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Accueil du site > Actualités > Economie > « Working more* » ou bien « working smarter * » ? Une “élite” (...)

« Working more* » ou bien « working smarter * » ? Une “élite” en pantoufles

Au cours de ces 10 derniers mois le labeur des Français a été remis en question avec véhémence par nos politiques, mais peut-être pas dans le bon sens. Les Français ne produisent pas assez, dit-on. Ne produisent-ils pas assez, ou bien ne produisent-ils pas assez bien ? Pourtant nous avons paraît-il les meilleurs écoles d’ingénieurs et de commerce d’Europe. La crème de la crème. Paradoxe ? Le coût de la main-d’œuvre a été dénoncé. A juste titre ? Le coût de qui ? La Suède qui a, paraît-t-il, de moins bonnes écoles et où la main-d’œuvre « coûte » plus cher se porte à merveille économiquement. Tentative d’explication.

Les faits sont là : l’économie française se porte médiocrement, ce qui se reflète par une embauche nette moins forte que chez nos voisins européens et un creusement du déficit du commerce extérieur. « La faute à l’euro trop fort », crie le président de la République. Selon lui, la forte appréciation de l’euro à plus d’1,40 dollar pour un euro est responsable du tarissement des exportations françaises dans la mesure où nos clients étrangers doivent dépenser plus de dollars qu’auparavant pour acheter un produit vendu au même prix en euro. « Faudrait voir à pas nous prendre pour des c*** », lui répondent la commission européenne ainsi que nos partenaires allemands, quoiqu’en des termes un peu plus diplomatiques. Selon eux, la hausse de l’euro n’est pas responsable de la mauvaise santé économique française.

En effet, plus de 60 % des exportations françaises se font vers les pays de l’Union européenne qui font tous des efforts pour aligner leur monnaie sur l’euro. L’économie allemande se porte d’ailleurs au mieux alors que les entreprises allemandes vendent en euros au même titre que les françaises. Logiquement, l’appréciation de l’euro par rapport au dollar devrait même profiter aux entreprises européennes : avec un euro plus fort, elles peuvent moderniser leur équipement informatique en achetant des ordinateurs, serveurs, etc., « made in taïwan » qui, eux , sont toujours vendus en dollars, donc moins chers pour les Européens. Airbus sauve sa mise en important des pièces moins chères pour construire ses avions. Vous vous êtes sûrement rendus compte que les prix des ordinateurs ont beaucoup baissé ces derniers temps ? La faute à l’euro fort...

Alors pourquoi ? Pourquoi un pays qui produit officiellement l’élite des ingénieurs et commerciaux français ne se porte-t-il pas économiquement mieux ? Un élément de réponse peut être apporté en regardant les PME françaises et en les comparant avec les PME allemandes, espagnoles et suédoises. Nos PME sont beaucoup moins tournées vers l’extérieur que celles de nos partenaires européens. Elles exportent beaucoup moins.

Or, n’en déplaise à l’Etat français, le déficit du commerce extérieur français ne se rétablira pas en obtenant des « deals » de gouvernement à gouvernement pour des livraisons d’armes ou des constructions de centrales nucléaires. C’est même contraire au principe de libre concurrence.

Non, il faut que nos PME s’internationalisent d’avantage. Mais nos entrepreneurs sont confrontés à de nombreuses difficultés comme par exemple :

1/ une difficile maîtrise de l’anglais ;

2/ des difficultés à obtenir des fonds de la part de banques qui ne comprennent rien à l’esprit d’entreprise ;

3/ de GROSSES difficultés à recruter du personnel compétent qui pourrait faire la différence pour pénétrer des marchés étrangers ;

4/ et enfin une incompréhension généralisée de la part des politiques de tout bord et des prétendus économistes.

En effet, quand un économiste renommé comme Jacques Marseilles, qui pourtant enseigne à HEC, une prétendue grande école de commerce, explique que les PME françaises doivent se concentrer sur l’exportation de camembert et de vin rouge, quand les politiques sont convaincus que les PME sont pénalisés par le coût du travail, il y a de l’incompréhension quelque part.

Le principal problème des PME n’est en effet pas comment réduire le coût du travail, mais comment accroître la valeur ajoutée pour le client. Pourquoi une PME française devrait exporter du camembert et du vin quand une PME allemande s’appelle SAP et exporte des technologies de système d’informations et qu’une PME suédoise s’appelle skype et développa la téléphonie gratuite par internet ?

La France a paraît-il les meilleurs ingénieurs d’Europe alors pourquoi ne s’y créent pas des entreprises qui font mieux que skype et que SAP ? Le coût du travail ? Mauvaise réponse : un travailleur allemand ou suédois coûte davantage qu’un Français. Législation des entreprises ? Mauvaise réponse : en Suède il faut 100 000 couronnes suédoises, soit 11 euros pour démarrer une entreprise par action, la seule forme juridique d’entreprise suédoise où la responsabilité de l’entrepreneur est limitée. En France, une SARL (société à responsabilité limité) peut se monter à partir d’un capital de 1 euro. Mauvaise maîtrise de l’anglais ? Peut-être, mais au moins les ingénieurs français ne fuient pas tous à l’étranger où ils sont mieux considérés (pardonnez-moi pour mon cynisme).

Selon moi, la principale réponse est que les ingénieurs et commerciaux les plus doués snobent les PME. Ils se considèrent comme « l’élite », et veulent être payés en tant que telle dans les grosses entreprises. Ils sont l’élite, mais ne veulent pas prendre le risque de se lancer dans une entreprise un peu aventureuse. Une élite en pantoufles !

La France souffre d’une mauvaise allocation des « cerveaux » au sein de son tissu industriel. « L’élite » y est déconnectée de la réalité.

Je sens déjà les foudres de certains lecteurs s’abattre sur moi : « comment oses-tu critiquer les grandes écoles, petit présomptueux ? », s’insurgent-ils. A moi de sortir mon paratonnerre et de leur répondre calmement. J’ai moi-même fait une prétendue « grande école » qui rime avec « cake ». Sa devise est « former les managers de demain ». Quelle arrogance ! Les « managers de demain », ce sont ceux qui ferment des usines et délocalisent. J’ai fait un échange en Suède. Dans mon établissement d’accueil, on se targuait plutôt de former les entrepreneurs de demain. Les entrepreneurs sont ceux qui créeront des emplois.

Comment résoudre cette situation typiquement française ? J’ai une idée qui déclenchera sûrement un tir de barrage dans ma direction. Mais sachez toutefois qu’on ne me déloge pas aussi facilement de mes positions et qu’il vous faudra avoir le verbe solide pour me convaincre que j’ai tort.

L’idée est simple : imposer les entreprises à taux plat (entre 30-25 %) et imposer à 75 % la tranche de revenu mensuel supérieure à 4 000 euros.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’un entrepreneur qui est rémunéré sur le profit de son entreprise paie entre 25 et 30 % d’impôt sur ses bénéfices quel que soit le revenu de son entreprise et qu’un employé qui gagne plus que 4 000 euros par mois paie 75 % d’impôt sur chaque euro obtenu au-dessus de 4 000 euros par mois. En clair, un employé qui gagne 5 000 euros par mois paiera environ 33 % d’impôt sur les 4 000 euros et 75 % sur les 1 000 euros. En fin de compte un employé qui gagne 4 000 euros par mois paiera 1 333 euros d’impôt par mois impliquant un revenu net de 2 667 euros par mois alors qu’un employé gagnant 5 000 euros par mois paiera 1 333 + 750 = 2 083 euros impliquant un revenu net de 2 893 euros par mois.

Comme de toute façon une personne qui gagne plus qu’un certain montant ne fait qu’épargner, ce qui ne profite pas à l’économie réelle (on l’a vu les banques ne se pressent pas pour prêter aux PME), l’idée est en fait de décourager ceux qui se prétendent être l’élite et gagnent plus de 4 000 euros de travailler comme salarié et de les inciter fortement à monter leur propre entreprise : « Alors mec, tu crois que tu vaux plus que 4 000 euros par mois ? Alors, crée ta boîte et mérite-les ! ».

Une telle loi aurait un effet positif pour les entreprises :

1/ davantage de cadres ultra-compétents quitteraient leurs grandes entreprises pour créer leur propre boîte ;

2/ les PME qui proposeraient à leurs employés des parts dans la société afin qu’ils soient en partie rémunérés sur les bénéfice de la boîte et donc imposés à moindre taux auraient beaucoup plus de facilité à attirer les talents ;

3/ les grosses entreprises devront elles aussi être contraintes d’impliquer davantage leurs salariés dans le capital de l’entreprise. Il en effet patent que les employés français ont en moyenne beaucoup moins de prise de participation dans leurs entreprises que leurs homologues européens. L’avantage dans ce cas est que le coût de leur main-d’œuvre la plus chère sera en partie variable, limitant les coûts fixes ;

4/ la rémunération des haut dirigeants serait alignée sur la santé économique de leur entreprise et on éviterait les aberrations actuelles où les dirigeants d’entreprises françaises sont les mieux payés d’Europe alors que les firmes qu’ils dirigent sont loin d’être les meilleures ;

5/ un tel projet ne coûterait rien aux caisses de l’Etat, au contraire !

Remarquez que ces dispositions ne résolvent pas le financement des PME, mais j’aborderai ce sujet dans un autre article.

Bien sûr, une telle loi devra aussi valoir pour les agents du public, histoire de leur rappeler qu’ils sont les serviteurs du peuple et pas le contraire. Je pense notamment à notre cher corps diplomatique où un conseiller culturel à Stockholm est payé 9 000 euros par mois net d’impôt et travaille tout juste 25 heures par semaine.

Forcément, une telle idée ne sera jamais implémentée en France : l’élite qui nous dirige est directement visée et se garderait bien d’une telle réforme.

C’est dommage, car le problème actuel n’est pas de mettre « La France au travail » (elle travaille déjà), mais bien de mettre la France à la « créativité entrepreneuriale ».

Par Tronche de Cake, dit "Tronchard"

* « Working more » signifie « travailler plus » en anglais, “Working smarter” signifie “travailler plus intelligemment”.

** « Deal » signifie « contrat »


NB : les propos mentionnés prêtés à Jacques marseilles sont une allusion caricaturée à un article synthétisant un pseudo travail de recherche réalisé en 2002 par l’ADHE (Association pour le développement économique) si je me souviens bien. Je ne retrouve cependant pas les références sur son site http://jacquesmarseille.fr et cette information est à prendre avec précaution. Si je me trompe, je prie M. Marseilles d’accepter toutes mes excuses.


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16 réactions à cet article    


  • jako jako 21 novembre 2007 12:29

    Ne soyez pas pessimiste quand à vôtre article, il est très bien et très convaincant je trouve surement une voie à explorer, quad cela fonctionne ailleurs il n’y a qu’a copier. Merci à vous


    • LaEr LaEr 21 novembre 2007 16:58

      Idem.

      Bcp d’idée intéressante, et plus novatrices que celle fournies par la plupart des dirigeants actuels ou passés (Droiche ou Gaute, pas de jaloux).

      Une autre petite particularité observée dans les Entreprises franco-française : le problème de la direction incompétente et du corporatisme. Prenez un entreprise comme Alcatel, où plusieurs services différents développent des produits similaires, sans aucune concertation (en réinventant sans arrêt la roue), pour finir par tous les abandonner....

      Un autre point, qui a été abordé dans cet article : la référence aux diplôme universitaire. Alors que la plupart des pays occidentaux ne font attention aux diplômes que pour les 2/3 premières années de carrière, les français restent cantonnés à ce bout de papier ad vitam eternam... Ainsi, pour mon cas personnel : Français avec un diplôme français (BTS), 5 ans d’expérience en SSII (la meilleure des écoles), je ne pourrais prétendre en France au poste que j’occupe actuellement en Belgique (ingénieur)....

      Comique ou navrant ?


    • adeline 21 novembre 2007 19:16

      Bonsoir oui c’est un peu le cas dans mon entreprise en France , il y a un probléme aussi de RH je pense, on recrute de grandes écoles ( HEC sup aero sup elec pont etc) pour fabriquer des Directeurs, ce n’est pas du tout leur rôle.... smiley


    • Xavxav 21 novembre 2007 14:03

      Je suis tout à fait d’accord avec vous. Mais puisqu’il faut un contradicteur je vais faire l’avocat du diable smiley

      Si on taxe autant les hauts revenus, ne risquent-ils pas plutôt de céder à la facilité : travailler à l’étranger ?

      Dans le fond, n’est ce pas un révolution dans les mentalité de les grandes (et petites) écoles qu’il faut instituer : apprendre la prise de risque.


      • LaEr LaEr 21 novembre 2007 17:04

        Il n’est pas si facile de s’expatrier... Amis, famille, eux restent en France... Le bon vin, la bonne bouffe, aussi !

        De plus, bcp s’expatrient justement parce qu’ils n’ont aucune chance d’atteindre les salaires fixés comme barême par l’auteur en France...

        Demandez à un chercheur universitaire, qui gagnait un peu plus (ou moins !) du SMIC en France et qui gagne 7000$ aux US maintenant (à la grosse louche), s’il ne reviendrait pas pour 2500 ou 3000 € ?


      • Gilles Gilles 25 novembre 2007 11:09

        Xavxav

        « Si on taxe autant les hauts revenus, ne risquent-ils pas plutôt de céder à la facilité : travailler à l’étranger ? »

        Est ce si grave ? Les partants qui ne pensent qu’au pognon facile seront remplacés illico presto par d’autres, voulant rester au pays et avec des idées plus pratiques


      • Le péripate Le péripate 21 novembre 2007 14:04

        Je n’ai pas en tête le classement de l’économie française, mais, si vous l’estimez médiocre, cela veut sans doute dire que pour vous, seule la première place est la bonne. Pourquoi pas, mais reconnaissez que tout le monde ne peut être premier.

        Ce qui me gène plus, c’est ce primat que vous accordez à l’exportation. Je comprends bien que vendre à l’étranger fait rentrer des devises, mais, là encore, si tout le monde se préoccuppe seulement d’exporter, on tourne en rond.

        D’autant plus qu’être tourné priotairement vers l’exportation déconnecte l’entreprise de son marché d’origine, ce qui a bien sur pour effet de délier le compromis fordien.

        Financiariser les salaires a déjà été fait. Ce sont les stock-options. En dehors du fait que celà ruine nos systèmes de solidarité, cela favorise la courte vue, réduit l’investissement... Les intérêts de l’entreprise ne sont pas réductibles aux intérêts des actionnaires.

        Et les dividendes bénéficient de l’impôt libératoire à combien, déjà, 18% ?

        On obtiendrait donc un bien meilleur résultat avec un dispositif comme le SLAM, proposé par l’économiste Frederic Lordon http://www.monde-diplomatique.fr/2007/02/LORDON/14458

        Le débat est ouvert.


        • geko 21 novembre 2007 14:06

          Merci pour ce bol de fraicheur qui nous sort du navrant clivage droite gauche dont nous vivons un nouvel épisode huistorique. c’est de gens comme vous dont on a besoin en France ! rien à voir avec le vrai faux coup de balai de notre nouveau roi !


          • Krokodilo Krokodilo 21 novembre 2007 15:40

            J’approuve presque tout votre article, notamment le scandale des parachutes dorés qui a vu des dirigeants rester seulement quelques mois et partir avec une fortune, ou d’autres rester plus longtemps, des années, et partir avec une fortune (c’est donc assez fréquent !) après que son entreprise se fut cassé la figure ! Que des postes à responsabilité soient bien rémunérés, rien de plus normal, mais il faudrait au moins lier les indemnités mirobolantes à une bonne gestion. Ces gens sont des rapaces qui pillent les entreprises, et la liste des exemples est longue. Pour un seul condamné par la justice (le pilote qui avait repris et dépecé une compagnie aérienne avec la complicité de banques), combien partent avec les honneurs ? D’autres rapaces existent et se défendent très bien contre toutes les réformes, comme ceux qui sévissent dans les tribunaux de commerce...

            Par contre, je trouve que vous tombez dans le piège tendu par les groupes de pression qui soutiennent l’anglais lingua franca de l’Union européenne et comme langue auxiliaire mondiale, lobbys qui insinuent dans tous les médias l’idée qu’une insuffisante maîtrise de l’anglais est un des facteurs de moindre réussite de nos PME/PMI.

            Et voilà que surgit la Suède, éternel exemple. Or, la Suède est devenue une simple colonie anglophone, qui apprend sagement l’anglais de la maternelle à la tombe, comme l’Inde qui se ridiculise avec la langue de ses anciens maîtres devenue langue nationale. Le suédois technique, scientifique n’est plus actualisé et dépérit, c’est la vitalité même de la langue qui est en jeu quand on utilise l’anglais à l’université. Qui songerait à apprendre le suédois ? Personne. Est-ce l’avenir que l’on souhaite au français ? Une langue qui ne résiste pas meurt.

            Les journaux économiques eux-mêmes, ainsi que des rapports européens, ont reconnu que l’anglais n’était pas suffisant, qu’il fallait d’autres langues. En fait, hormis dans quelques métiers, quelques profils particuliers, l’anglais n’est même pas indispensable : si vous bredouillez anglais mais que vous êtes pas mal en chinois, pas de problème pour postuler à un emploi de commercial en Chine. Idem en Amérique du sud avec l’espagnol. Nos entreprises aussi ont été déçues de leurs tentatives d’imposer l’anglais en interne à tous leurs cadres : l’incompréhension était totale, les réunions improductives, les documents mal compris, etc. Pour vendre, il est bien préférable d’apprendre un peu la langue du pays. Par ailleurs, le Japon et la Chine ont d’excellents résultats économiques et sont loin d’être « fluent », y compris chez leurs cadres.

            En regard de votre article, indépendamment, il y a un lien avec un édito stupéfiant de France 24, où des journalistes français ironisent sur le glandouillage en France, où l’ardeur au travail serait symbolisée par la pétanque « C’est ça aussi la France ! ». Pas question pour eux de rappeler que si le nombre d’heures est plus faible, la productivité horaire est très bonne. Cette télé est une infamie : des infos en anglais payée par les impôts français, alors qu’on devrait envoyer la facture à la GB ! C’est en outre illégal, puisque la langue de la république est le français, de même que certaines grandes écoles sont dans l’illégalité en faisant une partie de leur dernière année directement en anglais. L’enseignement des langues est possible, ou la participation à une télévision plurilingue européenne (Euronews), mais pas l’enseignement d’une matière en anglais... Mais notre gouvernement actuel se fout de la défense du français dans l’UE, puisque l’anglais est devenu quasiment obligatoire à l’école primaire (aucun choix), et qu’il a fait voter le protocoles de Londres.

            Pour revenir à nos moutons économiques, la solution n’est pas dans l’objectif de devenir un esclave linguistique comme la Suède, mais dans la résistance et l’affirmation francophone : arrêter France 24 (80 millions d’euros par an économisés), exiger de l’UE l’arrêt d’Erasmus mundus (cursus en anglais pour étudiants hors UE) et favoriser au contraire les étudiants de pointe qui viennent pour une formation complémentaire en France : au moins, après avoir fait l’effort d’apprendre notre langue, il y a des chances qu’ils restent des années dans nos labos, alors que ceux qui ont fait six mois en anglais en France, puis 6 mois dans un autre pays européen finiront dans le « braindrain » américain... Depuis la perte d’influence française dans l’UE, nous avons très peu de commissaires et le français a pris une claque.

            Plus on suivra cette pente fatale de l’anglais intensif et précoce, plus nous renforcerons l’économie des pays anglosaxons. Il faut tout de même prendre conscience que cette hégémonie linguistique rapporte une fortune à la GB (cf. rapport Grin), directement par tout le business lié aux langues en général, mais surtout indirectement par l’influence politique, la discrimination à l’embauche, les postes internationaux, la domination sur les revues scientifiques, les tricheries possibles (procès Pasteur-USA), les classements bidonnés, etc. Puisque vous parlez de grandes écoles, voyez le récent classement des universités : pour un japonais, l’école des ponts et chaussées est perçue comme un technicien (supérieur !) cantonnier !

            L’espoir n’est pas dans le suivisme de l’anglais, dans l’illusion de les rattraper, mais dans l’affirmation de notre identité, dans la résistance linguistique, la remise en cause de la légitimité de l’anglais comme langue de l’Europe, dans la recherche de l’équité.


            • Xavxav 21 novembre 2007 20:39

              Monsieur,

              Apprendre une langue, ce n’est pas nécessairement négliger sa langue maternelle.

              Envoyer des étudiants à l’étranger, c’est aussi leur permettre une ouverture d’esprit qu’ils n’aurait pas en restant chez eux. Personnellement, j’ai travaillé six mois en Allemagne et j’ai appris beaucoup sur les méthodes de management et la culture des Allemands. Les français s’expatrient beaucoup moins que les autre citoyens européens. Et comme par hasard, notre commerce extérieur broie du noir.

              Regardez les domaines ou parler Français est un atout : la cuisine et la mode. Si vous voulez développer l’usage du Français dans le monde, il n’y a pas 36 moyens. C’est inutile de se retrancher derrière un conservatisme d’arrière-garde. Il faut être meilleur que les autres. C’est tout.


            • Krokodilo Krokodilo 21 novembre 2007 23:39

              Une langue, oui, mais pourquoi toujours l’anglais ? Faire des stages à l’étranger, oui, mais pourquoi toujours en GB ou aux Etats-unis ? Vous-même êtes allé en Allemagne, pas systématiquement dans un pays anglophone, vous confirmez ainsi que la dérive vers le tout-anglais est absurde et injuste.

              « C’est inutile de se retrancher derrière un conservatisme d’arrière-garde. Il faut être meilleur que les autres. C’est tout. »

              Et pour être meilleurs que les autres, faut-il coller nos enfants à l’anglais dès le CE1, sans aucun choix possible  ? Financer des infos télés en anglais ? Faire des cours en anglais pour les étudiants étrangers ? Contraires à la constitution, mais au point où on en est, quand on dépénalise les abus de biens sociaux, de petites entorses à la constitution ne sont que des broutilles.

              Vous parlez de conservatisme d’arrière-garde, air connu ; le modernisme serait donc favoriser l’hégémonie de l’anglais ?


            • SbII 21 novembre 2007 15:53

              Si le constat sur l’etat de l’economie est pertinent, la solution envisagee me fait quelque peu rire jaune.

              Dans les secteurs high-tech (faut il rappeler l’importance de ce domaine pour l’innovation et donc la croissance de demain ?), un salaire de 4000 euros n’est pas rare pour un ingenieur experimente n’ayant quasiment aucune fonction d’encadrement.

              Un bon ingenieur n’est pas forcement un bon manager et a fortiori un bon chef d’entreprise ! Pousser des gens ayant de tres grosses competences techniques a creer leur entreprise, c’est justement saborder tout le potentiel de ces competences. Qu’il faille des entrepreneurs est indeniable. Vouloir faire de tout le monde un entrepreneur suivant des criteres salariaux est ridicule.


              • SDM 94 Dominique Chapuy 21 novembre 2007 23:49

                Juste une petite réflexion complémentaire sur nos fameuses grandes écoles de manageurs. Si je ne me trompe pas, être un bon manageur c’est arriver à motiver un collectif vers un but commun, cela nécessite une sensibilité voire une expertise dans les rapport humains et un sens affirmé du collectif. Or nos fameux grands manageurs sont tous sélectionnés sur leur capacités à démontrer qu’il sont plus « intelligents » que les autres dans un contexte de compétition individuelle exacerbée... Cherchez l’erreur...

                Finalement il existait dans les années 50/60 une véritable école de manageurs : elle recrutait ses « élèves » vers 10/12 ans et, pendant 5 à 6 ans, les mettaient en situation de responsabilité dans la nature. Cela lui permettait d’identifier ceux qui avaient des réelles capacités de management et elle leur inculquait des valeurs d’humanisme et responsabilité vis à vis du groupe... Cela s’appelait le scoutisme...

                C’est du pur fantasme de croire que l’on peut former des manageurs avec comme seule technique de gaver de concepts intellectuels, pendant 3 ans, des sous développés affectifs de 20 ans (en effet, deux à trois ans de classes préparatoires peuvent être assez ravageurs...)


                • iris 23 novembre 2007 10:13

                  les diplomés grandes école sont surtout embauchés par les ent du cac 40-qui paient + que les pme- ils peuvent etre mutés à l’étranger-déménagement et frais payés-voire délocalisation- le diplome est un passeport pour l’emploi-et c’est peut etre pour cela que les grandes écoles sont si chères et réservée en priorité aux enfants des cadres -et ils ont dejà l’esprit formaté de nos élites avec tous les attributs qu’ils ont connu dans leur enfance-culture de la classe aisée-et réseau relationnel-l’université c’est pour les - riches et pour les travaux + intellectuels que le commerce et le management qui devraient menés normalement à la création d’entreprise- ce n’est pas le cas- les risques pris par les diplomés -dans les pme je n’en ai pas vu-et dans les ent du cac 40 non plus- et les pme en france sont surtout familiales -car il faut bcp de courage et de fonds propres pour se lancer -la faute aux banquiers et aux politiques -et tous ceux que je connais qui ont creer une entreprise c’est ceux qui avaient faim-voulaient un travail indépendant-surtout chez les artisans et travailleurs manuels -à part peut etre les nouvelles ent du net-


                  • xoj 25 novembre 2007 10:59

                    cette remarque est en effet juste et symptomatique de l’esprit francais en ces temps ou il faudrait au contraire retrouver l’etat d’esprit ’pionnier’ et la prise de risque.

                    C’est le manque de volonté d’ENTREPRENDRE’, en effet on habitue les jeunes francais a aller là on l’on peut recuperer directement un salaire et des avantages, donc dans les grandes Majors et la fonction publique : si j’ai tant d’années de fac, je dois toucher tant.

                    C’est l’une des causes principales de la lente mais sure désintégration de l’ecomomie francaise.

                    Les interminables batailles de chiffres ne sont qu’un pisalé ; Le problème est qu’il n’y a aucune solution technique a court terme, la loi est inefficace, la politique aussi, c’est un etat d’esprit une psychologie.

                    Il faudra une génération pour un retournement , après avoir toucher le fond.


                    • Lesage 25 novembre 2007 22:28

                      L’économie française ? Super !!!! Super contrats pour la France dans le monde entier : AIRBUS, AREVA, ARMEMENT et tuti quanti... Cela devrait asseoir (baromètre de la fièvre économique) une France plus riche donc plus généreuse avec ces concitoyens grâce au profit généré ? et bien non..... Toutes ces sommes colossales repartent en stock option,, en externalisation de compétences à l’étranger parce que la main d’oeuvre y est moins cher, synonyme en France de licenciement et plans de restructuration... Conclusion : au final petit soldat citoyen travailleur les gros contrats auxquels tu as participé retourneront toujours dans les même poches. SNIF.... Tu n’en verras jamais la couleur....

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