SMIC : Argumentaire et Contre-Argumentaire
Le 1er Janvier 2014, le SMIC Salaire minimum interprofessionnel de croissance sera augmenté de 1.1%. Cette augmentation légale suit une hausse des prix des biens de consommation touchant les ménages les moins aisés. Son montant sera de 1445/1113 euros brut/net salarié pour 35 heures hebdomadaires, un taux horaire de 9.53/9.43 €. Cela concernera 3.1 millions de travailleurs.
Le SMIC existe depuis 1970, mais le salaire minimum auparavant SMIG existe depuis 1950.
Le principe d’un salaire minimum garanti par l’Etat est donc installé depuis bien longtemps en France. Ce principe pourtant perçu comme un droit naturel et essentiel du travailleur présente des inconvénients, voir considéré comme malveillant envers l’emploi.
Le but de cet article est d’ici d’exposer succinctement les arguments en faveur et en défaveur d’un Salaire minimum garanti par l’Etat. Il n’y a pas nécessairement de lien entre ces arguments et j’ai cherché à vous les présenter sans parti-pris idéologique.
En faveur d’un Salaire minimum légal
- Le Salaire minimum légal est avant tout un salaire de subsistance, qui permet de subvenir à ses besoins naturels (se nourrir, se loger…)
- Le Salaire minimum légal protège le travailleur de la pauvreté et de la misère.
- Le Salaire minimum légal protège le salarié contre une certaine forme d’exploitation de la part de l’employeur.
- Le salaire de subsistance doit être au-dessus du seuil de pauvreté.
- Un salaire minimum légal suffisamment élevé encourage l’employé à être productif et méritant. (Théorème du salaire d’efficience)
- Ce salaire efficient permet à l’employé de non seulement subvenir à ses besoins mais de s’épanouir personnellement, de consommer davantage au bénéfice du système économique.
- Le salaire minimum garanti préserve la paix sociale. Le salarié en tant que prolétaire, ne développe pas de rancœur ou de mécontentement de classe.
- Le salaire minimum légal est un moyen de redistribution de richesse récompensant le travailleur, producteur de richesse.
- Le salaire minimum légal réduit les écarts de salaire entre les travailleurs.
- Le salaire minimum légal finance davantage les différents systèmes de protection sociale.
- Le salaire minimum légal donne un meilleur pouvoir d’achat, donc de meilleurs rentrés fiscales (TVA).
- L’employé payé un salaire minimum légal bénéficierait moins (moindre nécessité et plafond de revenus) de la protection sociale.
En Défaveur d’un Salaire minimum légal
- Le Libéralisme, dans le champ de l’économie, défend le libre contrat entre individus. Le salaire est librement négocié entre l’employeur et l’employé. Il est par principe interdit à une tiers partie (L’Etat entre autres) d’imposer un salaire minimum.
- Malgré le taux de chômage, un demandeur d’emploi est suffisamment raisonnable et responsable pour ne pas accepter un salaire trop bas.
- Certains travaux ne valent pas d’être payés au taux horaire du smic. L’employé ne serait pas rentable. Cela impliquerait de ne pas employer ou de licencier.
- Le salaire minimum légal ne serait pas un si gros problème s’il n’était pas l’un des plus élevés d’Europe.
- En comptabilité, un salaire est inscrit aux comptes des charges. Il est une dépense, pas un investissement, qui affecte négativement le résultat d’exploitation (les bénéfices).
- Le salaire minimum crée du chômage. Il reste trop élevé pour beaucoup d’entreprise et son augmentation systématique chaque année pousse les employeurs à licencier.
- Le salaire minimum légal est avant tout une barrière pour le recrutement de chômeurs non qualifiés.
- La suppression d’un salaire minimum légal permettrait de réduire le chômage, quitte à voir augmenter la part des travailleurs pauvres.
- Plus cyniquement, un salaire minimum légal encourage les entreprises à délocaliser une partie de l’emploi.
- Sans salaire minimum légal, les coûts de la vie baisseraient mécaniquement pour suivre le pouvoir d’achat des plus bas salaires.
- Le salaire minimum légal arrange les comptes des pouvoirs publics aux dépens des entreprises.
En Conclusion
Le salaire minimum a des effets pervers sur l’économie. Il est certain qu’il fait partie d’un cercle vicieux qui entretient un chômage structurel. Mais il n’en est pas la seule cause. Sa simple suppression sans d’autres réformes aurait aussi des conséquences perverses sur la population active.
Si on veut créer un cercle vertueux de croissance et d’emploi où il serait inutile d’avoir recours à un salaire minimum légal, on pourrait commencer entre autres par :
- Alléger la fiscalité sur les entreprises.
- Alléger la fiscalité sur les particuliers.
- Alléger les cotisations sociales en réformant la retraite, l’assurance chômage, la sécurité sociale.
- Améliorer la formation professionnelle des demandeurs d’emploi.
- Flexibilité et Sécurité des travailleurs
D’autres pistes alternatives au SMIC peuvent être envisagées :
- Il serait laissé aux syndicats seuls l’initiative de négocier un salaire minimum conventionnel.
- La part des charges patronales et salariales pourraient baisser drastiquement. Bien sûr cela impliquerait d’importantes réformes de nos systèmes de retraite, de santé, d’assurance chômage.
- La création d’un vrai statut d’emploi non-qualifié, dûment défini et légiféré entre partenaires sociaux pour éviter les abus.
- L’intéressement des salariés aux résultats de leurs entreprises. Le salaire serait composé d’une part fixe et d’une part variable.
- Un salaire-forfait en paiement non de tant d’heures de travail mais du résultat du travail accompli.
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