Autre lecture de ‘la troisième révolution industrielle’ : nous sommes condamnés à moins gaspiller et à vivre plus collectivement
Après la lecture par Bertrand Cassoret, enseignant-chercheur, du livre de Jeremy Rifkin sur ‘la troisième révolution industrielle’, l’article suivant propose une autre lecture de cette projection futuriste. Malgré les commentaires critiques concernant la mise en œuvre technique des 5 piliers et son interprétation simpliste, je propose de donner des pistes de réflexion sur ce que peuvent être les 5 piliers d’une future révolution industrielle. Jeremy Rifkin connait bien le sujet du pic pétrolier, et la problématique de la raréfaction à venir des énergies fossiles, mais comme dit Bertrand Cassoret, on reste sur sa fin quant aux solutions proposées, aussi bien dans la critique du livre que dans le livre lui-même.
Reprenons les 5 piliers, et essayons d’y ajouter ou de modifier la consistance.
1 Le passage aux énergies renouvelables
Le scénario Négatep proposé par des anciens de l’industrie électrique française prévoit qu’en 2050, la part des énergies renouvelables cumulée avec les économies d’énergie représenterait près de 50% de l’énergie finale de la France d’ici 2050. Les énergies renouvelables représenteraient près du tiers de l’énergie finale consommée. La consommation finale baisserait légèrement au niveau de la France. Jeremy Rifkin, étant un projectiviste, ne prétend pas qu’il a la solution technique, il cite principalement les énergies renouvelables connues par la majorité du public : le photovoltaïque et l’éolien. Mais il existe bien d’autres énergies renouvelables pas forcément pour des fins électriques, mais thermiques. Le débat lancé par Bertrand Cassoret se résume une fois encore à opposer énergie nucléaire aux énergies renouvelables électriques. D’abord il existe plusieurs types d’énergies renouvelables, comme il existe plusieurs type (ou plutôt génération) de centrales nucléaires, ou comme il existe plusieurs générations d’agrocarburants ou plusieurs générations de panneaux photovoltaïques. La génération 4 de centrale nucléaire est surement préférable à la génération 2 (actuelle ou 2bis de l’EPR), mais elle n’existe qu’en prototype pas encore au point. Et de même, la génération 1 des bio(ou plutôt agro)carburants n’est pas souhaitable, il serait mieux d’utiliser la génération 2, voire 3 de ces bio-carburants. Les énergies renouvelables sont de toute façon la voie vers laquelle, les scénaristes de Négatep (plutôt pro-développement du nucléaire, surement de 4ème génération), souhaitent, associé avec des économies d’énergie, avec la lutte contre le gaspillage, avec de la sobriété, et de l’efficacité énergétique, et de la maîtrise de l’énergie. On peut appeler cette baisse de consommation comme on le veut, mais cela sera surtout une réorganisation des villes.
2 La transformation du parc immobilier...
Encore une fois, même si Jeremy Rifkin simplifie ses projections futuristes, en faisant croire que les panneaux solaires (photovoltaïque ou thermique), associés avec des éoliennes deviennent des éléments essentielles à une indépendance énergétique des bâtiments, il imagine un monde possible. Le point regrettable, est qu’il n’a pas écrit ce scénario accompagné d’experts. Ce qui conduit aussitôt Bertrand Cassoret à se ruer contre le photovoltaïque et l’éolien. La voiture est très pratique mais elle n’est pas souhaitable à l’ensemble de l’humanité. On peut faire également le même parallèle avec le photovoltaïque et l’éolien, il est souhaitable de les utiliser, mais pas forcément partout et pas uniquement pour des raisons fiscales. Le photovoltaïque peut être réalisé avec des nouveaux matériaux d’avenir comme par exemple des polymères ayant un faible bilan carbone. Cela a l’avantage de ne pas puiser dans les ressources qui s’amenuisent comme l’indium, le silicium, ou autre composant. Il peut aussi être associé avec du solaire thermique (Jean-Marc Jancovici ayant toute la confiance de Bertrand Cassoret, y croit en cette technologie du solaire thermique, et plus particulièrement celle des concentrateurs). Cette technologie est appelée hybride PV/T, le solaire thermique permet, en symbiose avec le photovoltaïque, d’améliorer le rendement de ce dernier.
Mais l’idée de la transformation du parc immobilier est bonne et surtout souhaitée par les pouvoirs publics connaissant la problématique de l’énergie. Ce qui n’est pas souhaitable est que le bâtiment soit à zéro énergie, ce concept d’ailleurs ne veut rien dire à part pour l’administration comptable et fiscale. Les bâtiments seront réorganisés au sein des villes.
3 Le stockage de l’énergie...
La meilleure façon de stocker de l’énergie est de la stocker sous forme gravitaire, ce que fait déjà les barrages, mais aussi sous forme de chaleur, ce que fait le ballon d’eau chaude pour éviter les pointes de consommations de courant électrique.
Une autre lecture possible est le stockage de matériels. Je parle de la fin du flux tendu. Les entreprises devront apprendre à stocker. Et oui, stocker du matériel, évitera la consommation excessive d’énergie par l’effet du ‘juste à temps’ ou du flux tendu. Donc quelque part, on stocke de l’énergie. Un bien matériel est une transformation, c’est bien de l’énergie qui l’a transformée. Et c’est aussi de l’énergie qui la déconstruira. Des entrepôts se développeront pour stocker des biens matériels, des pièces de rechange récupérées sur d’autres produits. Le monde de la débrouille, de la réparation, de la maintenance se mettra en place. L’obsolescence programmée ont conduit à la diminution rapide des ressources. Le stockage sera un élément moteur pour développer la réparation des produits.
Des denrées alimentaires sèches seront stockées pour éviter les pénuries. Le fluvial se développera, le modèle du toujours plus vite périclitera. En ce sens, Jeremy Rifkin est un visionnaire, il n’est pas technicien, encore moins expert technologique, ce travail sera effectué par les chercheurs, les ingénieurs, les techniciens, les ouvriers, en travaillant plus en collaboration sans rapport de hiérarchie, mais l’optimisme de son livre est une bouffée d’énergie pour redresser ses manches pour réorganiser le monde avec moins de ressources mais surtout avec moins de gaspillage.
4 L’utilisation d’Internet pour transformer le réseau électrique...
Bien-sûr que oui internet aura un rôle à jouer non négligeable. Et plus particulièrement le smart-phone. Le covoiturage se développera qu’avec cette technologie. Le transport en commun aura besoin d’une interface de communication. Le transport est plus que dépendant au pétrole. C’est vraiment le comportement qui soulagera le réseau électrique. Pour cela, les voitures utiliseront encore pour longtemps du carburant pétrolier mais avec des consommations de 2L au 100km. Le poids, ainsi que la cylindrée devront être fortement réduits. Le transport autocar se redéveloppera pour les voyages en Europe ou à l’autre bout de la France. Cette économie de carburant, via également la téléphonie mobile, évitera le remplacement trop rapide des véhicules, de taille, de confort actuel par des véhicules électriques dont le bilan carbone au niveau mondial est loin de régler le problème de la ‘décarbonisation’ de l’économie. Internet est un superbe outil de développement et de changement des comportements, et évitera des déplacements. La visio-conférence sera la référence et la norme dans les débats pour les chercheurs, et les industriels, pour moins de déplacements d’avions. De multiples application connectera les personnes afin d’envoyer des signaux incitants à des micros délestages électriques, par exemple, le réfrigérateur domestique pourra être délesté pendant la période de pointe électrique, cela permet d’avoir moins recours au centrale gaz et charbon. Les applications sont en pleine expansion.
5 Le remplacement des véhicules actuels...
Le véhicule sera plus léger, sera loué, partagé, moins gourmand sur l’année.
Cela implique qu’il y aura forcément une réorganisation du tissu socio-économique. Les villes seront de taille moyenne et plus denses. La permaculture se développera aux abords des villes. Les grandes métropoles seront en déclin, économique et sociétale. Ils seront désertés par les classes moyennes qui se réinstalleront dans des villes de tailles moyennes, où l’emploi sera moins rémunéré mais où la qualité de vie sera meilleure, car l’emploi sera relocalisé à proximité. Les entreprises collaboreront avec les collectivités, et entre elles. Ces groupements seront complémentaires et non concurrentes. Elles fonctionneront en symbiose. La ville sera accessible par des modes doux de transport. Les habitants devront travailler de manière collective dans les champs. On pourrait prévoir par exemple, comme ont pu faire les suisses avec l’armée, de devoir à la collectivité 1 semaine par an à travailler pour la collectivité selon son l’âge et ses capacités physiques, et quel que soit son statut social. Ainsi les habitants auront plus confiance en leur dirigeant de collectivités ou d’entreprises, et se responsabiliseront plus pour le territoire, cela engendrera moins de coûts, une meilleure stabilité sociale, et une redynamisation industrielle du 21ème siècle donc une meilleure efficacité.
Tout cela parait utopique, mais contrairement à la lecture au premier degré, les têtes pensantes devraient se pencher réellement sur la façon de mettre en place un vrai projet de société que ce soit avec 2, 3, 5 piliers ou bien plus.
Nous sommes condamnés à moins gaspiller et à vivre plus collectivement en partageant les ressources.
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