L’accroissement des surfaces affectées aux cultures vivrières a été, sur deux décades, de 100 millions d’hectares !
Une nouvelle carte globale des surfaces agricoles destinées aux cultures vivrières vient d’être établie* à partir de donnée satellitaires, elle montre que ces surfaces se sont accrues au cours des deux dernières décades de 100 millions d’hectares (deux fois la surface de l’Espagne).
La carte a été établie à partir d’images du programme Lansat de la NASA qui a lancé périodiquement une série de satellites qui ont photographié à chacune de leur révolution des surfaces qui bord à bord couvraient l’ensemble de la planète. Chaque pixel des images obtenues représentait environ 30 m2. L’équipe a visité des fermes dans différentes régions de notre planète ou a utilisé des images commerciales de Google pour distinguer les zones de culture des zones de prairie naturelles ou d’autres couvertures du sol.
Si les besoins de terre pour de nouvelles cultures sont associés à la croissance très forte de la population africaine, les auteurs de l’étude soulignent aussi que la planète devient une ferme mondiale dans laquelle les pays riches se fournissent au détriment des pays pauvres. Par ailleurs la moitié des terres ont été reprises sur la forêt ou d’autres écosystèmes naturels au détriment du piégeage du carbone et du maintien de la biodiversité.
Entre 2000 et 2019, les surfaces mises en culture se sont accrues de 9% bien au-delà des prévisions calculées par la FAO qui n’étaient que de 2,6%. C’est en Amérique du Sud où l’expansion a été la plus forte, près de 50%, des nouvelles terres ont été affectées essentiellement à la culture du soja dont la demande a explosée avec le développement des élevages en Chine et ailleurs. Mais la croissance absolue la plus forte a été en Afrique : 40%. Il a fallu faire face à une population rapidement croissante et l’affectation de nouvelles terres à la culture sera encore nécessaire. Enfin l’Asie du Sud et les grandes plaines Nord-Américaines ont aussi agrandi leur surface agricoles vivrières.
Sur quelles couvertures naturelles du sol sont prélevées ces terres ? Si la conversion à l’agriculture des forêts humides comme la forêt Amazonienne reste la plus importante, de nouveaux espaces sur lesquels la biodiversité est plus ou moins grande sont largement empiétés comme les forêts sèches et les savanes (Chaco et le Cerrado en Argentine).
La biomasse obtenue sur les terres arables s’est accrue, sur la période d’étude, de 25% alors que la surface affectée à chaque individu a baissé de 10%. Il y a donc une meilleure efficacité dans les techniques culturales ; cependant l’Afrique obtient les moins bons résultats, il y faut plus de terre pour obtenir la même récolte. L’Afrique doit améliorer sa productivité agricole.
Enfin ces pertes diminuent le stockage par les arbres et le sol du carbone et contribuent ainsi à l’effet de serre. L’affectation des sols aux cultures vivrières contribuerait à un huitième des émissions humaines de carbone.
En 2000, des chercheurs (voir mon livre page 51) estimaient que l’augmentation des surfaces de terres affectées à la production vivrière en 2020 serait de 120 millions d’hectares ce chiffre bien que supérieur à ce qui a été atteint reste du même ordre de grandeur. Il était prévu qu’en 2050 il faudrait 350 millions d’hectares supplémentaires. Où allons-nous ! La demande en terres vivrières ne peut d’ailleurs se stabiliser qu’avec l’arrêt de la croissance de la population mondiale nous n’y sommes pas encore.
*Gabriel Popkin, Science, 7 janvier 2022, N° 6576, p. 12.
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