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Accueil du site > Actualités > Environnement > GDF Suez finance toujours la DHUP du ministère de l’Environnement (...)

GDF Suez finance toujours la DHUP du ministère de l’Environnement !

Dès le 1er janvier prochain, la RT 2012 sera appliquée à toutes les constructions neuves. En attendant le résultat des débats sur la transition énergétique organisés par la ministre de l’Environnement Delphine Batho dans le but de définir une nouvelle loi sur l’énergie qui sera votée en juin 2013, il convient de s’interroger sur la part belle faite au gaz naturel, puissant émetteur de CO2.

Rappelons que les arrêtés de la RT 2012 ont imposé un coefficient de conversion de l’énergie primaire en énergie finale extrêmement défavorable à l´électricité, incitant les promoteurs à s’orienter vers le gaz. Devançant l’application de la loi, de nombreux constructeurs ont adopté dès 2010 le label Effinergie. Deux ans plus tard, le constat est clair : plus de 75% des nouveaux bâtiments collectifs non résidentiels sont equipés de chaudières à gaz, et la part des solutions électriques dans ce type de logement est passée de 70% a 20% entre 2009 et 2012.(cf image)

Il serait même envisagé d’augmenter la TVA sur le bois en baissant celle du gaz (http://www.lemoniteur.fr/197-eau-energie/article/actualite/19413332-en-2014-le-bois-energie-serait-deux-fois-plus-taxe-que-le-gaz).

Comment justifier le fait qu’une réglementation thermique censée interpréter les Lois Grenelle sur l’environnement ne prenne pas en compte l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre que son application ne manquera pas d’entraîner ? Comment expliquer le refus de la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale d’adopter un plafond de CO2 par m2 de logement, ce qui a pour conséquence de favoriser le gaz au lieu des énergies renouvelables ?

Pour répondre à ces questions, il faut remonter à 2007 et au début des travaux de la DHUP (Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Paysage) du ministère de l’Ecologie (alors dirigé par Jean-Louis Borloo), chargée de l’élaboration des RT 2012 et 2020. En effet, le chef de projet et corédacteur de la RT 2012 était alors Olivier Servant, directeur de la Stratégie et du Développement Durable de Suez, qui a fusionné avec GDF à la fin 2007. M. Servant quittera la DHUP en 2009 pour rejoindre Saint-Gobain Habitat, mais un autre cadre supérieur de GDF-Suez, David Delaune, le remplacera en 2010. Toujours salarié chez Suez, il travaille actuellement sur la rédaction de la RT 2020.

Compte rendu de réunion Suez : http://www.enerplan.asso.fr/index2.php?option=com_docman&task=doc_view&gid=300&Itemid=99999999

En mars 2012, lors d‘un compte rendu de la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale, le député socialiste François Brottes s’était ému du “lobbying de Suez”, après que le secrétaire d’Etat Benoist Apparu ait exprimé un avis défavorable aux amendements présentés par les députés UMP Claude Birraux et Christian Bataille pour fixer un plafond d’émission de CO2. Vertement repris par M. Apparu, directement visé par la remarque, il a répliqué que ce lobbying était “de notoriété publique” (http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-eco/09-10/c0910054.asp#P3_292 . Voir examen du titre 1er : Batiment et urbanisme)

Mais les conflits d’intérêt ne s’arrêtent pas à la DHUP. Depuis 2009, le PBG (Plan Bâtiment Grenelle) est présidé par l’avocat d’affaires Philippe Pelletier, chargé – moyennant finances - de rédiger le texte du premier CPE (Contrat de Performance Energétique), signé en février 2011. Or le cabinet d’avocats Lefèvre, Pelletier & Associés conseille et assiste le groupe GDF-Suez et ses filiales dans le cadre d’opérations en France et au Maghreb.En juillet dernier, l’ARC (Association des Responsables de Copropriété) a demandé à pouvoir étudier les données énergétiques, techniques, financières et contractuelles de ce CPE qui concerne Bouygues pour les travaux, Nexity pour la copropriété, et l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) et la Région Île de France pour le financement des travaux, à hauteur de 800.000 euros. S’étant heurtés à des refus de Bouygues, de Nexity et de l’ADEME, l’ARC a alors décidé de se tourner vers M. Pelletier, sans plus de succès.(Source : Chaud Froid Performance N°760 – Octobre 2012, Congrès AICVF : Du choix énergétique choix de société, p.28)

Enfin, à l’occasion du Salon des Maires et des Collectivités Locales, l'ADEME et GrDF ont signé ce 22 novembre 2012 un accord de coopération pour une durée de 3 ans. (http://www.universalpressagency.com/L-innovation-au-service-de-la-maitrise-de-la-demande-en-energie-l-ADEME-et-GrDF-renforcent-et-renouvellent-leur_a21643.html)

Il est important que la nouvelle majorité au pouvoir corrige ces aberrations et emploie des ingénieurs avec une culture sur toutes les énergies présentes durant les années à venir sur la transition. Un ministre de la République, comme Delphine Batho, ne doit pas prendre de décisions stratégiques pour l’avenir énergétique de notre pays sous l’influence d’un quelconque lobbying ou d’un dogmatisme aveugle, comme celui qui conduit les écologistes à encourager la disparition du chauffage électrique innovant alors que les énergies renouvelables, promues par une majorité de français, ne produisent essentiellement que de l’électricité.


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13 réactions à cet article    


  • Croa Croa 19 décembre 2012 13:08

    Que le gaz soit favorisé est plutôt bon pour l’environnement :

    - Le CH4 produit beaucoup moins de CO2 que les combustibles liquides et surtout solides (quoique le charbon soit pratiquement abandonné en ce qui concerne les chauffages domestiques.)

    - L’électricité n’est pas ’’propre’’ contrairement aux apparences, surtout celle utilisée lorsqu’il fait froid car il faut brûler du fuel lourd pour en produire ! (L’électricité nucléaire n’est pas apte à fournir les appels exceptionnels de courant en raison de son inertie et l’hydroélectricité est vite à fond !)

    Reste à produire plus de gaz écolo (issus de fermentations smiley ) car pour le moment il provient surtout des réserves fossiles russes et algériennes ! smiley 


    • ObjectifObjectif 19 décembre 2012 17:05

      Bonjour Croa !

      Il ne faut pas oublier que le gaz pollue énormément lors de son extraction et de son raffinage, sans compter celui qui fuit directement dans l’atmosphère sur les champs pétroliers.

      Et il faut aussi bien prendre conscience que les importations d’énergie représentent plus de 90% du déficit commercial de la France : si nous étions autonomes en énergie, ce qui est tout à fait possible techniquement dès aujourd’hui, la France n’aurait plus de déficit commercial.

      Un exemple de synthèse pour parvenir à l’autonomie rapidement :
      Un « Mix électrique » 100% renouvelable pour la France


    • Croa Croa 19 décembre 2012 13:26

      En ce qui concerne les errances de FHromage ordinaire en matière de TVA,

      - Le bois-énergie c’est de la main d’oeuvre française à 99%.

      - Le gaz c’est, pour le moment, une rente offerte aux Russes et aux Algériens.

      Et ce Monsieur prétend lutter contre le chômage ? smiley

      De plus le bois-énergie ne pouvant diffuser plus de carbone qu’il n’en a été accumulé dans l’arbre durant la pousse, peut être considéré comme tout à fait écologique finalement.


      • Gemini Gemini 19 décembre 2012 13:48

        Autant nous sommes d’accord pour dire que le gaz n’est pas une énergie propre, autant dire que l’électricité en est une me semble plus qu’erronée.

        Déjà, premier point, du fait du transport de l’électricité, le rendement entre ce qui est généré par la centrale et ce qui arrive jusqu’à chez nous est de seulement 30% !

        Par ailleurs, le chauffage étant très consommateurs, cela induit de nombreux biais supplémentaires :
        — il faut surdimensionner l’ensemble de nos installations électriques pour les seuls pics de chauffage  ;
        — nos centrales ne peuvent pas répondre à la demande hivernale, et nous devons à chaque fois importer de l’électricité les hivers, électricité généré par des centrales à gaz, voir à charbon !
        — l’effet joule utilisé pour nous chauffer est également l’un des moins efficaces en termes de rendement  ;
        — il augmente notre dépendance au nucléaire, qui, bien qu’émettant peu de CO2, ont beaucoup d’autres tares (danger, déchets, etc.).

        Quelques liens pour illustrer mon propos :
        http://abpn90.over-blog.com/article-le-chauffage-electrique-46234556.html
        http://www.latribune.fr/green-business/l-actualite/20121127trib000733578/le-chauffage-electrique-une-grenade-degoupillee-pour-ufc-que-choisir.html
        http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1545:20110626-en-finir-avec-le-chauffage-electrique&catid=41:action&Itemid=93

        Nous en revenons toujours au même point : il n’y a qu’une seule solution raisonnable et viable : isoler ! Tout le monde n’en aura pas les moyens, et il faudra les aider, mais c’est la seule solution raisonnable.

        Les RT doivent être plus drastiques. Tout ce qui se construit devrait au minimum être en catégorie A, voir en dessous. Le passif devrait devenir la norme au plus tôt.


        • ObjectifObjectif 19 décembre 2012 16:58

          @Gemini : 30% de rendement pour le nucléaire ? Bien optimiste, on en est à moins de 20% quand on considère le transport et surtout l’autoconsommation des centrales !

          Quand à trouver des solutions, il faut juste faire une synthèse de ce qui existe, par exemple :

          Un « Mix électrique » 100% renouvelable pour la Francehttp://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/un-mix-electrique-100-renouvelable-106497

        • Gemini Gemini 19 décembre 2012 13:50

          Le bois énergie n’est hélas pas non plus une bonne solution, dans la mesure où sa combustion génère de nombreuses particules fines.

          Si ce peut-être une solution acceptable en milieu peu dense, c’est inutilisable dans les zones plus denses. Je vous invite à aller lire des sites à ce sujet de nos amis québécois qui sont confrontés au problème. Chez eux, il y a beaucoup de chauffage au bois, y compris en ville.


          • jef88 jef88 19 décembre 2012 14:43

            alors ?
            on fait quoi ?

            Simple : on se les gèle !!!


          • ObjectifObjectif 19 décembre 2012 16:44

            @Gemini : vous mélangez bois et granulés, car les poêles à granulés ne font pas plus de poussière que les poêles à mazout, sachant que le mazout a pollué largement plus encore durant son extraction et son raffinage.

            Mais la meilleure solution est le stockage d’eau chaude, obtenue par du solaire thermique : cela fonctionne dans les alpes suisses, et est maintenant exportée partout en europe :
            http://www.jenni.ch/index.html?francais.htm


          • Croa Croa 19 décembre 2012 18:46

            Les foyers d’aujourd’hui sont fermés par une vitre. On a ainsi la chaleur et la beauté du feu sans fumées donc sans nuisances. Peu de gens se chauffent au bois dans les grandes villes car il y est plus cher qu’à la campagne et dans les banlieues.


          • ObjectifObjectif 19 décembre 2012 21:57

            Surtout parce qu’il n’y a plus de cheminée smiley les granulés bois sont 2 fois moins chers que le gaz ou la mazout...


          • joletaxi 19 décembre 2012 15:20

            Des charlots !

            cela fait des années que la mouvance nous les casse avec le chauffage électrique.
            Mais, oh merveille, voilà qu’ils s’aperçoivent que les autres modes de chauffage ont aussi quelques inconvénients.
            Sans compter que ne plus, toute cette hystérie de lutte contre le CO2 relève encore une fois del’enfumage.

            Quand donc va-t-on enfin se débarrasser de cette engeance ?


            • Spip Spip 19 décembre 2012 18:27

              « ... une seule solution viable et raisonnable : isoler » Mais bien sûr ! A chaque fois que le sujet du chauffage revient c’est le même scénario...


              - Incapacité à se sortir d’un raisonnement partiel qui tourne toujours autour de l’amélioration des équipements émetteurs avec présentation de technologies plus ou moins sophistiquées (donc coûteuses) au rendement et retour sur investissement très aléatoires, allant jusqu’à transformer l’habitation en... usine à gaz.


              - Opposition entre deux énergies, toutes deux fossiles donc épuisables (80 % d’électricité d’origine nucléaire certes mais l’uranium est aussi un minerai). On n’avance pas.


              - Bilans et études biaisés par le poids des lobbies présents à tous les niveaux.


              - Dans le neuf, bricolage des concepteurs pour passer dans la réglementation thermique : on construit quasiment comme avant, à charge au thermiciens de trouver les solutions (voir plus haut). Savez-vous, par exemple, qu’un immeuble peut être BBC mais pas certains de ses appartements... ?


              - Dans l’ancien, c’est le gros chantier à venir, c’est là que sont les « passoires thermiques ». Comme le dit Gemini, on n’y arrivera qu’en misant sur l’isolation : à quoi peut servir un super chauffage quand les calories produites s’échappent de partout ? A mieux chauffer la rue... 


              - Pour l’instant, la seule technique valable c’est l’isolation par l’extérieur : assez cher, pas applicable partout (façades complexes) mais efficace(suppression des ponts thermiques, confort été/hiver, pas de réduction de la surface habitable). De plus c’est du travail non délocalisable. Le problème est que beaucoup de nos entrepreneurs sont, pour l’instant, assez peu formés à ça et ne seraient donc pas prêts si on s’y mettait, subventions ou pas.


              Alors, on continue à payer de + en + cher des énergies épuisables, venues d’ailleurs et soumises aux lois de la spéculation, ou on met l’effort sur la solution logique, l’énergie la moins chère et la moins polluante étant celle qu’on ne consomme pas ?


              • Gribouille Gribouille 24 décembre 2012 10:45

                Les vaches font elles partie du complot ? Les moutons de la pensée unique certainement !

                Il est clair que GDF manipule le gouvernement et les ONG (voir l’article de Green light) pour imposer le gaz dans les constructions neuves et rendre la France dépendante de cettte énergie.

                Par contre le maintien d’un niveau de prix élevé me semble plutôt de nature à réveiller la conscience des consommateurs sur le coût faramineux de cette dépendance dans quelques années.

                Je formule un voeu pour cette nouvelle année : citoyens réveillez vous !

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