Depuis plusieurs décennies, la quantité de déchets produite par notre société ne cesse d’augmenter. En cause, notre mode de vie occidental, nos habitudes de consommation et surtout un certain laxisme. Nous manquons de responsabilité envers le devenir de ce que nous mettons à la poubelle. Il est vrai que l’État n’a pas accompli sa part du travail, puisque ce n’est que récemment que le problème a été pris en compte en tant que tel avec le grenelle de l’environnement et les campagnes de sensibilisation faites par l’ADEME
i.
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État des lieux
En 40 ans, la quantité de déchets produite par les Français a doublé, elle atteint en 2006
354 kg par an et par habitant. Au total, les ménages ont produit 31 millions de tonnes de déchets, dont 11 millions de tonnes d’encombrants et déchets verts et 20 millions de tonnes d’ordures ménagères
ii.
Du côté de l’eau souillée, le constat n’est pas meilleur : en moyenne 140 litres d’eau usée sont rejetés par jour et par personne en France. Cette eau sera dans le meilleur des cas traitée en station d’épuration, et dans le pire libérée telle quelle dans la nature. Ce sont donc 3,1 milliards de litres d’eau qui sont consommés par an en France, sans compter les rejets industriels et la consommation pour l’agriculture
iii.
Cette surproduction pose plusieurs problèmes, plus ou moins liés entre eux.
Chaque kilogramme de déchets coûte cher. Leur acheminement jusqu’à un centre de tri ou une décharge et leurs traitements (tri, nettoyage, stockage, …) induit une
consommation d’électricité, de pétrole, d’eau et l’utilisation de main d’œuvre. Si l’on déduit les recettes obtenues par la revente de matériaux ou d’énergie issus de déchets, la dépense publique pour le traitement des ordures s’est élevée à 4,5 milliards d’euros en 2004, soit 150 euros par tonne
iv. On pourrait également considérer le coût « sanitaire » découlant d’une éventuelle pollution de l’eau, des sols ou de l’air.
Certains déchets ne peuvent pas être recyclés car cela est trop complexe ou que la technologie actuelle ne le permet pas. Ils seront incinérés : autant de matière première réduite à un état non réutilisable. Cette perte de ressources naturelles augmente d’autant notre impact environnemental puisqu’il faut la compenser en extrayant de nouvelles quantités de matière qui doivent être transformées avant utilisation. Le verre, par exemple, est un matériau très facilement réutilisable et sa production à partir de calcin (débris de verre en fin de vie) permet d’économiser environ 460kg d’émission d’équivalent CO² par tonne sortie d’usine par rapport à sa production à partir de sable
v.
Enfin, les déchets qui ne peuvent être ni dégradés, ni recyclés, ni incinérés seront rejetés dans la nature en l’état et auront souvent un impact environnemental très important que ce soit par la pollution générée (et son impact sur la bio-diversité) ou par une baisse de la qualité de vie de certaines populations (dans le cas d’habitations à proximité d’une décharge par exemple).
Il devient donc important de diminuer drastiquement la quantité de déchets non réutilisés. Pour cela, deux voies peuvent être suivies, parallèlement :
Bien entendu, services publics et entreprises ont le devoir d’agir en ce sens, mais certains efforts peuvent être fait par tous et des solutions, souvent simples, peuvent être mises en place. Nous allons d’abord voir comment certaines modifications de nos comportements et de nos habitudes de consommation vont « vider » nos poubelles. Nous poursuivrons en montrant comment réutiliser ce que l’on considère habituellement comme des détritus.
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Limiter le volume de nos déchets
Notons pour commencer qu’environ 100 kilogrammes d’emballages par personne et par an sont consommés
vi (sans compter les emballages industriels qui représentent environ 60 kg/an), cette matière allant directement à la poubelle une fois le produit utilisé.
Quelques solutions :
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Ne pas prendre de sac en plastique pour les courses, utiliser un cabas (ou un sac réutilisable). C’est un geste très simple, qui demande juste d’y penser.
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Eviter les emballages individuels (gâteaux, …). Pourquoi avoir deux ou trois couches de plastiques là où une simple boîte suffirait. Dans le cas où le produit doit être ensuite emporté en portions deux solutions :
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Prendre tout le sachet et le stocker sur place (dans un tiroir au bureau par exemple)
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Emporter la portion dans un contenant réutilisable (Tupperware, bocal).
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Limiter les plats préparés (boite de conserve entre autres) qui encombrent la poubelle. En remplacement cuisiner soi-même :
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Si le temps vous manque, préparer plusieurs repas à l’avance peut être une solution ou encore utiliser les restes du repas de la veille, faire des salades, des tartes, des sandwiches...
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Acheter des produits frais, directement au producteur c’est encore mieux.
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Acheter des produits à la coupe.
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Acheter en vrac/en gros.
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Et emporter ses courses directement dans son sac ou son cabas, si possible.
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Privilégier au maximum les emballages en verre plutôt qu’en plastique (souvent incinérés en fin de vie) ou les Tetra-Pak (qui sont des mille feuilles de matériaux difficiles à dissocier).
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Pour le papier :
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Imprimer sur des feuilles utilisées sur un seul côté (lettre, brouillon, …) ou en recto/verso. Et pourquoi pas deux pages du document sur chaque face de la feuille.
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N’imprimer que le strict nécessaire.
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Mettre un autocollant « Stop à la pub » sur votre boite aux lettres.
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Utiliser des piles rechargeables ou des appareils à batterie ou qui se branchent sur le secteur.
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Prendre des ampoules à LED ou fluocompactes, elles consomment moins et durent bien plus longtemps (surtout en cycle d’allumage).
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Privilégier les objets avec une durée de vie longue :
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Comme cadeau pour enfant, plutôt que le dernier robot TooPlastik made by Children, prendre des jeux de construction Légo/Duplo/Playmobil/Meccano/… ou encore des jouets en bois ou des jeux de société.
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A la place d’un appareil (de bricolage, d’électroménager) très bas de gamme, investir un petit peu plus permet d’en acquérir un avec une durée de vie plus importante et pourra être re-vendu ou donné.
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Faire réparer ses objets en panne plutôt que de les jeter. Le faire soi-même peut aussi être une expérience intéressante et pas forcément très compliquée.
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Limiter sa consommation en eau, en installant des gicleurs aux robinets, en changeant les joints qui fuient, en remplissant entièrement la machine à laver et le lave-vaisselle, en ayant deux modes possibles pour la chasse d’eau, ou tout simplement en ne prenant pas de bain et en limitant le temps sous la douche.
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Ne pas utiliser de l’eau potable pour arroser les plantes verte ou le jardin ou laver la voiture. Se servir de l’eau de pluie ou des eaux grises
vii (eau issue des éviers, lavabos et douches, un filtrage est nécessaire).
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Valoriser nos déchets
Le fait de valoriser ses déchets n’est qu’une manière de plus d’en limiter le volume, mais il est intéressant de dissocier les deux afin de mieux se rendre compte de l’effet « seconde vie » (sans arrières pensées virtuelles) de nos rejets.
De manière générale, la réutilisation va consister à changer directement le statut des déchets de fin de vie à matière première. Pour cela, de nombreuses filières alternatives existent :
La
Réutilisation directe. Beaucoup de déchets peuvent resservir grâce à des modifications très mineures, par exemple des pots en verre pour conserver des aliments (épices, céréales, farines, confitures, …) ou des boite de conserve pour stocker diverses fournitures (clous, vis, piles, stylos, ...). D’autres encore peuvent se transformer en matériau de base pour la fabrication de différents objets comme des meubles en carton (voir
viii et
ix pour ce qu’il est possible de faire, et
x pour apprendre la technique de fabrication)
.
Le Compostage/Lombricompostage consiste à transformer une grande partie de nos détritus organiques en un engrais réutilisable. Le principe est très simple, on place nos rejets (peaux de fruits, de légumes, …) dans le composteur. A partir de là, la nature intervient sous la forme de petits vers qui croquent dans toute cette manne providentielle. Petite période de digestion, et là surprise le compost est arrivé !
Cette technique n’est pas uniquement réservée aux maisons avec jardin mais peut aussi être utilisé en appartement (avec balcon de préférence mais pas uniquement) grâce au lombri-composteur ou composteur d’appartement. Pour ce dernier, toujours le même principe, sauf que nous aidons un peu la nature en apportant nous-même les vers et que le système doit être un peu plus soigneusement contrôlé (notamment pour éviter les mauvaises odeurs)
xi.
Et si l’on ne sait pas quoi faire de son compost, un certain nombre de personnes seraient sûrement très heureuses d’en récupérer, des locataires de jardin partagé ou le voisin qui fait pousser de magnifiques massifs de fleurs.
Le Don.
Très connu et répandu sous l’égide d’Emmaüs, le don ne se limite pas à cela. Je n’entends pas, ici, détourner une partie des biens donnés à cette association mais plutôt en étendre le périmètre en apportant des solutions complémentaires.
Mis à part le don à des connaissances, une autre solution prend aujourd’hui de l’ampleur : les sites Internet de dons. Ces sites permettent aux utilisateurs de passer une annonce dans laquelle est décrit l’objet. Les personnes intéressées peuvent entrer en contact avec le donateur. En général, l’objet est remis directement en mains propres.
L’idée des sites de dons est excellente. La première raison est éco-matérialiste puisqu’on jette moins quand on donne, solution pertinente pour remplacer la poubelle. Il est aussi très altruiste de satisfaire quelqu’un en transmettant un objet qui n’a plus d’intérêt pour soi.
Certaines associations organisent aussi des « grands dons ». C’est exactement le même principe que les sites nommés plus haut mais sans intermédiaire informatique. Le don est organisé dans la rue (ou un champ, ...) et les objets proposés aux passants. Plus d’informations peuvent être trouvées en tapant « grand don » dans n’importe quel moteur de recherche.
Une autre forme de don est aussi intéressante, bien que plus aléatoire : « le dépôt dans la rue ». Ce don est bénéfique à des personnes qui sont peut-être plus dans le besoin et qui n’ont pas forcément Internet.
Les Recycleries/Ressourceries et autres associations de récup’
Les Ressourceries et les Recycleries récupèrent certains types de déchets et les réutilisent dans la fabrication de nouveaux objets. La récupération se fait majoritairement auprès des municipalités mais doit être développée auprès des ménages et des entreprises. Le principe est très intéressant car il illustre parfaitement cette volonté de ne plus considérer le déchet comme une nuisance mais comme un matériau de base. Les produits fabriqués sont revendus et entrent à nouveau dans le cycle de la consommation. Les Ressourceries sont présentes dans beaucoup de grandes villes françaises
xii.
En conclusion.
Nous avons pu voir quelques chiffres à propos des déchets ménagers, certains font peur et d’autres sont encourageants. L’objectif est d’ouvrir des possibilités quant à la réduction de cette pollution en montrant qu’il est possible d’agir, en faisant des gestes simples, qui en étant répétés deviennent des habitudes. Bien entendu, tout ne peut pas être appliqué par tout le monde, mais j’ose espérer que vous y avez pioché quelques (bonnes) idées.
Sources et notes :
i ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
ii Source ADEME 2009,
Les déchets en chiffres.
iv Source ADEME 2006,
Connaissance des coûts et chiffres des déchets. Dépenses gouvernementales liées à la gestion des déchets : 11,1 milliards d’euros ; dépenses pour les déchets municipaux uniquement : 6,5 milliards d’euros (dont 1,2 milliards en investissement) ; recettes générées par la revente de matériau ou d’énergie : 700 million d’euros.
v Source ADEME 2009,
Bilan du recyclage 1997-2006.
vi Source Bio Intelligence Service & ADEME, SYNTHESE,
Impacts sur l’environnement des produits et services consommés en Europe.