L’abattage rituel est une dérive à bannir
C'est un sujet qui semble complexe, parce que religieux. En plus de cela, dernièrement, la politique s'est invitée dans la polémique, ce qui a rendu le sujet d'autant plus sensible... Pour peu qu'on n'ait pas de courage. Car la problématique première, n'en déplaise à certains, n'est ni religieux, ni politique : il est écologique.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH216/abattagerituelhalalcasher-5d518.jpg)
Les premiers concernés dans cette polémique, ce n'est ni les religieux, ni les politiques, ni même les gens qui auront telle ou telle idée sur le sujet. Les premiers concernés, ce sont les animaux eux-même, bien évidemment. Et il a été largement prouvé que les pratiques rituelles faisaient souffrir de longues minutes, jusqu'à 14 minutes de souffrances inutiles qu'il serait facile d'éviter. 14 minutes ou les animaux voient leur vie partir, sans qu'ils puissent rien n'y faire.
Alors même que, non seulement nous avons les moyens de prévenir cette souffrance, mais, en plus, nous en avons l'obligation ! L'étourdissement est obligatoire avant la mise à mort, la seule exception est le rituel, rituel qui est, à l'origine, une exception. Or, au fil des années, l'exception est devenue la norme, et on apprend que 59% des abattoirs font du rituel. 51% de la viande est rituelle. Suivant les régions, cela peut varier, en Ile de France par exemple, 100% des abattoirs font du rituel.
Sur une base de 6 millions de bovins tués en France chaque année, cela fait 3 540 000 de bovins égorgés avec souffrances à la clé.
Alors, je connais les premières réponses que j'aurais, et je vais donc immédiatement y répondre.
Oui mais si tu veux dénoncer ça, dénonce aussi les conditions d'élevage et de transport, qui sont bien pires.
Effectivement, les écolos au sens strict du terme vont nous dire que l'abatrage, rituel ou non, n'est que l'arbre qui cache la forêt de la filière viande, et que ce n'est pas en s'arrêtant sur ce genre de détail qu'on ira loin.
Je ne suis pas d'accord. L'étourdissement a été légalisé après des années et des années de combat, et même si, effectivement, ce n'est qu'un cailloux qui fait office de barrage sur la cruauté animale, l'étourdissement est une avancée dans le bien-être animal. Ne pas le dénoncer, c'est abandonner toute chance de progresser sur le reste, car si tout n'est que détail, pourquoi s'en arrêter alors ? A ce moment, plus rien n'est vraiment important, le transport ne dure que quelques heures, le gavage quelques jours, les coups ne sont pas toujours donnés, la castration est là pour éviter que l'animal se blesse par la suite, l'arrachage de queue pour qu'ils évitent de se manger, la séparation des petits et de leur mère pour éviter qu'elle ne les écrase...
A ce moment, autant reprendre les arguments des industriels (ce que j'ai fais ici, j'espère que personne ne sera d'accord avec ces pseudo arguments).
De toutes façons le goût est le même / est meilleur / est moins bon (variable selon les versions).
Raison de plus. Si la viande a le même goût, ou est moins bonne, pourquoi ne pas pratiquer un geste qui évitera de faire souffrir l'animal en fin de vie ? Quand a l'argument que la viande est meilleure, encore faudra-t-il le prouver, et non pas en piochant sur des témoignages de gens qui n'auront jamais comparé les viandes de façon partiale.
De plus, rappelons que la viande égorgée rituellement provoque un risque d'infection avec le rejet de l'estomac qui asperge la future viande.
Le surcout de la pratique légale rend son action moins pratique que le rituel ; et puis, justement, le rituel exige une viande "pure", tandis que les autres n'ont pas d'exigence particulière, donc autant faire du tout rituel !
Là, nous entrons de plein pied dans le business au sens strict du terme. Depuis quand les intérêts économiques ont priorité sur le respect du consommateur ?
Que le mélange du rituel et du classique cause des problèmes de rentabilité n'a aucun intérêt pour nous. De plus, même si l'argument a été mainte fois avancée, je n'ai lu nulle part que le mélange des pratiques ruinerait les abattages... Cela signifie que ce mélange se contente de réduire leurs bénéfices, ce qui ne remettrait pas du tout en cause leurs commerces.
Cela pourrait stigmatiser les juifs et les musulmans.
La non transparence les stigmatise bien plus que la transparence.
Et puis, c'est un peu l'hopital qui se fout de la charité, cet argument : alors que musulmans et juifs ont exigé -et obtenu- la certification halal et cacher, pourquoi l'inverse n'est-elle pas possible ?
Oui, mais les morceaux de viande non labelisé ne sont pas forcément 100% rituel, et comme certains morceaux ne sont pas, ou moins consommés, que fait-on des restes ? On les jette ? De plus, cela pourrait provoquer des surcouts et un rejet des viandes rituelles.
La culpabilisation est un des trucs les plus classiques.
Que la viande rituelle ne se vende pas, encore une fois, ce n'est pas notre problème. Cela signifiera juste qu'il faudra réduire les volumes, puisque ce n'est pas ce que le public veut.
Quant à l'argument des restes, non seulement on récupère les morceaux laissés par nos religieux pointilleux, mais en plus, on ne doit pas le savoir ? Ils nous parlent de viande pures, et bien, nous aussi, nous voulons une viande "pure" : sans plus de souffrance qu'il y'en a déjà, sans rituel, sans côté religieux que nous n'affectons pas forcément.
Le surcout est une blague : sans le label non rituel, en achetant ces viandes rituelles, nous payons la dime consacrée au rituel, le surcout nous est alors attribué, sans aucune raison et sans aucune information. La dime du clergé fait donc un retour en force, sans que personne ne s'en émouve.
En ce qui concernes les gaspillages, là aussi, c'est une blague : tout les jours, nous jettons des tonnes de nourriture non périmées, et pour ce point précis, on s'en offusque ? Et le reste ?
Ok, mais dans ce cas, il faudrait pouvoir tout tracer ! Ogm, pesticides, fongicides, maltraitance, etc !
C'est exact. Et c'est bien le but. Malheureusement, là non plus, les choses ne sont pas faciles, les industries savent très bien qu'en étiquetant les produits "ogm", "pesticides" et autres joyeuseté, les ventes s'effondreront. Comme l'industrie du tabac à l'époque, le but est de limiter et de reporter le maximum possible toute information et contrôle sur le sujet.
Et, pour l'abattage, nous sommes servis à la même enseigne : désinformation, mensonges, cachoteries.
Seulement, et là, je dévie un peu du sujet initial, il faut bien savoir que nous vivons comme nous mangeons : l'explosion de cancers et de maladies cardiaques est essentiellement dûe à la malbouffe. Malbouffe, ici, ne signifiant pas restauration rapide comme on aimerait nous le faire croire, mais bel et bien la nourriture industrielle dans son ensemble, cultivée à coups d'ogm, de pesticides, d'insecticides, de fongicides, et bourrée d'antibiotiques et d'additifs. A ce sujet, je vous renvoie sur le livre Toxic Food de Williamd Reymond.
En fait tu te focalises là dessus pour tenter de rejeter l'autre.
Un classique, celui-ci, et une inversion des valeurs ahurissante. L'exclusion ne vient pas de moi, mais bel et bien des religieux qui vont définir une nourriture pure et impure : moi, je me base sur les lois et le libre arbitre : si tu n'aimes pas, tu ne manges pas, mais tu n'imposes pas tes goûts et tes interdits aux autres.
Avec tout ça moi j'ai l'impression que la faute toute entière en revient au capitalisme : les religieux veulent juste manger comme ils veulent, c'est le capitalisme qui en a tiré profit !
Evidemment, le capitalisme, fidèle à lui-même, n'a qu'un idéal : le profit. Et pour ce faire, tout les moyens sont bons, il n'y a pas d'éthique là dedans, c'est une évidence.
Mais le capitalisme se heurte à la barrière des lois. Et cette barrière est mise à mal par les religieux, qui profite de la faille pour tenter d'imposer au plus grand nombre leurs pratiques.
Car, même si dans l'absolu leur but n'est pas d'imposer l'abattage rituel à tout le monde, ce faisant, ils intègrent dans les moeurs ces pratiques, et insinuent leur normalité dans la mentalité de chacun. C'est une étape dans la conversion -qui est toujours ordonné dans leurs textes- des autres, chaque pas franchit dans la sphère publique est une victoire pour eux.
Justement ! C'est un rituel sacré pour eux ! Pourquoi les embêter avec ça ? Toi aussi tu essayes d'imposer tes idées à eux, du coup.
Inversion des valeurs, encore ! Effectivement, si l'on parle en terme d'ancienneté, ils gagnent : plus de 1400 ans facilement, alors que l'étourdissement n'a que quelques dizaines d'annes.
Mais... Depuis quand les choses ont de valeur seulement si elles sont anciennes ? Au contraire, même, sinon, on serait encore dans des jeux de cirques ou des gladiateurs s'entre tuent, ou des sacrifices humains.
La société a évolué, les pratiques aussi. Il n'est d'ailleurs pas normal que les pratiques rituelles soient tolérées : pourquoi ? Pourquoi tolérer certaines pratiques rituelles millénaires ? Dans ce cas, pourquoi ne pas tolérer le rituel de sacrifice des pratiques Maya ? Le scalp des indiens ? L'excision des petites filles ? C'est quoi, les différences ?
De toutes façons, toute cette histoire découle des présidentielles, y participer favorise certains partis !
Comme indiqué en préambule, que les politiques se soient saisis du sujet pour la course à la présidentielle n'est que secondaire. Le problème est réel, il est présent, il est ancré dans tout le pays.
Oui, enfin, tout ceci est bien beau, mais la France n'en a rien à faire de cela ! La crise, la dette, l'euro, le chomage, sont des sujets bien plus importants.
J'aime bien ce pretexte. Il faut dire qu'au niveau écologie, ce pretexte revient systématiquement : "les animaux qui souffrent, c'est bien beau, mais on s'en fout, des gens meurent de faim dans le monde ! "
5 choses à dire. En premier lieu, n'a t-on pas le droit d'avoir des sentiments pour autre chose que l'humanité ?
En second lieu, ne peut-on pas avoir des sentiments pour l'un et pour l'autre ?
En troisième lieu, y a-t-il une échelle à la souffrance ? Chaque souffrance est affreuse, les comparer et les catégoriser est plutôt malsain.
En quatrième lieu, enfin, ces sujets très importants sont des sujets plutôt immatériel... En quoi nous, homme et femme ordinaire, citoyen vivant leur vie,
avons une quelconque prise là dessus ?
En dernier lieu, tout comme ces sujets que vous considérés comme plus important, ce sujet a une incidence sur votre vie, et de façon directe, puisque cela concerne les aliments que vous consommez !
Alors, en vu de tout ces arguments, et du fait que l'Etat est censé être laïque et favoriser la majorité, il me semble que les pratiques rituelles devraient être, en premier lieu, drastiquement réduites et contrôlées pour ne subvenir qu'au besoin réel, et, à terme, disparaître.
Pourquoi ? Parce que nous sommes censés êtres dans une civilisation civilisée, au 21ème siècle, ou le progrès, la technologie et le bon sens ont pris place par rapport aux croyances et autres dogmes datant du Moyen âge et d'avant.
Alors, soyons clairs : évidemment, cela n'empêche rien ni personne de croire en ces dogmes, à ces religions. Seulement, il est de notre devoir pour nos sociétés d'épurer les textes allant à l'encontre de notre éthique : si on attend des religions qu'elles le fassent d'elles mêmes, on pourra attendre bien longtemps.
Exemples : le grand rabbin de Metz, Bruno Fiszon, vétérinaire et spécialiste des questions d’abattage au Consistoire central, précisant que « cette annonce suscite dans la communauté une totale incompréhension. [...] La communauté juive, rejointe par les responsables musulmans, se bat depuis des années contre un tel étiquetage jugé « stigmatisant » et susceptible de susciter « un boycott » et donc un surcoût de la viande. »
Pourtant, ils se sont aussi battus pendant des années pour qu'eux puissent bénéficier de ces étiquettages ! Par contre, ils ne sont pas d'accord quand le contraire est demandé. On voit ou se trouve leur intérêt.
Bref, l'étiquettage devrait être obligatoire, c'est un minimum, et je dirais plus : il ne devrait pas exister qu'à condition que ces pratiques n'existent plus ! Idem pour l'étiquettage des ogm et autres substances chimiques. Ceci, pour notre santé, pour l'éthique, pour le respect de toutes et de tous, mais aussi et surtout pour un début de bien être animal qui ont en bien besoin. Après plus de 4000 ans de civilisations, il serait temps que la faune et la flore soient pleinement considérés, et non plus comme des êtres inférieurs ou des biens marchands qu'on disposte comme on l'entends, au gré de nos humeurs et de nos coups...
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