Les FOURMIS ont-elles quelque chose à nous apprendre ? Ou bien le savons-nous déjà ?
Le monde d’aujourd’hui, ici et partout, voit se confronter durement des certitudes contraires, chacune méritant de dominer les autres.
À une époque où l'homme pense que son intelligence supérieure l'a placé là, sur un trône indéboulonnable au sommet du vivant,
À une époque où sa croissance démographique serait qualifiée d'infestation pour toute autre espèce ''inférieure'',
À une époque où La Civilisation vomit ses déchets jusqu'au fond des océans,
À une époque où l'on se demande si notre insouciance et notre désinvolture mèneront tout le vivant au sheol avant leur heure,
Peut-être est-il temps de prendre une grande inspiration d'humilité et de considérer ce que l'insignifiante fourmi peut -peut-être- encore nous apprendre !
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hominini_lineage.svg
Le genre Homo (comme nouvelle variété d'Australopithèques) est apparu il y a environ 2,5 millions d'années, et l'homme ''moderne'' Homo sapiens n'a guère plus de 0,1 million d'années sous sa forme Éthiopienne (0,3 pour sa forme Marocaine).
Les fourmis, elles, sont apparues voici environ 150 millions d'années, sans doute par mutations d'une sorte de guêpe. Elles ont survécu tranquillement à l'extinction des dinosaures... et elles survivront à d'autres extinctions majeures !
Nous sommes donc des petits nouveaux, remuants, sûrs de nous, et fragiles bambins. Les mécanismes évolutifs favorables à la survie dans le temps long n'ont guère eu le temps de se mettre en place, pour ce qui nous concerne .
Source : https://www.supagro.fr/ress-pepites/fourmis/co/1_Acarien.html
Les insectes sont des arthropodes, tout comme les araignées (arachnides), les mille-pattes (myriapodes), les crustacés, etc. Les fourmis font partie de cette grande famille des insectes.
Les fourmis ont l'air de ressembler (de loin) à des termites, mais ce sont deux bestioles différentes. Les termites (Isoptères) [en bleu] sont apparentées aux blattes (cafards). Tandis que les les fourmis sont des hyménoptères [en rouge], comme les abeilles, guêpes et bourdons. Elles ont parfois des ailes.
Ces sociétés (fourmilières) sont essentiellement composées de femelles. Les oeufs non fécondés donnent des mâles. Les fécondés donnent des femelles.
Il y a une trentaine d'années, j'avais acheté le livre de Luc Passera « L'organisation sociale des fourmis » (Ed. Privat, avec le concours du CNRS) 1984. Un bouquin passionnant, compréhensible par le commun.
L'excellent Article de Wikipedia sur les fourmis mentionne à plusieurs endroits les travaux de Luc Passera, parmi d'autres. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fourmi
On y apprend que ces bestiole quasi sans cervelle font des choses qui nous interpellent. Ce sont donc des automatismes, mais est-ce seulement cela ?
> Par exemple, il y a des espèces dites 'esclavagistes' qui vont faire un raid et voler les œufs d'une autre espèce voisine. Puis elles s'en occupent comme si c'était les leurs. Au final, à la naissance, ces fourmis 'importées', différentes, se comportent comme des ouvrières normales, dans la nouvelle fourmilière.
> Par exemple, ces bestioles savent rentrer à la fourmilière en se guidant par rapport au soleil, à la lune, et même en fonction de la lumière polarisée. Certaines peuvent s'orienter dans le noir par rapport à la pesanteur. Quelques variétés s'orientent par rapport au vent. Beaucoup utilisent des repères terrestres. Presque toutes savent parfaitement suivre les traces de repères chimiques, quand il y en a.
> Par exemple en termes de communication, les fourmis utilisent plusieurs canaux sensoriels : acoustique (stridulation ou frapper le sol), tactile, visuel ou chimique.
> Par exemple en termes d'apprentissage : on l'a vu plus haut, les ouvrières 'volées' qui, à leur naissance étaient en contact avec les fourmis 'voleuses' s'occuperont des cocons de leurs fourmis 'voleuses'. (les oiseaux, entre autres, ont aussi cette capacité 'd'imprégnation'). De même, dans un labyrinthe, elles peuvent apprendre à discriminer différentes odeurs pour s'orienter.
Cependant, l'idée prédominante est que ces animaux quasi sans cervelle ne peuvent qu'agir par automatismes : elles ne fonctionnent que par l'instinct. Luc Passera cite pourtant un auteur plus prudent qui avertit : « Méfiez-vous des Fourmis. Ces sales bêtes n'ont rien à nous apprendre ; ce ne sont que des petits instruments délirants, inhumains, incapables de se contrôler, qui ne savent pas se conduire, qui n'ont pas d'âme. Lorsqu'elles sont massées toutes ensemble, en contact les unes avec les autres, échangeant des bribes d'informations qu'elles serrent dans leurs mandibules comme autant d'agendas, elles deviennent un animal unique. »
Pourtant, on se demande si la cinquantaine de différents composés phéromonaux abdominaux joints à la trentaine de substances mandibulaires différentes dont l’Évolution les a dotées ne témoignent pas plutôt en faveur de l'hypothèse d'une prédisposition pour la variabilité des comportements individuels, de choix individuels donc. (Sinon, ne faudrait-il pas rejeter aussi des hypothèses similaires pour l'homme ?)
En tout cas, Luc Passera souligne que « chaque Fourmi a un passé personnel : certaines ouvrières se spécialisent dans la récolte des aliments sucrés, d'autres dans la prédation, sans que l'on puisse faire intervenir autre chose que des choix individuels. »
Nous autres humains 'civilisés' avons aussi inventé une sorte ''d'animal unique'' : c'est la Nation. Les individus de notre espèce ont une âme individuelle et non pas collective. Avec un libre-arbitre individuel, quasi sans instinct. Mais notre liberté individuelle permet-elle à la Nation de faire des choix ? Ou bien la Nation fonctionne-t-elle sans cervelle, de manière automatique, selon les données reçues ?
L'important est-il d'abord le Groupe ? Ou bien plutôt l'individu ?
Quoique l'on en pense, il est une caractéristique des fourmis qui est fondamentalement différente de nos sociétés humaines 'civilisées' : les activités de chaque fourmi sont toujours dirigées vers l'intérêt de leur société. Les chercheurs essaient de comprendre les mécanismes évolutifs qui favorisent la coopération constante entre individus et 'l'altruisme' individuel permanent chez les fourmis.
Ces principes sont sans doute à la base du succès des Fourmis en termes de survie de l'espèce dans le temps long. Ces principes, appliqués à l'espèce humaine sembleraient exclure toute liberté individuelle significative. Ce qui est impensable. Aussi, toute tentative d'aller dans ce sens, pour les humains, les transformeraient en ''homo ingrédientus'' : des pièces d'un système.
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/homo-ingredientus-211345
Une voie inacceptable !
Ou bien y sommes-nous déjà ?
JPCiron
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