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Accueil du site > Actualités > Economie > Vous avez dit protectionnisme ?

Vous avez dit protectionnisme ?


Parlement européen, Bruxelles, Copyright chocolat.tv

De la même manière que la culture est écartée de la campagne présidentielle, l’écologie passée rapidement à la trappe, l’économie brille par sa présence... sage et discrète. Victime de ce même syndrome d’abattement de la classe politique, mélange de mea culpa et d’impuissance, consciente qu’elle est de ne pas avoir fait quand il le fallait mais réticente à faire maintenant qu’il est un peu tard, prouvant que "le plus dur ce n’est pas la chute mais l’atterrissage" ?

Disons d’une autre manière que les questions économiques avec un grand E souffre d’un traitement opportun de façade chez les plus sérieux et que, quand les problèmes de fond ont le mérite d’être soulevés par les candidats des extrêmes, c’est au vitriol qu’ils sont traités.

Or, l’économie française est en difficulté et le moral au plus bas : baisse du pouvoir d’achat, taux de chômage élevé, déficit du commerce extérieur, fuite des cerveaux, délocalisations massives, faible attractivité des investissements étrangers, asphyxie administrative et fiscale des petites entreprises, dette publique galopante...

La situation est très sérieuse et, face à cela, que nous proposent les postulants à la fonction suprême ?

Eh bien dans un premier temps, de jolis discours, il faut le reconnaître, considérablement assouplis de part et d’autre, avec du côté des plus libéraux, quelques velléités de replacer l’Homme au centre de la machine économique - comme c’est le cas de François Bayrou avec un projet de "social-économie" visant à faire de l’intelligence (éducation, recherche, technologie, innovation) le moteur privilégié d’un système capitaliste malade de sa finance et du non-respect du capital humain, une "valeur travail" que Nicolas Sarkozy prétend aussi remettre à l’honneur - et à l’inverse chez les socialistes, la rupture de Ségolène Royal avec la doctrine qui souhaite redonner toutes ses lettres de noblesse à l’entreprise et l’esprit d’entreprendre.

Corollaire de ce qui ressemble de plus en plus à un consensus, urgence oblige, tout le monde y va de son "small business act", comprenez de son programme de soutien aux petites et moyennes entreprises françaises, bien aux couleurs de chacun certes, mais de soutien quand même.

Tout cela est parfait... si ce n’est qu’aucun discours économique, et la crise du groupe EADS-Aibus qui s’invite dans la campagne le prouve, ne saurait être aujourd’hui déconnecté de l’espace de référence optimum qui est celui de l’Europe. Seulement voilà, sur l’Union européenne, le commerce international et le phénomène de la mondialisation, les candidats sont déjà nettement moins bavards et ambitieux. Pourtant, les effets destructeurs de la mondialisation sur nos économies européennes sont tels qu’on se demande comment l’aveuglement dogmatique de la plupart des politiques et économistes libéraux est encore possible.

Car, sauf à confondre libéralisme et libre-échangisme, et ignorer que la théorie des avantages comparatifs de Ricardo censée conduire à la spécialisation des nations sur leurs points forts est battue en brèche par la globalisation et la polyvalence d’une main-d’oeuvre chinoise surabondante et sous-payée, peut-on encore croire aujourd’hui qu’une batterie de prescriptions franco-françaises, aussi puissante et incitative soit-elle, pourrait suffire à relancer la croissance domestique, sans jamais oser remettre en cause le sacro-saint principe de libre-échange qui prévaut entre l’Union européenne et le reste du monde ? Et je dis bien entre l’UE et le RDM, il ne s’agit évidemment pas de remettre en cause les accords de libre-échange intra-européen comme préconisé par Jean-Marie Le Pen dont l’idée d’un protectionnisme national appliqué à un pays comme la France qui n’est plus à l’échelle des processus économiques est absurde.

Bref, va-t-on continuer encore longtemps à parier en Europe sur une adaptation possible de nos 27 économies nationales à la mondialisation sans en passer par l’instauration d’un grand marché européen contingenté de l’extérieur et capable ainsi de résister à la déferlante chinoise et indienne et demain peut-être brésilienne ?

Emmanuel Todd - Copyright Télérama

N’est-il pas temps, comme le suggérait le sociologue et historien Emmanuel Todd en début de campagne, de rouvrir le débat du protectionnisme (et le gros mot est lâché) et de réfléchir, de concert avec nos amis allemands notamment (ce qui n’est pas sans passer par des affrontements et d’âpres négociations), sur des formes possibles de "néoprotectionnisme raisonnable", de façon à protéger notre industrie, notre économie et notre capital humain au niveau européen, à la manière ni plus ni moins de ce qui a pu se faire aux Etats-Unis par exemple, l’Europe étant faut-il le rappeler le continent le plus libre-échangiste de la planète ?

Je ne sais si les candidats ont entendu et compris l’appel de Todd, c’est bien possible, mais effectivement depuis quelques jours, le sursaut tant attendu a eu lieu. Les déclarations fusent... et non sans surprise, le plus audacieux d’entre tous n’étant pas forcément celui que le grand public aurait imaginé.

Pour l’heure, ce n’est pas François Bayrou qui se dit très prudent vis-à-vis de la contestation des accords de libre-échange, limitant ses propositions au développement et à la défense de par le monde des normes sociales et écologiques européennes.

Idem pour Ségolène Royal qui préfère imposer des normes plutôt que des mesures tarifaires et des quotas d’importation, assortissant tout au plus son programme de dispositions anti-OPA du type Mittal sur Arcelor. Jean-Pierre Chevènement ne lui aurait-il pas encore fait part de tout le bien qu’il pense des thèses d’Emmanuel Todd et de son ami Hakim El Karoui, ou encore de cet autre économiste libéral, ancien expert auprès du MEDEF, Jean-Luc Gréau, dans la droite ligne de Maurice Allais qui n’est rien de moins que notre dernier et unique prix Nobel d’économie (1988) ?

Eh bien non, c’est à Nicolas Sarkozy que revient incontestablement la palme du "mérite" en ce début de campagne, lequel affirme que "protection n’est pas un gros mot"..., ce qui n’est visiblement pas le cas de "protectionnisme", jamais prononcé ou du bout des lèvres, un terme auquel il préfère substituer l’expression de "préférence communautaire", fidèle en cela à ses déclarations faisant suite au rejet par les Français du traité de Constitution européenne, un soir de 29 mai 2005.

On trouvera ainsi plusieurs discours où il prône "une Europe qui protège ses intérêts et ses peuples dans la mondialisation", en proposant d’instaurer une taxe au plan européen pour parer à l’afflux de produits bon marché fabriqués grâce à de faibles coûts de main-d’oeuvre et à des normes environnementales "défaillantes", doublée d’un dispositif anti-OPA en provenance de pays extra-communautaires prévoyant notamment la possibilité pour l’Union européenne de détenir une participation au capital.

Mais vous l’aurez compris, s’il y a du mieux, la révolution intellectuelle et pragmatique reste à faire.

Alors, qui aura le premier le courage de défier le tabou, de se saisir du problème européen dans son entier pour porter bravement cette idée de néoprotectionnisme européen modéré jusqu’à Bruxelles et, ce faisant, de dire enfin tout haut ce que l’opinion publique (à savoir sept Français sur dix selon un récent sondage pour l’Expansion) pense tout bas ?

Personnellement, j’aurais aimé et j’aime encore espérer que François Bayrou, l’homme de toutes les réformes systémiques, tel qu’il se présente en tout cas aujourd’hui, se risque à étendre son terrain de réflexion et d’action à l’Union européenne et au commerce international, d’autant que si l’on en croit Emmanuel Todd, interviewé par Télérama la semaine dernière, celui parmi les candidats majeurs qui serait le premier à présenter un "projet protectionniste européen bien ficelé" aurait toutes les chances "de casser la baraque". Je vous l’accorde, c’est une conclusion très personnelle...

Webographie :

Todd Emmanuel, Intervention à la Conférence sur l’emploi et les revenus, 14 décembre 2006.

Todd Emmanuel, Entretien accordé à Télérama, 3 mars 2007.

Todd Emmanuel, "Je suis pour un protectionnisme européen", restranscription de la discussion avec les internautes, Télérama, Tchat du 5 mars 2007.

Pour ou contre un protectionnisme européen, dossier de l’Expansion, 5 février 2007.

Bonnaud Octave, Délocalisations et protectionnisme européen : un enjeu pour 2007 ?, lundi 9 octobre 2006.

El Karoui Hakim, Pour un protectionnisme européen, Le Monde, édition du 13 décembre 2006.

Blogs qui valent le détour :

Pourquoi le monde a (encore) besoin des français
, Hakim El Karoui.

Pour le Protectionnisme européen, Blog collectif.

Le blog de Jean-Pierre Chévènement.

Horizons, le blog de Malakine.


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21 réactions à cet article    


  • (---.---.247.32) 12 mars 2007 13:13

    L’Inde mais surtout la Chine ont su etre opportuniste face à une pseudo « elite » aveuglée par une ideologie du libre echangisme.

    Cette politique economique aurait pu etre payante si ces 2 pays avaient eu la betise de jouer le jeu.

    Au lieu de ca, elles imposent des regles qui vont a l’encontre de ce systeme et ne font pourtant face qu’a une faible opposition, donc pourquoi se priver.

    L’occident a financé le redressement de l’Asie à pur perte.

    Il serait temps d’arreter les frais et de defendre les interets des peuples europeens et vite.

    Mais le protectionnisme a mauvaise reputation car c un argument de campagne du FN. Du coup il est rejeté en bloc etant assimilé à un repli sur soit, destructeur a terme.

    Les reactions de haines vis a vis de Golnish evoquant cette possibilite (certe a l’echelle nationale mais souhaitant que les autres pays auropeens fassent de meme vis a vis de ces nouveaux geants mondiaux) sur le plateau de France Europe Express de la part de tous les representants de partis, de Ockrent et de l’imbecile du village à savoir Jean-Michel Blier, sont pour le moins edifiantes et inquietantes.

    Pauvre de nous.


    • JL (---.---.73.200) 12 mars 2007 13:48

      «  »sauf à confondre libéralisme et libre-échangisme«  ». D’autres confondent bien libéralisme et démocratie. Passons, pour dire que l’on peut tout au plus assimiler libre-échangisme et mondialisation libérale. J’ai écouté E. Todd ce matin sur France Culture, j’approuve son discours.

      Mais là n’est pas l’objet de mon commentaire.

      Vous écrivez : «  »N’est-il pas temps (…) de rouvrir le débat du protectionnisme (…) c’est à Nicolas Sarkozy que revient incontestablement la palme du « mérite » en ce début de campagne, lequel affirme que « protection n’est pas un gros mot.., »"

      Ne pensez vous pas que sa ’proximité’ avec J.-M. Le Pen lui a permis de s’adapter plus vite que ses concurrents ?

      Il est patent qu’il existe une très forte pression pour relancer le processus qui, je dirai pour faire court, a été gelé par le non français à la constitution européenne.

      A ce sujet, N. Sarkozy, toujours lui, interrogé ce matin sur France Inter au sujet de ce TCE disait que la France ne peut pas prendre le risque de perdre un nouveau référendum.

      C’est probablement aussi l’avis du PS, qu’il vaut mieux pour eux ne pas prendre ce risque. Et c’est l’objet de ma deuxième question : croyez-vous qu’on puisse se satisfaire de la position du PS sur ce point ? La question vaut aussi mais dans une moindre mesure, pour François Bayrou qui me paraît plus ’neuf’ dans cette affaire.

      Autrement dit, n’est-on pas en train d’assister à un ralliement en masse à N. Sarkozy de tous ceux qui à droite, ont fait campagne pour le oui au TCE ?


      • parkway (---.---.18.161) 12 mars 2007 13:48

        mon opinion sur agoravox et ailleurs, d’ailleurs, a toujours été de dire que sego sarko et bayrou avaient le même programme car ne prenant pas en compte la commissions européenne et la BCE toutes puissantes ;

        Aucun politique de quelque bord qu’il soit, avec la meilleure volonté possible, ne pourra agir avec l’épée de damoclès-bruxelles dans le dos.

        il faut voter pour un président anti TCE, mais ça me ferait gros que ce soit le pen qui passe !!!

        bové ou dupont-aignan, y’a pas beaucoup de choix...


        • parkway (---.---.18.161) 12 mars 2007 13:51

          j’ai oublié schivardi, bien sûr !


        • JL (---.---.73.200) 12 mars 2007 17:15

          Tall, mon commentaire a pu laisser à penser que l’article est pro Sarkozy. Je m’en excuse auprès de l’auteure, bien que je ne sois pas responsable des pratiques des autres lecteurs.

          Je précise donc ici ce commentaire : j’ai seulement rebondi sur le fait qu’il est dit dans l’article que c’est NS qui a réagi le premier. Personne n’a dit qu’il est celui qui réagirait le mieux.

          Le TCE c’était le mariage de la carpe et du lapin, l’amalgame du politique, de l’économique et du social, bref, une machine infernale.

          Je ne crois pas que NS inspiré par les ’autres’ en face ferait mieux.


        • Mimie in Vivo Mimie in Vivo 12 mars 2007 18:32

          Ah merci JL de remettre les pendules à l’heure... qui n’est guère celle de Sarkozy plus que d’un(e) autre, dans un article qui se veut le plus objectif possible et dont je confesse d’ailleurs la seule pointe de subjectivité dans une conclusion plus légère. Et oui, il y a ce qui est écrit et l’interprétation que certains parfois veulent à tout prix en faire.


        • Mimie in Vivo Mimie in Vivo 12 mars 2007 19:06

          ne soyez pas grossier, le mérite de Sarkozy est entre guillemets... et puis de toute façon, je préfère Bayrou ! ça c’est noir sur blanc sur mon blog !


        • alala (---.---.55.249) 12 mars 2007 19:34

          @ TALL Vos attaques sont deplacées car tres loin du sujet de l’article.

          De plus crier au Sarkozisme dès qu’on lui reconnait une attitude positive ou une qualite, c cela qui est ridicule.

          Je m’adresserai maintenant à l’auteure.

          Je trouve votre article remarquable, il permet de faire comprendre que le protectionnisme n’est pas un refus de la mondialisation, mais une adaptation normale aux realités actuelles du marché international. De meme, qu’etre opposé à la deregulation tout azimut, ca n’est pas necessairement etre opposé au capitalisme (http://agoravox.fr/article.php3?id_article=20523).

          Face à toutes ces ideologies devastatrices en terme d’emplois et de richesse lorsqu’elles sont poussées à leur extreme, le pragmatisme devrait redevenir la reference.


        • Pjp (---.---.78.97) 13 mars 2007 08:12

          Tall a raison sur le petit candidat« attrappe-tout » qui fut ministre du budget de Balladur 93/95 et qui creusa les déficits.

          Quant au protectionnisme de droite c’est une protection....

          DES DIVIDENDES, des STOCK-OPTIONS.

          Donnez des preuves de votre postulat qui fait mine de donner un quitus aux hâbleurs qui changent de tactique pour racoler des tranches de part de marché d’électeurs.


        • Marie Pierre (---.---.85.55) 12 mars 2007 15:44

          Bonjour Mimie,

          J’ai entendu F. Bayrou parler, non pas du protectionnisme au sens où on entend fermeture des frontières ou taxes, mais d’une autre approche d’échanges commerciaux où les produits que nous importons devraient être soumis aux mêmes règles en respect de l’environnement qu’en Europe. Cela, afin de permettre à nos entreprises d’être vraiment concurrentielles.

          Un exemple : pour être en conformité avec les rejets polluants et le réchauffement climatique, une fonderie en France est obligée d’investir dans un matériel très lourd, cet investissement se retrouve dans le prix de ses produits manufacturés.

          Une entreprise en Chine, en Inde, (encore dans certains nouveaux pays européens) ne respectant pas ces normes, elle peut vendre à moindre coût. Dans mon exemple, la partie salaire n’entre pas en ligne de compte, ce sont simplement les charges liées aux normes qui plombent les coûts. Attention, je n’ai pas dit qu’il fallait abolir les normes, simplement les respecter partout.


          • Johan Johan 12 mars 2007 16:39

            Bravo, article complet.

            Allez, pour insister sur un point FONDAMENTAL : on ne peut pas faire de protectionnisme, ni national, ni européen pour une raison simple : l’abandon de la clause de préférence communautaire lors du traité de Maastricht.

            Pourtant, l’OMC reconnait les Zones économiques régionales, donc nous serions toujours en règle si nous l’avions conservé.

            Pourquoi ne pas en parler ? Parce qu’il faudrait parler de l’influence de l’Angleterre dans ce choix ? Parce que nous avaons été incapable d’obtenir ce retour lors de la négociation du TCE ? Parce que tout l’intérêt est aux grandes entreprises occidentales, qui achètent là bas et vendent ici ? Parce que ce serait mettre en lumière l’incompétence absolue de nos dirigeants ?

            Pb : pour l’instant c’est Chevènement qui l’utilisait comme fer de lance de son programme, intégralement repris par Royal. Maintenant, Sarko (avec à mon avis une grande hypocrisie, mais bon...). Et Royal qui mène sa barque avec une telle incompétence !

            Liens :

            http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=10470

            http://agir-et-reagir.blogspot.com/2006/12/chevnement-royal-un-accord-trop.html


            • JL (---.---.73.200) 12 mars 2007 17:20

              «  »On ne peut pas faire de protectionnisme, ni national, ni européen...«  »

              Si ce que vous dites est vrai, que faut-il en penser

              1 - de cette situation ?

              2 - des candidats qui nous disent qu’on peut le faire ?


            • Mimie in Vivo Mimie in Vivo 12 mars 2007 19:00

              Très juste Johan. Tout le point de crise est là : en revenir à la préférence communautaire n’est pas impossible , cela exige toutefois une volonté hors du commun dont celle d’en passer par des rounds de négociation à couteaux tirés avec nos amis allemands en premier lieu. Et pour le moment, et après quelques recherches dans les discours de nos trois grands candidats, force est de constater que Sarkozy (grâce à sa plume Henri Guaino ?) est le seul à avoir préconisé un retour à la préférence communautaire à la lumière d’une analyse objectivement très fine du NON des français au TCE, et cela depuis 18 mois au moins.


            • cestcurieux (---.---.237.128) 12 mars 2007 17:50

              En ce moment,je me suis replongé dans l’histoire des USA : passionnant,car dès le 19ème siècle on retrouve plein de thèmes actuels : par exemple il y avait les esclavagistes (sud) et les antiesclavagistes (nord) et déja la lutte entre le « bien et le mal »...

              Pour en revenir à notre problème en 1857, il y a eu une grande crise économique qui a débouché sur la guerre civile :(1861-1865).

              Le nord industrialisé exigeait des tarifs à l’abri pour panser les plaies des faillites et réorganiser l’économie, suite à la crise...

              Le sud réclamait le libre échange pour augmenter les exportations...Faut dire que la main d’oeuvre esclave ne coûtait pas cher...J’ai même appris qu’il y avait des « élevages » d’esclaves. (Ceux-ci étaient considéres comme des choses.)

              Lincoln, fut un des premiers « Républicains », antiesclavagiste naturellement, le parti ayant été fondé le 17 juin 1856 à Philadelphie en réaction à la loi du Kansas/Nebraska qui se réclamait du principe de souveraineté du colon pouvant décider si tel état serait esclavagiste ou non.

              C’était la fin du « compromis du Missouri » qui avait établi une frontière E/non E, et qui déchaînait les compétitions entre états...On appelle ça actuellement le dumping social...


              • Mimie in Vivo Mimie in Vivo 12 mars 2007 18:39

                Vous avez raison Cestcurieux... et voilà par exemple ce qu’Emmanuel Todd, celui dont les travaux de recherche ont inspiré cet article, en dit :

                « Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu’il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe. La Chine a résolu le problème : c’est un modèle totalitaire qui pratique le libre-échange. Avec la Chine, on parle d’un modèle capitaliste imparfait, alors que c’est peut-être le modèle achevé ! »


              • JL (---.---.73.200) 13 mars 2007 09:12

                Mimie, vous écrivez : «  »le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe.«  »

                Ceci est plein de bon sens.

                Vous écrivez également : «  » La Chine a résolu le problème : c’est un modèle totalitaire qui pratique le libre-échange. Avec la Chine, on parle d’un modèle capitaliste imparfait, alors que c’est peut-être le modèle achevé !«  »

                Pensez-vous que la Chine s’achemine vers une société à deux vitesses ? Oui, sans doute.

                Plus précisément, comme disent les écritures que « les derniers seront les premiers », la Chine pourrait très bientôt devenir LE modèle ?


              • JL (---.---.73.200) 15 mars 2007 09:47

                à Léon, croyez-vous vraiment que ce soit utile ?


              • Mimie in Vivo Mimie in Vivo 15 mars 2007 13:19

                Juste une précision quand même Tall (puisque apparemment vous êtes fâchés avec les guillemets) et pour tous les autres lecteurs, je ne fais que citer dans ce commentaire les propos d’Emmanuel Todd sur l’incompatibilité selon lui de la démocratie et du libre-échange, des propos que l’on retrouvera partout dans la presse mais que je me garde bien de reprendre dans cet article, un article qui plutôt que de donner des réponses ou tirer de grandes conclusions « choc » pose avant tout des questions. Merci.


              • sarrepourlacreuse (---.---.110.3) 13 mars 2007 11:38

                Excellent article ; de protectionnisme, il est aussi question sur le blog www.sarrepourlacreuse.fr !


                • Jip (---.---.113.80) 18 mars 2007 23:09

                  A l’auteur

                  Je ne comprends pas pourquoi vous prenez comme référence E. Todd, qui n’est pas économiste et qui ne semble rien connaître à l’économie.

                  Si vous êtes véritablement docteur en économie, pourquoi ne vous appuyez vous pas sur des papiers scientifiques, comme ceux de Paul Krugman par exemple.

                  De plus la théorie des avantages comparatifs ne constitue plus la seule justification du libre-change. C’est ignorer les trauvaux scientifiques des 10 dernières années en économie internationale.

                  votre article est décevant. J’ai l’impression qu’il est destiné à faire de la propagande anti-libérale auprès de gens ayant des connaissances limitées sur les concepts économiques.


                  • candide (---.---.221.84) 19 mars 2007 23:06

                    Très bon article . Vous posez le protectionnisme (sans connotation péjorative aucune, je l’entends) comme nécessité pour réguler « un peu plus » les échanges et protéger les entreprises, les industries, le marché et donc au final les citoyens, à l’échelle nationale et plus globalement à celle de l’Europe en gestation. C’est là le vrai enjeu, comme vous le soulignez très justement, de ces élections.

                    Je ne peux cependant penser ou admettre qu’idéologiquement, l’union européenne soit disposée aujourd’hui, dans sa charte, son fonctionnement, ses fondements et oserais je dire s’en trop m’aventurer, sa finalité, à se remettre en cause pour représenter un réel modèle de société aux yeux des européens. Elle a, à ce titre, pris la dangereuse tangente du tout libéral, dans une logorrhée et une rhétorique « globalisante », en créant les conditions idéales d’un marché, c’est indéniable, mais en mettant mécaniquement en pièce au passage le projet citoyen et l’appartenance à une supra communauté créant ainsi les conditions de la « compétitivité » là ou elle n’avait pas lieu d’être, c’est à dire entre les Hommes. Résultat des courses : le plombier Français en concurrence avec le plombier Polonais, la pêcheur Français avec le pêcheur Espagnol et l’Europe fraternelle, unie, liée dans sa diversité qui se retrouve vidée de sa substance.

                    Le TCE nous l’a bien démontré, puisqu’en fait et lieu d’un hypothétique plan B pour venir à la rescousse d’un programme politique économique ouvertement inscrit dans son marbre, l’Europe s’est retrouvée politiquement bloquée depuis 2005 par les désaveux Français et Néerlandais. J’en déduis donc qu’il n’y avait pas d’autre programme, pas d’autre projet que celui du Libéralisme le plus béat et cela représente un vrai désastre, une vraie désillusion pour ceux qui ont pu y croire. Mais il est un peu trop tard, puisque la monnaie unique semble poser problème, l’indépendance de la BCE également et viendra nécessairement l’utilité de cette Europe. De plus il me semble que le 10 anciens membres du bloc soviétique, nouvellement intégrés, tirent inexorablement la machine vers son paroxysme pour combler le déficit accumulé sous le joug communiste. Ils ne sont pas fautifs ou à blâmer cela va sans dire. L’est un peu plus à mon sens, la posture de l’UE. Il est ainsi bien plus aisé ou commode pour Bruxelles et la commission de sortir ce Joker et de s’en servir pour contrer toute tentative de régulation en taxant d’égoïstes, d’anti européens voir parfois même de racistes ceux qui souhaiteraient doser un peu plus, c’est à dire toute simplement s’adapter à l’échelle citoyenne (et un citoyen est autre chose qu’un consommateur ou un bien) et rendre ainsi efficient le marché c’est-à-dire aussi bien pour les entreprises cotées au CAC40 que pour la ménagère.

                    J’ai personnellement voté NON au TCE pour cette raison, bien que soutenant la Gauche et contrairement aux consignes de vote données , et je ne peux comprendre aujourd’hui le positionnement du parti socialiste qui laisse la Droite libérale incarnée par Sarko, la Droite à moitié assumée par opportunisme électoraliste par Bayrou ou l’extrême droite, se saisir et prendre à son compte ce qui devrait inévitablement être son cheval de bataille ou son leitmotiv,bref sa vraie légitimité dans cette campagne ou les adhérents comme les supporters de gauche ne comprennent pas.

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