La terre manque - La forêt va manquer
La révolution verte, à partir des années 1960, fut le vrai miracle de la multiplication des pains, qui a multiplié les rendements par trois ou quatre selon les cultures. Ce miracle a presque supprimé les famines. Mais la menace alimentaire est toujours présente, nous avons besoin d'un nouveau miracle de multiplication des pains.
Parce que les Terriens sont plus nombreux.
Parce que les plus pauvres sont moins pauvres, ils peuvent donc manger plus et mieux.
Parce que d'ici quelques années il y aura deux milliards de bouches à nourrir en plus.
Il faut donc produire encore plus de nourriture.
« Et nous devons aussi nous préparer à nourrir convenablement neuf milliards de personnes en 2050. Et pour cela il faudra doubler la production alimentaire mondiale, qui doit être durable parce que soucieuse de l’environnement. » (Les perspectives de la FAO afin de résoudre la crise mondiale de la faim - Article de Jacques DIOUF Directeur général de la FAO - 2012 - La Revue Politique et Parlementaire)
Pour produire plus de nourriture, la solution la plus simple est de cultiver de nouvelles terres. Mais il n'y a plus de nouvelles terres à cultiver, toutes celles qui peuvent être cultivées le sont déjà, et pire encore, leur surface diminue, pour de multiples raisons. :
- Parce que la population mondiale continue de croître. Sept milliards aujourd’hui, neuf milliards bientôt.
- Parce que non seulement la population croît, mais le niveau de vie croît également, ce qui permet à chaque habitant de consommer plus de m2 pour son habitation, son jardin, les espaces verts et de loisir 1.
La terre est ainsi grignotée inexorablement par les nouveaux logements, les nouvelles résidences, pavillons, résidences secondaires, lotissements 2, bureaux, commerces, routes, etc.... Cinq pour cent des surfaces cultivées disparaissent ainsi tous les dix ans. Il y a quelques siècles, les New-yorkais campaient dans leur tipi au bord de l'Hudson, et les Champs-Élysées furent tracés au milieu des champs et des bois. Maintenant les constructions envahissent l'espace, et l'espace manque.
- Parce que nous avons mangé notre pain blanc – ou plutôt nos terres noires, les meilleures, les plus productives ; il faudra donc une plus grande surface de terres nouvelles pour produire la même quantité de nourriture.
- Parce que les biocarburants transforment la terre nourricière en champ de pétrole 3. ***
Source : D'après données Banque Mondiale
La terre manque. La Chine, le Japon, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, etc., manquent déjà de terre, alors ils en achètent ou en louent, en Afrique, en Amérique du Sud, là où il s'en trouve. C'est particulièrement critique pour la Chine qui dispose de 10% des terres arables mondiales pour nourrir 20% de la population mondiale.
La terre manque - il faut sauver la forêt
Pour compenser les tensions sur la terre, la solution la plus simple est de se résoudre à abattre la forêt. C'est tellement simple que c'est déjà commencé ; déjà plus d'un million d'arbres sont abattus chaque jour en Amazonie.
Le poumon vert de la planète bleue tousse !
Sinon, pour éviter de détruire encore plus de forêt, il faudrait accroître les rendements de l'agriculture.
« Il ressort des projections que la demande alimentaire supplémentaire sera satisfaite grâce à des gains de productivité, les superficies cultivées et les effectifs d’animaux ne changeant guère. L’amélioration des rendements devrait assurer 80% de l’augmentation de la production de végétaux. » ("Perspectives Agricoles de l’OCDE et de la FAO 2016-2025")
Mais comment accroître les rendements ? Les agriculteurs font déjà tout ce qu'ils peuvent, on leur reproche même d'en faire trop ! D'utiliser engrais et pesticides pour augmenter les rendements.
En réaction on a inventé l'agriculture bio... qui fait le contraire... elle diminue les rendements !
Mais alors, comment nourrir le monde, comment sauver la forêt ? L'agriculture conventionnelle en ferait trop, l'agriculture bio n'en fait pas assez !
Il faut inventer une nouvelle révolution verte, trouver un nouvel équilibre entre le respect de l'environnement, la durabilité, et la productivité nécessaire pour nourrir toute l'humanité et sauver la forêt. Les chercheurs y travaillent. Ils explorent l'agriculture "de conservation" (encouragée par FAO), "raisonnée", "intégrée", "de préservation", "l'agro-écologie", "l'éco-agriculture", "la révolution doublement verte", "l'agriculture à haute valeur écologique", "agriculture à haute qualité environnementale", "l'agriculture écologiquement intensive", "l'agro-écologie écosystémique", "l'écologie agronomique", "l'agriculture multi-fonctionnelle" etc..
Cette multitude d'appellations ne signifie pas qu'il y a une multitude de solutions, elle signifie au contraire que nous n'avons pas (encore ?) de solution.
Toutefois, on est encore loin d'avoir exploité les fantastiques possibilités du génie génétique.
Ce sera l'une des bases de la nouvelle révolution verte.
Voir :
Pour une écologie réaliste
Pour vraiment nourrir toute l'humanité à venir
Pour vraiment sortir du réchauffement climatique
(http://ecologie-illusion.fr/index.html)
1 « On observe aussi durant cette période [entre 1982 et 2003] un décrochage entre l’accroissement de la population et la "consommation" d’espace, traduisant une augmentation annuelle des "besoins" par habitant de 7 m2 : maison individuelle au lieu de l’habitat collectif, surface plus grande des maisons (+ 15 m2 entre 1984 et 2006) et des jardins (510 m2 avant 1974 et 720 m2 après 1999), surfaces en espaces verts et de loisirs, diminution du nombre de personnes par logement entraînant une demande supplémentaire de logements (de 2,9 en 1984 par maison individuelle à 2 en 2006, et de 2,4 en logement collectif à 2) ». (Courrier de l’environnement de l’INRA n° 57, juillet 2009)
2 « les lotissements sont toujours nommés d’après ce qu’ils détruisent. Si cela s’appelle “Clairière des écureuils”, cela veut dire que tous les écureuils ont été exterminés. Si c’est “La chênaie”, il n’y a plus de chênes » (James Howard Kunstler)
3 D'ici 2020, les pays industrialisés pourraient consommer jusqu’à 150 kilos de maïs par habitant et par an en vue de la transformation en éthanol – à parité avec la consommation alimentaire de céréales dans les pays en développement ("Produire plus avec moins" - FAO - 2011)
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