Le facteur 4
Le facteur 4, voilà l’objectif de Nelly Olin, notre ministre de l’environnement, à la lecture du rapport de l’économiste américain Nicolas Stern (coût estimé du réchauffement climatique : 5500 milliards d’euros et récession économique de l’ampleur de 1929. 4 étant le chiffre par lequel nos émissions de CO2 doivent être divisées en 2050 ! Impressionnant.
Mais quand on y réfléchit, on peut appeler cette annonce soit de la "com" (étape suivante du développement durable qui devait pourtant sauver la planète), soit du "foutage de gueule". J’ai du mal à supporter les cris d’urgence de Chirac, Blair, Merkel sur le sujet.
Il est intéressant de rappeler des évènements récents :
- le Canada pense à sortir du protocole de Kyoto, car ses objectifs sont incompatibles avec la bonne marche de ses grosses industries
- l’Espagne et l’Italie sont quasi certaines de ne pas respecter leur premier objectif qui était la réduction de 8% de CO2 en 2012 alors que les émissions ont augmenté de 5%
- 17 pays européens dont la France se sont vu refuser leur proposition de quotas de CO2 à l’Europe (PNAQ2) car de 15% supérieurs aux rejets réels 2005 des entreprises concernées (Kyoto concerne certaines industries seulement)
-L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué que la teneur en CO2 de l’atmosphère a grimpé de 0,5% en 2005 par rapport à 2004 et conclut : "Pour arriver à une simple stagnation des niveaux de CO2, il faudrait des mesures plus draconiennes que celles proposées aujourd’hui par le protocole de Kyoto. » Rappelons que Kyoto retient un facteur 2 et non 4 comme la France !
Le problème est que le préalable inflexible repose sur le fait que notre société basée sur la croissance ne doit en aucun cas être remise en cause, et que la croissance économique (qui implique une augmentation de la production et de la consommation) doit être compatible avec décroissance des émissions de gaz à effet de serre. On place l’économie comme priorité absolue, et on ne veut pas sortir d’une logique consumériste basée sur le toujours plus. Ce principe est pour moi dangereux, car il repose sur le scientisme. Qu’on m’explique comment résoudre cette équation avec tant d’inconnues.
Pendant ce temps-là, d’autres, même s’ils surfent sur la vague alarmiste du réchauffement climatique, continent à douter.
J’ai pu lire cette semaine l’édito de R.-M. Simonnet (toujours un peu acide) de Journ’eaux, un hebdo de veille législative destiné "aux acteurs de l’eau". On peut y lire, à propos de l’augmentation du CO2 : "L’écosystème
terrestre finira par absorber ce surcroît, mais avec un temps de
réponse de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles." Simonnet minimise le phénomène mais fait une erreur en parlant d’écosystème ; qu’en est-il de l’humanité ?
Enfin,
après avoir expliqué que le réchauffement entraînerait la production
d’immenses glaçons à partir du Groenland, glaçons qui iraient se
balader aux abords de l’Europe (mais que l’homme pourrait tracter au
large), qui stopperaient le Gulf stream et donc refroidiraient
l’Europe, il conclut : "Il vaut mieux éviter de tirer des conclusions hâtives à propos du réchauffement planétaire." J’ai cogité longtemps, et je n’ai toujours pas tranché entre second degré, mauvaise foi ou ignorance.
Jeudi, La Dépêche du midi, journal régional au point en la matière s’il en est, relatait une étude du CNES qui simulait une élévation du niveau des mers de 80 m avec Toulouse les pieds dans l’eau. La conclusion laisse aussi songeur : "Mais au fait, ce réchauffement va-t-il durer ? C’est toute la question autour de laquelle discutent les chercheurs. Avec, pour certains, cette évidence : plus nous polluerons, plus nous provoquerons un effet parasol au-dessus de nos têtes, de nature à freiner le rayonnement solaire, ouvrant ainsi la porte à un inexorable refroidissement." L’effet parasol, voilà un nouveau paramètre dans le débat ! Il me semble pourtant que les gaz à effet de serre sont opaques aux seuls infrarouges venant de la Terre et non à ceux du soleil, contrairement à l’ozone.
Je pense pourtant qu’il y a quelques espoirs, car incontestablement une prise de conscience s’opère, tous les partis politiques (sauf le FN) se disent alarmés par la situation. Cela tombe bien, la Conférence internationale sur le climat de Nairobi au Kenya débute. L’occasion de faire le point et de parler de l’avenir.
Au fait, aujourd’hui, le 4 novembre, se déroule la Journée internationale d’action contre le réchauffement climatique, ça commence bien, j’ai allumé le chauffage pour la première fois de la saison... (je lance au passage un appel pour savoir comment isoler de l’intérieur un appartement des années1968).
Photo : carte postale éditée par Casseurs de Pub
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