Typologie des mauvais payeurs
Le mauvais payeur pour une entreprise est une plaie. Il génère des frais financiers non négligeables, mais surtout du stress et du travail supplémentaire du fait de la nécessité de surveiller son encours en permanence, de le relancer régulièrement si on veut finalement être payé et de la crainte permanente de l’impayé définitif synonyme de dépot de bilan. Autre désagrément, celui qui est en retard de paiement n’est pas non plus particulièrement aimable (c’est un comble !) quand vous le rappellez pour lui réclamer son paiement. La pratique du retard de paiement régulier reflète souvent le rapport de force entre le donneur d’ordre et le fournisseur, ce dernier étant en général en position d’infériorité.
On parle régulièrement de légiferer sur les délais de paiement sans que, les ministres changeant et la volonté politique n’étant pas affirmée, les choses ne changent. Le nouveau ministre Hervé Novelli, fraîchement arrivé, s’attaque aussi au problème en mettant cette réduction des délais de paiement comme une priorité de son action. Espérons que contrairement à ses prédécesseurs, il ira jusqu’au bout de sa demarche car le retard de paiement est un vrai cancer de l’entreprise.
Le premier spécialiste européen de gestion de créances, Intrum Justicia, vient de faire une étude typologique du mauvais payeur. Et oh ! surprise, il y a seulement 7 % de vrais insolvables dans tous ces mauvais payeurs. Et autre surprise désagréable cette fois 40 % des mauvais payeurs retardent sciemment leur paiements. Les "spécialistes" sont ceux qui pratiquent une veritable stratégie de non paiement. Ce sont les plus difficiles à gérer car pour eux tout est prétexte à ne pas payer : je n’ai pas reçu votre facture ; ce n’est pas ce que nous avions dit ; il y a une erreur de ci ou ça ; untel, le signataire potentiel, est en déplacement, etc. Tout est bon pour conserver sa trésorerie à votre détriment.
Autre catégorie tout aussi difficile, ce que Intrum Justicia appelle les "dominants" dont le but est de vous faire ressentir que eux sont les dominants justement et que vous êtes le petit fournisseur. Vous voyez tout de suite de quel type de (gros) client nous parlons. Ce sont ceux pour lesquels le rapport de force est déséquilibré, qui n’ont en fait pas de problème pour payer leurs fournisseurs, mais pour lesquels la raideur sur les paiements est déjà un positionnement pour la prochaine négociation.
Il y a ensuite des mauvais payeurs pour des raisons techniques en quelque sortes, les pagailleurs, ou encore ceux qui ont mis en place une telle pyramide de signataires que forcement rien ne peut jamais être signé à temps.
Ceux qui sont sincères ou parfois simulent habilement la sincérité et qui vont vous payer à la première relance. Et enfin ceux qu’Intrum Justicia appelle les sélectifs, qui ont sans doute des problèmes de trésorerie et qui payent les uns après les autres en fonction d’une hiérarchisation de leurs fournisseurs à payer. Ceux sans qui l’usine s’arrêterait, les petites factures qui peuvent passer sur un restant de trésorerie, les fournisseurs qui se manifestent plus que les autres, etc. Le petit fournisseur remplaçable immédiatement par un collègue et qui ne fait pas la chasse au paiement de ses factures étant le dernier à être payé.
Comment se place l’Etat ou les collectivités locales dans cette typologie ? Un mélange de désorganisé, de surcontrôlé et sans doute de spécialiste qui lui permet d’être le plus mauvais payeur.
M. Novelli, cette fois ne vous laissez par arrêter pas dans votre perspective de légiférer. Les mauvais paiements sont un cancer pour toutes les entreprises et en particulier les PME. C’est d’ailleurs une des raisons de notre manque de compétitivité vis-à-vis des entreprises allemandes...
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