Climat et recherche : un train peut en cacher un autre
Il est devenu évident que l’impact sur l’environnement, des activités humaines, de production mais aussi de consommation, constitue une donnée majeure dans les choix économiques à tous les niveaux, du local au mondial, qu’ont à prendre les décideurs qu’ils soient chefs d’entreprises, élus ou simples citoyens.
D’une part, les dégâts causés par l’exploitation intensive de la planète depuis l’avènement du système de production capitaliste (et des autres systèmes productivistes) et d’autre part, l’épuisement à moyen terme, des ressources fossiles (gaz, pétrole, charbon) mettent en premier lieu, tous les pays industrialisés ou en voie d’industrialisation, dans l’obligation de reconsidérer fondamentalement leur manière de produire pour qu’elle devienne compatible avec la préservation de la nature et de toutes les espèces vivantes qui en font la richesse et l’équilibre.
Qu’on soit ou non persuadé de l’incidence que cela puisse avoir sur le climat, le débat est toujours en cours et non tranché, après plusieurs années de matraquage sur le mode « nous courons à la catastrophe si la température devait progresser de+ 2° d’ici 2050 et nous craignons le pire avec la fonte des glaciers et la montée des océans, à très court terme etc… »
Rappelons tout de même qu’en un siècle, la température n’a augmenté que de 0,72° et que même si cette tendance s’est accentuée en cette fin 2000, la suite n’est pas écrite avec autant de probabilité que le GIEC l’affirme. D’ailleurs, à peine deux mois après Copenhague, il vient d’être amené à reconnaître deux erreurs qui en disent long.
Une dépêche AFP du 18/1/10 nous apprend qu’il va enquêter sur de récentes déclarations selon lesquelles ses prévisions sur la disparition des glaciers de l’Himalaya pourraient être erronées. C’est ce qu’a déclaré à New Delhi son président Rajendra Pachauri. En 2007, le GIEC avait avancé que « les glaciers de l’Himalaya reculaient plus vite que les autres glaciers dans le monde et qu’ils pourraient disparaître d’ici 2035, voire avant. » Un paragraphe sur 938 pages...plaide Pachauri.
Seconde erreur, toujours les glaciers terrestres mais sur toute la planète : leur surface devait fondre de 500 000 km2 à 100 000 à l’horizon 2035 : cinq fois moins en 25 ans ! C’était une erreur de transcription, nous dit-on, il fallait lire d’ici 2350 ! Les rédacteurs des rapports sont capables de laisser passer une telle inversion ? A quand la troisième erreur ?
On apprend également que des doutes subsistent au sein du GIEC : « il n’y aurait pas de preuves suffisantes pour faire un lien entre le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles »
Déjà, le piratage informatique au Centre de recherche britannique sur le climat de l’université East Anglia avait révélé que des données ont été manipulées pour conforter la thèse du réchauffement climatique d’origine humaine. Ces…erreurs vont dans le même sens
Après le fiasco du sommet de Copenhague, il va être difficile de continuer sur cette lancée où l’on a voulu confondre pollution et climat pour mieux activer les peurs et parvenir à faire émerger un nouveau marché, celui du carbone, que ses promoteurs, Al Gore en tête, présentaient aux industriels comme encore plus important que le marché du pétrole appelé à se tarir.
A propos du NIPCC
Reconnaissons que le catastrophisme entretenu par les médias a largement dominé, en tout cas en France, au point qu’il fallait un certain courage aux scientifiques qui osaient contester les thèses officielles qui semblaient submerger les quelques voix discordantes, un peu plus audibles au fur et à mesure qu’on approchait du sommet.
Cependant je ne perds pas de vue que, du côté de certains sceptiques du réchauffement anthropique, sévit le lobby du pétrole notamment à travers la pensée ultra-libérale hostile à ce que les Etats se mêlent de réglementer quoi que ce soit, favorable à ce qu’ils laissent le marché se réguler lui-même, l’initiative privée libre de se déployer pour que les puissants intérêts en jeu continuent de faire la pluie et le beau temps sur l’économie.
Si des travaux scientifiques de haut niveau aboutissent à constater que le réchauffement climatique est dû bien plus à des causes naturelles qu’humaines, il n’en faut pas davantage pour que la science paraisse, de la même façon, sollicitée et détournée de sa mission, ce qui rend suspecte la démarche de ceux qui la sollicitent.
C’est ce qui se passe avec les travaux de l’équivalent du GIEC (IPCC en anglais), un certain NIPCC, N pour non gouvernemental, qui produit des conclusions très argumentées et très critiques sur son concurrent officiel dont il conteste la légitimité scientifique.
Ce rapport est disponible en Français http://www.pensee-unique.fr/NIPCC_VF_04.pdf.
Le problème c’est qu’il est édité par l’institut Heartland qui n’est pas à proprement parler une institution de recherche parfaitement neutre, ce qui ne manque pas d’interroger quand on sait
que cet institut est financé par les grandes sociétés pétrolières ainsi que par Philip Morris (voir Wikipedia). Il assume complètement son engagement libéral sous le regard des grands ancêtres : Friedrich von Hayek, Thomas Jefferson, Georges Washington, Ludwig von Mises, Milton Friedman…http://www.heartland.org/
Le rapport a beau protester de la totale indépendance et du bénévolat de ses coauteurs, de sa démarche apolitique, de son unique souci scientifique à travers le résumé d’une cinquantaine de pages pour les décideurs, d’un intérêt certain, cet éditeur ne crédibilise pas cette démarche parce qu’entachée, comme pour le GIEC, de ne chercher que ce qu’on a décidé de trouver.
Comment les non spécialistes peuvent-ils ne pas avoir le sentiment d’être manipulés tellement les controverses entre scientifiques sont nombreuses et profondes, très souvent doublées de considérations et d’intentions politiques et idéologiques inavouées ?
Au moins, avons-nous pris la mesure de la complexité des questions en débat et de la difficulté à faire état de certitudes, si ce n’est de nous méfier...des certitudes des nouveaux « ayatollah » de l’écologie qui prétendent sauver la planète en culpabilisant les peuples sans toucher aux profits comme de ceux qui promettent de résoudre les problèmes écologiques en ne changeant rien aux rapports de production et d’échanges et au consumérisme qui en découle.
Encore faut-il disposer d’une recherche publique totalement libre et disposant des moyens financiers pour cela, non soumise à des obligations de résultats à court terme coïncidant avec des intérêts politiques étroits. Or c’est d’indépendance dont ont besoin les chercheurs aussi bien à l’égard du pouvoir politique que du pouvoir économique. Pas pour eux-mêmes et rester hors de tout contrôle mais pour faire progresser le savoir et la connaissance et les rendre accessibles à tous.
L’autoritarisme gestionnaire que cherche à imposer Sarkozy à notre enseignement supérieur public et à notre recherche ne pourrait aboutir qu’à l’effet inverse. Il ne la considère que comme un moyen de contribuer à la croissance économique de la France. Le malaise est profond, tous les secteurs sont concernés. Vaste sujet de débat.
René Fredon
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