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Accueil du site > Actualités > Environnement > Energies fossiles & modèle économique : la fin d’un (...)

Energies fossiles & modèle économique : la fin d’un cycle

Plus de 80% de l’énergie consommée de part le monde nous provient des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon), notre dépendance face à ce type de combustible est indéniable.

Les estimations sur l’état des réserves de ces énergies fossiles ainsi que sur le nombre d’années de consommation qu’elles représentent ne font pas l’objet d’un consensus clair. Cela étant, nous allons nous baser sur les chiffres des réserves prouvées qui ont été publiés par l’industrie (BP Statistical review of world energy 2009).
 
La catégorie « Globalement » est calculée sur un raisonnement basique : si les réserves d’une source d’énergie s’épuisent, on la remplacera progressivement par une autre jusqu’à l’épuisement de l’entièreté des énergies fossiles. Nous arrivons dès lors à une réserve globale début 2010 correspondant à 77 années de la consommation actuelle.
 
Bien entendu l’hypothèse d’un rythme constant de consommation est critiquable car les chiffres de ses 20 dernières années nous montrent que la croissance de la consommation des énergies fossiles est en moyenne d’1,9% l’an. Néanmoins, la crise financière a plongé récemment l’économie en récession et il est raisonnable de penser que les besoins énergétiques vont diminuer dans de nombreux secteurs. Cette crise pourrait donc même, selon son intensité, augmenter indirectement nos réserves de quelques années.
 
Quoi qu’il en soit, force est de constater que l’analyse de nos réserves nous apprend qu’elles sont très loin d’être inépuisables. Au contraire, à l’échelle du temps humain, nous sommes d’ores et déjà au pied du mur puisque ce n’est l’espace que de deux générations.
 
Cela signifie-t-il pour autant que nous allons connaître la tranquillité pendant ce laps de temps ? Certainement pas ! Car nous avons abordé ici le problème qu’en terme de réserve et de consommation mais deux autres aspects importants manquent au raisonnement : la production et le prix.
 
En effet, toute production issue d’un stock non renouvelable ne peut rien faire d’autre que de commencer à zéro, passer par un maximum et décliner à nouveau vers zéro. Pour le pétrole, l’agence internationale de l’énergie (AIE) a déclaré l’été dernier que le pic pétrolier arriverait dans les 10 prochaines années alors que parallèlement des entreprises privées (Virgin Group, Yahoo et d’autres) parlent plutôt de 3 années. Tôt ou tard, l’offre va donc diminuer tandis que la demande va rester forte lorsque l’on sait que la Chine et l’Inde, notamment, sont en train de développer leur marché intérieur. (28 véhicules pour 1000 habitants en Chine et 13 en Inde, le potentiel de hausse de la consommation du pétrole dans ces pays est évident)
 
La conséquence d’une offre en diminution et d’une demande soutenue est incontestable d’un point de vue économique : la tendance moyenne du prix du pétrole sera inévitablement à la hausse. Sachant que le prix du baril sert aussi d’étalon pour le prix des autres énergies fossiles, cela sous-entend que si le prix du pétrole augmente, c’est le prix de toute l’énergie qui augmente (c’est le cas de l’électricité puisque, dans le monde, les 2/3 de cette dernière sont fabriqués avec des combustibles fossiles).
 
Et après ? Après, si le prix du pétrole augmente vite, c’est... la récession. Tout cela est normal : l’économie, ce n’est qu’une succession de transformations physiques et chimiques effectuées à partir des ressources naturelles, et, par définition, il n’existe pas de telles transformations sans énergie. Dès lors, tout devient très simple : un prix de l’énergie qui baisse, ce sont des transformations rendues moins onéreuses et donc une économie qui croît, et, à l’inverse, une énergie qui augmente rapidement, c’est la récession à peu près assurée. Ce qui nous attend risque fort d’être plus une succession de récessions brièvement entrecoupées de rémissions...
 
Mais ne pourrait-on pas se passer des combustibles fossiles ? Les médias nous harcèlent avec les énergies renouvelables, suffit-il de remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables pour que tout rentre dans l’ordre ?
 
L’ORMEE, l’Observatoire sur le Relais Médiatique des Enjeux Energétiques, constitué de scientifiques bénévoles, a effectué une simulation basée sur une augmentation de l’utilisation des renouvelables dans l’Europe des 15. Les chiffres utilisés sont très ambitieux, on peut même les considérer comme utopiques. En effet, ils utilisent les hypothèses suivantes :
 
  • Augmentation de 25% de la production d’énergie hydraulique. (alors que l’UE envisage une croissance de 15% pour 2030)
  • Le quart du territoire de l’Europe des 15 serait alloué à la biomasse. (ce qui entrainerait une mise en compétition de l’usage des sols entre l’alimentaire et la biomasse)
  • 10m2 de panneaux solaires par habitant. (ce qui équivaudrait à couvrir l’entièreté des versants sud des toitures d’Europe)
  • 1 éolienne pour 1000 habitants. (ce qui donnerait une puissance de plus de 10.000 mégawatts à un pays comme la Belgique alors que la situation à la fin 2007 n’était que de 287 MW)
  • Un décuplement de l’utilisation de l’énergie géothermique.
 
Avec ces hypothèses très optimistes, les énergies renouvelables permettraient de couvrir uniquement le quart de la consommation actuelle en Europe. Les énergies renouvelables ne peuvent donc représenter, à elles seules, la solution !
 
Mais si les énergies renouvelables peuvent au mieux nous fournir 25% de notre énergie, pourquoi ne pas simplement compter sur le nucléaire pour nous fournir les 75% restant ?
 
Actuellement, l’énergie nucléaire représente environ 15% du totale de l’énergie en Europe des 15. Pour quintupler ce chiffre, il nous faudrait une centrale nucléaire d’1 gigawatt avec quatre réacteurs par million d’habitant. Cela nécessiterait la construction de 400 centrales de ce type pour un montant approximatif de 3.600 Milliards de $.
 
Outre le problème majeur du financement, viendrait également s’ajouter les problèmes de la gestion des déchets radioactifs ainsi que le ’’traitement’’ de l’opinion publique qui ne serait certainement pas favorable à la mise en œuvre de nouvelles centrales proches de chez elle. Dès lors il est très peu probable qu’à moyen terme, l’énergie nucléaire (de type fission) vienne palier au tarissement des énergies fossiles.
 
L’humanité ne peut se passer des énergies fossiles alors que parallèlement elles vont commencer à tarir. Le système actuel ne pourra donc pas perdurer. Mais qu’elle en est la cause primordiale ? La réponse est vite trouvée : notre modèle économique est une folie pure !
 
En effet, celui-ci repose entièrement sur la croissance. Et si l’on regarde d’un point de vue mathématique ce que sous-entend un système basé sur une croissance annuelle de 2%, on se rend compte de suite de l’absurdité même de ce système économique car lorsqu’on applique continuellement un pourcentage de croissance à une quantité, la courbe de croissance qui en résulte est exponentielle, elle tend vers l’infini. Cela nous donne un système économique tendant vers l’infini reposant sur une énergie qui ne l’est pas, bref un système voué à l’échec !
 
D’ailleurs à présent que les indicateurs passent au rouge et commencent à décroître, les médias nous parlent d’une crise économique majeur. Cette fois ils ont raison, le mot crise est tout à fait approprié lorsque notre modèle économique nous démontre son inadéquation : dès que la croissance économique est absente, ce sont les licenciements, les saisies immobilières et les drames sociaux qui sont en croissance. C’est ce cocktail explosif qui constitue le phénomène de la croissance négative.
 
Ceci n’est pas à confondre avec la décroissance qui elle se veut volontaire et planifiée par l’homme, un véritable changement de paradigme. Ce sera loin d’être une chose aisée, il faudra tout d’abord se convaincre d’être plus heureux avec moins. Après quoi, il faudra intégralement repenser notre organisation sociétale : relocalisation du travail, de l’alimentaire, du commerce et bien entendu de la consommation. Passer du capital financier au capital humain. En bref, une véritable révolution…
 
Il nous faut renoncer à l’imaginaire économique, à cette croyance que plus égale mieux, à ce règne de la quantité. Il est grand temps de passer au règne suivant, celui de la qualité.
 

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26 réactions à cet article    


  • yoananda 14 janvier 2010 12:42

    On s’en fiche de réserves. Le pic oil a déjà été atteint. La production de brut stagne depuis 5 ans et a commencé a diminuer. On peut avoir 10 000 ans de réserves, si la production diminue, ca nous fait une belle jambe. Comme d’habitude, le public ne sera informé qu’après coup, quand il ne sera plus possible de le cacher. Concrètement, pas moyen d’avoir une croissance économique avec une production de pétrole qui diminue. Et sans croissance, la finance n’a plus de sens. A partir de la, il est facile de prévoir la suite et de comprendre dans quel pétrin on est !!!
    La seule inconnue c’est a quelle sauce on va être mangé.


    • bonnes idees 14 janvier 2010 13:29

      Si total investit massivement dans les sables bitumeux de l’Alberta (pétrole le plus cher et le plus sale de tous) ce n’est pas pour le gout de l’aventure. Je vais vous dire une vérité : un jour il n’y en aura plus !


      • Fourmi Agile Evrard 14 janvier 2010 15:34


        Mes sources : je viens de terminer de lire le livre « Le Nouvel Ordre du Pétrole », de Mr Wihbey, consultant pour le gouvernement du Canada, pour les Usa.
        Ce livre est écrit par un expert indépendant, très bien documenté. Il explique clairement ce que sont les réserves réelles en pétrole dans le monde et quelles sont les stratégies commerciales utilisées pour augmenter artificiellement les prix.
        Principalement : la désinformation. Il explique que les traders ainsi que les producteurs ont tout intérêt à faire croire que les réserves sont en train de diminuer, pour faire augmenter les prix.

        Il affirme que le baril à 100$ permettra d’avoir largement assez de ressouces en pétrole pour ce siècle, parce que l’exploitation des immenses réserves de sables bitumineux coûte en moyenne 30$ par baril.

        Pour terminer je vous mets un lien sur un extrait de ce livre publié sur Avox, le 1er décembre par Floyd.

        Personellement ma vision du futur à profondément changé après avoir lu ce livre.
         


        • Jean-Fred 14 janvier 2010 17:18

          Bonjour,

          Je crois que les références de l’auteur sont très optimistes, l’extraction de pétrole à partir de sable bitumineux est TRES couteuse en énergie, on est proche d’un baril consommé pour un baril produit.

          L’auteur parle de nouvelle technique d’extraction révolutionnaire dont je n’ai jamais entendu parlé avec un baril consommé pour 4 ou 5 barils extraits !!
          Je ne dis pas que c’est impossible, mais pour l’instant j’aimerais bien voir ces techniques à l’œuvre.

          Selon wikipedia, il faut extraire et traiter 2 tonnes de sable pour obtenir 1 baril de bitume ! On est à mon humble avis très loin des 1 baril consommé pour 4 ou 5 barils produits !


        • floyd floyd 14 janvier 2010 19:03

          Jean-Fred :

          Vous n’avez pas entendu parlé de ces nouvelles technologies ? Mais est-ce vraiment étonnant ? Car les médias et les politiques font tout pour promouvoir les théories malthusiennes et inspirer la peur chez les gens. Cela permet de mieux les manipuler.
          Ce qui est sûr c’est que les théories malthusiennes se sont toujours révélées fausses. Même si on ne trouvera pas de nouveaux moyens efficaces pour extraire le pétrole non conventionnel, on trouvera toujours une nouvelle source d’énergie.
          En plus du livre qu’a citer Evrard, voici deux exemples de nouvelles technologies pour extraire le pétrole :


        • Montag Montag 14 janvier 2010 19:10

          @Evrard

          A mais vous parlez des sables bitumeux, je pensais que vous nous parliez de nouvelles réserves conventionnelles trouvées récemment.

          Sachez que les sables bitumeux, non conventionnels donc, sont repris dans les réserves totales prouvées calculées par BP, j’en ai donc également tenu compte...


        • Pierrot Pierrot 27 janvier 2010 00:01

          Bien sûr le pétrole augmentera de prix et se raréfiera.
          Cependant, je pense que les réserves potentielles sont plus grandes que ce que l’on peut chiffrer aujourd’hui.

          En effet le « rendement » d’extraction du pétrole est en moyenne proche de 30 % du contenu du site.
          Il est raisonnable d’admettre dans quelques décennies ce rendement monte à environ 60 %, c’est à dire que, même sans nouvelle découverte de nouveaux sites, il est pensable de pouvoir extraire autant de pétrole que l’humanité en en extrait depuis le début de cette exploitation.


        • nightflight nightflight 14 janvier 2010 20:18

          Concernant l’industrie du plastique, n’oublions pas qu’il est des plastiques d’origine végétale.

          Ford lui même avait envisagé de construire ses carosseries en plastique d’origine végétale avant que les lobbies de la métallurgie ne lui imposent le métal.

          Donc la biomasse pour la production énergétique : Pas sûr, mais la biomasse pour la production de matières plastiques : Très possible.


        • Pierrot Pierrot 27 janvier 2010 00:14

          Pour produire une réaction de fusion nucléaire, il faut respecter les 3 facteurs dits de Lawson.
          La température atteinte n’est que l’un des facteurs.

          A mon avis, la z -machine du site militaire américain est très éloigné des conditions nécessaires.
          laissons les continuer à travailler sur cette piste.

          Mais ne nous illusions pas !
          Bien évidemment la machine ITER de Cadarache est plus favorable même s’il reste encore quelques difficultés à surmonter.
          Le petit pilote de fusion magnétique de Cambridge a déjà produit des phénomènes de fusion D/T.


        • Montag Montag 14 janvier 2010 18:58

          En effet, la Z-machine nous ouvre de belles perspectives, c’est d’ailleurs exactement pour cela que figure une parenthèse dans ma phrase "Dès lors il est très peu probable qu’à moyen terme, l’énergie nucléaire (de type fission) vienne palier au tarissement des énergies fossiles.« .

          Mais c’est une technologie envisageable à long terme, au mieux pour la fin de notre siècle à mon sens. Avant cela, ils vont plutôt se concentrer au développement des bombes nucléaires »propres", c’est le revers de la médaille.


        • wawa wawa 14 janvier 2010 17:27

          beaucoup d’approximation et d’erreur de calculs dans cet article. seul la conclusion est la bonne.
          Je fais partie des gens qui pense que le pic oil est déjà passé. mais que la déflation va en faire naisser le prix provisoirement, pendant un à 2 ans. après en route vers 1h de travail pour un litre de carburant.

          en attendant le nucléaire peut permettre d’en retarder l’échéance.


          • Montag Montag 14 janvier 2010 19:05

            Hum hum, des erreurs dans mes calculs vous dites ? Vous pensez que je ne suis pas capable de diviser les réserves par la consommation annuelle ?

            Pour l’estimation du pic pétrolier, je ne m’avance pas, je fourni simplement deux liens. Sachez cependant que la production en Irak va fortement augmenter donc dire que le pic est déjà derrière nous, c’est loin d’être une certitude.

            Pour le prix du pétrole, je parle d’une tendance moyenne à la hausse. Il est tout à fait possible que le prix va diminuer dans les 2 prochaines années, je n’ai jamais dit le contraire...


          • joletaxi 14 janvier 2010 19:01

            Voici un sujet tout droit issu du « flop » de Copenhague,bien que compte rendu de débats antérieurs.

            Le RCA était la panacée pour tenter d’imposer un « nouvel ordre mondial »,mais cela n’a pas vraiment marché.Alors ,un petit essai sur la déplétion des ressources.Manque juste notre responsabilité envers les générations futures.
            L’homme fera comme il l’a toujours fait ,il s’adaptera.Il trouvera d’autres ressources,il fera usage d’autres matériaux,d’autres techniques, dont nous n’avons pas la première idée,et il le fera pour assurer la croissance qui a permis, et on peut l’espérer, permettra dans un futur proche,d’encore améliorer son existence ;de la rendre plus confortable, plus sûre,plus agréable.
            Quant aux jeux de poker menteur des pétroliers, rappelez-vous que jusqu’à présent,on extrait tout au plus 30 % d’un gisement.La marge de progrès est énorme,et tout à fait à portée technologique.
            Rien qu’aux USA, une technique tout neuve d’extraction du gaz de sols schisteux a fait exploser les réserves,et ce n’est pas fini.
            Il est désolant que se propage dans nos sociétés des théories de ce genre,car d’autres vont de l’avant,avec des croissances « diaboliques ».
            La page de l’Occident est en train de se tourner,et les générations futures,dont on nous rebat les oreilles, vont souffrir,non pas d’un « dérèglement climatique », non pas des excès de consommation, mais de notre lente et inexorable décrépitude.

            • floyd floyd 14 janvier 2010 19:05

              Concernant le gaz :


              « Gaz : le scénario qui change tout

              Pierre Veya

              Les gaz non conventionnels modifient la donne énergétique mondiale

              Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie sur les perspectives 2009 (LT 11.11.09) a, sans surprise, insisté sur les enjeux de la conférence climatique de Copenhague. Mais l’essentiel de son rapport contenait une autre information, autrement plus surprenante. Les réserves mondiales de gaz sont sans doute beaucoup plus importantes que prévues. Jusqu’ici, il était communément admis que la planète pourrait satisfaire ses besoins en gaz pour les 60 prochaines années, en puisant dans les stocks de trois pays (Russie, Iran, Qatar) qui se partagent une bonne moitié des réserves. Or, en réalité, les réserves pourraient couvrir deux siècles de consommation si l’on cumule les gaz non conventionnels, en particulier les gaz contenus dans les schistes (shale gaz en anglais) et les zones de transition (gaz de charbon, réservoirs très profonds).

              Les schistes a porosité très faible piègent de grandes quantités de gaz provenant de la décomposition de bactéries et de matières organiques. Ils suscitent aujourd’hui une frénésie d’investissements. Car les gaz de schiste sont de plus en plus exploitables grâce à des techniques de fracturation des roches par l’envoi d’eau et de sable pour libérer les hydrocarbures. C’est aux Etats-Unis à partir du début des années 90 qu’un « rush » sur ces gisements a démarré avec la mise en service d’une cinquantaine de puits. On en dénombre aujourd’hui des milliers et les experts prévoient qu’à l’horizon 2030, 60% de la production américaine (la deuxième plus grosse production mondiale après la Russie) pourrait provenir de forages profonds et horizontaux, couvrant de larges territoires. Un saut quantitatif énorme si l’on sait que les gaz non conventionnels représentent aujourd’hui à peine quelques pour-cent de la production mondiale. Et surtout, les experts jugent que des réserves dune ampleur équivalente peuvent être trouvées en Europe ou en Asie. « C’est une percée majeure qui changera la géopolitique mondiale du gaz », confiait récemment au New York Times Amy Myers Jaffe, un expert en énergie de la Rice University.
              Pour la première fois, l’Agence internationale de l’énergie consacre une partie substantielle de son analyse aux gaz non conventionnels dont la montée en puissance a d’ores et déjà un effet sur les prix. Et elle en tire une conclusion limpide : « La menace de surproduction de gaz qui se dessine pourrait avoir des effets considérables sur les structures des marchés gaziers et la formation du prix du gaz en Europe et dans la région Asie-Pacifique. La réduction importante des besoins d’importation des Etats-Unis (en raison de perspectives plus favorables pour la production intérieure et d’une demande intérieure plus faible) pourrait conduire à moins d’interactions entre les grands marchés régionaux », écrit l’agence chargée de défendre les intérêts des pays consommateurs. Le découplage du prix du gaz avec celui de pétrole se dessine à l’horizon. Et surtout, le rapport de force dans la fixation des prix entre les pays fournisseurs de gaz et pays importateurs pourrait se rééquilibrer au profit des seconds.
              On devine les conséquences concrètes. L’Europe, qui redoute de devenir de plus en plus dépendante vis-à-vis de la Russie, trouverait des ressources non exploitées pour desserrer l’étau qui se referme sur elle. Les grands gazoducs, qui visent à connecter l’Europe aux nouveaux champs de Sibérie et de la mer Caspienne, et sans doute un jour l’Iran et l’Irak, sont au cœur d’une guerre géopolitique où menaces et coups de poker diplomatiques empoisonnent nos rapports avec la Russie. Or, en un coup de dé, tout pourrait changer. Cette perspective expliquerait en partie les difficultés de financement rencontrées par les promoteurs des nouvelles routes de gaz et contribue sans aucun doute à fragiliser les grands projets de gaz liquéfiés qui doivent permettre aux Etats-Unis et à l’Europe de diversifier leurs sources d’approvisionnement.

              Les stratèges des grandes compagnies pétrolières et gazières ont compris les enjeux ; toutes à des degrés divers multiplient les alliances, les rachats d’entreprises pour exploiter et prospecter de nouveaux gisements de gaz non conventionnels. Aux Etats-Unis, l’industrie gazière cherche à convaincre le Congrès et le président de l’importance stratégique des gisements de gaz de schiste sous l’angle de la sécurité énergétique et du climat (pour une même quantité d’énergie, le gaz émet 50% de CO2 en moins que le charbon).
              S’il est incontestable que les gaz non conventionnels bouleversent la donne énergétique mondiale, les experts disposent encore de peu de données en dehors des Etats-Unis, notamment sur les risques environnementaux, qui sont loin d’être négligeables. De plus, si les techniques de forage en grande profondeur progressent, certaines régions ne permettront
              sans doute pas de récupérer des grandes quantités d’hydrocarbures à des prix raisonnables. Et surtout, la crise économique se fait durement ressentir dans l’industrie du gaz et l’explora tion ne reprendra que si les investisseurs ont la certitude que les prix, actuellement déprimés, se redressent.

              A n’en pas douter : le gaz sera l’énergie de transition majeure de la planète et pourrait contrecarrer les effets de la stagnation attendue de la production pétrolière dont les réserves facilement accessibles ont sans doute été surévaluées. Par ailleurs, si le gaz est une énergie de substitution au pétrole, une taxation progressive du CO2 ralentira à terme sa progression, encouragera la frugalité énergétique et les technologies propres. Reste que nous sommes en train d’assister à un passage de témoin entre le gaz et le pétrole dont l’ampleur et les conséquences semblent désorienter l’Agence internationale de l’énergie qui vient tout juste d’en esquisser les enjeux. »

              http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1bce7dec-cfd3-11de-8c97-decdc1a21439/Gaz_le_sc%C3%A9nario_qui_change_tout


              • Croa Croa 14 janvier 2010 20:02

                Cet excellent article fait le point sur une chose entendue que beaucoups persistent pourtant à nier. Merci pour ce rappel salutaire !

                Je cite et souligne :
                « si les énergies renouvelables peuvent au mieux nous fournir 25% de notre énergie, pourquoi ne pas simplement compter sur le nucléaire pour nous fournir les 75% restant ? » (où il est démontré ensuite que le nucléaire n’est pas la solution.)

                Ces 25% m’interpellent car il semble bien évident, quoique estimé à la louche, que les trois quarts de l’énergie consommée le sont en pur gaspillage ! C’est donc bien les 75% manquants qui peuvent être tout simplement économisés !

                Quelques pistes :

                - La consommation d’un ordinateur portable disposant des mêmes fonctionnalités que son équivalent de bureau est justement du quart de l’autre (avec un plus petit écran mais le même nombre de pixels.)
                - Les progrès en isolation des bâtiments font qu’aujourd’hui il est possible de se passer quasiment de chauffage. On parle même de maisons à énergie positive !
                - si nous voulions bien revenir à la 2CV, soit 90 km/h maxi pour 350 kg à vide, les techniques derniers cris rendent possible une consommation de seulement 1 litre de gazole au 100km ! (Pour qu’elle se vende il faudrait que les carburants dépassent 5 euro le litre, cette solution est donc plus politique que technique !)
                - Inutile de parler du progrès des éclairages déjà bien connus notamment grâce aux leds qui bon an mal an continuent à faire des progrès...


                • Eloi Eloi 14 janvier 2010 20:17

                  1 GW par million d’habitants, c’est un EPR pour 1.5 millions d’habitants soit 330 EPR à 3 milliards pièces soit grossièrement 1000 milliards d’euros.
                  Rapporté sur 77 ans, c’est 13 milliards par an
                  et, rapporté sur la consommation électrique actuelle (2004) en europe : 3000 TWh soit un coût de +0.004 €/kWh soit une augmentation de votre facture de +4%. Il va sans dire que cette augmentation sera intégralement couverte comparée à l’augmentation probable du pétrole dans dix ans (+200 % ???)
                  Et cela pour produire une des énergies les moins chères dans le panel disponible.
                  Il va sans dire que le prix des EPR baissera avec le nombre construit, et que dans cette configuration, la quantité de kWh produit sera beaucoup plus grande, réduisant d’autant la facture au kWh

                  Et cela sans compter les économies que l’on peut faire sur la consommation énergétique…

                  Concernant les déchets nucléaires, des solutions existent : recyclage du MOX, recyclage des actinides mineurs en réacteurs rapides ou en réacteurs hybrides sous-critiques (ADS)

                  Article inutilement pessimiste. Les défis qui nous attendent ne sont certainement pas simples à résoudre, mais vous n’apportez pas grand’chose. Désolé…


                  • nightflight nightflight 14 janvier 2010 20:42

                    La donne énergétique, cette ombre qui angoisse nos vies !

                    Je pense personnellement que nous nous noyons dans un verre d’eau,
                     
                    Si l’on considère le maillage croissant des connaissances, les progrès technologiques exponentiels de ces derniers siècles, je suis prêt à parier qu’une solution surgira bientôt à l’horizon.

                    Qu’il s’agisse de la Z-machine ou d’autre chose, n’oublions pas les ressources fantastiques de l’intelligence humaine.

                    Si de plus cet intelligence humaine est confrontée à un problème vital qui titille son instinct de conservation, je suis absolument certain qu’elle atteindra des sommets..

                    Pas de preuves à présenter pour affirmer cela, mais si l’on regarde autour de soi, on constate l’omniprésence de champs d’énergie immenses et inexploités. Qu’il s’agisse du champ électrostatique atmosphérique (110 Volts/Mètre), de la puissance des jet-streams en altitude, de la découverte du killer-électret qui fournirait de l’énergie pour toujours, ou encore de l’exploitation de l’hélium 3, et j’en passe ... Nous trouverons la solution.

                    Nous trouverons la solution, à condition que le diktat de la finance, ne nous éloigne pas dangereusement de la recherche fondamentale, pour privilégier les intérêts immédiats qui deviendraient alors notre tombe.


                    • Montag Montag 14 janvier 2010 22:22

                      A cette foi occidentale en la science ! Oui bien entendu, à long terme l’humanité trouvera des solutions énergétiques, à long terme mais amha, il y aura au préalable une période où l’on devra décroître en terme de consommation.

                      N’oubliez pas que l’ensemble de nos produits de consommation sont créés à partir de ressources puisées dans le stock de notre planète. Ce n’est pas le vent, ni le nucléaire, ni le solaire, ni la géothermie, ni l’hydraulique, ni la foudre, etc. qui va pouvoir vous fabriquer de A à Z l’écran plat que vos yeux sont en train de fixer actuellement.

                      Les entreprises de recyclage ont un magnifique avenir devant elles...


                    • nightflight nightflight 15 janvier 2010 01:19

                      Attention, je ne parle pas ici de la science comme d’une religion, et je dis cela car vous avez parlé de foi D’ailleurs, on devrait toujours se rappeler l’adage « Science sans conscience ... ».

                      Je pars du principe que le progrès scientifique et technique est aujourd’hui paralysé par les intérêts économiques.

                      Vous voyez le Medef débarquer au CNRS, les décisions politiques de santé publique être quasiment dictées par les labos et experts inféodés, les compagnies pétrolières racheter des brevets sur des batteries et en interdire l’utilisation dans le cadre de l’automobile (Histoire déjà un peu ancienne mais très révélatrice), etc.

                      Certes nous voyons des pompes à chaleurs hyper performantes arriver sur le marché, des éoliennes de mieux en mieux profilées, des cellules de Gratzel trouver leur aboutissement dans la téléphonie mobile et autres gadgets se nourrissant de lumière artificielle, mais en réalité, depuis les années 70, rien de bien fondamentalement nouveau.

                      En réalité, je pense que la production énergétique est un sujet bien trop sensible pour qu’il évolue réellement en ce moment.

                      Cependant, lorsque nous serons plus proches du bord du précipice, je pense que tous ceux à qui le crime profite se décideront à investir massivement dans la recherche, et que nous trouverons sans aucun souci la solution à tous nos problèmes.

                      L’aspect le plus crucial du problème sera alors de trouver des technologies qui pourront faire l’objet de brevets juteux et/ou d’infrastructures importantes, afin de prendre le relais du regretté pétrole.


                    • bonnes idees 14 janvier 2010 20:50

                      L’auteur à absolument raison. Il faut faire des produits de qualités afin de diminuer l’utilisation d’energies fossiles. Certains produits cassent même à la première utilisation. Concernant les dechets nucleaires, ils sont pour beaucoup envoyés en Afrique ou en Russie, loin de chez nous (c’est pas formidable).


                      • Juju Dredd 14 janvier 2010 22:20

                        Vous avez absolument raison.

                        Par contre pourquoi ranger le nucléaire à part ? C’est aussi une énergie fossile, et même s’il n’était pas aussi couteux il serait aussi une impasse puisque il n’y a pas de réserves infinies d’uranium.


                        • Montag Montag 14 janvier 2010 22:29

                          Vous avez raison, les réserves d’uranium ne sont pas non plus infinies. C’est pour cela que le nucléaire n’a jamais fait partie des énergies renouvelables...

                          Vu que plus de 80% de notre consommation d’énergie est actuellement basée sur le charbon, le gaz et le pétrole, je me suis concentré sur ces 3 là en début d’article.


                        • aberlainnard 14 janvier 2010 23:39

                          Voilà un article clair et lucide sur un problème majeur qui ne tardera pas à nous éclater au nez. Celui de l’épuisement des ressources en énergies fossiles et du déficit en énergies, toutes confondues, que va forcément connaître l’humanité en attendant la mise en oeuvre d’une très hypothétique découverte révolutionnaire.

                          Le plus inquiétant reste le climat d’insouciance (ou d’irresponsabilité ?) collective entretenue par les chefs d’orchestres, politiques et économiques, de cette société de consommation irraisonnée. Ils sont incapables d’imaginer un autre mode de développement que quantitatif, enfermés qu’ils sont dans leur rêve fou de croissance perpétuelle.

                          Un autre écueil est le manque de courage pour admettre la réalité quand celle-ci prend une tournure trop désagréable. Nous avons tendance à la rejeter en cherchant toutes les « bonnes raisons » pour ne pas y croire. Et nous nous préférons suivre tous ceux qui, dans le style de M. Wihbey, peuvent nous rassurer en nous gardant bien de soumettre les arguments présentés à une analyse trop approfondie qui risquerait de nous décevoir.

                          Il suffit pourtant de rapprocher quelques courbes incontestées pour prendre conscience de la réalité immédiate du problème.

                            -  courbe de l’évolution de la population mondiale

                          -  courbe des découvertes de pétroles de toutes natures (forte décroissance)

                          -  courbe de la consommation mondiale de pétrole

                           -  courbes des capacités de production (extraction) du pétrole

                          L’observation des deux dernières, met en évidence l’apparition d’un déficit entre l’offre et la demande dès la prochaine décennie.

                          Nous constatons que le problème n’est pas celui de générations futures ; il est déjà le nôtre.

                          Curieusement, Christophe de Margerie, Directeur général de Total, lors de l’émission Ce soir ou jamais du 26 novembre dernier se voulait rassurant sur l’avenir.

                          Pourtant, en réponse à une question, il a incidemment donné une information qui devrait nous faire réfléchir. La capacité de production mondiale va atteindre son maximum technique à 86 ou 87 M barils jour.

                          Et en effet, selon les plus optimistes elle ne pourra guère être supérieure à 100 millions de barils par jour, pour décroître ensuite irréversiblement, malgré tous les progrès techniques d’extraction possibles.

                          Ceci est à rapprocher du niveau actuel de consommation qui est de l’ordre de 84 M barils par jour (elle était de 20 Mb/ j en 1960 !).

                          Nul doute qu’il nous faut trouver un moyen de faire fonctionner notre société autrement avant d’être contraints par la force des choses à subir les conséquences de notre …inconséquence, d’une manière que nous n’aurons pas choisie et qui sera sans nul doute beaucoup plus désagréable.

                           

                          P.S.

                          Pour ceux qui, par manque d’informations, restent sceptiques, voici quelques adresses utiles pour se faire une opinion valide sur les enjeux auxquels nous sommes confrontés :

                           

                          WIKIPEDIA Pic pétrolier

                          http://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_p%C3%A9trolier

                          Site de ASPO

                          http://www.aspofrance.org/

                          ASPO Bulletin N°8

                          http://aspofrance.org/news/bulletin-aspo-france-n-8

                          ENCYCLO TOTAL

                          http://www.planete-energies.com/site/fr/homepage.html

                          Entretien avec Jean Laherrère (Texte)

                          http://www.terredebrut.org/article-13713345.html

                          Entretien avec Jean Laherrère (Vidéo)

                          http://video.google.fr/videoplay?docid=5163529220862595404&ei=zUszS-v9F8bC-AbE2p2ZDw&q=Jean+Laherr%C3%A8re&hl=fr&client=firefox-a#

                          Wolf at the Door

                          http://www.wolfatthedoor.org.uk/francais

                          Peak Oil, Matt Savinar, Life After the Oil Crash

                          http://www.lifeaftertheoilcrash.net/


                          • bonnes idees 17 janvier 2010 17:27

                            77 ans de reserve fossiles. Pouah, c’est largement suffisant pour se faire la guerre 10 fois, pour que le système financier s’écroule, pour que la comète Apophis nous percute, pour que la grippe espagnole revienne, pour qu’un taré appui sur le bouton d’une bombe nucléaire, pour qu’un volcan se reveille...etc, etc.


                            • mrlargo 19 janvier 2010 10:38

                              bonjour Montag,

                              Pourriez vous me contacter sur le mail « mr_lar_go@wa_na_doo.fr » (sans les _...) pour me permettre de republier cet article sur un autre site avec votre autorisation.


                              • PG64440 2 février 2017 11:05

                                Un rendement supérieur à 1 dit sur-numéraire ÇA EXISTE mais ça dérange tellement la science dite normale recroquevillée sur ses certitudes et surtout les multinationales qui vivent grassement du pétrole, du gaz, du nucléaire de l’éolien etc....

                                Sachez que notre avenir en dépend car les énergie fossiles vivent leurs dernières décennies.
                                Vous verrez qu’il existe une fusion nucléaire à froid sans risque de radioactivité ou d’explosion.
                                 Les travaux de l’italien ROSSI l’ont prouvé (http://www.quanthomme.info/qhsuite/2016New/Nouv25032016FusionFroideIndustri alHeatTests.htm) mais en France sous la pression des lobbies (nucléaire, EDF..), les chercheurs comme Jean Paul Bibérian déplorent l’impossibilité de travailler cette solution car aucun budget ne peut être obtenu (http://www.youtube.com/watch?v=FKB8k4Y14Ck)
                                 
                                Que les approximations des équations de Maxwell (pour des raisons purement pédagogiques) ont masqué la possibilité de rendement supérieur à 1 et que des machines prototypes ont vérifié cette possibilité, mais que les inventeurs concernés ont été muselés quand ils ne sont pas morts de mort violente

                                 je vous propose une petite lecture attentive mais édifiante du « Mémoire de Master II : »L’impossible émergence de l’Energie Libre au sein du système scientifique et capitaliste actuel" par Rébecca Carité » disponible sur internet.

                                Vous verrez que le Japon qui ne dépend pas des 4 grandes banques mondiales produit des machines sur-numéraires en série, que l’Inde malgré les menaces ( probablement d’arrêt d’approvisionnement en énergies fossiles) a développé sa machine et envisage de la produire en série

                                Nous devons diffuser largement ces information si nous voulons que nos gouvernements autorisent et financent les travaux qui vont nous libérer des énergies fossiles mais ça c’est une autre histoire !!!!????

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