millions de tonnes équivalent pétrole), et donc de fermer 10 réacteurs nucléaires. lien
Il y a 9 millions de points lumineux dans notre pays, (lien) qui correspondent à 47% de notre consommation d’électricité.
Il existe des réverbères autonomes en énergie, équipés de panneaux photovoltaïques, (lien) d’autres qui ne se déclenchent que lorsque c’est nécessaire, ce qui permettrait de jolies économies. lien
Ensuite, il faut admettre que le chauffage électrique est une aberration, puisque grâce à la chaleur des centrales thermiques, on fabrique de l’électricité, que l’on retransforme en chaleur.
En choisissant la chaleur directe, par la géothermie de moyenne profondeur, chaque fois que c’est possible, on peut réaliser une importante économie. lien
Des immeubles de bureaux restent sans raison compréhensibles éclairés des nuits entières.
En faisant des économies dans ces 3 domaines, ce seraient 10 réacteurs nucléaires supplémentaires qui pourraient être fermés.
Mais quel est le programme de la nouvelle ministre de l’environnement ?
Des voitures électriques pour tous ?
Une bonne idée pour supprimer la pollution ?
Ça reste à prouver. lien
En effet, ce serait oublier que l’énergie électrique vient en grande partie de nos vieilles centrales nucléaires, et qu’en matière de pollution, il devrait être possible de faire mieux.
En offrant un bonus de 10 000 euros, elle va bien sur faciliter le développement de ce type de véhicule…le cadeau est généreux, mais qui va payer au final ?
L’état, par nos impôts, et en fin de compte, c’est bien au consommateur qu’il reviendra d’assumer l’ardoise.
D’autant que certaines voitures électriques, comme la Renault Zoé (lien) par exemple, coute moins cher qu’une Clio diésel, 13 700 € pour la Zoe contre 18 600 € pour la Clio diésel premier prix. lien
De plus le propriétaire de la voiture électrique sera contraint de payer au moins 948 € par an pour la location de la batterie, ce qui correspond à une capacité d’achat en carburant de 632 litres, soit de faire près de 13 000 km/an.
Par contre, encourager de petites centrales photovoltaïques dont les conducteurs seraient propriétaires permettrait de ne plus dépendre du nucléaire dans ce domaine.
Pourtant il y avait beaucoup mieux à faire en se tournant vers le méthane artificiel, méthane que l’on peut produire en quantité en utilisant les déchets animaux et végétaux, lequel une fois purifié peut tout à fait remplacer le GPL. lien
On sait que le potentiel du méthane productible atteint les 54 MTep, l’équivalent de la production de 28 réacteurs nucléaires (lien) or le poste transport représente moins de 49 millions de tonnes de pétrole par an, prouvant ainsi que nous pourrions remplacer dès demain tout le pétrole consommé, améliorant ainsi considérablement notre balance commerciale, et réduisant drastiquement la pollution. lien
En résumé cette transition permettrait dans un premier temps de fermer 12 réacteurs nucléaires en décentralisant l’énergie, 10 autres réacteurs en isolant mieux habitations, commerces et entreprises, et 10 autres en cessant le gaspillage électrique…si on ajoute à ces 32 réacteurs fermés, les 28 remplacés par la méthanisation produite, on découvre que le parc nucléaire pourrait facilement et rapidement être fermé, sans évoquer les autres sources d’énergie propre : les micro centrales hydrauliques, l’éolien, le photovoltaïque, etc…
Quant à la fameuse écotaxe rebaptisée « péage de transit poids lourds », sur le fond, même si elle est moins pénalisante, puisqu’elle ne concerne plus que 4000 km du réseau routier national, (au lieu des 15 000 km précédents) et qu’elle ne touchera pas la Bretagne, elle reste le type même de la mauvaise bonne idée. lien
La taxe sera de 13 centimes d’euros par kilomètre, et bien logiquement les transporteurs vont la reporter sur le cout des marchandises transportées, pénalisant au final le consommateur, dont le porte feuille est déjà vidé par les taxes, et les impôts précédents.
Manuel Valls a beau affirmer : « c’est le principe utilisateur-payeur », le payeur sera bel et bien le consommateur. lien
Pas de quoi relancer la croissance voulue par le gouvernement, et au final, provocant la logique augmentation du chômage. lien
Il y avait pourtant beaucoup mieux à faire.
On connait le problème récurant du fret ferroviaire que les professionnels considèrent actuellement à juste titre comme non fiable : trop lent, les convois se trainant en moyenne à 20 km/h, trop cher, pas sur : des wagons se perdent dans la nature… alors comment ne pas comprendre qu’ils préfèrent la route au rail. lien
Il existe pourtant une solution.
Deux ingénieurs isérois ont planché sur la question découvrant que pour rendre le rail compétitif avec la route, voire plus performant, il fallait pouvoir charger et décharger les marchandises en moins de 6 minutes, s’affranchir des pentes, et pouvoir rouler à 120 km/h…
Alors ils ont étudié, et inventé « R-shift-R », concept qui permet de répondre aux critères de réussite. lien
Ils ont obtenu une reconnaissance en matière de projet innovant pour le transport ferroviaire.
Comment ne pas imaginer que lorsque celui-ci sera opérationnel, il prendra des parts de marché à la route, en utilisant les voies existantes, après quelques améliorations ?
C’est ce qu’ont fait les ingénieurs autrichiens dans le secteur du tunnel du Brenner, par des aménagements sophistiqués qui enlèvent la quasi-totalité des nuisances dégagées par la ligne existante. lien
Mais en France, manifestement, les énarques au pouvoir semblent avoir quelques difficultés à comprendre tout ça…
Alors le gouvernement continue dans l’impasse des impôts et des taxes, sachant d’avance que ça ne fera qu’appauvrir un peu plus les français.
Comme dit mon vieil ami africain : « le taux de radiation est autant élevé à pôle emploi qu’à Fukushima ».
L’image illustrant l’article vient de « contrepoints.org »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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