Le développement durable est-il mort-né ?
La nécessité d’une vraie politique de développement durable, apparue dans les années 90 face aux ravages écologiques causés par l’hyper-industrialisation semble aujourd’hui très utopiste au regard des soubresauts économiques et sociaux que connait le monde. La priorité numéro 1, c’est la lutte contre la crise et les grands projets qui doivent changer la société peuvent attendre. Grenelle de l’environnement, paquet climat-énergie, loi sur la transition énergétique, tout est balayé par une crise qui échappe tant à nos gouvernants.
La difficile équation présent-futur
Le développement durable tel que le définit la Commission Brundtland en 1987 doit « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». S’il est indispensable de penser à la qualité de vie de nos enfants et petits-enfants, on soulignera toute la difficulté à ne pas compromettre l’avenir avec nos modes actuels de production et de consommation. Comment s’occuper de manière efficiente à l’avenir à 15 ou 25 ans alors que nous sommes au cœur d’une crise économique et sociale majeure ?
Cette question du timing pose comprend également un problème d’ordre plus éthique à l’égard des pays émergents. Le « faites ce que je dis, pas ce que je fais » ne passe pas auprès de pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Comment ne pas compromettre le développement des pays du Sud tout en s’assurant de leur faible impact environnemental et sans passer pour un protectionnisme de fortune destiné à freiner leur croissance ? Cela revient à bloquer une phase de révolution industrielle dont nous avons largement profité et qui n’a malheureusement pas été sans impact sur l’état désastreux de notre planète.
Nous sommes en effet très mal placés pour distribuer des brevets de comportement écologique. Les complications que nous connaissons aujourd’hui, et dont on a mis longtemps à s’occuper (le protocole de Kyoto n’a que douze ans), sont le fruit de notre exploitation grossière et irresponsable de la nature. Déforestation, animaux en voie de disparition, réchauffement climatique, les conséquences de notre comportement incontrôlé se répercutent à tous les niveaux du vivant, et sont bien souvent irrémédiables.
Le marché plus fort que le développement durable ?
Bien que Jacques Chirac estime en 2002 que « la terre et l’humanité sont en péril », les mesures prises et les moyens mis en place depuis restent dérisoires face au rouleau compresseur de la mondialisation. Le niveau de pollution de l’air, de l’eau et des sols atteint des sommets. Cela n’empêche pas pour autant les pollueurs de continuer à polluer toujours plus. On leur a même donné des permis. L’idée lumineuse de bobos écolos qui préfèrent donner des quotas de pollution et engendrer du cash plutôt que de mettre un terme pur et simple à des pollutions scandaleuses.
Le fait de devoir sauver la planète en s’appuyant sur le capitalisme libéral, qui est lui-même la cause majeure de l’état peu reluisant de notre environnement, pose un grave problème. L’exigence de croissance est tel que des trois piliers du développement durable, l’angle économique prend et prendra toujours le dessus. A partir de là les collectivités territoriales pourront mettre en place toutes les Stratégie Nationale de Développement Durable et Agenda 21 qu’elles veulent, leurs cris se perdront dans l’immensité des décharges publiques devenues notre environnement quotidien.
Et ce n’est pas le très faible bilan des Verts au gouvernement, marqué par les dissensions criardes sur des sujets importants, mais jamais essentiels comme l’exploitation du gaz de schiste, l’écotaxe ou le couteux Aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui peut nous rendre optimistes pour l’avenir. Au moment où l’on apprend la baisse continue depuis quatre ans du nombre d’éoliennes et de panneaux solaires raccordés au réseau, on est en droit de s’interroger sur le réel impact du projet de loi sur la transition énergétique, débattu dans les prochaines semaines.
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