Fukushima : dépistage et nouvelles évacuations
Les premiers résultats du suivi sanitaire d'une fraction significative de la population évacuée suite à la catastrophe nucléaire viennent d’être publiés par le Mainichi Daily News et ils sont préoccupants. Environ 9,7% des enfants évacué de la préfecture de Fukushima et qui ont transité par la ville de Chino présenteraient des troubles thyroïdiens.
Premiers résultats préoccupants
C'est l’hôpital de Shinsu avec l'aide de la Japan Chernobyl Foundation qui a mené cette étide épidémiologique sur les enfants de moins de 16 ans évacués de la préfecture de Fukushima et en transit à Chino. L'étude qui a duré un mois (en août dernier) incluait des analyses systématiques de prélèvements sanguins et d'urine, sur un total de 130 enfants.
Les analyses ont porté notamment sur les niveaux d'hormones thyroïdienne dans les échantillons ainsi que ceux de thyroglobuline, une protéine dont la présence peut résulter de dommages thyroïdiens.
http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/news/20111004p2g00m0dm116000c.html
10 des enfants ont présenté des taux anormaux lors de ces tests. Ces enfants ne présentent pas d'autres symptômes mais ont été placés sous observation à long terme.
Vers un dépistage systématique
Au vu de ces premiers résultats sur une petite portion des enfants évacués, les autorités médicales redoutent une recrudescence dans l'ensemble des enfants évacués des pathologies de la thyroïde aboutissant à des cancers à long terme. Aussi une campagne de dépistage systématique des problèmes thyroïdiens a été lancée le 9 octobre par les autorités médicales Japonaises sur l'ensemble des 360 00 enfants de moins de 18 ans évacués des environs de la centrale de Fukushima.
L'étude systématique prendra plusieurs années selon le Dr Shinich Suzuki, et consistera à des examens aux ultrasons de la glande thyroïde.
Les autorités confirment les cartes des ONG.
De nombreuses cartographies de la radioactivité sur l'île de Honshū, où se trouve Fukushima, ont aussi été publiée. Jusqu'ici c’était des ONG qui publiaient des chiffres qui montraient des zones fortement contaminées s'étendant largement au delà du périmètre évacué de 20 km autour de la centrale et dépassant par endroits 30 fois les nouvelles normes, plus laxistes, mises en place par le gouvernement depuis le désastre.
Plusieurs ONG, comme FoE Japan et Citizens Against Fukushima Aging Nuclear Power Plants pétitionnent pour obtenir le droit d'évacuation des habitants exposés à des doses supérieures à la normale et en particulier les enfants.
Des niveaux alarmants en dehors de la zone évacuée.
Les niveaux de contamination avancées par les ONG sont maintenant confirmées par une étude officielle menée par le ministère japonais de la santé qui a fait effectuer des prélèvement au sol de juin à juillet dernier dans un rayon allant jusqu'à 80 km de la centrale.
La majorité des échantillons prélevés montrent une contamination au Césium et à l'Iode mais pour la première fois, du plutonium, été retrouvé à 45 km de la centrale endommagée. La moitié des échantillons ont aussi révélé la présence de strontium , y compris à la limite maximale de la zone étudiée, située à 80 km de la centrale.
Ni le plutonium ni le strontium n’émettent massivement des rayonnement gamma, contrairement au Césium et l'Iode radioactif, mais ils sont tous les deux extrêmement dangereux en cas d'ingestion ou d'inhalation même à de très faibles doses. La période de demie vie de certains isotopes du plutonium est de 24 000 ans. Les mesures les plus hautes s'élèvent à 500 Becquerels par m² pour le Strontium-89 et 130 Becquerels par m² pour le Strontium-90
http://online.wsj.com/article/SB10001424052970204226204576604013365441594.html
Des évacuations supplémentaires s'imposent
La question des doses auxquelles sont exposées les populations non évacuées se pose avec d'autant plus d’acuité que les niveaux de contaminations de certaines zones sont maintenant certifiés.
L'Economist révèle que les taux de contamination dans la commune de Litate (à 45 km de la centrale) dépassent 150 millisieverts par an dans les collines environnantes.
C'est la ville de la ville de Namie, (à 22 km de la centrale) qui a les taux les plus élevés de la zone non évacuée. On y a relevé des doses d’exposition allant jusqu'à 229 millisieverts par an.
Les enfants évacués de Namie sont prioritairement visés par la campagne de dépistage des problèmes thyroïdiens. Ils font parte des 5000 enfants qui seront suivi régulièrement jusqu'à leurs 20 eme anniversaire.
http://www.economist.com/node/21531522
La nécessite de procéder à des évacuations supplémentaires ne peut plus étre niée par les autoritées, qui ont procédé aux premières d'entre elles.
Niveau de référence : un marchandage de tapis.
Ainsi le gouvernement Japonnais a finalement décidé d’évacuer Itate (6000 habitants) après avoir constaté que la décontamination du sol ne réglait pas le problème : le vent dispersait les particules de Césium déposées sur les arbres qui re-contaminaient le sol. Il a bien fallu reconnaître que les opérations de décontaminations seraient bien plus vastes que ce que les autorités pensaient.
Ces constatations recoupent également les mesures publiées par l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui conclue à une pollution comparable à celle de Tchernobyl par son intensité et son étendue.
Mais, bien que réduisent à constater que l'évacuation exigée par les ONG est incontournable, le gouvernement ont entamé un combat pour tenter de minimiser l'étendue des zones concernées.
Selon les normes antérieures à la catastrophe, la dose admissible pour les civils était de 1 millisievert par an. Tout l'enjeu est maintenant de déterminer à partir de quel seuil on procède à des évacuation complémentaires. Gouvernement Japonnais et ONG marchandent le niveau au dessus duquel on procédera à des évacuations et il semble qu'on s'achemine vers un niveau de référence de 20 millisieverts par an.
Cela correspond approximativement à étendre le périmètre d’évacuation à un rayon de 30 km de la centrale et d'y ajouter une zones contiguë au nord-ouest où la contamination des sols dépasse 300 becquerels par m².
Des tâches radioactives oubliées.
Pourtant cette évacuation ne réglera pas définitivement le problème. Des tâches de radioactivité très élevés commencent à être découvertes jusqu'à Tokyo. Ce sont les points bas où le ruissellement des eaux à concentré la radioactivité lors des pluies qui ont rabattu les radionucléides au sol. On a trouvé une tâche de 500 000 becquerels par m² dans la banlieue de Tokyo. Ces points chauds peuvent être décontaminés après leur identification. Mais tant qu'ils ne sont pas détectés, les riverains restent exposés. Un risque qui concerne aussi la production agricole.
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