Spartacus versus Carolus Marxus
Cette réflexion a été provoquée par l'article d'un auteur qui publie sous le pseudonyme Spartacus. Il prétend traiter du Smic mais il annonce d'abord la couleur sous la forme reproduite ici en italiques.
Cette réflexion n'est exprimée qu'à regret et accompagnée des plus profondes excuses à tous ceux pour qui c'est un b.a.-ba qu'ils connaissent depuis longtemps et qu'ils amenderont si nécessaire.
- http://www.google.fr/imgres?um=1&sa=N&biw=1024&bih=403&hl=fr&tbm=isch&tbnid=9RL1Ydk5Kk_yBM :&imgrefurl=http://ragemag.fr/du-pain-et-des-jeux-les-satires-de-juvenal-et-le-sport-32111/&docid=uS8Ho8z-LjBdQM&imgurl=http://ragemag.fr/wp-content/uploads/2013/06/gladiateurs-300x266.jpg&w=300&h=266&ei=AFpoUtOHH4nX4ASn8YGoDQ&zoom=1&iact=rc&dur=219&page=2&tbnh=135&tbnw=169&start=13&ndsp=16&ved=1t:429,r:13,s:0,i:121&tx=94&ty=68
-Du point de vue du salarié, le salarié, loue sa force de travail à son employeur, et transforme un certain nombre de produits, ou services dont le droit de propriété appartient à l’entreprise. Il attend à la fin du mois les revenus de la location de sa force de travail pour vivre.
-Pour le point de vue de l’entreprise, l’employé est payé pour la force de travail qu’il a amené dans l’entreprise.
Pour l’entreprise le paiement du salaire est une avance sur la vente du produit ou du service fini. En effet, en payant la force de travail du salarié, l’entreprise propriétaire du produit ou service fini, a acheté le service de la force de travail du salarié sans avoir la certitude que la transformation va être vendue. Le paiement d’un salaire est donc un risque pour l’entreprise. Ce qui se traduit simplement, par une prise de risque pour l’entreprise que le salarié ne prend pas. (*)
Quelles que soient les conséquences que l'auteur tire ensuite de ce préambule (dans lequel il rend quand même inconsciemment hommage au marxisme en lui empruntant sa "force de travail", mais c'est bien tout), seraient-elles favorables au smicard qu'il voudrait voir gagner davantage (ce dont il est permis de douter a priori !), il faut proposer une autre façon de concevoir les choses. Ensuite, il appartiendra au lecteur de choisir.
Il convient de préciser qu'il va s'agir ici de théorie, c'est-à-dire qu'un effort pour s'arracher aux apparences immédiates est nécessaire, celles auxquelles se cramponne notre auteur, de même que la descente d'un skieur, la chute d'une feuille morte, la ponte d'un oeuf ou avoir les pieds sur terre, malgré leurs disparités phénoménales, relèvent de la loi de l'attraction universelle.
D'abord, essentiellement, le capital est un procès, un mouvement. Sinon c'est de la valeur qui dort. Et pour simplifier l'explication, nous allons considérer que ce procès s'effectue en un mois.
Le prologue du procès comporte deux personnages. Le capitaliste a le capital C concrétisé sous la forme de l'usine, de la matière à travailler et du montant du salaire qu'il versera au travailleur. Le travailleur a sa force de travail. Que le capitaliste ait dû ou non emprunter n'entre pas ici en ligne de compte : c'est toujours de capital qu'il s'agit. De même que l'on ne s'occupe pas de la façon dont vit l'ouvrier qui doit attendre son salaire.
L'épilogue du procès, un mois plus tard, trouve le travailleur avec son salaire et le capitaliste avec le capital C'.
Du point de vue du capitaliste, il est clair que C' >C. C'est-à-dire qu'il récupère sa mise C avec un supplément : la différence C'- C qui représente la plus-value sans laquelle il ne mettrait rien en oeuvre. Autrement dit, sans laquelle il ne serait pas un capitaliste. C'est miraculeux pour lui, et pour tout le monde semble-t-il, et pourtant...
Eppur si muove !
Ce que le travailleur ajoute comme valeur v à la matière qu'il transforme n'a aucun rapport avec le salaire s qu'il reçoit pour vivre. Ou alors aussi ténu que celui du battement de l'aile d'un papillon ici avec une tempête dans la mer de Chine. C'est facile à saisir, que v>s, et aussi que les travailleurs de la grande industrie le comprennent sans qu'on ait besoin de le leur expliquer. D'autant plus que, encore une fois, sans cela le capitaliste ne mettrait rien en oeuvre et que lui, le travailleur, n'aurait donc pas de travail.
Du point de vue de l'ouvrier, si l'on veut, la différence v-s entre la valeur produite et son salaire et qui constitue la plus-value se présente sous la forme du sur-travail : tout le temps de travail qu'il a fourni sans contrepartie une fois que le temps nécessaire à la production de son salaire est écoulé. Ce qu'empoche le capitaliste conformément au contrat qu'il a passé avec son salarié pour que celui-ci se mette au travail.
C'est parfaitement honnête des deux côtés. Aucun ne "vole" l'autre.
Tout ce que l'ouvrier peut dire, c'est que le capitaliste "exploite" sa force de travail, mais sans aucune connotation morale, morale bourgeoise faut-il préciser : dans la mesure où il lui fournit la possibilité de s'exercer et de produire une valeur supérieure à ce qu'elle coûte à son propre entretien.
Il faut bien noter ici que la plus value C'-C du point de vue du capitaliste s'exprime aussi sous la forme v-s du point de vue de l'exploité, mais cependant C'-C> v-s et de beaucoup. Pourquoi donc ?
La différence v-s peut être infime, et elle l'est en réalité, par rapport à s. Par exemple, le capitaliste peut très bien n'empocher que v-s = 100 euros pendant qu'il paye s = 1000 euros son ouvrier. Alors, d'où vient que... ?
C'est que le capitaliste n'en serait pas un si à l'épilogue de la pièce il ne se retrouvait pas, disons mille et un personnage sur la scène : lui-même, le premier rôle évidemment et ses 1 000 ouvriers, dans une ETI par exemple.
Ainsi, à l'issue du procès d'un mois de travail il aura déboursé la somme énorme 1000 x 1000 = 1 millions d'euros en salaires. Chaque salarié ayant reçu 1000 euros pour entretenir sa force de travail.
Cependant que le capitaliste, lui, se retrouvera avec sa plus- value C'-C = 100 x 1000 = 100 000 euros, en sus de la mise qu'il a récupérée. Ce qui ferait du 10%.
Il garde 10 000 euros pour lui, pour vivre selon sa condition, les 90 000 euros restants s'incorporant à son capital initial, ou allant grossir un nouveau capital en gestation.
Il pourra invoquer tout ce qu'il veut pour les justifier, qu'il a pris des risques, ou que c'est une loi de la nature, ou que c'est la justice divine qui veut qu'il y ait des gens comme lui d'un côté et tous les autres qui ne demandent quà travailler. Le fait est là : c'est la loi fondamentale de la société capitaliste, comme celle de la pesanteur à la surface de la terre.
Dans la réalité les choses se présentent sous des formes beaucoup plus fumeuses, mais rien n'empêche d'aller les étudier de plus près, à condition d'avoir en tête la loi fondamentale de l'exploitation capitaliste. C'est ce que font le physicien et l'ingénieur dans leurs domaines, aussi complexes soient-ils ; les phénomènes restent toujours soumis en dernière analyse à la loi fondamentale de la pesanteur.
Ceci étant posé, il devient facile de comprendre que le capitaliste, individuel dans un capitalisme sauvage, ou par ses organisations patronales et avec la plus ou moins grande complicité de son Etat dans une société policée, feront tout pour que la différence C'-C soit la plus grande possible. En augmentant la durée du travail c'est à dire en prolongeant la journée, en augmentant le rythme du travail, en perfectionnant le rendement du matériel pour que le salarié produise davantage de valeur dans le même temps, ou en le faisant travailler pendant des jours jusqu'alors consacrés au repos du salarié, ou encore en rognant sur les salaires dont ses cotisations sociales soi-disant patronales ne sont une composante. Et que le degré d'exploitation ( le %) dépend du rapport des forces entre le capital et le travail.
(*) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-smic-c-est-combien-142558
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