Jaja,
L’union européenne a été crée pour asseoir une domination capitaliste sur les pays qui ont commis l’erreur d’en être membres.
Cette domination est assise en privant les classes populaires des pays membres de tout moyen de défense, ou même de protection, contre la rapacité capitaliste : mesures d’austérité visant à réduire les salaires, les acquis sociaux, directives imposant la privatisation des services publics, le dumping social organisé par les traités.
Combattre l’austérité nécessite de se défaire de l’influence des structures de contrôle capitalistes, c’est à dire de quitter l’organisation qui nous l’impose, l’union européenne, cela coule de source. Car c’est bien l’appartenance à l’union européenne qui nous impose ces politiques d’austérité. Le capitalisme n’est pas un ennemi informe, comme un « côté obscur de la force » qui aurait perverti la soi-disant « unité politique européenne ».
Le capitalisme est une conception de l’organisation de l’économie, et depuis ses débuts, la « construction européenne » a eu pour but de promouvoir et d’imposer l’application de cette conception à ses pays membres, même contre l’avis de leurs peuples, et même quand les nuisances deviennent flagrantes. Le capitalisme ne s’impose pas à nous par des « midichloriens », mais par des moyens bien concrets, des structures bien réelles et l’union européenne en fait partie.
Ne pas remettre en cause l’union européenne en tant que telle, ou ne serait-ce que la participation Française à cette union est donc une erreur grave, une faute politique majeure de la part du NPA, car elle retire toute crédibilité à leur discours.
Quand on ne veut pas prendre de coups de latte on ne s’inscrit pas à un club de boxe Française ou Thai, on essaie de trouver un club de boxe Anglaise, et s’il n’y en a pas dans le coin on en cherche un ailleurs... Ou on en monte un si on est vraiment motivé. Mais on ne reste pas inscrit à un club de boxe Française en disant qu’on ne veut pas prendre de coups de savate parce qu’on aime pas ça, sous prétexte que la plupart des voisins font partie du club.
Quand on veut du progrès social on ne reste pas dans un club capitaliste qui impose l’austérité et autorise le dumping social, même si la plupart des pays voisins en font partie.
En claquant la porte de cette organisation funeste pour les acquis sociaux qu’est l’union européenne, la France pourra montrer la voie aux autres pays qui souffrent de l’austérité imposée par l’ue.
Assimiler la sortie de l’ue, volonté nécessaire et salutaire si l’on est un tant soit peu honnête dans ses engagements sociaux ret progressistes, à un repli nationaliste est une seconde faute majeure. La sortie Française de l’ue rendra au contraire service aux populations des autres pays membres en entraînant un grand mouvement libérateur. Ensuite, peut-être sera-t-il possible de nouer, dans le respect des soueraientés de chaque pays, des coopérations avec certains des futurs ex-membres de l’ue (mais certainement pas les 27 autres membres actuels), mais aussi des pays tiers, car il n’existe pas de raisons pour que la France ne s’entende qu’avec des pays européens (à moins de cautionner une conception franchement raciste et assez immonde de la géopolitique).
C’est même plutôt le contraire, puisqu’il est très difficile de dégager à l’échelle de l’ue un consensus favorable aux vues et intérêts Français, dont sont parfois plus proches des pays extérieurs à lue. Il ne faut pas non plus oublier que la plupart des pays qui partagent l’essentiel de notre culture, les pays Francophone, se trouvent hors de l’union européenne. C’est plutôt avec ces pays là, où tout reste à construire et à développer, qu’avec des pays européens déclinants qu’il connvient de s’allier.
L’assimilation mensongère de la volonté de se défaire de l’influence néfaste de l’union européenne par le seul moyen possible, en sortir, à du nationalisme est justement un des moyens par lesquels cette construction mortifère piège les populations de ses pays membres, et a des conséquences extrêmement néfastes, car en présentant systématiquement le nationalisme haineux comme seule alternative à l’union européenne, on pousse de plus en plus de gens dans l’impasse de la haine. Autrement dit, en propageant ce mensonge, le NPA participe à la montée du Front National, alors que ce dernier ne souhaite pas quitter l’union européenne
Par contre, je vois, Jaja, que vous admettez que des mesures d’urgence anti-austérité aboutiraient à une exclusion, ce qui signifie que vous avez bien compris l’incompatibilité de nature entre une participation à l’union européenne et un programme politique vraiment socialiste. Il est donc étrange que vous refusiez d’aller au bout de la conclusion logique de tout ceci, à savoir que la sortie est la seule solution.
Comme vous le dites si bien, une application par le NPA de son programme nous vaudrait d’être mis à l’écart de l’union européenne. Cela aboutira donc à une sortie, ou quelque chose qui y ressemble, mais qui se déroulerait dans les pires conditions. Un peu comme le FdG qui prétend pouvoir imposer une « europe sociale » aux pays qui seraient amenés à la financer quand bien même tout montre que les populations de ces pays n’ont absolument pas envie de mettre la main au porte-feuille, tout en acceptant quand même l’idée d’une sortie au cas ou ça ne prednrait pas. Même problème, la sortie sera bien au bout, mais elle se fera dans les pires conditions.
Tandis que la sortie par la voie légale, par changement constitutionnel ou par l’article 50, ou les 2, avec l’appui de tous les républicains, donc y compris ceux issus de la droite, qui veulent vraiment sortir la France de l’ue, pourra s’effectuer dans un climat plus serein.
L’union nationale ne se fait pas forcément au profit exclusif de la bourgeoisie. Le compromis du CNR en 45, passé entre les communistes et les gaullistes dont certains étaient très à droite a abouti à notre modèle social Français, qui, malgré ses imperfections, et le fait qu’il est souhaitable de l’améliorer, reste quand même très protecteur, comparé à ce qui se pratique dans d’autres pays.
C’est justement l’échelle nationale qui est le cadre le plus approprié pour obtenir un contrat social protecteur pour les salariés. Les peuples de tous les pays aspirent certes au progrès social, ceux de l’ue comme les autres, mais tous n’ont pas la même vision de ce qu’est le progrès social ou de la façon d’y parvenir. C’est donc à chaque pays de trouver sa voie vers le progrès social.
Attendre que tous les pays de l’ue fassent une révolution simultanément (à la saint glin-glin) revient à se contenter de paroles en l’air, à hypothéquer tout espoir de progrès social. Je crois savoir que c’est une dérive récurrente chez les trostkystes : condamner l’espoir de de toute avancée au plan social par l’attente d’une hypothétique révolution globale.
Sachant qu’il est difficilement imaginable qu’un mouvement révolutionnaire concerne les 28 pays de l’ue sans concerner le monde entier (ce qui est une raison de plus pour éviter de s’acharner à construire l’europe), le NPA reproduit l’erreur de Trotsky en condamnant toute avancée sociale en France (ou dans les autres pays, d’ailleurs), dans l’attente d’une arlésienne, l’« europe sociale ».
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un républicain de droite qui souhaite vraiment sortir la France de l’union européenne fera bien plus pour préserver les acquis sociaux des classes populaires qu’un soi-disant révolutionnaire de gauche qui ne ne veut surtout pas en sortir, et nous laissera subir des plans d’austérité à n’en plus finir en attendant que tous les autres pays membres, avec la permission des obligés des banques et multinationales américaines, daignent faire l’« europe sociale », c’est à dire jamais. Normal, l’union européenne a été conçue pour ça.
Donc, comme ce fut la cas il y a 70 ans, il y a des moments où les luttes au sein du peuple sur la façon dont la société doit être organisée doivent être mises en parenthèses si on souhaite vraiment que le peuple puisse avoir le choix de l’organisation de la société. Parce que si le peuple n’a plus ce choix, ces querelles n’ont plus aucun sens, et c’est tous ceux qui trouvent essentiel de laisser ce choix aux mains du peuple qui doivent s’unir pour rendre au peuple ce dont les banquiers, les multinationales et les financiers veulent le priver : sa souveraineté. La capacité du peuple de choisir.
Que la gauche sincère demande franchement la sortie de l’ue, et qu’elle tende la main aux républicains de droite qui rejettent l’ue. C’est la seule façon de rendre le choix au peuple. C’est une fois sortis que l’on pourra se chamailler avec les Asselineau ou Pinsolle sur la façon d’organiser la société, là au moins ça aura du sens (encore que, bien qu’ils ne soient pas à proprement parler de gauche, certaines de leurs positions sur les services publics, le système social, les placent bien à gauche des sociaux libéraux europhiles du PS). Parce que le faire maintenant c’est grotesque, ça ne mène à rien. Le rejet pavlovien qu’a subi Dupont-Aignan à une manif contre l’austérité en Grèce est le genre de sottise qui pousse le peuple dans l’impasse, alors que c’est tout élu PS ou EELV qui a voté Lisbonne, le MES ou le TSCG qui devrait être traité en indésirable dans toute manif de gauche.
Ne pas oublier que le petit commerçant de quartier, ou le petit artisan, bien qu’il soit plus volontiers poujadiste que rouge, se retrouve objectivement dans le camp prolétaire quand il doit faire face aux grosses multinationales. Pourtant, celui-ci sera inaccessible à un discours type NPA (ça pourrait même le rebuter), mais pourra être sensible aux arguments d’un Asselineau, d’une M-F Garaud, de L.Pinsolle.
Il faut retrouver les 55% de NON du 29 Mai 2005 pour se défaire de l’ue capitaliste.
Ne pas oublier qu’en ce mois de mai 2005, on pouvait voir des militants RPF, dont le leader disait à juste titre qu’« on a tous un bonne raison de dire non », aller boire des punch chez la LCR.
Ne pas oublier que c’est aussi ça qui a permis la victoire. Le rassemblement d’une majorité de Français, aux opinions parfois très opposées, mais ayant en commun le désir de rendre au peuple sa souveraineté. Comme cette victoire du peuple a été volée en février 2008, il est indispensable de retrouver cette majorité, donc de tendre la main à ceux qui partagent le désir de rendre au peuple sa souveraineté, même s’ils n’ont pas l’intention d’en faire exactement la même chose par la suite.
D’ailleurs, le rejet de l’ue peut aussi largement fédérer à l’étranger : la dissolution de l’union européenne est à coup sûr la seule politique qui satisferait réellement les peuples de tous ses pays membres. C’est donc la seule politique « européenne » possible.