Copenhague, c’est fini, on oublie ?
Ce sommet aura au moins mis tout le monde d’accord sur une chose : si les négociations ont échoué, c’est la faute à l’ONU, plus précisément au système onusien : négocier à 190 ou rien. Donc on n’obtient rien la plupart du temps. De toute manière, on se rend bien compte que l’Homme n’est pas fait pour planifier sur un siècle... Et comment y parvenir après tout ? Aurait-on pu prédire le XXème siècle en 1909 ?
- Trop de monde pour se mettre d’accord
Un échec ?
Le COP 15 a viré au FLOP 15... Et comment ! C’est comme s’il ne s’était rien passé : tout le monde était à peu près d’accord que le réchauffement c’est pas cool (ok mauvais jeu de mots), mais aucune ébauche de solution pour empêcher ça... La majeure partie des débats était axée sur les plans de financement et l’aide aux pays pauvres à établir afin de lutter contre le réchauffement. Malheureusement les pays africains sont de l’avis général les grands perdants de ce sommet : on leur a promis des aides, mais on n’a pas précisé leur montant, leur durée, et de qui elles viendraient. On continue donc effectivement à perdre du temps.
On peut voir l’engagement environnemental des nations comme un prétexte à la relance d’un système économique, un système qui reste cependant ancré à la logique de l’emprunt et de la spéculation sur une bulle verte prête à exploser à tout moment. On peut même du coup penser que certains pays (Chine, Inde et USA en particulier) acceptent la relance mais refusent la refonte du système. Les grands acteurs économiques n’ont donc pas pu se mettre d’accord sur un nouveau modèle écologique et économique pour remplacer l’actuel fonctionnement de notre société occidentale, qui a ô combien fait ses preuves... On avait l’occasion d’améliorer le modèle existant et repenser le monde pour éviter les gaspillages en tout genre, mais le manque de confiance des uns envers les autres et l’absence de compromis dans les réactions de certains pays est une barrière insurmontable pour trouver un accord global.
Tout comme Kyoto il y a 12 ans, Copenhague est un cuisant échec. Vendre du rêve est toujours plus facile que de trouver des solutions réalistes. De toute façon, c’était déjà prévu avant, maintenant il faut juste ne pas baisser les bras. Pour relativiser peut-être l’échec du COP 15, on peut le voir comme une foire pour calmer les écolos tout en préparant l’avenir économique mondial, bien joué quand même. L’Europe, encore une fois, s’est retrouvée hors jeu malgré toutes ses bonnes intentions. L’Union Européenne a maintenant une occasion historique d’affirmer son point de vue et de montrer l’exemple.
Se focaliser sur les vrais problèmes
On biaise totalement l’arbitrage des problèmes en faveur du CO2, pour des raisons politiques (lobbying). Un exemple parmi d’autres, les famines causées par la conversion massive de plans de céréales en plan d’oléagineux (biocarburants). C’est bien là une solution qui montre l’égoïsme des occidentaux, qui trouvent une pseudo-solution à leur problème (rouler en produisant moins de CO2, mais aussi préparer l’après-pétrole), sans prendre égard aux conséquences désastreuses de cette solution dans d’autres pays. Là ils abordent la problématique environnementale sous le mauvais angle puisqu’ils ne proposent qu’une solution de racro bricolée à la va vite afin de trouver une alternative au pétrole. Avant de mettre en péril ces populations, le fameux principe de précaution aurait plutôt signifié d’encourager à rouler moins, afin d’économiser pétrole et CO2.
En même temps, d’autres problèmes se voient relégués au second plan : pollution marine et surpêche, OGM, pesticides... Avec les gâchis commis aujourd’hui (comme la surpêche), on entre déjà dans la dégradation des libertés individuelles : on voit très mal un gouvernement interdire des produits alimentaires issus de la pêche intensive ou encore interdire le commerce du sushi, cela prouve bien qu’il y a un souci au niveau de la conscience collective. Dans la grande majorité nous ne sommes pas prêts à renoncer à ces petites libertés de tous les jours et encore moins si nous sommes les seuls à devoir nous sacrifier...
Il s’agit de conjuguer l’urgence climatique et la justice sociale. "Une fois encore, ceux qui sont à l’origine des problèmes nous expliquent qu’ils ont des solutions : le marché d’émission de gaz carbonique, le soi-disant "charbon propre", l’énergie nucléaire, les agro-fuels, et même un "new deal" vert. Mais ce sont des fausses solutions, des illusions néolibérales. Il nous faut aller au-delà de ces illusions. Les solutions réelles au changement climatique sont en train de ses construire avec ceux qui ont toujours protégé la terre et ceux qui se battent tous les jours pour défendre l’environnement et leurs conditions de vie. Nous devons aujourd’hui globaliser ces solutions. Pour nous, les luttes pour la justice climatique et la justice sociale sont la même chose. C’est la lutte pour l’accès à la terre, la défense des forets, l’accès à l’eau, la réforme agraire et urbaine, la souveraineté alimentaire et énergétique, la lutte pour le droit des femmes et le droit des travailleurs. C’est le combat pour l’égalité et la justice pour les populations indigènes, pour les peuples du "Sud global", pour la répartition des richesses et la reconnaissance de la dette écologique historique que doivent les pays du Nord. Contre les intérêts désincarnés et dominés par la logique du marché des élites et contre le modèle dominant de développement basé sur le consumérisme et la croissance sans fin, le mouvement pour la justice climatique revendique la défense des "biens communs" et met les questions sociales et économiques au cœur de notre combat contre le changement de climat..."
Le réchauffement mis en doute
Comme il n’y a pas de preuve scientifique infaillible, on peut pas encore être à 100 % convaincu de la réalité du réchauffement climatique, et a fortiori de son origine humaine. Par principe de précaution, mieux vaut y croire quand même, afin de ne prendre aucun risque (je n’énoncerai pas d’arguments pour et contre le réchauffement ici, ce n’est pas le sujet). Mais après, tout dépend du système de valeurs qui est propre à chaque individu. Le problème du principe de précaution appliqué au réchauffement climatique, c’est qu’on consacre de la ressource à quelque chose qui reste une éventualité, alors qu’on devrait se concentrer plutôt sur des problèmes existants avérés qui se voient empirés au lieu d’être résolus. Je pense particulièrement au sommet sur la faim en novembre, qui est plus ou moins tombé aux oubliettes, à l’ombre de Copenhague : COP15 aurait dû régler en corollaire le problème de la faim dans le monde. A vouloir trop faire à la fois, on ne fait finalement rien correctement.
Dans les deux sens (pour ou contre la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique), on fait preuve de subjectivité : on éclipse des informations pour ne garder que des arguments en faveur de son point du vue, on simplifie à l’extrême. On ne part pas d’un contexte neutre où on essaie honnêtement de réfléchir en faisant la part des choses pour arriver à un résultat objectif. Non, on part du résultat qu’on prédéfinit (réchauffement ou pas), et on rassemble tout un tas d’arguments qui vont dans le sens de résultat, afin de construire un raisonnement infaillible... L’histoire récente du "Climate Gate" c’est ça. C’est un peu à celui qui fera preuve de plus de pragmatisme ; mais à force d’être trop pragmatique on finit par shunter nos raisonnements en ne retenant que les arguments qui appuient notre théorie. Ca ne fonctionne évidemment pas. Dans les deux camps, il manque tout simplement des preuves réelles et tangibles ! Et pour ceux qui se plaignent d’être censurés : ce n’est pas parce que l’on cherche à museler un point de vue que celui ci est forcément vrai. Les médias ne doivent pas tomber dans l’écueil de donner un temps de parole démesuré à n’importe quel hurlu-berlu qui raconte n’importe quoi pour faire parler de lui (suivez mon regard... Claude Allègre).
Climat et lobbying : La science, instrumentalisée au service des intérêts privés. C’est encore une fois valable dans les deux sens, que ce soit les grands groupes pétroliers comme Exxon Mobil qui sont derrière les "climato-sceptiques" pour calmer le jeu, ou les "réchauffistes" qui ont des liens avec de grands hedge funds green, de la bourse au carbone...
Mais qui sont vraiment les climato-sceptiques ?
"Le vilain néologisme « climato-sceptique », qu’on écrira bientôt « climatosceptique » sans trait d’union, fait désormais la manchette des moins mauvais journaux. Comme tous les mots véhiculant des idées chargées d’émotion, il prête à malentendu.Pour simplifier, je dirais qu’il existe quatre catégories de climatosceptiques :
- Il y a ceux qui sont payés ou instrumentalisés par les compagnies pétrolières, gazières, charbonnières et autres grandes entreprises ayant intérêt à calmer le jeu, avec la complicité passive ou active des Etats qui leur sont liés.
- Il y a ceux, citoyens ordinaires, que leur bon sens porte à douter (à tort ou à raison) et à penser que la planète connaît peut-être des priorités plus urgentes que le global warming.
- Il y a les climatologues qui en toute bonne foi pensent que le beau consensus présenté par ce machin nommé Giec ou IPCC, sorte d’ONU de la science climatique, masque trop de failles et d’insuffisances pour justifier ce bruit et cette fureur.
- Et puis il y a ceux, les plus rares et les plus intéressants, qui, scientifiques de haut niveau sans être climatologues à part entière, formulent des objections relevant à la fois de l’épistémologie (science de la science) et de la psychologie individuelle et collective. L’un de ces derniers est le physicien américain Freeman Dyson : selon lui, en dépit des progrès réalisés ces trente dernières années, les climatologues savent pertinemment qu’ils ne connaissent pas toutes les variables à prendre en compte pour modéliser l’évolution du climat, et, à plus forte raison, qu’ils ne savent pas comment pondérer celles qu’ils connaissent. qu’est-ce donc qu’une équation dans laquelle le nombre de variables est inconnu et dans laquelle les variables connues ne peuvent être affectées d’aucun coefficient crédible ? Ce type de soupçon ne remet pas forcément en cause la thèse principale selon laquelle nous sommes confrontés à la menace d’un réchauffement planétaire substantiel, mais en bonne rigueur scientifique, cette thèse n’est pas vérifiée. Pour dire les choses autrement, le point de vue développé par Dyson est que les climatologues auteurs et défenseurs du « consensus » en savent beaucoup moins qu’ils le prétendent. Il y a même de bonnes raisons de penser que beaucoup de climatologues ont intérêt à survaloriser ce qu’ils savent. Il est de leur intérêt objectif de surestimer un risque, car c’est une façon bien répertoriée d’attirer l’attention à la fois des médias et des bailleurs de fonds. Surtout si la majorité des chercheurs participent de cette attitude. Pour un scientifique, aller à contre-courant, c’est prendre un risque.
Bref, résumons
Que le réchauffement de la planète (ou de certaines de ses parties) soit une réalité , cela n’est pas objet de polémique. Que ce phénomène soit, du moins en partie, d’origine humaine (anthropique), cela est assez partagé . Que ce soit (aussi) l’effet d’un processus naturel, d’origine solaire c’est tout à fait possible. Si certaines causes sont anthropiques, peut-on les "prouver" ou en déterminer la probabilité plus ou moins grande ? Les sciences de la nature et les experts sont-ils crédibles sur ces sujets ?
La polémique est parfois rude, vu l’hypercomplexité du problème et la tendance à simplifier à l’extrême. Difficile de concilier les points de vue, même apparemment bien informés sur cette question... chaude ! La climatologie a encore beaucoup a nous apprendre... Paradoxalement, malgré l’avènement de l’ère numérique, il est de plus en plus difficile de vérifier la fiabilité de l’info aujourd’hui, peut-être justement à cause de l’inondation d’informations sur Internet.
Ceci dit n’oublions pas que le GIEC estime qu’il est fort probable que les activités humaines participent au réchauffement climatique et aux changements. Ils n’existe évidemment pas de preuves, car le système est complexe. Disons qu’un vaste ensemble de faits montre que pour l’augmentation récente des températures, il est plausible que l’activité humaine soit le principal contributeur, bien que des phénomènes "naturels" semblent aussi concourir pour une faible part.
Il ne faut pas perdre notre temps à chercher quel camp détient la vérité, l’idée c’est qu’on ne peut pas mesurer clairement et avec certitude le réchauffement climatique. Je pense pour autant que nous nous devons de maintenir notre écosystème, de limiter les dommages collatéraux dus à l’exploitation de nos ressources tout en ne renoncant pas au progrès et à la croissance. Et par progrès, il faut comprendre optimisation et rationalisation de nos façons de consommer et de produire.
Cet échec du sommet de Copenhague donne l’impression finalement que les problèmes écologiques ne sont pas pris assez au sérieux. Le danger, c’est de laisser tomber tout début de bonne volonté maintenant sous prétexte que nos dirigeants ont été incapables de s’accorder. Les écologistes doivent prendre garde à ne pas desservir leur cause - préserver la planète pour que l’homme puisse en profiter durablement - en se détournant de la science pour biaiser leurs résultats de manière irrationnelle, et devenir en quelque sorte des intégristes. Il existe un risque que de plus en plus de gens tournent le dos aux thèses des "réchauffistes". Il faut prendre garde à l’endormissement du peuple pour au final constater que d’un point de vue politique, nous ne décidons plus de rien. La démocratie aujourd’hui n’est plus le pouvoir du peuple, mais le pouvoir d’une partie très limitée du peuple (les lobbies). Il faut donc continuer à se battre pour exprimer ce nous pensons être vrai au fond de nous-mêmes, afin de préparer l’avenir de nos enfants. Telle est notre mission à chacun de nous, si tant est que nous avons une mission en ce bas monde.
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