Les voleurs de ciel naturel frappent sans relâche
Juillet 2008, au bord de la Méditerranée, des milliers de touristes apparemment enchantés photographient levers et couchers de soleil pour assouvir leur soif de nature. Et pourtant, que reste-t-il de la splendeur naturelle de ces phénomènes éternels ?
Les voleurs de ciel naturel frappent sans relâche et ils auraient tort de s’en priver.
La pureté du ciel du Sud et sa lumière magique ont disparu. Les Comités départementaux du tourisme des Bouches-du-Rhône et du Gard en ont été prévenus dès la mi-décembre 2007.
Cela pour l’instant ne semble gêner personne, ni les touristes venus, suréquipés de matériel vidéo, s’extasier devant la beauté des levers et couchers de soleil ou rêver devant les formes suggestives des nuages, ni les professionnels du tourisme ou les journalistes locaux qui rivalisent de jolies phrases pour décrire la magnificence de ces moments.
La nouvelle apparence des levers et couchers de soleil, auréolés de couleurs surnaturelles, semblent plutôt rassurer les touristes, issus des 80 % de citadins que compte désormais la France. Ils peuvent enfin voir en vrai et photographier ces cieux fantastiques qui ont envahi les publicités, les clips des chanteurs et les films à grand spectacle.
ambiance western*,
cieux voilés*,
brouillards automnaux ou brumes bretonnes fin juillet au bord de la Méditerranée*,
décors surréalistes comme dessinés par la main d’un peintre*,
(* photos sur http://www.eauseccours.com/article-21498963.html)
rien ne semble entraver l’envie qu’exprime le touriste de se ressourcer après des beautés de la nature. Il vit toute l’année en décor artificiel et par écrans interposés, quoi de plus normal en somme que la nature soit devenue conforme à son quotidien.
Ou peut-être a-t-il fait sienne cette pensée du yogi : « Pour vivre heureux, si tu ne peux avoir ce que tu aimes, aime ce que tu as ! »
Dans le quotidien Le Midi libre du mardi 22 juillet 2008, page 3, rubrique « L’été couleur locale », dans un article signé C.R., et parlant des pêcheurs professionnels de poulpes, le journaliste décrit ainsi le soleil levant : « Tout de même, à voir cette lumière splendide qui vire du rouge au bleu, ce soleil qui affleure dans la baie au petit matin, … on se dit que le spectacle est splendide. »
« ON SE DIT » que le spectacle est splendide !
Normalement on reste sans voix et on ressent tout simplement.
Nombre d’anciens doivent se retourner dans leur tombe, ils nous l’avaient pourtant bien dit : « A force de faire, avec tous ces avions ils vont nous détraquer le temps ! »
C’est fin 2006, dans le sud de la France, que le seuil de saturation du ciel en avion a été franchi. Désormais tout avion supplémentaire ajoute à la perte du ciel naturel et au dérèglement climatique local. Il est urgent de redescendre au-dessous de ce seuil de saturation, car même si Jacques Faye, responsable de l’information sur les Risques majeurs au ministère de l’Ecologie et du Développement, trouve plutôt joli le soleil blanc, les plantes les plus héliophiles et nombre de bestioles sont en train de dépérir tout autant que les marchands de glace ou les plagistes ou le moral des personnes les plus sensibles au manque de lumière solaire entière et authentique.
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