Solaire photovoltaïque : enfin un réveil français ?
Le Premier ministre a annoncé mardi de nouvelles dispositions en faveur du solaire photovoltaïque. Je tente ici de décortiquer ces mesures et de répondre à ces questions : seront-elles efficaces à la fois en matière de production renouvelable et alternative et en matière de relance de notre industrie photovoltaïque ?
D’abord, quelles sont ces mesures ?
- Confirmation du crédit d’impôt de 50 % du montant du matériel pour la résidence principale
- Augmentation des tarifs d’obligation d’achat imposés à EDF et aux distributeurs privés :
- 30 cE/kWh pour tout le monde (particuliers, collectivités, professionnels) et quel que soit le support.
- Surprime de 25 cE/kWh soit 55cE en tout pour les solutions intégrées au bâti.
Venons à l’analyse de ces mesures :
- une première annonce avait été faite en novembre 2005, on attend toujours le décret d’application.
- la surprime de 25 cE/KWh pour l’intégré au bâti se justifie difficilement et n’est pas encore définie clairement (intégré en toiture inclinée, apposée sur toit plat, en façade ?).
- 30 cE/kWh pour le reste, c’est toujours trop peu, en comparaison je reçois 51 cE/kWh pour mes centrales en Allemagne.
- l’incompréhensible contingent de 1500 kWh racheté par an et par kWc installé demeure. Or avec des trackers, on pourrait atteindre 1800 kWh/kWc dans le Sud de la France, 2000 en Corse et 2200 dans les DOM, ce qui rendrait alors le tarif de 30cE/kWh en adéquation avec le contexte économique. Nous avons un avantage : notre ensoleillement qui nous permettrait de développer le PV aussi efficacement et à moindre coût qu’en Allemagne (40 cE/kWh suffirait contre 51 cE) mais nous n’en profitons pas.
C’est comme si on contingentait le nombre de kWh produit par une éolienne a 3000 kWh/kW/an...
Finalement, les grands gagnants sont les particuliers qui bénéficieront de 30 cE (et non pas 22,5), de l’abattement d’impôt de 50% du coût de matériel, d’une réduction de taxe foncière et suivant les régions, d’une prime.
En résumé, Villepin a bien compris que les EnR plaisent, et que les aider peut faire croire qu’on se préoccupe des ressources nationales d’énergie, mais il réussit surtout à se refaire à bon compte.
Enfin, ne gâchons pas notre plaisir : c’est un pas dans le bon sens, il en faudra beaucoup d’autres.
En comparaison avec l’Allemagne, on l’a vu, la France reste peu attirée par l’investissement solaire, la comparaison avec l’Espagne et l’Italie conduit au même constat. Cette mesure ne viendra que faiblement en aide à nos constructeurs nationaux qui ont déjà pris un énorme retard de développement par rapport aux constructeurs soutenus politiquement (Allemagne, Japon, Espagne) ; pour être plus efficace, il eût fallu décider tout cela il y a cinq ans.
Au lieu de 4 MWc de puissance installée par an, il va s’en installer peut-être dix fois plus, or 1 MWc produit 1000 MWh en moyenne par an sous nos latitudes, pas de quoi résoudre le problème de notre dépendance énergétique. D’autres pays, tels que l’Espagne ou les USA, ont des politiques plus volontaristes : les décisions politiques contribuent à forger des industries du solaire photovoltaïque et du solaire thermoélectrique ou thermodynamique (centrale à tour à sel fondu, concentrateurs hyperboliques et paraboliques).
A présent voici les derniers chiffres sur le photovoltaïque, parus récemment :
- Puissance installée mondialement en 2005 : 1460 MWc, en hausse de 37%, dont 837 MWc pour la seule Allemagne (total mondial 2004 : 1 120 MWc).
- Production
de panneaux PV : 1656 MWc de puissance, en hausse de 39%, dont 46% de part de
marché pour le Japon et 28% pour l’Europe.
La puissance cumulée mondiale atteint à présent 5000 MWc y compris les installations non connectées au réseau qui prennent une part de plus en plus réduite au total. - Perspectives : 2010 devrait voir la puissance installée annuellement atteindre entre 3200 et 3900 MW pour un chiffre d’affaire de 18,6 a 23,1 milliard de $. Source : SolarBuzz.
Note : on se dira rapidement que le solaire ne pourra pas satisfaire aux besoins mondiaux en énergie, or les chiffres cités plus hauts ne tiennent pas compte du solaire thermoélectrique ni de l’addition des autres énergies renouvelables.
Il est à déplorer que la France n’ait, par la politique de ses gouvernements successifs, qu’une très faible part du chiffre d’affaire mondial, ainsi que des emplois à forte valeur ajoutée créés en conséquence.
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