Glyphosate : un débat biaisé par les médias
En plus d'être contreproductive d'un point de vue écologique, la volonté d'interdire les désherbants à base de glyphosate montre une certaine méconnaissance du monde agricole et de ses réalités.
Le 15 septembre dernier, l'Assemblée nationale refusait d'inscrire dans la loi l'interdiction du glyphosate voulue par le gouvernement d'Emmanuel Macron. Une décision qui peut paraître à contre-courant au vu du discours ambiant sur le sujet. Pourtant, d’un point de vue scientifique, aucune étude ne penche en faveur de la dangerosité du produit.
Abstraction de la réalité
Seule une étude, celle du centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé l'année dernière le produit dans la catégorie 2A, qui correspond aux produits dits « probablement cancérogènes pour l'homme ». Sachant que la catégorie 1, qui désigne quant à elle les « agents cancérogènes » vise des produits comme la charcuterie ou le tabac qui sont vendus partout dans le monde…
Depuis qu'un agriculteur américain a gagné le procès qui l'opposait à l’entreprise Monsanto, qui fabrique un désherbant à base de glyphosate, le discours médiatique dominant maintient que la molécule est néfaste alors que le jugement a été rendu par un juré non qualifié scientifiquement.
De plus, l’entreprise a en effet été condamnée pour n'avoir pas fourni certaines informations sur les modalités d'utilisation optimale du produit.
L’utilisation du glyphosate est largement répandue depuis plus d'une quarantaine d'années à travers le monde. Le produit a été validé par des dizaines d'études de diverses instances sanitaires internationales.
Une absurdité écologique
L’efficacité du produit n’est plus à démontrer puisqu’il permet de désherber sans labour ni destruction de la vie microbiologique du sol. Les alternatives sont pour l'heure impossible à généraliser à l'ensemble des terres cultivées en France. L’agriculture biologique par exemple, a un recours massif au cuivre, seul engrais autorisé pour obtenir le précieux label.
Pourtant, selon l'Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail, le cuivre en agriculture est « nocif, dangereux pour l'environnement, nocif en cas d'ingestion, irritant pour la peau, risque de lésions oculaires graves, très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique ». Pourtant, nulle campagne dans la presse pour tâcler ce produit.
Un choix économiquement périlleux
Par ailleurs, abandonner le glyphosate implique de fait de revenir au système de labour, qui demande une consommation de gasoil bien supérieure et par conséquent une hausse massive des rejets en Co2. Cela impliquera également, et de manière irréversible, une hausse des prix. Les coûts en main d'œuvre notamment, seront plus élevés et la concurrence avec les pays utilisant du glyphosate sera complètement déloyale pour les producteurs français.
Et lorsque l'on connait la situation économique, et parfois psychologique, désastreuse de milliers d'exploitants, l'on peut se demander quelle considération les anti-glyphosate ont pour les agriculteurs français.
Emmanuel Ferrand, agriculteur, syndicaliste et élu local de l'Allier, qui utilise du glyphosate sur ses exploitations, a très clairement résumé cette déconnexion totale des médias vis-à-vis du monde agricole.
Dans un billet publié sur son blog et largement relayés sur les réseaux sociaux, il rappelle que « la France a la meilleure alimentation du monde et la plus saine », avant de s'adresser directement aux militants anti-glyphosate : « vous croyez que cette gastronomie elle pousse sur le champ de Mars ? (…) Alors foutez-nous la paix !! Et faites-nous confiance ! Mais surtout, si un jour, vous deviez avoir faim, vous qui nous donnez des leçons dans les villes, oubliez-nous et ne venez pas nous chercher comme en 1945 pour vous donner à manger ».
Et si la solution pour un débat apaisé et pragmatique consistait d'abord à écouter, les premiers concernés, ce dont le métier, souvent depuis des générations, consiste à tenter de faire de bons produits, tout en respectant au maximum la qualité des sols et l'environnement ?
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