Mais à quoi joue-t-on avec... l’environnement ?
Que de contradictions sur le sujet OGM ! D’un côté les partisans du Grenelle, favorables à l’application des mesures décidées par des gouvernants et des scientifiques (principe de précaution, gel de la mise en culture des OGM, etc.). De l’autre, le lobby des semanciers et des politiques plus intéressés par le profit économique généré par la culture OGM. Du coup, on s’y perd et l’environnement aussi.
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La semaine du 2 au 9 février 2008 aura été des plus paradoxales concernant l’application de mesures sur la mise en culture d’OGM. Commençons par les bonnes nouvelles (enfin ne crions pas victoire tant que l’article n’aura pas été lu jusqu’au bout). Le jeudi 7 février, le Journal officiel a inscrit la suspension de culture OGM MON810 suite à l’activation par le gouvernement français de la clause de sauvegarde auprès des instances européennes. En clair, le maïs produit par la firme multinationale MONSANTO est interdit officiellement en France. Toutefois le conseil d’Etat examinera prochainement la plainte probablement portée par le lobby des producteurs de maïs OGM. Ceux-ci espèrent encore pouvoir semer le maïs au printemps. Soulignons que, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Environnement soutient la clause de sauvegarde préalablement décidée lors du Grenelle. Là où le bât blesse, le Sénat ainsi que Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, souhaitent enterrer certaines décisions du Grenelle de l’environnement dont l’objectif est de briser le consensus entre partisans OGM et partisans de la recherche confinée. Ainsi, malgré l’interdiction de l’OGM MON810, Michel Barnier souhaite de nouveaux essais en plein champ dès 2008 ! (Alors même qu’une partie de la communauté scientifique constate le danger de la mise en liberté de l’OGM dans l’air et de son pollen. L’efficacité de la recherche OGM serait d’ailleurs plus grande dans un milieu confiné. Relevons qu’aux Etats-Unis, cette même semaine, une étude prouve la résistance d’un insecte, Helicoverpa zea, à l’OGM qui produisait pourtant son propre insecticide)
Le Sénat a, quant à lui, adopté un texte sur les OGM le vendredi 8 février où la liberté sera donnée à ceux qui veulent produire des OGM. Cela signifie que l’agriculteur souhaitant produire de l’OGM, pourra le faire même s’il est entouré de parcelles bio ou AOC. Conséquence : alors qu’au Canada, une étude a montré que le pollen pouvait atteindre plusieurs dizaines de kilomètres, les parcelles bio ou AOC seront contaminées par l’OGM. Paradoxe : aucune entreprise d’assurance ne souhaite assurer les agriculteurs pro-OGM évaluant le risque de dédommagement aux agriculteurs contaminés trop grand. En effet, le texte laisse prévisager le recours aux agriculteurs contaminés un dédommagement financier. La contamination OGM est irréversible, c’est-à-dire qu’une parcelle bio infectée par l’OGM doit être totalement détruite pour pouvoir espérer l’élimination de la contamination. Mais l’environnement et la santé humaine ne seront quant à eux jamais dédommagés.
PS
: le Sénat a aussi décidé de la création, contre l’avis du Grenelle,
d’une Haute Autorité sur les OGM qui pourra accepter ou non de la mise
en culture d’OGM. Une instance présidée par un scientifique et il est
évidemment sous-entendu, un scientifique favorable à la mise en culture
en plein air des OGM.
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